Regards sur l'éveil
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Me 26 Oct 2011 10:55 Sujet du message: Franck Terreaux, l'éveil pour les paresseux |
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bonjour à tous
dans cette revue 3e millénaire
j'ai particulièrement apprécié l'entretien avec ''franck terreaux: l’éveil ? la disparition d'une simple impression de personnel ''
très représentatif de la tendance '' éveil impersonnel''
je suis persuadé d'ailleurs qu'il n'y a qu'un seul éveil
la différence est juste dans la manière de le traduire dans les mots
tant que l'on conçoit le soi ou la conscience comme une substance,une chose, un objet une identité, effectivement il y a opposition entre les deux langages
mais si l'on conçoit le soi comme un acte, un mouvement, une vie alors l'opposition cesse.
l'auteur préfère parler de ''suis '' et non de ''je suis''
il met donc l'accent sur le verbe être
nous avons la question ''qui suis je ?
si l'on ne donne pas de réponse intellectuelle à cette question, on se rencontre soi-même et sans effort
mais si l'on donne une réponse extérieure à la question
alors on tombe dans l'illusion d'un soi objectivé
on donne forme à ce qui est sans forme
le soi n'est pas au bout du regard, il est le regard lui-même
un regard qui ne regarde rien et surtout pas soi.
il écrit:<< l'illusion n'est pas '' je '' mais le ''qui '' qui venant se superposer à '' je '' crée '' moi-je '' et mentalise ainsi toute l'existence.>>
le ''je '' libéré du moi se retrouve pur être, impersonnel mais inclut la personnalité , le corps et le monde
franck terreaux parle de se situer '' juste avant '' les pensées et de tous nos'' faire'' et efforts
seul l'absence d'effort et de '' faire'' permet d'y accéder
il s'agit de ce que j'appelle l’état naturel qui est ce qu'il appelle une attention inattentive que je préfère appeler attention sans objet
qui est aussi une attention sans sujet et donc non délibérée, non intentionnelle
l'auteur propose donc de ne plus rien faire en direction de l’éveil
seule une compréhension est nécessaire
compréhension de l'inutilité de tout faire et effort et qui permet de le repérer des qu'ils se présentent
je me sens très proche de sa manière d'aborder l’éveil
qui finalement est une acceptation inconditionnelle ''de ce qui est ''
le réel est un sans second,
la compréhension nous permet de repérer toutes les façons que nous avons de créer du second cad de diviser le réel.
ce second c'est la pensée dualiste, l'ego, le double que nous surimposons au réel,
l'ombre de la lumière que nous sommes
''ce qui est'' étant l’état naturel dans lequel il n' y a aucune séparation
rien ne manque , tout est déjà là
tout est parfait
il n' y a donc pas à vouloir l’éveil
qui n'est encore qu'une façon d’être dans l'avoir
cad de vouloir être plus
ce qui revient à nier ce qui est
et ce qui est c'est l’éveil
l’éveil se produit des que l'on cesse d’être un chercheur d’éveil
il se révèle comme étant toujours ce que l'on a été cad soi-même
le Soi est toujours déjà réalisé
il suffit pour s'en rendre compte de se situer ''' juste avant'' tout effort
et un effort n'est qu'une pensée
l'auteur est un accordeur de piano et n'a jamais donné aucune conférence et n'en a pas l'intention
j'ai acheté ses deux livres que je vous conseille:
l’éveil pour les paresseux
et l'art de ne pas faire
amicalement
joel |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Je 27 Oct 2011 11:13 Sujet du message: Re: Franck Terreaux, l'éveil pour les paresseux |
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Bonjour à tous
Dans son livre l'art de ne pas faire Franck Terreaux nous propose un exercice de présence consciente:
Être conscient de son corps, de ses gestes, être conscient de soi faisant ces gestes, d’écrire ces lignes, de taper sur ce clavier
Bref le'' je regarde se sachant regardant'', la conscience d’être conscient, l'attention au moment présent etc ...
c'est ce que nous proposent beaucoup d'enseignements
Il s'agit d’être vigilant, attentif, présent au monde ou à soi
Ensuite l'auteur nous propose l’expérience inverse:
Citation: | sans changer la direction du regard vous allez refuser toute votre attention à ces mots qui défilent.
Une sorte d'anti-rappel de soi, d'anti-présence à soi, d'anti- conscience de soi...
Allez-y, enlevez l'attention, enlevez le regard, enlevez ''le regard se sachant regardant'' et pendant que vous êtes, enlevez aussi l’être.
Oui, c'est ça, au lieu de vouloir être, essayez de ne pas être
Il est souvent dit qu'il faut être ici maintenant, et bien faites l'inverse, essayez de ne pas être ici et maintenant...
Je n'y suis jamais arrivé.
Sans effort, sans faire absolument aucun effort, je ne peux faire autrement que d’être toujours ici et maintenant.
je n'arrive pas à ne pas être..
Savez-vous pourquoi il vous est impossible de ne pas être, pourquoi il vous est impossible de retirer le regard ?
C’est parce que '' avant, juste avant '', c’était déjà en train de regarder sans personne pour regarder
cad que ça regardait sans savoir que ça regardait, ça regardait sans qu'un '''vous '' regarde.
sans effort, sans absolument aucun effort, les yeux voient, les oreilles entendent, le dos ressent le contact de la chaise et..
Personne n'est là pour dire: je regarde, j’écoute, je perçois.
tout effort pour être, voir, pour ressentir ou même méditer parait totalement inutile et superflu, c'est simplement ce qui est
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Ainsi tous nos efforts de vigilance, de conscience, d'attention, de méditation sont voués à l'échec car ils ne font qu'essayer de réaliser ce qui de toutes les façons est déjà réalisé
et qui est notre état naturel.
Ces efforts '' illusoires'' créent aussi l'impression contraire et illusoire de ne pas être présent ou attentif, nous faisant entrer dans une lutte et oscillation entre des états d'attention et des états d'inattention
L’attention délibérée est toujours attention à quelque chose
L’attention naturelle est attention à rien, attention sans objet, attention pure
Elle est attention à rien par rapport à une attention délibérée et intentionnelle mais elle est pleinement attention aux choses dans l'état naturel
Je suis au cinéma, si j'essaie d'être présent à moi tout en regardant le film, je divise mon attention entre l'attention au film et l'attention à moi regardant le film et je rate le film
Je ne suis pas attentif, je suis attentif à l'attention, au fait d'être attentif,
C’est tout sauf naturel et cela demande beaucoup d'efforts, ce n'est pas de l'attention mais de la concentration,
C’est impossible à maintenir dans la durée et on se retrouve rapidement ''distrait''
si on contraire, on se contente de regarder le film, acceptant totalement la situation et donc acceptant d’être hors de soi, ‘’pris et ravi ‘’par le film ,
Sans tenter de créer un second avec notre effort pour être présent à soi
On s’aperçoit que le fait de simplement regarder dans une présence d’autant naturelle que le film est intéressant, est aussi une présence à soi
L’état naturel est déjà méditation,
Dans l’acceptation inconditionnelle du fait d’être ‘’hors de soi’’, identifié, on s’aperçoit que l’on est toujours ‘’en soi ‘’
C’est pourquoi le zen dit ; le satori, c’est manger, marcher, penser
Quand je marche, je marche
Quand je pense, je pense
L’impression de division vient quand j’essaie de penser tout en marchant
Le problème vient du mélange entre penser et percevoir, notre pensée recouvre notre perception
Généralement cette pensée est soucieuse et concerne le passé et le futur, elle est réactive et est un effet de la peur qui résulte de tout attachement
Ce type de pensée n’est pas un mal en soi, il s’agit simplement de ne pas s’y arrêter, alors elle ne voile rien
S’arrêter à ces pensées demande des efforts
Si on accepte ce qui est, cad d’être dans notre état naturel
On s’aperçoit vite que l’on est déjà et toujours soi-même et donc que tout est déjà parfait car la perfection c’est Soi
Et on se demande comment on n’a pu se tromper et faire tant d’effort pendant des années pour chercher à être soi-même ou ''éveillé''
Le chercheur cesse alors d’exister
Il n’y a donc rien à faire par rapport à l’éveil mais juste à comprendre
Citation: | si vous me demandiez de vous définir en une ou deux phrases ce qu’est l’essence même de cette compréhension, je vous répondrai simplement ceci :
En cet instant même où je vous parle, et avant même que vous n’en preniez conscience, ce livre qui est juste là, devant vos yeux, le regard qui se porte sur lui, tout comme la sensation de votre dos avec la chaise sur laquelle vous êtes assis, sont ,déjà là, sans effort, parce que <<ce qui est >> EST, justement et précisément <<déjà là >> sans le moindre effort
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Il n’y a pas à en prendre conscience ou tout au moins à prendre une attitude spéciale par rapport à cela
Car nous ne sommes pas extérieur à cela, nous n’avons pas à faire l’expérience de cela et à s’attacher à la connaissance de cela
Car nous sommes déjà cette expérience et cette connaissance, nous sommes cela
Citation: | le pays de cocagne (le paradis terrestre) est toujours là, parce qu’il a toujours été là, de toute éternité.
Quelque chose a seulement donné l’impression qu’un << Vous >> l’avait pour un moment quitté.
Tout est ok, tout est parfait, tout n’est que beauté infinie |
Amitiés
Joël
Dernière édition par riseohms le Je 27 Oct 2011 18:05; édité 1 fois |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8581 Localisation: belgique
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Posté le: Je 27 Oct 2011 15:41 Sujet du message: |
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sans "moi", tout est beauté infinie !
bonjour joël !
seulement, il y a "moi" ... personnellement, je parlerais, d'ailleurs, plus de mécanismes égotiques, que, de "moi", d'égo, à proprement parlé ...
ces mécanismes peuvent-ils s'abstenir de se mettre en branle ... j'en doute ...
citation de franck terreaux :
Citation: | Citation:
sans changer la direction du regard vous allez refuser toute votre attention à ces mots qui défilent.
Une sorte d'anti-rappel de soi, d'anti-présence à soi, d'anti- conscience de soi...
Allez-y, enlevez l'attention, enlevez le regard, enlevez ''le regard se sachant regardant'' et pendant que vous êtes, enlevez aussi l’être.
Oui, c'est ça, au lieu de vouloir être, essayez de ne pas être
Il est souvent dit qu'il faut être ici maintenant, et bien faites l'inverse, essayez de ne pas être ici et maintenant...
Je n'y suis jamais arrivé.
Sans effort, sans faire absolument aucun effort, je ne peux faire autrement que d’être toujours ici et maintenant.
je n'arrive pas à ne pas être..
Savez-vous pourquoi il vous est impossible de ne pas être, pourquoi il vous est impossible de retirer le regard ?
C’est parce que '' avant, juste avant '', c’était déjà en train de regarder sans personne pour regarder cad que ça regardait sans savoir que ça regardait, ça regardait sans qu'''vous '' regarde.
sans effort, sans absolument aucun effort, les yeux voient, les oreilles entendent, le dos ressent le contact de la chaise et..
Personne n'est là pour dire: je regarde, j’écoute, je perçois.
tout effort pour être, voir, pour ressentir ou même méditer parait totalement inutile et superflu, c'est simplement ce qui est
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c'est parce que, dans tous les cas, "je suis en train d'être" (comme j'm'l'avais, déjà, fait remarqué ... ) ... tout est en train d'être ... mais, à première vue, personne de permanent pour en être conscient ... excepté, si, comme l'on ressentit joaquim et stephen jourdain, par exemple, le "grand Je" est le principe universel de tout ce qui existe ... est la seule Réalité ... Ce qui est ... non !?
sinon ... tout ce qui est connu, vécu, ressenti ... c'est pour personne ... et, en tout cas, pas par pour nous/soi ... en tant que tel ("petit je", "moi", égo) on a pas d'existence ... ... c'est tout l'art de l'Eveil ... |
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dodo-chan Invité
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Posté le: Je 27 Oct 2011 15:48 Sujet du message: |
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Bonjour Rise
Ce que nous propose Franck Terreaux me fait penser par sa description, a un état de veille plus qu'a l’éveil.
Je rajouterai que "ce qui est" n'est pas une choses précises et que c'est au moment ou "ce qui est" prend des contours, des détails et que je peut le peindre que je me suis a coup sur rendormi.
amicalement
dodo |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Je 27 Oct 2011 18:19 Sujet du message: |
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bonsoir dodo
dodo-chan a écrit: | Ce que nous propose Franck Terreaux me fait penser par sa description, a un état de veille plus qu'a l’éveil. |
tu pourrais préciser ?
dodo-chan a écrit: |
Ce que nous propose Franck Terreaux me fait penser par sa description, a un état de veille plus qu'a l’éveil.
Je rajouterai que "ce qui est" n'est pas une choses précises et que c'est au moment ou "ce qui est" prend des contours, des détails et que je peut le peindre que je me suis a coup sur rendormi.
dodo |
oui ''ce qui est'' en lui même n'a pas de contenu, n'est rien
il est le sans forme qui prend toutes les formes que l'on perçoit.
on ne peut pas le peindre mais on peut peindre les formes qu'il prend
mais on peut être sur que si on ressent ces formes comme vivantes et intensément présentes,
si on en ressent la beauté,
si en tant que peintre, on arrive à en faire sentir cad avec la vie que l'on est et que ces formes expriment
la présence de ces formes est aussi notre présence
on ne s'endort que si de ces formes, on ne perçoit que l'image
l'image n'est pas réelle mais sa beauté est réelle
nous sommes cette beauté
amitiés
joel
Dernière édition par riseohms le Je 27 Oct 2011 18:33; édité 2 fois |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Je 27 Oct 2011 18:30 Sujet du message: |
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bonsoir daniel
daniel a écrit: | sans "moi", tout est beauté infinie !
seulement, il y a "moi" ... personnellement, je parlerais, d'ailleurs, plus de mécanismes égotiques, que, de "moi", d'égo, à proprement parlé ...
ces mécanismes peuvent-ils s'abstenir de se mettre en branle ... j'en doute ...
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franck terreaux dit qu'avec l’éveil ses mécanismes égotiques n'ont absolument pas disparu et que d'une certaine façon rien n'a changé
et pourtant tout a changé .
ces mécanismes se produisent spontanément comme tout le reste et n'ont nul besoin d’être contrôlé
simplement ils ne sont plus rapporté à un moi
cette déconnexion d'avec nos productions mentales amène une liberté dans le vécu: rien à rechercher , rien à rejeter
le mental n'est plus un obstacle
de cette liberté, de cet état naturel émerge une présence, un soi naturel qui tel un soleil n'est absolument gêné par les nuages car il siège au dessus d'eux
rien n'est plus extérieur
tout est vu '' en soi '': l'ego, les pensées, le monde etc
amicalement
joel |
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dodo-chan Invité
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Posté le: Je 27 Oct 2011 21:25 Sujet du message: |
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riseohms a écrit: | bonsoir dodo
dodo-chan a écrit: | Ce que nous propose Franck Terreaux me fait penser par sa description, a un état de veille plus qu'a l’éveil. |
tu pourrais préciser ?
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J'ai dit une bêtise désolé
amicalement
dodo |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 10:51 Sujet du message: |
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dodo-chan a écrit: | riseohms a écrit: | bonsoir dodo
dodo-chan a écrit: | Ce que nous propose Franck Terreaux me fait penser par sa description, a un état de veille plus qu'a l’éveil. |
tu pourrais préciser ?
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J'ai dit une bêtise désolé
amicalement
dodo |
une bêtise ?
pas forcement
l’éveil n'est pas un état spécial
il est l’état de veille pleinement assumé, accepté et vécu
il n' y a donc pas de différence entre eux sauf à ce niveau
le fait de ne pas le vivre complétement, sciemment cad consciemment crée une sorte de décalage, de trouble, de vision dédoublée, floue
qui fait que nous sommes là tout en étant ailleurs
on s’exile de là où l'on est et pourtant on ne peut être que là où l'on est
on ne peut pas le quitter réellement, on ne fait que rêver d'un ailleurs
Citation: | l’Éveil est notre état naturel et je dirais même plus, je ne connais rien qui ne soit plus naturel.
nous sommes tous éveillés, seulement depuis environ 300000 ans la quasi-totalité de l'humanité l'a complétement oubliée.
c'est cet oubli qui est une curiosité, et le plus drôle c'est de devoir courir après des techniques, des méthodes et des maitres pour réaliser ce que nous sommes déjà.
voudriez- vous dire que tout ceci est la conséquence d'un simple oubli ?
-oui , l'homme a oublié ,et qui plus est, a oublié qu'il a oublié.
cet oubli a créé un sentiment de manque qu'il veut à tout prix combler.
n’étant pas en mesure de se le remémorer, il le cherche dans toutes les directions....
la question que je me pose encore aujourd’hui est, comment ai-je pu oublier quelque chose d'aussi énorme ?
quoique, en y réfléchissant bien, il suffit d'un tout petit arbuste pour cacher une immense foret
| Franck Terreaux, l'art de ne pas faire
amicalement
joel |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5638 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 13:16 Sujet du message: |
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Bonjour à tous,
Lorsque tu dis, Joël, à la suite de Frank Terreaux, qu’il n’y a rien à faire, tu poses cette affirmation comme identique au fait que tout est déjà parfait. C’est là que je ne partage pas votre point de vue. Rien n’est parfait tant que cela n’est pas vu comme tel. Ou alors on parle d’un monde objectif, indépendant de qui le perçoit. Mais dans ce cas, ce monde soi-disant parfait, éternellement là, n’est qu’un concept, une abstraction construite a posteriori. Dire qu’il n’y a rien à faire, c’est la clé, là on est d’accord. Mais cette clé n’ouvre pas sur quelque chose qui lui préexisterait dans l'ordre de la durée. Elle est un non-faire, qui est dans un sens un faire bien plus réel que tout autre faire. Car tout ce que l’on prend habituellement pour du faire, ce n’est que de l’agitation à la surface de l’être. Alors que ce non-faire là, c’est faire advenir l’être lui-même. Ainsi, ne rien faire ne signe pas la disparition du sujet en ouvrant sur un état impersonnel, mais c'est est un geste qu'accomplit le sujet, et qui abolit la dualité dans laquelle il se trouvait prisonnier - c'est-à-dire aliéné à lui-même par son adhésion à un faire qui ne faisait que masquer l'être.
Citation: | l’Éveil est notre état naturel et je dirais même plus, je ne connais rien qui ne soit plus naturel.
nous sommes tous éveillés, seulement depuis environ 300000 ans la quasi-totalité de l'humanité l'a complétement oubliée. |
Voilà une proposition qui semble délivrer un message cohérent. Et pourtant, elle est incohérente, parce qu’elle mélange deux niveaux logiques. Dire que nous sommes tous éveillés, depuis toujours, c’est faire de l’éveil un état objectif, naturel, situé en-deçà de la subjectivité, et dans lequel la subjectivité s’effacerait aussitôt qu’elle aurait réalisé (ou faudrait-il dire : qu’il aurait été réalisé?) qu’elle n’existait pas. Simplement, cet état objectif ultime dont on parle, il n’existe nulle part ailleurs que dans une subjectivité. Ou alors, il faut prétendre que les dinosaures d’il y a 150 millions d’années étaient eux aussi éveillés, de même que les bactéries d’il y a 5 milliards d’années. Dire que tout le monde est éveillé, ou que l’éveil est un état naturel toujours présent en arrière-plan, c’est équivalent à dire que seul Dieu est. Mais j’en avais déjà parlé en détail dans un message où je citais déjà Frank Terreaux:
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?p=18263&highlight=terreaux#18263
joaquim a écrit: | (...)
Les tenants de l’éveil impersonnel prennent l’évidence que «seul Dieu est», comme une chose acquise, et affirment donc qu’il ne saurait exister rien en dehors de la Conscience. La personne, dès lors, l’apparence personnelle que nous confère notre position singulière dans la vie, n’est plus qu’une enveloppe, dépourvue de toute réalité propre. Cette position semble très logique, puisque effectivement, l’éveil nous révèle que seul Dieu est. Elle pose pourtant des problèmes pour la vie qui sont absolument cruciaux. Une telle position implique en effet que personne ne soit auteur de quoi que ce soit, puisqu’il n’existerait pas quelque chose comme une personne, à fortiori libre, et donc responsable. Or nier la liberté et la responsabilité de la personne, c’est saper les bases sur lesquelles est construite la vie relationnelle. Il ne saurait en effet exister de vie relationnelle digne de ce nom sans respect de la liberté d’autrui, ni sans la conviction du sujet d’engager sa responsabilité dans la relation. Et plus spécifiquement, un dialogue comme on en tient un présentement à propos de la personnalité ou de l'impersonnalité de l'éveil, ne saurait avoir de sens si les participants à l'échange ne se considèrent pas entre eux comme des personnes libres et responsables de leurs paroles.
Examinons donc le problème en détail, et désolé si c’est un peu long...
Qu’est-ce qu'affirment les tenants de l’impersonnalité? Ils nient la réalité de la personne, du sujet, de celui qui se croit libre et responsable de ses actes. Or nier la liberté et la responsabilité du sujet, c’est renverser toutes les valeurs qui ont construit l’humanité depuis les origines. On peut en effet considérer que l’humanité est sortie de l’animalité et a commencé à exister en tant que telle à partir de l’avènement de la notion de sujet. On s’accorde en effet en général pour reconnaître une société comme humaine à partir du moment où elle enterre ses morts. Enterrer un mort, c’est signaler en creux l’avènement du sujet. Dans toutes les sociétés humaines, on voue un culte aux morts, ce qui témoigne de la conviction des humains que la personne n’est pas limitée à l’existence d’un corps et des caractéristiques de celui-ci, mais qu’elle est avant tout un sujet, n’ayant pas qu’une réalité matérielle, mais symbolique, métaphysique, ce qu’on a pu appeler une âme. La croyance en l’existence d’un sujet a façonné l’humanité, au point qu’on peut à bon droit considérer que c’est cette croyance qui a donné naissance aux structures sociales qui font que les hominidés sont devenus humains.
Et même si l’on en doutait, on serait néanmoins obligé de convenir que c’est cette même croyance dans le sujet qui fait que le petit d’homme devient un être humain doté de la conscience de soi. Être conscient de soi, c’est se percevoir soi-même comme un sujet. Cela semble évident. C’est également, par la force des choses, se percevoir comme un sujet libre. La liberté fait partie intégrante de la définition du sujet: ma perception de moi-même en tant que sujet ne peut être véritablement telle que si je me perçois comme autonome, autrement dit libre. Se percevoir comme un sujet qui ne serait pas libre de ses actes, c’est se percevoir comme un mécanisme — et ce n’est donc pas à proprement parler se percevoir. Pas comme un sujet. Et qui dit libre, dit responsable. Sans ces deux qualité indissociables du statut de sujet, la société humaine s’effondrerait, car son fonctionnement repose tout entier sur elles. Le ciment social est fait du sentiment qu’ont les humains d’être libres et responsables de leurs actes. Qu’ils le soient réellement est un autre problème. Mais qu’ils croient l’être est crucial pour que le ciment social tienne.
Dès la naissance, on traite le petit d’homme comme un sujet, quand bien même il n’est encore ni libre, ni responsable, et toute l’éducation consiste à l’amener à se sentir libre et responsable — et cela vaut même dans les cas où on chercherait à l’asservir, car l’asservissement, à moins qu’il ne soit obtenu par la force brutale, est toujours obtenu par le biais de l'adhésion de la victime à un croyance qui l’aliène; autrement dit, il est nécessaire de faire appel à sa liberté, quand bien même c’est pour obtenir d'elle son renoncement à cette liberté. La conviction qu’on fait naître en l’enfant qu’il serait un sujet libre et responsable de ses actes ne lui est à proprement parler pas imposée par l’éducation, car avant que cette conviction n’apparaisse, il n’y a personne à qui imposer quoi que ce soit. Ainsi, elle n’est imposée à personne, mais elle fait advenir la personne. Parce qu'être une personne, c’est se sentir libre et responsable de ses actes.
Qu’on le soit réellement est un autre question. Les sciences cognitives ont multiplié ces dernières années les exemples qui montrent qu’un individu croyant effectuer une action libre obéit en fait à un déterminisme qui le conditionne à son insu (voir par exemple ICI pour quelques exemples assez frappants). Il faut donc bien en convenir: l’être humain se croit libre, mais il apparaît de plus en plus douteux qu’il le soit réellement. Bien sûr, pour que la société puisse perdurer, il n’est pas nécessaire qu’il le soit réellement, mais il suffit qu’il le croit. Parce que c’est sa croyance qui le fait agir en être responsable. La question qui se pose alors est celle-ci: quelle est la valeur de la liberté, s'il s'avère qu'elle n'est qu’une croyance? La réponse qui vient immédiatement à l’esprit, c'est qu’elle ne saurait être qu’une liberté illusoire, donc une non-liberté. Pourtant, en répondant ainsi, on commet une faute logique. On juge en effet de la nature d’une qualité — la liberté, donc d’une réalité non matérielle — sur la base de processus matériels. Autrement dit on mélange des niveaux logiques distincts. C’est la même faute qu’on commet lorsqu’on cherche à faire dériver la conscience de processus matériels, ou qu'on croit avoir expliqué la nature d'une couleur lorsqu'on a décrit ses propriétés matérielles. Cette faute logique trahit le préjugé bien ancré dans notre société moderne que l’ultime réalité est nécessairement d'ordre matériel. Alors que la soi-conscience, à partir de laquelle tous les énoncés sur la matérialité du monde s’avèrent possibles, n’est elle-même rien de réel au sens matériel du mot; elle n’a de réalité que dans l’ordre abstrait de la pensée.
La liberté ne s’exerce nulle part ailleurs que dans la pensée. Elle consiste à permettre au sujet de départager le faux du vrai. C’est parce qu’il est capable de dire: «cela est vrai» et «cela est faux», que le sujet peut être dit libre. Le Code pénal suisse contient ainsi cette disposition, qu’on retrouve de manière similaire dans tous les autres pays, et qui date de l’Antiquité : «Art. 19. 1. L’auteur n’est pas punissable si, au moment d’agir, il ne possédait pas la faculté d’apprécier le caractère illicite de son acte ou de se déterminer d’après cette appréciation.» Un individu incapable de juger s’il commet ou non une faute n’est pas considéré comme libre, et donc pas responsable, et donc pas punissable. De même si, tout en étant capable de juger qu’il commet une faute, il n’a pas la capacité de se déterminer d’après cette connaissance, il n’est pas considéré comme libre non plus, et donc pas punissable. Son statut de sujet lui est virtuellement retiré, ce qui se traduit concrètement par sa possible mise sous tutelle. C’est une forme d’exil de la société des hommes libres, qui reprend sous une forme humanisée l’exil réel auquel étaient parfois voués ces individus dans l’Antiquité.
C’est donc dans le domaine de l’esprit qu’il s’agit de se poser la question: «Est-on libre de juger vrai ou faux?». Cette question-là est la bonne, et elle ouvre sur le véritable domaine où s’exerce la liberté. Reconnaître la vérité, c’est lui dire un «oui» sans condition, qui est le contraire d’un libre-arbitre capricieux, parce qu’il nous contraint à nous soumettre à ce qui nous apparaît intérieurement comme un impératif. Et pourtant c’est dans cette soumission sans condition à ce qu’on s’impose à soi, et uniquement à travers elle, qu’on se perçoit soi-même comme libre. Et cette liberté-là n’a rien d’illusoire. Elle ne dépend de rien de matériel, mais uniquement de soi.
Juger faux, c’est-à-dire ne pas se soumettre à la vérité, c’est refuser de la reconnaître comme telle, c’est mentir, c’est «se» mentir; c’est se soumettre à telle ou telle passion, l’élire en fonction d’un libre-arbitre capricieux, et par cela s’éloigner de soi-même. Juger vrai, se soumettre à la vérité, c’est devenir véritablement un sujet, libre et responsable. La vérité que l’on reconnaît à travers cet acte intérieur de reconnaissance, n’est pas une vérité qui s’imposerait de l’extérieur, comme s’il existait une vérité absolue à laquelle il faille se conformer; non, elle naît de sa propre honnêteté envers soi-même. Prenons un exemple concret: les découvertes des neuro-sciences, évoquées ci-dessus, nous apprennent que certains actes que l’on accomplit (et peut-être bien la plupart), quand bien même on est convaincus de les accomplir en toute liberté, sont en fait déterminés par des événements neuro-chimiques indépendants de nos choix. On peut se plonger dans la lecture de l’article que j’ai mis en lien, et se placer intérieurement face aux arguments avancés — si on dispose bien sûr du bagage conceptuel nécessaire pour les comprendre (je suis convaincu que c’est le cas pour tous les lecteurs du forum). On se construira alors sa propre opinion. Si cette opinion est le résultat d’un positionnement honnête de soi face aux arguments avancés, alors on l’appellera «vérité». Rendons-nous bien compte de cela: il n’y a pas d’autre critère de la vérité que celui-ci. La vérité n’existe nulle part en tant que telle. Elle n’existe que reconnue, et reconnue par une conscience consciente de soi, qui dit un «oui» sans condition à ce qu’elle reconnaît comme vrai. C’est un peu le serpent qui se mort la queue, j’en conviens, ce qui ne devrait pas déplaire à daniel, puisqu’il s’agit là d’une authentique interdépendance. Se regarder soi-même en face et reconnaître une vérité abstraite sont une seule et même chose. La vérité est reconnue en même temps qu'elle est créée, par l'acte d'un sujet lorsqu'il se met honnêtement en face de lui-même.
Si on se livre honnêtement à l’exercice de juger de la véracité des arguments exposés dans l’article mentionné, et qu’on en vient, après réflexion, à reconnaître que la plupart des actes qu’on croit accomplir librement sont en fait pré-déterminés, et donc non-libres, on aura accompli, ce faisant, un authentique acte libre. On pourrait objecter que celui qui refuserait de reconnaître la pertinence des thèses développées, autrement dit choisirait de «se» mentir (le fait qu’il faille formuler le refus de reconnaître la vérité par «se mentir» en dit long sur l’intimité qu’il existe entre soi et la vérité) le ferait simplement parce qu’il serait pré-déterminé à le faire. Et bien non. On est toujours libre de se regarder en face avec honnêteté. J’irais même plus loin: on devient un sujet, une personne, parce qu’on regarde honnêtement la vérité, et on n’est qu’un animal pulsionnel si on refuse de le faire. Je ne parle pas du fait d'être honnête et bon dans ses actions envers autrui. Ce n’est pas de cela dont il s’agit ici, mais de l’honnêteté avec soi-même. Le criminel peut céder à ses pulsions, mais s’il est honnête avec lui-même, sa qualité de sujet n’en est pas affectée. Alors que s’il refuse cette honnêteté-là, il se condamne lui-même à vivre dans un monde où il n’y a aucune place pour un sujet, un monde simplement pulsionnel. Le choix de se regarder ou non honnêtement en face ne peut être pré-déterminé par rien qui lui soit extérieur, puisque le choix et le sujet sont réciproquement créateurs l'un de l'autre. Choisir la vérité, c’est se dresser au-dessus des pulsions, et devenir sujet — le sujet qui a opéré le choix. Alors que choisir le mensonge (à soi-même), c'est un non-choix qui nous annule en tant que sujet. Il s'agit là, au niveau individuel, d'une auto-création similaire à celle qui a façonné collectivement le sujet humain à travers l’éducation et la culture.
(...)
Je reviens maintenant sur ce que j’avais dit tout au début: « Les tenants de l’éveil impersonnel prennent l’évidence que seul Dieu est comme une chose acquise, et affirment donc qu’il ne saurait exister rien en dehors de la Conscience». Ce que révèle l’éveil, c’est en effet que seul Dieu est, et pourtant cette vérité n’est pas une vérité objective. C’est la vérité qui se révèle au sujet lorsqu’il advient à lui-même. Du coup, l’évidence que «Dieu seul est» n’exclut pas l’existence du sujet personnel, au contraire, puisque c’est parce que ce sujet advient à lui-même — advenir à soi-même, c’est être une personne — que cette évidence se fait. L’éveil est un geste, le geste qui conduit la personne à devenir elle-même, et dans cet avènement s’effacer entièrement au point de laisser toute la place à Dieu — qui est sa vérité.
A l’intérieur de leur discours, ceux qui nient la réalité de la personne parviennent à maintenir une logique solide, d’autant plus solide qu’elle s’appuie sur cette vérité indiscutable pour quiconque a connu l’éveil, que seul Dieu est. Pourtant, au moment même où ils produisent ce discours si convaincant, ils se mettent eux-mêmes en position très délicate, puisque ce discours s’adresse nécessairement à quelqu’un, et qu’il s’avère dès lors très problématique de soutenir qu’on s’adresse à quelqu’un qui n’existe pas. On assiste ainsi à toutes sortes de jongleries verbales de leur part pour concilier le fait qu’il n’y aurait personne — personne qui tienne un discours et personne non plus à qui il soit adressé —, avec le fait qu’un discours est néanmoins bel et bien tenu. Comme on l’a vu plus haut, Ramesh pour sa part s’en sort en disant qu’aussi bien la question posée, que le discours qu’il tient lui-même en réponse, ainsi que tout ce qui se produit sur terre, est la volonté de Dieu, de sorte que «les actes sont faits, les événements arrivent, mais il n’y a pas d’agissant individuel». Ainsi, tout est toujours parfait.
(...)
Le mystère de la condition humaine ne se laisse pas complètement mettre à plat. Vouloir dire l’Un parfaitement, c’est aussitôt le trahir, puisque c’est prétendre l’enfermer dans une de ses parties, la dimension temporelle du discours. C’est cette faute que commettent les «impersonnalistes». Ils font de l’évidence que «seul Dieu est» un absolu. Or, encore une fois, ce que révèle l’éveil, c’est en effet que seul Dieu est, et pourtant cette vérité n’est pas une vérité objective — une vérité telle qu’en établit la pensée. C’est la vérité qui se révèle au sujet lorsqu’il advient à lui-même. Du coup, l’évidence que Dieu seul est n’exclut pas l’existence du sujet personnel, au contraire, puisque c’est parce que ce sujet advient à lui-même — advenir à soi-même, c’est être une personne — que cette évidence se fait.
Il existe d’ailleurs des discours qui savent recréer à l’intérieur d’eux-mêmes un pli qui reproduise le geste d’engendrement de l’Un:
«Bien qu'éternellement libre, je dois sans cesse à nouveau me libérer» (Tripura Rahasya). |
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dodo-chan Invité
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 13:28 Sujet du message: |
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Bonjour Rise
Donc nous somme bien d'accord la vie d 'un être éveillé est essentiellement baser sur sa veille, une veille infini.
Et de temps a autres les portes s'ouvre sur des perceptions, des expériences.
Ce qui me turlupinent c 'est l'identité de la personne éveillé, n'est telle pas tenter d'aller plus au fond d'elle même? De se dépouiller au maximum.
Je suis abstrait je m'en rend compte.
je veux dire continuer une vie devient difficile tout de même, la tentation de se jeter dans ce feu est très présente.
amicalement
dodo |
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Nout
Inscrit le: 10 Oct 2006 Messages: 551
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 14:11 Sujet du message: |
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Bonjour à tous,
Joël, ce que tu décris ressemble en effet à un état d'éveil. Quoique l'on fasse, on est regard sans second. Quoique l'on fasse ce regard ne peut être menacé ou corrompu. Sans aucune échelle de valeur pour ce "faire": visionner un film, écrire sur ce forum etc.
Il semble que ce regard prenne, épouse exactement la forme de ce qu'il regarde. Mais si la forme change et se multiplie, se limite, le regard reste UN et sans limite.
En prenant conscience de cela, comme tu le dis, on sent naître une infinie sécurité d'être parce que rien ne peut corrompre ce regard. Et dans un sens ce regard est la seule réalité.
Mais que se passe-t-il alors avant de prendre conscience de cela? Et il faut, je crois poser la question (que je me pose donc... ) QUI prend conscience de cela?
C'est en cela que je sens que certains points de vue, dits de non-dualité, ne sont pas réalistes. Ils n'englobent pas la réalité humaine. Ils n'englobent pas tout et éludent la question à laquelle on finit par être confronté à un moment donné: QUI s'éveille? ou QUI prend conscience que le regard (un sans second) est inaltérable?
Ceci dit l'exercice que tu décris est très intéressant: tenter de ne pas être présent...
Mais il me semble que ne pas être présent vient souvent malgré soi justement, sans effort de volonté. Par exemple, il m'est arrivé de conduire absorbée dans mes pensées et de me "réveiller" quelques minutes plus tard en réalisant que j'étais "ailleurs"...
Bien sûr j'étais là, mon corps l'était, mais ma conscience ne l'était pas. Qui a absorbé quoi, et qui a fait que je suis revenue à moi-même?
Quand je visionne un film, regarder le film, être pris dans l'action est une action "naturelle" puisque voulue. Par contre, être absorbé par le film de ses pensées au point de ne plus même "sentir" ce que l'on fait semble ne pas être "naturel" et n'est pas voulu.
C'est d'ailleurs ce que tu exprimes bien ici:
Citation: | L’impression de division vient quand j’essaie de penser tout en marchant
Le problème vient du mélange entre penser et percevoir, notre pensée recouvre notre perception
Généralement cette pensée est soucieuse et concerne le passé et le futur, elle est réactive et est un effet de la peur qui résulte de tout attachement
Ce type de pensée n’est pas un mal en soi, il s’agit simplement de ne pas s’y arrêter, alors elle ne voile rien
S’arrêter à ces pensées demande des efforts |
Mais ces pensées voilent cependant la conscience même momentanément.
C'est cela que le zen tente de corriger:
Citation: | C’est pourquoi le zen dit ; le satori, c’est manger, marcher, penser
Quand je marche, je marche
Quand je pense, je pense
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Et c'est sur ce point délicat que je rejoint pleinement Joaquim dans son article (dans lequel j'ai retrouvé sa belle fluidité d'expression) et quand il exprime ceci:
Citation: | c'est est un geste qu'accomplit le sujet, et qui abolit la dualité dans laquelle il se trouvait prisonnier - c'est-à-dire aliéné à lui-même par son adhésion à un faire qui ne faisait que masquer l'être. |
Seul le sujet est à même de pouvoir veiller à ne pas se retrouver à nouveau "absorbé" dans ces moments d'absences qui sont pour moi un non-éveil évident. Seul le sujet peut faire le choix de "prendre conscience" de veiller. Et ce choix s'obtient paradoxalement par le non-faire, lorsque l'on se place à la racine de soi, du je, en-deça de toutes les formes pensées ou réelles qui se présentent. En deça de tout mouvement donc.
Le non-sujet, l'impersonnel EST au-delà de toute conscience, donc il ne veille pas par lui-même...il est Être pur, "un regard qui ne regarde rien", sans la limitation du Je qui seul permet de se "sentir" dans cet Être...
Ce Je qui comprend que ce "rien" n'est autre que lui-même...
Pourquoi donc dire SUIS et pas Je Suis? Suis pour moi n'est pas complet, ni global, ni fidèle à la réalité. Cela rejette le Je indispensable à l'expression même de ce SUIS.
L'éveil est la simultanéité entre la conscience d'un Soi Un et indivisible et la conscience de la multiplicité permanente de ce qu'englobe ce Soi...(je suis moins fluide que Joaquim dans mes mots mais bon... )
J'ai bien aimé dans la revue du 3ème millénaire (que je n'ai pas encore lu en entier) l'article de Jeff Foster.
Citation: | Quelque soit l'impersonnel, il s'exprime en réalité en tant que personnel, et la liberté véritable ne peut pas venir du déni ou du rejet de l'histoire personnelle - il est en réalité au coeur de cette histoire, au coeur du désordre de l'existence humaine. C'est là que brille la grâce.
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Cela rejoint ce que je vis présentement. Plus j'avance et plus je me rends compte que seul le concret, la vie même à l'état brut (sans concepts ou pensée filtre donc, même subtile comme la non-dualité issue de l'advaita...) est pure spiritualité, pure liberté. Parce que la vie en soi n'élude rien, englobe tout et surtout ne censure pas.
Il n'y a pas ce qui existe d'un côté et ce qui n'existe pas de l'autre. Il y a, et je suis au centre de ce "il y a" que je le veuille ou pas. Que j'en ai conscience ou pas. La seule différence est qu'en ayant conscience de cette liberté d'être, même dans la limitation du JE, il se déploie un confort de vivre sans précédent. Quelque soit ce qui est à vivre.
Et la vie ne peut être qu'au travers du personnel. Sinon nous ne serions pas là pour en parler...non?
Merci profondément à vous tous de pouvoir partager tout cela. |
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Nout
Inscrit le: 10 Oct 2006 Messages: 551
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 14:26 Sujet du message: |
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Bonjour Dodo,
tu dis:
Citation: | je veux dire continuer une vie devient difficile tout de même, la tentation de se jeter dans ce feu est très présente. |
Mais ce feu n'est-il pas la VIE même?
La pure, la vraie...la très concrète! |
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dodo-chan Invité
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 14:38 Sujet du message: |
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Bonjour Nout
Moi je n'aime pas jeff foster et beaucoup d 'autre qui ce recycle pour continuez.
Pour moi seul les con changent d'avis.
La vrai question c'est quel est le personnel de chacun?
Doux rêve ou cauchemars sans fin?Alors la le personnel-impersonnel peut intervenir dans le personnel sois pour sublimer ou dégager la personne de son contenus.
Je suis assez perplexe, l’éveil c'est que pour les gens civilisés les citoyens qui payent leur factures?
Il y a bien des gens qui crèvent de faims tout au tour de nous, et je me sens très mal et idiot me sachant cherchant l’éveil.
Est ce pour tout le monde réellement?
On cherche a se débarrasser d'un conditionnement qui est le préalable a notre but.
Je trouve sa marrant.
En gros on ne peut pas faire de généralité, ou faire de doctrine, ou dire
c'est comme sa.
c'est dans le champ du réel que sa se passe, sur le terrain.
Je me suis encore échapper du sujet mille excuses.
amicalement
dodo |
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dodo-chan Invité
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 14:40 Sujet du message: |
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Nout a écrit: | Bonjour Dodo,
tu dis:
Citation: | je veux dire continuer une vie devient difficile tout de même, la tentation de se jeter dans ce feu est très présente. |
Mais ce feu n'est-il pas la VIE même?
La pure, la vraie...la très concrète! |
Ce feu c'est la rédemption, un éveillé ne vois que la mort autour de lui, il le sais il ne côtoient que la mort et l’éphémère.
amicalement
dodo |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5638 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 28 Oct 2011 14:56 Sujet du message: |
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Bonjour Nout,
Je m'associe entièrement à tes mots de 15:11. |
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