Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et scientifique
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purplemoon
Inscrit le: 25 Oct 2016 Messages: 10
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Posté le: Ma 25 Oct 2016 23:18 Sujet du message: accepter le non sens |
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Bonjour, comme vous le sentez ça va être long et douloureux (du moins pour moi).
Voilà, je suis une personne qui a toujours, du moins dans mon souvenir, eu un fort besoin de contrôle. Quand j'ai vu que la vie m'amenait vers des chemins que je ne pouvais pas éviter et je me suis empêtrée dans de fortes angoisses jusqu'à vouloir me suicider car j'avais conscience que rien ne pourrait être à jamais aussi confortable que je le souhaitais.
Finalement j'ai réussi à remonter la pente de façon très inattendue. Je ne vais pas détailler mais à un moment j'étais convaincue d'avoir trouvé un sens à ma vie et ma foi est devenue si grande que j'ai ressenti ce que j'ai compris que l'on appelait "éveil" ou du moins s'en est rapproché.
Seulement depuis ma vie est devenue un enfer. Cela fait 11 mois maintenant que je cherche, que je crois trouver et que je replonge. Et là la chute fatale a été pour moi d'entendre qu'il n'y a pas de libre arbitre" et que tout "cela n'a aucun sens" de la bouche de personnes que j'avais considéré comme mes piliers.
Car dans mon cas avec toute les angoisses que je traine c'est juste imbuvable. J'ai essayé par tous les moyens de me rassurer mais j'ai dans ma tête c'est la surenchère à la pensée la plus horrible. J'en résous une en me disant "tu vois bien que ce n'est pas possible" par "ça pourrait l'être dans une autre dimension donc j'ai raison d'avoir peur".
Et même de me dire que je pourrais m'éveiller et ressentir que tout cela est faux ne me rassure pas car je me dis que le mental peut revenir, me raconter
Je ne souhaite même plus me suicider car j'ai peur que ce soit pire après.
Alors ma question c'est comment je pourrai un jour arriver à accepter totalement ça et oublier ce cauchemar ? j'ai du mal à croire que cela soit vraiment "ma volonté". j'ai 26 ans et je ressemble déjà à un cadavre. Dès que je me sens un peu mieux je me dis "c'est un mensonge, tu peux pas éviter le pire" et j'ai du mal à contrôler ces attaques de paniques constantes. ça devient insupportable et pourtant je ne sais pas quoi faire. Je sens que la douleur physique va prendre le pas.
Voilà c'est pas joyeux mais merci de m'avoir lu. Je suis complètement à bout et je me sens extrêmement seule dans ce délire.
J'avais demandé conseil à "une éveillée" qui m'avait répondu que le problème fondamental était la croyance en un "moi" séparé. Oui certes mais bon si cette croyance doit être vécue pour toujours avec tout le karma que je traîne je suis dans une malédiction et je ne vois pas comment je peux accepter ce rôle.
En fait j'ai peur que tout ça soit un piège et l'inverse finalement, une illusion de vérité qui m'est donnée pour qu'à cause de ça je vive un éternel enfer.
Merci de m'avoir lue et pour vos éventuelles réponses... |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Me 26 Oct 2016 8:45 Sujet du message: Re: accepter le non sens |
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bonjour Purplemoon
et bienvenue sur le forum
purplemoon a écrit: | Et là la chute fatale a été pour moi d'entendre qu'il n'y a pas de libre arbitre" et que tout "cela n'a aucun sens" de la bouche de personnes que j'avais considéré comme mes piliers. |
sur le libre-arbitre, on en a parlé ici récemment
a-t-on vraiment le choix( libre arbitre)
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?t=1955
mais de toutes les façons, savoir si on a le libre-arbitre ou pas n'est qu'un problème théorique et non réel
cela ne change rien
on aura toujours le sentiment d’être libre , responsable et d'avoir le libre choix de nos actions
illusoire ou pas, c'est dans la tête
alors si tu ne peux pas y réfléchir sereinement alors autant laisser tomber cette question
laisser tomber là est notre libre arbitre
c'est le choix de la conscience, la liberté réside au niveau de notre conscience
ta conscience sait que tu as besoin de tout contrôler et que l’idée de n'avoir aucun contrôle et donc aucun libre arbitre lui est insupportable
elle a pourtant le choix de :
1- de refuser d'y penser et d'en faire un problème ( laisser tomber) sachant que cela ne changera rien de toutes les façons de savoir si on contrôle ou pas
2- d'y réfléchir sereinement
3- d'accepter totalement l’idée que l' on a aucun contrôle et aucun libre arbitre, le philosophe Spinoza qui pensait que tout est déterminé et que le libre arbitre n'existe pas , trouvait dans cette acceptation d'un déterminisme absolu la plus grande liberté
pour lui , déterminisme à l’extérieur cad au niveau de nos actions= liberté à l'intérieur
voir aussi le stoïcisme : ce n'est pas les choses qui nous font peur , par exemple l'absence de libre arbitre mais les idées qu'on s'en fait
Epictète écrit dans son manuel :
Citation: | parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous , d'autres non? de nous dépendent la pensée, l'impulsion, le désir, l'aversion , bref, tout ce en quoi , c'est nous qui agissons ;
ne dépendent pas de nous le corps, l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n'est pas nous qui agissons.
ce qui dépend de nous est libre naturellement , ne connait ni obstacles ni entraves; ce qui n'en dépend pas est faible, exposé aux obstacles et nous est étranger.
donc rappelle -toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pour un bien propre ce qui t'est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté; tu en voudras aux hommes comme aux dieux; mais si tu ne juges tien que ce qui l'est vraiment-et tout le reste étranger- jamais personne ne saura te contraindre ni te barrer la route....
donc des qu'une image viendra te troubler l'esprit , pense à te dire:" tu n'es qu'image et non la realité dont tu as l'apparence " puis , examine-là et soumets-la à l’épreuve des lois qui règlent ta vie :
avant tout , vois si cette realité dépend de nous ou n'en dépend pas ; et si elle ne dépend pas de nous, sois prêt à dire;" cela ne me regarde pas "
manuel d’Épictète |
rien ne nous oblige à entretenir nos croyances, ces croyances ne sont que des pensées et ces pensées sont des phénomènes qui apparaissent dans notre esprit
le moi séparé est celui qui s'identifie à ces phénomènes et ne sait pas faire la différence entre le réel qu 'il est et son imaginaire, entre en lui et ses pensées, entre ''ce qui dépend de lui et ce qui ne dépend pas de lui
l’éveil c'est aussi savoir faire ces différences mais aussi comprendre et percevoir que le seul sens de la vie, c'est la vie , autrement dit soi-même, le seul sens de la vie, c'est vivre et vivre consciemment
et qu'effectivement en dehors de notre conscience-présence- être qui est cette vie , rien n'a de sens
c'est nous qui donnons le sens à notre vie
et l'un des moyens pour réaliser cela c'est d’être totalement présent à ce qui est et d'accepter ce qui est , une telle présence et acceptation rend impossible cet imaginaire qui te fait souffrir.
dans la présence et dans l'acceptation totale et inconditionnelle du non sens, tu trouveras l'unique sens de ta vie : toi-même
tu pourrais lire aussi le mythe de Sisyphe de Camus
«Il faut imaginer Sisyphe heureux»
Citation: | Le Mythe de Sisyphe paraît en 1942. L'auteur y explique que c'est lorsque Sisyphe redescend de son sommet pour retourner pousser le rocher qu'il le passionne le plus. «Il faut imaginer Sisyphe heureux», clame Camus. «Je vois cet homme redescendre d'un pas lourd mais égal vers le tourment dont il ne connaîtra pas la fin», écrit Camus. Or, pour l'écrivain, lors de ces retours incessants vers le labeur, Sisyphe devient «supérieur à son destin».
Paradoxe? Camus reconnaît que la condition de Sisyphe est tragique car irréversible, et que le héros le sait. Mais en ayant justement pris conscience de cette condition, Sisyphe redevient maître de son existence. «Toute la joie silencieuse de Sisyphe est là. Son destin lui appartient. Son rocher est sa chose», résume Camus. L'auteur élargit cette conscience de l'absurde au monde moderne. L'ouvrier qui travaille, «tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches», n'a pas un destin moins absurde d'après l'auteur. Ce destin devient tragique lorsque l'ouvrier en prend conscience. Mais ces destins irréversibles permettent aussi la rébellion et l'accomplissement,
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Joël _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même
Dernière édition par riseohms le Me 26 Oct 2016 9:11; édité 2 fois |
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purplemoon
Inscrit le: 25 Oct 2016 Messages: 10
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Posté le: Me 26 Oct 2016 9:05 Sujet du message: |
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Bonjour Joel,
Merci pour ta réponse.
Je comprends bien que les pensées ont moins de force quand on les laisse et qu'on puisse alors donner un sens à tout ça.
Or moi j'essaie vraiment de m'en détacher mais ça me semble impossible. Ces croyances sont maintenant bien ancrées en moi.
L'absence de libre arbitre me fait peur car je suis en train de me cogner la tete contre le mur et je me dis que je ne trouverai jamais aucun sens à cette souffrance gratuite. je ne peux pas m’empêcher de donner raison à mes pensées d'une façon ou d'une autre, plus je me dis que c'est faux plus j'arrive à trouver d'autres prétextes pour que ce soit vrai.
Je ne sais même pas pourquoi je m'accroche encore à obtenir des réponses en fait. Enfin sur le moment ça me soulage que l'on me dise que je me trompe... |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Me 26 Oct 2016 9:43 Sujet du message: |
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pour moi, la seule façon de sortir d'une situation inconfortable, par exemple tout ce que tu décris, cet attachement à tes croyances et la souffrance qu'elles impliques et les réponses que tu cherches , les cogitations etc , c'est d'accepter totalement de ne pas en sortir
car plus tu cherches à en sortir, plus tu t'y enfonces
j'observe le jeux de mes pensées et le stress qu'il implique, le l'observe sans jugement, cad je lui dit oui
je me contente de l'observer, de constater cet enfer comme un phénomène objectif , sans le rejeter ni le refuser , bref l’accueillir
et immédiatement , il y a apaisement .
je me sens impuissant à sortir de cet enfer mental, j'accepte cette impuissance, je retrouve alors ma puissance .
tu peux aussi tenter l'aventure du saut dans le vide :
il y a un raisonnement , des questions, pourquoi ne pas avoir le courage de ne plus chercher de réponses, de ne pas conclure un raisonnement
. le questionnement est plus important que les réponses.
nous sommes la question, la question est vivante
la réponse intellectuelle ne l'est plus .
à moins de considérer que la question suffise
car souvent la réponse est dans la question, une réponse vivante et non intellectuelle
qui suis je ?
si j'accepte de ne pas chercher de réponse extérieure à cette question, je peux trouver immédiatement cette réponse: je suis
l'important n'est pas de savoir qui je suis mais de savoir que je suis
c'est une réponse existentielle ,évidente et immédiate qui n'appelle pas d'autres questions
voir notre conditionnement, le constater sans juger suffit à nous en libérer
voir notre obscurité, nos ténèbres c'est déjà y mettre de la lumière
et les ténèbres ne supportent la lumière,
voir sans jugement suffit, juste constater.
voir c'est être présent
et être présent est la réponse
la présence apaise et libère,
cette présence dissipe tous les nuages
à propos d'accepter de laisser tes questions sans réponses et donc de ne pas conclure tes pensées
voici qu'en écrit Joaquim, administrateur de ce forum dans son entretien avec Oniris ici
http://www.cafe-eveil.org/interview.html
joaquim a écrit: | A la même époque — cela m’était venu spontanément, sans que je le provoque —, j’évitais de penser mes pensées jusqu’au bout, je sentais bien que j’étais incapable de les conduire jusqu’à leur plein épanouissement; alors, pour éviter de les abîmer avant leur terme, sitôt qu’elles pointaient le bout de leur nez, je les reconduisais délicatement dans le grand océan intérieur d’où elles cherchaient à émerger. Et je crois bien que c’est cette attitude-là qui m’a préparé à recevoir la grâce de l’éveil. Car chaque chose qu’on laisse être sans vouloir s’en emparer, croît à la mesure de ce geste de confiance qu'on lui fait. Quelque chose a mûri ainsi dans mon silence intérieur. |
Joël _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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Pierre
Inscrit le: 22 Nov 2005 Messages: 68 Localisation: Toulouse
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Posté le: Me 26 Oct 2016 10:57 Sujet du message: |
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Bonjour PurpleMoon,
Je n'ai pas lu les réponses de Joel. Je ne réponds qu'à ton premier message.
De toutes les expériences qu'il m'a été donné de vivre, les plus douloureuses sont sans conteste ces passages de la lumière à l'obscurité.
Rien de pire en effet que ce basculement d'un état aimant, si naturel, où l'on se sent si bien, où le sens abonde dans les circonstances les plus modestes de notre quotidien, à cet enfer atroce où nos démons intérieurs ont repris le pouvoir plus vigoureux que jamais.
Tout ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort, dit-on. Ces propos s'appliquent aussi à nos ombres, me semble-t-il : nos "éveils" partiels les dissipent un temps, mais elles se reconstituent, et corrigent leurs vulnérabilités. Exactement comme un organisme vivant s'adapterait à un environnement hostile.
Évidemment, ce sont des métaphores : je ne crois pas aux démons, à des ombres autonomes qui logeraient dans notre esprit. Pas plus que je ne crois au karma. In fine, tout cela c'est soi-même. Ces démons ne sont que des parties de moi-même avec lesquelles j'ai perdu le contact. Si je les éprouves comme autonomes, cela montre à quel point ce que je prends pour "moi" n'est qu'une portion minuscule qui exclue des pans entiers de ce que je suis en réalité. Je les éprouves comme hostiles, mais elles ne sont peut-être qu'une invitation insistante à regarder dans une direction qui me répugne ou que je néglige : celle de mon histoire personnelle. La vraie. pas celle que je me raconte.
Arnaud Desjardin faisait systématiquement faire une psychothérapie à ses élèves, avant qu'ils n'intègrent sa communauté. Je trouve ça très intelligent, et pragmatique : avant de dépasser le "moi", de le reconnaitre comme illusoire, encore faut-il qu'il soit là, ce "moi", présent, éprouvé, consistant. Or la plupart d'entre nous commençons notre vie d'adulte éparpillés en plein de petits moi, morcelés, divisés, sans unité intérieure, avec tout ce petit monde qui parle en même temps. Quand ce petit monde là converge à peu près vers un même objectif, c'est vivable (quoique la vie s'arrange toujours pour mettre à jour nos dissensions internes). Mais quand dans ton cas, (comme dans le mien), certains de ces petits moi sont hostiles aux autres, disqualifiants, effrayants, dévalorisants, castrateurs, inhibiteurs... quelle souffrance !
Comme nous nous vivons, biologiquement, comme une unité, (et que "quelque chose" aspire à cette unité en nous), il nous est insupportable de trop ressentir ce morcelage intérieur. D'où l'émergence, parmi toutes ces petites voix, d'un commentateur, dont la tâche - bien ardue - consiste à entretenir l'illusion d'une unité en composant, sans relâche, instant après instant, un histoire qui tienne à peu près la route à partir du matériau que la vie et nos petits moi lui fournissent. Sacré boulot : imagine un scénariste sommé d'écrire un film avec comme protagonistes un homme préhistorique, Albert Einstein, ma mère, Hannibal Lecter, le petit poucet, le chat de ma voisine, le général de Gaulle... Ca risque de manquer un peu de sens tout ça.
C'est ce scénario, complètement non-sensique, que nous nommons "notre histoire". Et chercher du sens dans cette direction là ne fait que raffiner des intrigues du scénario, rajouter des développements de plus en plus absurdes rajouter du non sens au non sens.
De même qu'il n'y a pas de sens, il n'y a pas de liberté non plus : à un moment donné un petit moi crie plus fort que les autres et décide suivant son inclination la plus marquée. Et voilà, nous avons tourné à droite. D'autres voulaient aller à gauche. mais c'est la droite qui l'a emporté. Et notre scénariste intérieur d'écrire : "j'ai décidé de tourner à droite". Et de rajouter pour enfoncer le clou "en toute liberté" ou bien "après mûre réflexion", ou encore "parce que c'était la meilleure décision à prendre".
Voilà notre situation, à l'orée de notre vie d'adulte. Certains en resteront là jusqu'à leur mort. D'autres vont se bouger le cul. Précisément ceux pour qui cette situation est la plus douloureuse. Des gens comme toi. Et je suis convaincu qu'il n'y a pas un seul sage sur terre qui ne soit passé par cet étape du morcellement. De même qu'aucun enfant n'est sorti du ventre de sa mère en sachant parler et marcher. (A part Kim Jong-un, bien sûr, et Chuck Norris peut-être)
Se bouger, OK, mais dans quelle direction ? Certainement pas dans celle que nous désigne notre scénariste intérieur. Lui son job c'est d'entretenir l'illusion d'une unité intérieure (sans quoi, on serait un genre de dingo aux personnalités multiples). Et globalement, il s'en sort bien. Mais son scénario n'a aucune valeur en soi. C'est du nanar pur jus !
La voie spirituelle offre une tentation bien grande : celle de vouloir tout flinguer, tout escamoter, tout dénoncer comme illusoire. Vois les réponses que t'apportent des éveillés : "le moi est un illusion". Super ! Qu'est ce qu'on fait avec ça ? Oui, ce serait cool d'être débarrassé de tous ce fatras intérieur, juste comme ça, clic, comme on bloque sur son portable des personnes à qui on ne veut plus parler. Mais selon moi, c'est brûler les étapes.
Non, ce qui me parait bien plus digne d'intérêt, c'est comprendre le matériau de base du scénariste : tous ces petits moi qui s'agitent, se contredisent, se fâchent même... D'où viennent-ils ? Comment un corps qui vient au monde avec pour aspiration profonde (c'est quasiment un déterminisme biologique) le désir d'aimer et d'être aimé, de jouir de la vie, d'être libre et heureux, s'est retrouvé intérieurement divisé, morcelé, harcelé par des peurs irrationnelles ? A quelle circonstances a-t-il dû faire face pour que sa survie soit à ce prix ? Qu'à a dire, au fond, chacun de ces petits moi ?
Dans cette direction là, crois-moi, il y du sens. Le sens de sa véritable histoire personnelle. Et on est jamais déçu. Cela prend parfois du temps, cela peut être douloureux, mieux vaut être accompagné (sinon fatalement on tourne en rond : il est des portes que l'on a pas la force ou le courage d'ouvrir seul). Moi j'ai traîné longtemps ma misère existentielle sur des chemins spirituels. Je peux pas dire que ça n'a servi à rien, mais globalement, ce fût peu efficace, comparé à un vrai travail psychothérapeutiique, qui lui, à changé ma vie, la perception que j'ai de moi-même et des autres. Et je parle d'un vrai travail, en profondeur, dans la durée. Tu es jeune... tu as le temps !
Que puis-je rajouter ? Garde confiance : si l'on tient bon, on finit par triompher de toutes ses ombres. C'est le sens de la vie, c'est la direction qu'elle cherche à nous fait prendre : devenir libres joyeux, aimants. Et on finit par découvrir que nos souffrances ne faisaient que nous indiquer ce chemin là.
Bon courage.
Pierre |
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purplemoon
Inscrit le: 25 Oct 2016 Messages: 10
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Posté le: Me 26 Oct 2016 11:07 Sujet du message: |
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Merci RHiseohms pour ta réponse.
Oui j'avais senti à un moment. Accepter l'enfer c'est en sortir directement. Sauf que le mental après revient et dit : "ça ne marche pas comme ça c'est trop facile" "il faut que tu souffres sinon tu vas souffrir ce que tu ne peux même pas imaginer" et même quand je me dis ok je sais au fond que j'ai pas envie de ressentir cette angoisse qui me coupe de la vie.
Je sais que c'est juste dans ma tête mais ça me fait énormément souffrir de me dire que je n'ai aucun moyen d'être en paix.
enfin bon je crois que j'ai tout essayé, c'est toujours une pensée qui revient en force, je me tape la tête contre le mur, rien ne m'apaise réellement. |
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ysia
Inscrit le: 15 Oct 2016 Messages: 71 Localisation: antibes
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Posté le: Me 26 Oct 2016 12:02 Sujet du message: |
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bonjour Purplemoon, bonjour à tous.
prends le temps de relire ce que t'on écrit Riseohms et Pierre...il n'y a rien à rajouter : ils l'ont extrêmement bien écrit.
si je ne devais retenir qu'une phrase ou plutôt l'idée générale en réponse à ton vécu :
si tu ne peux te sortir de ce mal-être intérieur ( forcément temporaire ..mais le temporaire peut durer longtemps ) c'est : observe, regarde ce mal-être te traverser, t'habiter et les émotions corporelles qu'il induit : ne TE juges pas...regarde de loin comme si tu te voyais dans un film...et dis-toi qu'un jour tu auras la "bonne distance".
il t'es juste demandé de Voir...tu n'es pas cette souffrance, ce questionnement qui tourne en boucle...tu es CELA qui observe tout ça se "jouer" en Toi .
et CELA en toi est inaltérable et toujours en paix...quelque part tout au fond : essaie de faire un "focus" sur cet espace , cette Présence.
et les choses se mettront en place seules certaines se dissoudront.
quant au sens de la Vie : " il n'y a pas de but à atteindre, c'est le chemin qui compte" et le chemin c'est Toi.
oui il faut aller jusqu’à accepter ce qui peut apparaître "comme un non sens", sachant que pourtant à la fin du film...tout avait bien sûr un sens.
"Dieu écrit droit avec des lignes courbes" disait je ne sais plus qui.
voilà bien maladroitement, ce que je te dirai si je t'avais en face de moi.
tu n'es pas seule, plein de gens vivent des crises existentielles, comme ça, ne t'inquiètes pas. _________________ il n'y a qu'un JE....le JE SUIS...nous ne sommes que des manifestations dans la forme de CELA |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8581 Localisation: belgique
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Posté le: Me 26 Oct 2016 12:18 Sujet du message: |
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purplemoon a écrit: | Merci RHiseohms pour ta réponse.
Oui j'avais senti à un moment. Accepter l'enfer c'est en sortir directement. Sauf que le mental après revient et dit : "ça ne marche pas comme ça c'est trop facile" "il faut que tu souffres sinon tu vas souffrir ce que tu ne peux même pas imaginer" et même quand je me dis ok je sais au fond que j'ai pas envie de ressentir cette angoisse qui me coupe de la vie.
Je sais que c'est juste dans ma tête mais ça me fait énormément souffrir de me dire que je n'ai aucun moyen d'être en paix.
enfin bon je crois que j'ai tout essayé, c'est toujours une pensée qui revient en force, je me tape la tête contre le mur, rien ne m'apaise réellement. |
Bonjour Purplemoon !
As-tu l'impression que ta vie matérielle, familiale, relationnelle joue un rôle dans ce que tu vis, actuellement ! |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Me 26 Oct 2016 12:29 Sujet du message: |
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purplemoon a écrit: | Merci Riseohms pour ta réponse.
Oui j'avais senti à un moment. Accepter l'enfer c'est en sortir directement. Sauf que le mental après revient et dit : "ça ne marche pas comme ça c'est trop facile" "il faut que tu souffres sinon tu vas souffrir ce que tu ne peux même pas imaginer" et même quand je me dis ok je sais au fond que j'ai pas envie de ressentir cette angoisse qui me coupe de la vie.
Je sais que c'est juste dans ma tête mais ça me fait énormément souffrir de me dire que je n'ai aucun moyen d'être en paix.
enfin bon je crois que j'ai tout essayé, c'est toujours une pensée qui revient en force, je me tape la tête contre le mur, rien ne m'apaise réellement. |
j'aime beaucoup la belle et généreuse réponse de Pierre .
vers 27 ans ,cad à ton âge ,j'ai connu un véritable enfer mental qui m'a empêché de vivre et que j'appelais "mes cogitations "" et qui m'obligeait à penser sur tout et n'importe quoi et surtout à tenter d'aller au bout de mes questions alors qu'il n'y a pas de bout puisque une question appelle toujours une autre question.
je ne pouvais plus m'arrêter de penser ,et parfois alors que j'allais chez des amis ,je pouvais rester une heure sur le trottoir à essayer de me libérer de la cogitation
j'étais sous l'emprise de la pensée ,pris dans un véritable cercle vicieux ,complètement tendu ;impossible d'en sortir .
quel est le but de penser ,à part son utilité pratique ?
c'est de penser et cela n'a pas de fin sauf si on a la force d'en sortir
et pourtant je me sentais libre et responsable puisque lorsque je voyais venir le train de la pensée ,je savais dans quel cercle vicieux j'allais tomber si je montais dans ce train et l'impossibilité d en sortir .
j'étais conscient ,j'avais vraiment la possibilité de ne pas prendre ce train
mais je le prenais ,me privant ainsi de la liberté et de la paix
pourquoi ?
Spinoza constatait que " les hommes luttent pour leur esclavage comme s'il s'agissait de leur liberté "
hors du train des pensées nous sommes libre et avons le libre-arbitre ,car on est encore dans la conscience
dans le train ,nous ne sommes plus libre .
Spinoza pensait que ce n'est pas l'intellect ou la raison qui peut nous permettre de maîtriser une telle "passion destructrice "
mais une autre passion plus forte et constructive
par exemple un amour ,une activité ,le sport ,la musique etc
seul un désir peut vaincre un autre désir
et cela ne nécessite aucune lutte et effort .
si l'on comprend vraiment , surtout après un diagnostic médical que continuer à boire, à fumer ou à se droguer va nous mener à la mort, on arrêtera facilement car notre désir de vivre sera plus fort que notre désir de fumer, boire ou de drogue
on a alors une idée claire de ce que l'on veut .
j'ai constaté aussi que ce problème avec la pensée est apparu des que j'ai commencé à pratiquer la méditation consistant à faire le vide des pensées dans ma tête
et donc à faire un ''problème '' du fait de penser .
il y a peut-être un lien de cause à effet ?
plus on veut sortir de la pensée ,plus on la renforce
la pensée se révoltant et devenant monstrueuse .
autre cause possible : ce problème des " cogitations " est apparu juste après le décès de mon père . ce qui a du provoquer en moi une brisure et une angoisse dont le symptôme a pu être cet impérialisme de la pensée .
une pensée qui cherche à se rassurer avec ses questions réponses incessantes .
cette tendance à la cogitation est toujours là mais rare
le véritable silence est devenu naturel et ne se fait pas contre les pensées .
tu as peut être vécu un traumatisme récent qui pourrait expliquer ce que tu vis actuellement ?
-cette tendance à la cogitation explique mon mode de penser qui cherche toujours à réconcilier les contraires ,ayant vécu trop de conflits internes à la fois intellectuels et émotionnels .
-je me disais,par exemple ,constatant les différentes parties de moi-même qui se querellaient,
mais c'est absurde!
je me vis comme plusieurs alors qu'en réalité je suis un,
la partie de moi qui essaie de convaincre l'autre est forcément déjà convaincue et donc ce débat interne n'a pas de sens
j'ai déjà toutes les réponses à mes questions en moi
et mieux je suis la réponse à toutes mes questions,
je suis déjà ce que je cherche
je suis l'unité
Joël _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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purplemoon
Inscrit le: 25 Oct 2016 Messages: 10
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Posté le: Me 26 Oct 2016 14:13 Sujet du message: |
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Merci à tous pour vos réponses.
En fait c'est exactement ce qu'a dit Pierre, le plus douloureux, quand je prends de l'élan, de la hauteur et puis d'un coup la pensée horrible arrive et me stoppe complètement créant la panique.. voilà pour répondre à mon pire traumatisme. Même les choses qui autrefois pouvaient me calmer à coup sûr, comme chanter justement, ne fonctionnent plus réellement car je me les gâche.
Là par exemple je reviens du cours de chant, j'ai chanté mais j'ai eu du mal, j'ai pas pu prendre de plaisir.. j'étais quasiment constamment en train de lutter pour ne pas penser. ça a marché de bref moment la pensée m'a laissée tranquille mais une fois qu'elle s'était éloignée j'ai pas pu m'en empêcher, je l'ai rattrapée.
Donc la lutte n'est pas la solution mais jusqu'ici la confrontation n'a mené nul part.
Pourtant c'est pas faute d'avoir essayé, riseohms je me reconnais d'ailleurs un peu dans ton histoire, car au début je faisais ça également je voulais prendre le taureau par les cornes, quand je butais sur une question quelle qu'elle soit je ne voulais plus la lâcher jusqu'à avoir une réponse... je finissais par me faire mes réponses et ça marchait plus ou moins comme ça, avant qu'un autre obstacle arrive...
Je résiste trop, pourquoi je suis programmée pour être ce monstre, c'est ça que je comprends pas en fait, pourquoi quand je sens que je peux m'en sortir je finis par me bloquer d'une façon ou d'une autre. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5924
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Posté le: Me 26 Oct 2016 23:52 Sujet du message: |
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Bonjour Purplemoon,
En fait j'ai eu les le même type de problèmes à ton âge , avec attaques de panique continuelles et pensées intérieures perpétuellement activées
Mon monde l'intérieur était beaucoup plus important que ma vie extérieure.
Je n'ai pas de proposition philosophique a te faire.
Je peux juste évoquer la manière dont je m'en suis sorti.
- J'ai rééquilibré la balance , vie intérieure / vie extérieure , en m'intéressant davantage à l'extérieur. En m'ouvrnt aux autres ( long et pas facile, mais faisable ).
- J'ai compris que je ME donnais trop d'importance. Et qu'ainsi, indirectement je surmultipliais MES angoisses...
- j'ai regardé clairement ou étaient mes points forts et ou se trouvaient mes points faibles.
Et j'ai agi en conséquence en développant les points forts.
- j'ai compris que personne ne détenait LA vérité , et pour ce qui est de la spiritualité, de la vie intérieure....je me suis fabriqué ma façon de voir, sachant qu'elle aura ses qualités et ses défauts , mais qu'elle sera tout à fait valable pour mon existence. Et pour la trouver, je me suis bien davantage fie à mon instinct, mes intuitions...qu'à ma raison. Et ça marche.
Tu es libre. Totalement libre. Tu peux larguer la raison , sur ce plan là. Comme le conseille Pascal. Conserve la juste pour la vie de tous les jours, pour t'organiser.
Fais comme tu le sens et crois a ce que tu sens.
'' Ma vie à t elle un sens ? '', '' les choses ont elles un sens ? ''
Mon conseil : laisse couler....
Cherche au fond de toi ce que tu aimes vraiment, ce qui donne du sens à ta vie. Sans passer par ta raison, mais par ton sentiment.
Tu sais ce que c'est ? Et bien tu as trouvé le sens de ta vie.
Reste à faire au mieux pour t'approcher de ça dans ta vie extérieure. |
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purplemoon
Inscrit le: 25 Oct 2016 Messages: 10
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Posté le: Je 27 Oct 2016 8:35 Sujet du message: |
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Oui Alain au bout d'un moment je me suis dit pareil.
Qu'après tout même si ça me parait fataliste je ne suis vraiment sûre de rien.
Sauf que mes pensées ne s'arrête pas là.
Ensuite ça me dit "mais si tu as été sûre à un moment c'est juste que tu te voiles la face" et après ça revient comme une obsession dans ma tête et je ne me sors pas de cet enfer.. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5924
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Posté le: Je 27 Oct 2016 13:36 Sujet du message: |
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purplemoon a écrit: | Oui Alain au bout d'un moment je me suis dit pareil.
Qu'après tout même si ça me parait fataliste je ne suis vraiment sûre de rien.
Sauf que mes pensées ne s'arrête pas là.
Ensuite ça me dit "mais si tu as été sûre à un moment c'est juste que tu te voiles la face" et après ça revient comme une obsession dans ma tête et je ne me sors pas de cet enfer.. |
Mais ce n'est qu'un mecanisme répétitif.
Si tu lui donnes de l'importance il se renforce.
Si tu cherches à le fuir, il se renforce aussi.
Donc, donne lui juste l'importance qu'il mérite.
C'est à dire, pas grand chose.
Sers toi de ta pensée pour autre chose aussi
Définis ce que tu aimes dans la vie, et réfléchis à ça...
C'est comme ça - de mon point de vue - que l'on sort du cercle vicieux |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Je 27 Oct 2016 14:50 Sujet du message: |
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bonjour Purplemoon
purplemoon a écrit: | puis d'un coup la pensée horrible arrive et me stoppe complètement créant la panique..voilà pour répondre à mon pire traumatisme ....et après ça revient comme une obsession dans ma tête et je ne me sors pas de cet enfer...
..Je résiste trop, pourquoi je suis programmée pour être ce monstre?,
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dur dur
question:
cet enfer est-il lié au fait d’être sous l'emprise de la pensée en tant que telle , celle ci devenant obsessionnelle et t’empêchant de vivre ?
ce qui était le cas dans ma jeunesse , le contenu de ma pensée n'avait aucune importance ;cela pouvait être n'importe quoi , c'est la pensée elle-même qui était devenue le problème
ou est-il lié à un contenu particulier de pensée, à un certaine pensée obsessionnelle , voir à un traumatisme comme tu le laisses entendre ?
ce qui n'est pas la mème chose
dans le premier cas un travail spirituel de compréhension et de conscience pourrait suffire
mais dans le second cas , il faudrait te faire aider sur un plan psychologique par un thérapeute
Joël _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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ThierryM
Inscrit le: 21 Mai 2015 Messages: 338 Localisation: us
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Posté le: Ve 28 Oct 2016 11:02 Sujet du message: |
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La pensée, ou le péché, originelle c'est: qui suis'je... de mémoire, quand ça bloquais la vie, j'ai pris l'habitude de me tirer: il y aura fin de route in jour 😉 |
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