Regards sur l'éveil
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Me 12 Juil 2017 13:17 Sujet du message: le don . |
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Bonjour,
J'ai assisté a une conférence débat en présence de 5 lamas d'écoles différentes . Un débat passionnant .
Il a été question de la générosité , et du don sous toutes ses formes : en tant que partie prenante de la pratique .
On a parlé de ce don inconditionnel qui est le seul vrai don , quelquesoit sa forme concrete .
Je n'ai pas eu le tmps de poser la question sur cette forme inconditionnelle du don gratuit . Alors je vous la pose .
J'ai du mal à croire qu'un don généreux à un semblable soit totalement et définitivement gratuit . Car à partir du moment ou l'on juge que ce que l'on a fait c'est bien on caresse au moins sa conscience et son ego , et selon le bouddhisme tel que je le perçois , à partir de la ce n'est plus gratuit .
Pour le bouddhiste , l'acte doit être spontané, naturel, et gratuit . Et là selement là il sera bénéfique .
Cet acte là existe il vraiment ?
Merci . _________________ ... ? ... |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8541 Localisation: belgique
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Posté le: Me 12 Juil 2017 15:37 Sujet du message: |
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Bonjour opus !
Quand on connaît l'Éveil (il paraît) cela, effectivement, se fait spontanément, naturellement, parce qu'on est plus accroché aux crispations égotiques, mais, tant que l'on évolue dans la dualité, on est pris dans le jeu des conditions et il est difficile de donner, en faisant, abstraction de soi-même ! |
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Je 13 Juil 2017 10:55 Sujet du message: |
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Bonjour Daniel
J'imagine que l'être éveillé ne se pose plus ce genre de question effectivement . _________________ ... ? ... |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8541 Localisation: belgique
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Posté le: Je 13 Juil 2017 12:32 Sujet du message: |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5627 Localisation: Suisse
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Posté le: Je 13 Juil 2017 13:06 Sujet du message: |
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Bonjour,
Il n'y a pas besoin d'avoir connu l'éveil pour être capable d'un acte spontané, naturel et gratuit. Chacun en fait quotidiennement, sans réfléchir. En voici un très joli et spectaculaire exemple datant de quelques jours :
https://fr.sputniknews.com/societe/201707121032196728-80-personnes-chaine-humaine-sauver-famille/
J'avais déjà abordé ce thème sur le premier forum :
joaquim a écrit: | Dans son livre: “Quel savoir pour l’éthique”, Francisco Varela part des considérations biologiques qu’il a développées pour déboucher sur des considérations éthiques et spirituelles. Au début de son ouvrage, il écrit:
« Considérons une journée normale. Vous marchez tranquillement dans la rue, en réfléchissant à ce que vous devez dire à une prochaine réunion. Vous entendez un bruit d’accident, ce qui vous incite immédiatement à voir si vous pouvez être d’un quelconque secours. Ou bien, vous arrivez au bureau et, constatant l’embarras de votre secrétaire sur un certain sujet, vous détournez la conversation par une remarque humoristique. Les actes de ce type ne sont pas le fruit du jugement ou du raisonnement, mais d’une aptitude à faire face immédiatement aux événements. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous accomplissons ces gestes parce que les circonstances les ont déclenchés en nous. Il s’agit pourtant de véritables actions éthiques; en fait, elles représentent le type le plus courant de comportements éthiques dont nous faisons preuve dans la vie de tous les jours. »
Varela assigne à ce comportement éthique spontané une valeur supérieure au jugement moral, qui s’appuie sur un “je” central qui se veut la cause d’une action réfléchie et délibérée. Il s’inscrit ainsi à contre-courant de la pensée orthodoxe occidentale, mais dans la droite ligne de la pensée orientale, et commente longuement le sage chinois Mencius, lequel qualifie celui qui agit sous l’effet d’un jugement moral d'“honnête homme du village”, ce qui dans sa bouche veut dire à peu près "petit bourgeois", et l’oppose à l’homme véritablement vertueux, qui est celui “qui agit à partir des dispositions qui sont les siennes au moment même de l’action parce qu’il les a cultivées”. Il souligne ici le rôle capital de l’apprentissage, aussi bien dans sa théorie de la connaissance — construite à partir de bases biologiques, pour laquelle la connaissance n’est rien d’autre que la construction d’un rapport entre le système vivant et son milieu, autrement dit un apprentissage —, que dans le cheminement spirituel et éthique, où il ne s’agit pas tant de découvrir la vérité, plutôt que de l’incarner peu à peu par un lent travail. Je cite encore un passage que je trouve particulièrement illustratif:
« La question est très bien exposée dans le Tao Te King de Lao Tseu, où il se présente sous la forme de la célèbre formule, difficile à traduire, du wu-wei (“rien-faire”):
«L’homme de la plus haute vertu ne s’en tient pas à la vertu, et c’est pourquoi il possède la vertu [...].
L’homme de la plus basse vertu ne s’éloigne jamais de la vertu et c’est pourquoi il ne possède pas la vertu [...].
Ainsi le sage agit grâce au wu-wei et il enseigne sans aucune parole [...].
Alors les mille choses prospèrent sans interruption [...].
De moins en moins de choses sont faites jusqu’à ce que le wu-wei soit accompli.
Lorsque le wu-wei est accompli, rien ne reste non fait.»
Le grand problème de cette formulation, c’est qu’elle sonne comme un paradoxe. C’en est effectivement un, mais ce n’est pas un cercle vicieux. La solution consiste à en combiner les deux niveaux en un métaniveau que l’on ne pourra jamais découvrir par la seule analyse logique, comme beaucoup de savants ont essayé de la faire. En fait, le wu-wei désigne une expérience et un parcours d’apprentissage, et non une simple découverte intellectuelle. Il désigne l’acquisition d’une disposition où la distinction absolue entre le sujet et l’objet de l’action disparaît pour être remplacée par l’acquisition d’un savoir-faire où la spontanéité l’emporte sur la délibération. Comme dans tout savoir-faire véritable, il s’agit d’une action non-duelle. »
pp. 56-57
« Encore une fois, le paradoxe de la non-action dans l’action, c’est que l’individu devient l’action et qu’il s’agit ainsi d’une action non-duelle: “Cette action, dit Martin Buber, est celle de l’homme parvenu à sa pleine croissance, celle que l’on a désigné comme un rien-faire; parce que rien d’isolé, rien de partiel ne se meut plus dans l’homme, et que rien de lui n’intervient plus dans le monde [...]” (Martin Buber, Ich und Du, 1923). Quand on est l’action, il ne reste plus aucune conscience de soi pour observer l’action de l’extérieur. Lorsque l’action non-duelle se déroule régulièrement, l’acte est ressenti comme fondé dans ce qui est calme et ne se meut pas. Oublier son moi et devenir complètement quelque chose, c’est aussi prendre conscience de sa propre vacuité, c’est-à-dire de l’absence de point de référence solide. Cette prise de conscience est bien connue de tous les experts et, en Occident, elle a été souvent remarquée par les athlètes car la conscience de soi est ressentie plutôt comme une gêne plutôt que comme une aide. » pp.58-59
La quête éthique de Varela débouche sur la compassion spontanée inconditionnelle, qu’il illustre par ces phrases: «Comme le dit avec justesse un maître tibétain contemporain dans un poème: “Lorsque l’esprit raisonnant ne s’attache plus et ne saisit plus, [...], on s’éveille à la sagesse avec laquelle on et né, et l’énergie compatissante surgit dans toute sa simplicité.”» |
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Cricri
Inscrit le: 20 Sep 2010 Messages: 1524 Localisation: Québec, Canada
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Posté le: Je 13 Juil 2017 22:16 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Bonjour,
Il n'y a pas besoin d'avoir connu l'éveil pour être capable d'un acte spontané, naturel et gratuit. Chacun en fait quotidiennement, sans réfléchir. En voici un très joli et spectaculaire exemple datant de quelques jours :
https://fr.sputniknews.com/societe/201707121032196728-80-personnes-chaine-humaine-sauver-famille/
J'avais déjà abordé ce thème sur le premier forum :
joaquim a écrit: | Dans son livre: “Quel savoir pour l’éthique”, Francisco Varela part des considérations biologiques qu’il a développées pour déboucher sur des considérations éthiques et spirituelles. Au début de son ouvrage, il écrit:
« Considérons une journée normale. Vous marchez tranquillement dans la rue, en réfléchissant à ce que vous devez dire à une prochaine réunion. Vous entendez un bruit d’accident, ce qui vous incite immédiatement à voir si vous pouvez être d’un quelconque secours. Ou bien, vous arrivez au bureau et, constatant l’embarras de votre secrétaire sur un certain sujet, vous détournez la conversation par une remarque humoristique. Les actes de ce type ne sont pas le fruit du jugement ou du raisonnement, mais d’une aptitude à faire face immédiatement aux événements. Tout ce que nous pouvons dire, c’est que nous accomplissons ces gestes parce que les circonstances les ont déclenchés en nous. Il s’agit pourtant de véritables actions éthiques; en fait, elles représentent le type le plus courant de comportements éthiques dont nous faisons preuve dans la vie de tous les jours. »
Varela assigne à ce comportement éthique spontané une valeur supérieure au jugement moral, qui s’appuie sur un “je” central qui se veut la cause d’une action réfléchie et délibérée. Il s’inscrit ainsi à contre-courant de la pensée orthodoxe occidentale, mais dans la droite ligne de la pensée orientale, et commente longuement le sage chinois Mencius, lequel qualifie celui qui agit sous l’effet d’un jugement moral d'“honnête homme du village”, ce qui dans sa bouche veut dire à peu près "petit bourgeois", et l’oppose à l’homme véritablement vertueux, qui est celui “qui agit à partir des dispositions qui sont les siennes au moment même de l’action parce qu’il les a cultivées”. Il souligne ici le rôle capital de l’apprentissage, aussi bien dans sa théorie de la connaissance — construite à partir de bases biologiques, pour laquelle la connaissance n’est rien d’autre que la construction d’un rapport entre le système vivant et son milieu, autrement dit un apprentissage —, que dans le cheminement spirituel et éthique, où il ne s’agit pas tant de découvrir la vérité, plutôt que de l’incarner peu à peu par un lent travail. Je cite encore un passage que je trouve particulièrement illustratif:
« La question est très bien exposée dans le Tao Te King de Lao Tseu, où il se présente sous la forme de la célèbre formule, difficile à traduire, du wu-wei (“rien-faire”):
«L’homme de la plus haute vertu ne s’en tient pas à la vertu, et c’est pourquoi il possède la vertu [...].
L’homme de la plus basse vertu ne s’éloigne jamais de la vertu et c’est pourquoi il ne possède pas la vertu [...].
Ainsi le sage agit grâce au wu-wei et il enseigne sans aucune parole [...].
Alors les mille choses prospèrent sans interruption [...].
De moins en moins de choses sont faites jusqu’à ce que le wu-wei soit accompli.
Lorsque le wu-wei est accompli, rien ne reste non fait.»
Le grand problème de cette formulation, c’est qu’elle sonne comme un paradoxe. C’en est effectivement un, mais ce n’est pas un cercle vicieux. La solution consiste à en combiner les deux niveaux en un métaniveau que l’on ne pourra jamais découvrir par la seule analyse logique, comme beaucoup de savants ont essayé de la faire. En fait, le wu-wei désigne une expérience et un parcours d’apprentissage, et non une simple découverte intellectuelle. Il désigne l’acquisition d’une disposition où la distinction absolue entre le sujet et l’objet de l’action disparaît pour être remplacée par l’acquisition d’un savoir-faire où la spontanéité l’emporte sur la délibération. Comme dans tout savoir-faire véritable, il s’agit d’une action non-duelle. »
pp. 56-57
« Encore une fois, le paradoxe de la non-action dans l’action, c’est que l’individu devient l’action et qu’il s’agit ainsi d’une action non-duelle: “Cette action, dit Martin Buber, est celle de l’homme parvenu à sa pleine croissance, celle que l’on a désigné comme un rien-faire; parce que rien d’isolé, rien de partiel ne se meut plus dans l’homme, et que rien de lui n’intervient plus dans le monde [...]” (Martin Buber, Ich und Du, 1923). Quand on est l’action, il ne reste plus aucune conscience de soi pour observer l’action de l’extérieur. Lorsque l’action non-duelle se déroule régulièrement, l’acte est ressenti comme fondé dans ce qui est calme et ne se meut pas. Oublier son moi et devenir complètement quelque chose, c’est aussi prendre conscience de sa propre vacuité, c’est-à-dire de l’absence de point de référence solide. Cette prise de conscience est bien connue de tous les experts et, en Occident, elle a été souvent remarquée par les athlètes car la conscience de soi est ressentie plutôt comme une gêne plutôt que comme une aide. » pp.58-59
La quête éthique de Varela débouche sur la compassion spontanée inconditionnelle, qu’il illustre par ces phrases: «Comme le dit avec justesse un maître tibétain contemporain dans un poème: “Lorsque l’esprit raisonnant ne s’attache plus et ne saisit plus, [...], on s’éveille à la sagesse avec laquelle on et né, et l’énergie compatissante surgit dans toute sa simplicité.”» |
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Ha oui, j'ai vu ça aussi ! superbe ! |
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Ve 14 Juil 2017 10:08 Sujet du message: |
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. _________________ ... ? ... |
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