Regards sur l'éveil
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5627 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 19:43 Sujet du message: Penser le non-être |
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La pensée ne peut pas penser le non-être. Elle en a l’intuition, mais elle n’y a pas accès. Aussitôt qu’elle essaie de le faire, elle en fait de l’être. C’est pour cela que la pensée ne peut concevoir l’éveil. Parce que l’éveil, c’est la réalisation de l’Unité. Or l’unité, c’est l’être et le non-être, ensemble.
L’être, c’est Ce-Qui-Est, c’est le Tout. Le non-être, c’est l’ego, c’est le je illusoire. Et l’unité, c’est quand le je illusoire s’anéantit dans un geste d’amour pour Ce-Qui-Est, et par ce geste se découvre être — non pas comme une chose, mais comme l’Être lui-même.
Des gens croient avoir vécu l’éveil parce qu’ils auraient mis à jour le caractère illusoire de l’ego. Ils ont fait une découverte, certes, mais ils n’ont fait que la moitié du chemin. Pour réaliser vraiment l’unité, on ne peut simplement répudier le non-être. On ne peut pas simplement se décharger de lui, en le déclarant illusoire. Même insignifiant, même inexistant, il demeure un résidu qui échappe à l’unité, et qui suffit à la briser. D'ailleurs qui est ce "on", qui s’en dégagerait ? On peut le supprimer, le déclarer illusoire, il renaît toujours de ses cendres. Le seul moyen de l'anéantir, c'est d'en faire le coeur vivant de l'être. En s'anéantissant soi-même. |
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 3019 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 21:01 Sujet du message: Re: Penser le non-être |
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joaquim a écrit: | La pensée ne peut pas penser le non-être. Elle en a l’intuition, mais elle n’y a pas accès. ... Le non-être, c’est l’ego, c’est le je illusoire. |
Bonjour Joaquim, je suis très surpris par ce que tu écris ici.
Si je te comprends bien, la pensée ne peut pas penser le non-être, donc l'ego, le je illusoire. ...
Dans ce que je perçois, c'est l'être qu'on ne peut penser, on peut juste être.
Je serais donc complètement dans l'erreur ? |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5627 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 21:12 Sujet du message: |
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Au fond, la pensée, c’est comme l’ego. Elle est du non-être. Mais comme lui, elle se nourrit de l’être. C’est elle qui donne naissance au « je ». Celui-ci se saisit comme « je » au sein de la pensée. Au point qu’il se croit lui-même une pensée. Quelle différence d’ailleurs ? Je et la pensée, c’est la même chose. Du non-être. Un non-être avide d’être, qui aimerait saisir l’être, le circonscrire, mais qui en le saisissant ne fait que le couper, comme on coupe des fleurs, pour les mettre dans un vase. La pensée, c’est comme l’ego. Pourtant, on perçoit mieux avec elle qu’avec lui, une filiation divine. La pensée, par nature, côtoie l’absolu, elle n’a ni forme, ni étendue, ni durée. On est prêt, pour un peu, à la déclarer : Esprit. Mais le petit « je » ? Il est décidément de trop. On n’a pas trop de difficulté à croire qu’on aurait un esprit, on peut même aller jusqu’à croire qu’on serait esprit. Être esprit, c’est participer à la nature intemporelle de la pensée. Mais comment le petit « je », effrayé par sa propre disparition, pourrait-il y trouver sa place ? |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5627 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 21:28 Sujet du message: |
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didier a écrit: | Bonjour Joaquim, je suis très surpris par ce que tu écris ici.
Si je te comprends bien, la pensée ne peut pas penser le non-être, donc l'ego, le je illusoire. ...
Dans ce que je perçois, c'est l'être qu'on ne peut penser, on peut juste être.
Je serais donc complètement dans l'erreur ? |
Bonjour didier,
Dans la même mesure où la pensée, pensant le non-être, en fait de l’être, lorsqu’elle pense l’ego, elle en fait quelque chose — alors qu’il n’est rien. Il est le point vide au centre de la conscience. Mais dire cela, c’est déjà en avoir fait quelque chose — et donc l’avoir trahi. On ne peut pas l'être non-plus — puisqu’il n’est rien de substantiel. On peut juste essayer de le non-être. S’anéantiser, comme je l’ai dit.
Mais je suis d'accord avec toi : la pensée, avide de l'être, est incapable saisir celui-ci. On peut juste être, comme tu dis. Là où ça se corse, c'est comme fait-on pour être, quand on est du non-être ? Parce qu'une pierre, elle, n'a aucun problème à être. Elle est, un point c'est tout. Mais "je" ? |
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Ellebore
Inscrit le: 13 Juil 2019 Messages: 527 Localisation: La terre
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 21:52 Sujet du message: |
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Bonsoir,
Citation: | Mais je suis d'accord avec toi : la pensée, avide de l'être, est incapable saisir celui-ci. On peut juste être, comme tu dis. Là où ça se corse, c'est comme fait-on pour être, quand on est du non-être ? Parce qu'une pierre, elle, n'a aucun problème à être. Elle est, un point c'est tout. Mais "je" ? |
En arrêtant de penser et en laissant Dieu/Soi penser à notre place ?
Ellebore. _________________ Ellebore
Psychonaute
Par amour. |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 22:02 Sujet du message: |
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bonsoir Joaquim
joaquim a écrit: | l’unité, c’est l’être et le non-être, ensemble.
L’être, c’est Ce-Qui-Est, c’est le Tout. Le non-être, c’est l’ego, c’est le je illusoire.
Un non-être avide d’être, qui aimerait saisir l’être,
Et l’unité, c’est quand le je illusoire s’anéantit dans un geste d’amour pour Ce-Qui-Est, et par ce geste se découvre être — non pas comme une chose, mais comme l’Être lui-même. |
Tout ce que tu dis ici me fait penser à Sartre dans son livre : l’être et le néant
il ne parle pas de l’ego, du JE parce que pour lui l’ego n’est pas la conscience mais une opacité dans la conscience
cette conscience qu’il nomme néant ( pour soi ) émerge de l’être « l’en soi ) mais n’est pas l’être .
la conscience aspire à être ,l’homme étant celui qui , toujours ,est ce qu’il n’est pas et n’est pas ce qu’il est
autrement dit, toujours en décalage et jamais lui-même .
l’unité dont tu parles qu’il appelle « en soi-pour soi » et dans laquelle l’homme serait enfin lui-même est pour lui impossible
parce que la conscience ne peut coexister avec l’être , l’être ne tolérant aucun écart puisque Un
or la conscience est un écart, une différenciation,
et donc si la conscience s’unit à l’être , elle s’anéantit et disparaît en lui
il ne concevait cette unité que pour Dieu et comme Dieu, pour lui n’existait pas, le problème ne posait pas.
L’éveil par lequel nous nous découvrons être Dieu nous montre qu’il avait tort
et que l’unité » du non être et de l’être, du pour soi et de l’en soi est possible pour nous _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8541 Localisation: belgique
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 22:16 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | didier a écrit: | Bonjour Joaquim, je suis très surpris par ce que tu écris ici.
Si je te comprends bien, la pensée ne peut pas penser le non-être, donc l'ego, le je illusoire. ...
Dans ce que je perçois, c'est l'être qu'on ne peut penser, on peut juste être.
Je serais donc complètement dans l'erreur ? |
Bonjour didier,
Dans la même mesure où la pensée, pensant le non-être, en fait de l’être, lorsqu’elle pense l’ego, elle en fait quelque chose — alors qu’il n’est rien. Il est le point vide au centre de la conscience. Mais dire cela, c’est déjà en avoir fait quelque chose — et donc l’avoir trahi. On ne peut pas l'être non-plus — puisqu’il n’est rien de substantiel. On peut juste essayer de le non-être. S’anéantiser, comme je l’ai dit.
Mais je suis d'accord avec toi : la pensée, avide de l'être, est incapable saisir celui-ci. On peut juste être, comme tu dis. Là où ça se corse, c'est comme fait-on pour être, quand on est du non-être ? Parce qu'une pierre, elle, n'a aucun problème à être. Elle est, un point c'est tout. Mais "je" ? |
L'égo est une cheminée de verre fragile, Soi, l'être, est ce qui fonde, souffle, la cheminée de verre et lui souffle dedans ...
Dernière édition par daniel le Ve 26 Juil 2019 22:31; édité 1 fois |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5627 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 22:27 Sujet du message: |
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riseohms a écrit: | Tout ce que tu dis ici me fait penser à Sartre dans son livre : l’être et le néant
(...)
l’unité dont tu parles qu’il appelle « en soi-pour soi » et dans laquelle l’homme serait enfin lui-même est pour lui impossible |
Je n’aime pas trop Jean-Baptiste Sartre, le petit ténia de Céline. Pour lui c’est impossible : il est resté bloqué dans les marécages de l’être, dans la nausée. Non sans avoir pillé ceux qui ont réellement effectué la percée, dont Lavelle. Voici ce que celui-ci écrit :
"Or la position que nous avons adoptée est toute différente. Nous pensons qu’il n’y a d’en soi ou de soi que là où une conscience est capable de dire moi. Là est le seul point du monde où l’être et la connaissance coïncident. L’être pour soi est donc le seul être en soi, qui est un absolu parce qu’il n’est le phénomène de rien. Cependant il reste vrai que la conscience est toujours conscience de quelque chose, mais qui n’a d’être que pour elle et par rapport à elle, et qui est précisément l’être d’un phénomène. Aussi loin que l’on dépasse l’aspect que l’objet peut nous offrir, il est encore un objet qui nous offre un nouvel aspect de lui-même ; il est toujours ce qui se montre ou qui pourrait se montrer à quelqu’un. L’expression d’objet absolu est une contradiction : c’est ce qui, n’ayant d’existence que par rapport au pour soi du sujet, devrait être posé pourtant indépendamment de ce rapport. Or là où ce rapport cesse, nous ne pouvons assigner à l’objet aucune autre existence que celle d’un pour soi qui lui est propre et qui est seul capable de fonder son en soi : telle est, en effet, la thèse essentielle de la monadologie, et aussi de toutes les doctrines qui réduisent le monde à une action que Dieu exerce sur les consciences, à un langage qu’il ne cesse de leur faire entendre.
Derrière cette néantisation apparente destinée à fonder l’être du pour soi, il y a une démarche qui est bien familière aux philosophes et à laquelle Descartes a donné une forme particulièrement saisissante, mais qui reçoit ici un sens opposé à celui qu’il avait voulu lui donner. Nul mieux que Descartes n’a marqué comment le cogito lui-même se fonde non pas seulement sur le doute, mais sur cet anéantissement du monde qui n’en laisse subsister que la pure pensée, et qui en réalise en quelque sorte l’absence. Mais ce n’était pas pour introduire le néant au cœur de la conscience (bien qu’elle se détermine elle-même comme finie dans sa relation vivante avec l’infini) ; c’était au contraire pour lui donner accès dans l’absolu de l’être par la possibilité qu’elle a de se mettre au-dessus de tous les phénomènes et même de les nier en vertu précisément de l’ascendant ontologique qu’elle a sur eux ; et c’est en eux qu’elle nous découvre cette insuffisance d’être, ou cette part de néant, qui fait que l’être même qu’ils possèdent leur vient d’ailleurs, du moi ou de Dieu, et qu’il a toujours besoin d’être ressuscité.
(…)
On a beaucoup admiré en général les analyses consacrées dans "l’Être et le néant" à la conscience de soi et à la relation entre le moi et les autres. La conscience de soi est caractérisée par la mauvaise foi, une mauvaise foi en quelque sorte constitutionnelle, puis-qu’elle est inséparable d’un être qui n’est pas ce qu’il est et qui est ce qu’il n’est pas. Qu’est-ce à dire, sinon qu’il s’agit d’un être qui se crée et ne peut jamais faire de lui-même une chose créée ? Ne faut-il pas dire alors que la sincérité est une entreprise vaine et qu’on ne peut jamais produire la coïncidence avec soi ? Mais cela signifie simplement qu’il ne faut jamais parler de soi comme d’une chose, ni même peut-être jamais parler de soi, ou encore que l’être du moi réside dans une possibilité qu’il n’épuise pas, de telle sorte qu’il ne peut se réduire lui-même, ni à une possibilité déjà réalisée et qu’il dépasse toujours, ni à une possibilité encore en suspens et qu’il éprouve en lui, sans qu’il soit jamais assuré de la rendre réelle. De là cette ambiguïté de la conscience qui fait que le moi semble toujours se chercher sans réussir à se trouver. Mais la mauvaise foi ou ce qu’on appelle de ce nom naît quand on transporte sur le plan théorique, où le réel est considéré comme déjà donné, cet être qui n’a de subsistance que sur le plan pratique, c’est-à-dire dont l’être est de se faire, et qui tente vainement de transformer en donné l’acte même par lequel il se fait."
Louis Lavelle, De l’Être, Introduction |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 22:31 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: |
Dans la même mesure où la pensée, pensant le non-être, en fait de l’être, lorsqu’elle pense l’ego, elle en fait quelque chose —... alors qu’il n’est rien.
puisqu’il n’est rien de substantiel. |
oui on ne perçoit jamais l'ego en lui-meme par contre on perçoit tout à fait ses mouvements , son fonctionnement égocentrique, ses effets sur nos pensées et émotions, cette fermeture et cette solitude qu'il engendre .
c'est pourquoi je considère l'ego comme un mouvement de pensée, non pas une substance, une chose mais un acte, ce n'est pas de l'être mais une manière d'être, et c'est très concret
joaquim a écrit: | la pensée, avide de l'être, est incapable saisir celui-ci. On peut juste être, comme tu dis.
Là où ça se corse, c'est comme fait-on pour être, quand on est du non-être ? Parce qu'une pierre, elle, n'a aucun problème à être. Elle est, un point c'est tout. Mais "je" ? |
le non etre étant un devenir , un mouvement , lorsque l'ego cesse de bouger, il s'unit à l'être qui lui ne devient pas mais juste est.
la conscience des mouvements de notre esprit , les dissout et nous révèle l'esprit qui pour moi est l'essence de ce qui est
l'unité de la conscience et de l'être
conscience qui n'est pas un être immobile mais un acte
Dieu n'est pas seulement un être mais aussi un acte, le verbe.
l'acte n'est-ce pas ce qu'est le saint esprit dans la trinité chrétienne ? _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 22:38 Sujet du message: |
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Ellebore a écrit: | Bonsoir,
Citation: | Mais je suis d'accord avec toi : la pensée, avide de l'être, est incapable saisir celui-ci. On peut juste être, comme tu dis. Là où ça se corse, c'est comme fait-on pour être, quand on est du non-être ? Parce qu'une pierre, elle, n'a aucun problème à être. Elle est, un point c'est tout. Mais "je" ? |
En arrêtant de penser et en laissant Dieu/Soi penser à notre place ?
Ellebore. |
tout à fait _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5627 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 22:47 Sujet du message: |
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riseohms a écrit: | oui on ne perçoit jamais l'ego en lui-meme par contre on perçoit tout à fait ses mouvements , son fonctionnement égocentrique, ses effets sur nos pensées et émotions, cette fermeture et cette solitude qu'il engendre .
c'est pourquoi je considère l'ego comme un mouvement de pensée, non pas une substance, une chose mais un acte, ce n'est pas de l'être mais une manière d'être, et c'est très concret |
Cela, je pense que ce n’est à mettre sur le compte de l’ego que par le biais de la peur qu’engendre pour lui l’idée de sa propre disparition, ou, comme tu le dis, de la conscience de sa solitude fondamentale. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5627 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 22:48 Sujet du message: |
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riseohms a écrit: | le non etre étant un devenir , un mouvement , lorsque l'ego cesse de bouger, il s'unit à l'être qui lui ne devient pas mais juste est. |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Ve 26 Juil 2019 23:13 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | riseohms a écrit: | Tout ce que tu dis ici me fait penser à Sartre dans son livre : l’être et le néant
(...)
l’unité dont tu parles qu’il appelle « en soi-pour soi » et dans laquelle l’homme serait enfin lui-même est pour lui impossible |
Je n’aime pas trop Jean-Baptiste Sartre, le petit ténia de Céline. Pour lui c’est impossible : il est resté bloqué dans les marécages de l’être, dans la nausée. Non sans avoir pillé ceux qui ont réellement effectué la percée, dont Lavelle. Voici ce que celui-ci écrit :
"Or la position que nous avons adoptée est toute différente. Nous pensons qu’il n’y a d’en soi ou de soi que là où une conscience est capable de dire moi. Là est le seul point du monde où l’être et la connaissance coïncident. L’être pour soi est donc le seul être en soi, qui est un absolu parce qu’il n’est le phénomène de rien. Cependant il reste vrai que la conscience est toujours conscience de quelque chose, mais qui n’a d’être que pour elle et par rapport à elle, et qui est précisément l’être d’un phénomène. Aussi loin que l’on dépasse l’aspect que l’objet peut nous offrir, il est encore un objet qui nous offre un nouvel aspect de lui-même ; il est toujours ce qui se montre ou qui pourrait se montrer à quelqu’un. L’expression d’objet absolu est une contradiction : c’est ce qui, n’ayant d’existence que par rapport au pour soi du sujet, devrait être posé pourtant indépendamment de ce rapport. Or là où ce rapport cesse, nous ne pouvons assigner à l’objet aucune autre existence que celle d’un pour soi qui lui est propre et qui est seul capable de fonder son en soi : telle est, en effet, la thèse essentielle de la monadologie, et aussi de toutes les doctrines qui réduisent le monde à une action que Dieu exerce sur les consciences, à un langage qu’il ne cesse de leur faire entendre.
Derrière cette néantisation apparente destinée à fonder l’être du pour soi, il y a une démarche qui est bien familière aux philosophes et à laquelle Descartes a donné une forme particulièrement saisissante, mais qui reçoit ici un sens opposé à celui qu’il avait voulu lui donner. Nul mieux que Descartes n’a marqué comment le cogito lui-même se fonde non pas seulement sur le doute, mais sur cet anéantissement du monde qui n’en laisse subsister que la pure pensée, et qui en réalise en quelque sorte l’absence. Mais ce n’était pas pour introduire le néant au cœur de la conscience (bien qu’elle se détermine elle-même comme finie dans sa relation vivante avec l’infini) ; c’était au contraire pour lui donner accès dans l’absolu de l’être par la possibilité qu’elle a de se mettre au-dessus de tous les phénomènes et même de les nier en vertu précisément de l’ascendant ontologique qu’elle a sur eux ; et c’est en eux qu’elle nous découvre cette insuffisance d’être, ou cette part de néant, qui fait que l’être même qu’ils possèdent leur vient d’ailleurs, du moi ou de Dieu, et qu’il a toujours besoin d’être ressuscité.
(…)
On a beaucoup admiré en général les analyses consacrées dans "l’Être et le néant" à la conscience de soi et à la relation entre le moi et les autres. La conscience de soi est caractérisée par la mauvaise foi, une mauvaise foi en quelque sorte constitutionnelle, puis-qu’elle est inséparable d’un être qui n’est pas ce qu’il est et qui est ce qu’il n’est pas. Qu’est-ce à dire, sinon qu’il s’agit d’un être qui se crée et ne peut jamais faire de lui-même une chose créée ? Ne faut-il pas dire alors que la sincérité est une entreprise vaine et qu’on ne peut jamais produire la coïncidence avec soi ? Mais cela signifie simplement qu’il ne faut jamais parler de soi comme d’une chose, ni même peut-être jamais parler de soi, ou encore que l’être du moi réside dans une possibilité qu’il n’épuise pas, de telle sorte qu’il ne peut se réduire lui-même, ni à une possibilité déjà réalisée et qu’il dépasse toujours, ni à une possibilité encore en suspens et qu’il éprouve en lui, sans qu’il soit jamais assuré de la rendre réelle. De là cette ambiguïté de la conscience qui fait que le moi semble toujours se chercher sans réussir à se trouver. Mais la mauvaise foi ou ce qu’on appelle de ce nom naît quand on transporte sur le plan théorique, où le réel est considéré comme déjà donné, cet être qui n’a de subsistance que sur le plan pratique, c’est-à-dire dont l’être est de se faire, et qui tente vainement de transformer en donné l’acte même par lequel il se fait."
Louis Lavelle, De l’Être, Introduction |
merci Joaquim pour ce texte très intéressant
j'aime beaucoup aussi Louis Lavelle
on n'en a parlé récemment sur le forum
on ne trouve de lui en poche que deux livres:
le moi et son destin, que j'ai lu ,une série d'articles sur des philosophes contemporains, cela permets de mieux discerner sa philosophie à travers celles des autres
et l'erreur de narcisse , que je suis en train de lire ;intéressant et très bien écrit
les autres livres , on les trouve en PDF et gratuitement
l'être et le néant , est un des livres les plus riches sur la conscience, ce livre m'a passionné mais il est très difficile et je ne prétends pas avoir tout compris
évidemment je n'adhère pas à tout comme tu as pu le constater
mais il semble que dans la suite qu'il se proposait d'écrire et qui devait constituer sa ""morale" il envisageait la possibilité pour l'homme d'être lui-meme et de mener une vie authentique
et donc il ne considérait plus l'unité de la conscience et de l'être comme impossible ; bref il était un peu plus optimiste
on trouve ce livre inachevé paru après sa mort: cahiers pour une morale mais c'est pas vraiment un livre, c'est plutôt un ensemble de notes ``
j'ai bien aimé le nouveau prénom de Sartre :Jean-Baptiste
c'est plutôt Jean-paul _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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Ellebore
Inscrit le: 13 Juil 2019 Messages: 527 Localisation: La terre
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Posté le: Sa 27 Juil 2019 7:54 Sujet du message: |
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Bonjour,
Citation: | j'ai bien aimé le nouveau prénom de Sartre :Jean-Baptiste
c'est plutôt Jean-paul |
Pas pour Céline...
À l'agité du bocal est un court texte de l'auteur français Louis-Ferdinand Céline, publié en novembre 1948 sous le titre « La lettre de Céline sur Sartre et l'existentialisme ».
Citation: | Ce pamphlet constitue la réponse que Céline fait à Jean-Paul Sartre qui publia un article intitulé Portrait d'un antisémite en décembre 1945 dans la revue Les Temps modernes où il déclare « Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des nazis c'est qu'il était payé. ». Dans sa virulente réponse, Céline compare Jean-Paul Sartre, qu'il nomme volontairement Jean-Baptiste Sartre, à un ténia qui aurait parasité son propre corps. Ce texte a été écrit depuis le Danemark, en novembre 1947, après que Céline fut remis en liberté en juin. Il avait été incarcéré pendant 18 mois à Copenhague où il avait trouvé refuge après sa fuite en Allemagne. C'est à la suite de la communication qu'Albert Paraz lui fait de l'article de Sartre en octobre 1947 qu'il écrit son texte. C'est le premier texte de Céline à avoir été publié après que l'écrivain a quitté la France en juin 1944. |
Source wikipédia.
Citation: | C'est en 1947 que Céline, exilé au Danemark, ayant appris que Sartre dans "Portrait d'un antisémite" (Les Temps Modernes, décembre 1945, texte repris plus tard en volume chez Gallimard sous le titre de Réflexions sur la Question juive) avait écrit: "Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des Nazis, c'est qu'il était payé", écrivit ce pamphlet en réponse. Il l'envoya à Jean Paulhan qui ne le publia pas, et le double à Albert Paraz qui le reproduisit à la fin de son livre Le Gala des vaches, où il passa inaperçu. Une édition à 200 exemplaires en fut tirée en 1948 par les soins de ses amis (P. Lanauve de Tartas, Paris, s.d.). Un tapuscrit avec une note manuscrite de Céline se trouve dans le fonds Milton Hindus à l'université d'Austin au Texas (Humanities Research Center). |
Source : présentation du texte (assez virulent) à la fin du document pdf que vous pourrez consulter ici :
Le texte intégral de l'Agité du bocal : https://maxencecaron.fr/wp-content/uploads/2011/07/dubocal.pdf (lien modifié et fonctionnel)
Jean Baptiste Sartre (le père de Jean-Paul)
Ellebore. _________________ Ellebore
Psychonaute
Par amour.
Dernière édition par Ellebore le Je 01 Août 2019 7:40; édité 4 fois |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Sa 27 Juil 2019 8:06 Sujet du message: |
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Ellebore a écrit: | Citation: | j'ai bien aimé le nouveau prénom de Sartre :Jean-Baptiste
c'est plutôt Jean-paul |
Pas pour Céline...
À l'agité du bocal est un court texte de l'auteur français Louis-Ferdinand Céline, publié en novembre 1948 sous le titre « La lettre de Céline sur Sartre et l'existentialisme ».
Citation: | Ce pamphlet constitue la réponse que Céline fait à Jean-Paul Sartre qui publia un article intitulé Portrait d'un antisémite en décembre 1945 dans la revue Les Temps modernes où il déclare « Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des nazis c'est qu'il était payé. ». Dans sa virulente réponse, Céline compare Jean-Paul Sartre, qu'il nomme volontairement Jean-Baptiste Sartre, à un ténia qui aurait parasité son propre corps. Ce texte a été écrit depuis le Danemark, en novembre 1947, après que Céline fut remis en liberté en juin. Il avait été incarcéré pendant 18 mois à Copenhague où il avait trouvé refuge après sa fuite en Allemagne. C'est à la suite de la communication qu'Albert Paraz lui fait de l'article de Sartre en octobre 1947 qu'il écrit son texte3. C'est le premier texte de Céline à avoir été publié après que l'écrivain a quitté la France en juin 1944. |
Source wikipédia.
Citation: | C'est en 1947 que Céline, exilé au Danemark, ayant appris que Sartre dans "Portrait d'unantisémite" (Les Temps Modernes, décembre 1945, texte repris plus tard en volume chez Gallimard sous le titre de Réflexions sur la Question juive) avait écrit: "Si Céline a pu soutenir les thèses socialistes des Nazis, c'est qu'il était payé", écrivit ce pamphlet en réponse. Il l'envoya à Jean Paulhan qui ne le publia pas, et le double à Albert Paraz qui le reproduisit à la fin de son livre Le Gala des vaches, où il passa inaperçu. Une édition à 200 exemplaires en fut tirée en 1948 par les soins de ses amis (P. Lanauve de Tartas, Paris, s.d.). Un tapuscrit avec une note manuscrite de Céline se trouve dans le fonds Milton Hindus à l'université d'Austin au Texas (Humanities Research Center). |
Source : présentation du texte (assez virulent) à la fin du document pdf que vous pourrez consulter ici :
Le texte intégral de l'Agité du bocal : https://www.fichier-pdf.fr/2017/03/12/celine-a-l-agite-du-bocal/celine-a-l-agite-du-bocal. pdf
Jean Baptiste Sartre (le père de Jean-Paul)
Ellebore. |
j'ignorais tout cela
merci pour l'info
je vais lire le texte _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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