Regards sur l'éveil
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scientifique
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Posté
le: Je 1 mars 2007 par joaquim
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Philosophie
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pour
le bouddhisme, tous les phénomènes sont strictement instantanés
Ce qui (...) donne l'impression de durée, c'est l'attachement et
l'identification, à chaque instant reproduite... mais, en réalité
(selon le bouddhisme...) aucun de ces phénomènes ne perdure plus qu'un
instant et, dans leur succession, sont toujours différents. C'est
l'attachement et l'identification qui créent l'idée de corps et
d'esprit ("un" corps + "un" esprit).
Dominique Trotignon
Université Bouddhique Européenne
http://www.bouddhisme-universite.org
Autrement dit, la durée n’existe pas, le temps n’existe pas, et donc la
matière n’existe pas. Seul existe l’instant, éternellement recréé à
neuf, à chaque instant. C’est le point de vue de l’éveil. C’est ainsi
qu’on perçoit les choses dans l’état d’éveil. On pourrait donc dire que
c’est la manière la plus vraie de retranscrire la réalité du monde.
Pourtant ce serait, je crois, entrer dans un discours éminemment
paradoxal. Car le point de vue de l’éveil se situe au-delà des mots.
Aussitôt qu’on utilise des mots, on s’adresse à un esprit, à une
“réalité” faite de temps et de durée. Or le discours qu’adresse le
bouddhisme à cet esprit est... que cet esprit n’existe pas. Le
bouddhisme me semble dès lors revendiquer à bon droit le statut de
chemin, de préparation de l’esprit à son auto-dissolution. Mais il ne
saurait revendiquer celui de “vision du monde”. En faire une vision du
monde, ce serait le dénaturer, puisqu’il dénie toute réalité à l’esprit
qui cherche à comprendre. L’esprit qui cherche à comprendre, c’est
l’esprit qui met en relation les événements entre eux, qui cherche à
établir entre eux des liens de cause à effet. Etablir des liens de
cause à effet, c’est se placer dans la durée, c’est postuler la durée
comme étant une réalité. Dès lors, toute tentative de vouloir
comprendre le monde à l’aide du bouddhisme est un non-sens, puisque
c’est en faire un instrument pour explorer quelque chose qu’il nie. Le
terme de “conception bouddhiste” est déjà à ce titre un abus de
langage. Le bouddhisme est un appel à la non-conception. |
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