Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et scientifique
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Lu 16 Jan 2017 11:39 Sujet du message: ce qui ne tue pas fait grandir . F. NIETZSCHE |
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Bonjour,
Ce questionnement a déjà du être évoqué quelque part dans ces milliers de pages . J'ai envie de la remettre au gout du jour .
Bref : la case souffrance est elle salutaire nécessaire voir indispensable pour s'élever, s'ouvrir , voir s'illuminer ? Il y a beaucoup de discours et d'écritures basée sur ce concept .
Une souffrance certainement déclenchée par notre interpretation des événements, par nos humeurs physiologiques, par notre conscience du monde et de nous même (la lucidité qui donne le vertige ) . Une souffrance bien humaine, physique, psychologique, existentielle ... "rédemptrice ?" _________________ ... ? ... |
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Pierre
Inscrit le: 22 Nov 2005 Messages: 68 Localisation: Toulouse
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Posté le: Lu 16 Jan 2017 14:25 Sujet du message: |
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Bonjour opus,
Il y a de la souffrance qui ne sert à rien, clairement. C'est de la souffrance inutile que nous nous infligeons par pur masochisme, par attachement à des schémas de pensée stupides. C'est une souffrance que nous avons souvent l'habitude de trouver "normale" : c'est normal d'être jaloux, c'est normal de stresser pour ses enfants, c'est normal d'être affligé parce qu'on a pas été reconnus à la hauteur de nos attentes, c'est normal d'en chier au boulot, c'est normal de galérer dans sa vie, c'est normal de trouver ce monde désespérant, c'est normal qu'au bout d'un moment on n'ait plus d'amour dans son couple (et c'est normal de continuer à rester ensemble). Si on ne trouve pas normales les quelques excentricités masochistes dont nous sommes affublés (parce qu'on se rend bien compte qu'on ne les partage pas avec les autres), on banalisera cette aptitude singulière à souffrir d'une autre manière : non ce n'est pas normal de souffrir autant de ... (l'agoraphobie, une rupture, ma dépendance à l'alcool, ma peur d'échouer, .... ) mais j'y peux rien je suis comme ça.
Cette souffrance qui ne sert à rien a pour caractéristique d'être subie. Je dis qu'elle ne sert à rien car c'est un processus qui ne produit aucun fruit sur sa durée, au contraire. C'est comme une plaie qui s'infecte. Elle devient juste de plus en plus vive, et sa seule raison d'être est de signaler un dysfonctionnement dans la machine psycho-somatique et d'appeler à une guérison (psy, philo, confrontation avec soi-même, méditation, yoga, auto-dérision, acupuncture, art thérapie, ...). Il existe une autre voie : se désensibiliser pour ne plus l'éprouver. Alors là, on meurt spirituellement. On devient un petit fruit sec ratatiné, aigri... ça arrive... : accepter que l'on fonctionne sur des schémas de pensée erronés depuis longtemps, accepter que l'on ait souffert pour rien, semble hors de portée de la beaucoup d'entre nous.
Cette souffrance s'oppose au plaisir. Parce qu'en vérité ce qui est normal, c'est d'éprouver du plaisir à être qui on est. La Nature n'est pas une salope, Dieu - s'il existe - n'est pas un imbécile. Ils nous veulent heureux et autonomes. Heureux... c'est pas le plus compliqué : un shoot d'héroïne dans le bras, un tuyau de coca dans la bouche, et le cerveau branché sur youtube histoire de passer le temps, ça pourrait le faire. Mais c'est "autonome" qui pose problème. Cette souffrance là, c'est l'obstacle que l'on rencontre sur le chemin de l'autonomie, c'est la canne au pommeau plein d'échardes sur laquelle on s'appuie parce qu'on se croit incapable de marcher sans elle. Il faut s'en débarrasser : et de la canne et de la souffrance qui va avec. On pourrait aussi la nommer "souffrance de l'avoir" : c'est parce que je veux soit conserver, soit obtenir, que je souffre (ce qui ouvre une piste d'introspection très intéressante : pourquoi je veux ce que je veux ? ).
Cette souffrance vaine nous fait tourner en rond, mais il y a des souffrances qui, une fois vécues, nous transforment, nous vivifient, nous font nous sentir intimement autres. Ce sont les deuils. Un deuil c'est une désappropriation. C'est renoncer à un avoir pour être. Pas pour être "plus", - ce qualitatif nous place aussitôt dans le champ de l'avoir - juste pour être. Juste parce qu'on a compris que cet avoir était illusoire. Même le deuil d'une personne aimée est un deuil de l'avoir : c'est accepter qu'on a jamais rien possédé d'elle, alors qu'on pensait le contraire. On pensait pouvoir s'approprier des moments en sa compagnie, l'expérience sensorielle de sa présence. Mais non, elle a disparue avec et nous n'avons en réalité jamais rien possédé de tout cela. Une forme particulière de deuil est la lucidité envers soi-même. C'est un deuil dans le sens que nous renonçons volontairement à une représentation agréable de nous mêmes - une jolie médaille agrafée sur sa poitrine - pour une autre bien moins glorieuse mais plus juste. Mais là où un deuil nous délivre, la lucidité nous ouvre sur une souffrance supplémentaire, intime, cachée. Le truc qu'on voulait pas voir, une peur souvent. Autant les souffrances vaines sont à éviter, autant ces souffrances ordinairement fuies sont à considérer avec sérieux, aussi dérisoire puisse-t-elles paraitre. Parce que c'est là que souvent, cachées derrière l'épais rideau des apparences et des conventions, du "tout va bien ! " et du " je ne suis pas le plus à plaindre ! ", les parties les plus singulières de notre sensibilité se sont chiffonnées, roulées en boule, abimées, nous privant par là même d'une capacité subtile et toute personnelle à éprouver le monde et nous même.
Ce type de souffrance se distingue essentiellement du premier par le fait qu'elle n'est pas subie, mais agie : elle est volontaire, acceptée. De plus, elle nous dépouille, et elle ne dure que le temps du dépouillement. Alors que la souffrance du premier type nous charge et nous pèse de plus en plus avec le temps.
Il y aurait d'autres type de souffrance à explorer : la souffrance que nous subissons par l'autre notamment. Soit que l'autre est un pervers, soit que l'autre nous fait involontairement du mal, mal que, par amour pour lui, par fidélité à une éthique, nous prenons sur nous au lieu de lui renvoyer dans la gueule...
Mais bon, ma pause de midi est finie. Ce sera peut-être pour une autre fois. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5925
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Posté le: Lu 16 Jan 2017 16:44 Sujet du message: |
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Oui, je trouve profondément malsaine cette idée de souffrance rédemptrice.
Par contre effectivement, vivre c'est aussi souffrir. J'en reste à ce que nous apprend la vie, sans même parler métaphysique. On ne peut pas apprendre ( vraiment ) dans la douceur continuelle. C'est au contraire, très souvent, les '' baffes '' qui nous bousculent et conduisent a des prises de conscience. Mais si on regarde bien c'est le fait d'avoir fait l'expérience qui est important et non la souffrance qui était liée à l'expérience. Pour moi, l'état le plus juste, c'est celui ou s'exprime le bonheur. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8599 Localisation: belgique
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Posté le: Lu 16 Jan 2017 17:56 Sujet du message: |
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C'est avec les cicatrices qu'il faut vivre, c'est ce qui nous construit, nous sculpte ! |
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Lu 16 Jan 2017 20:44 Sujet du message: |
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C'est passionnant et attise ma reflexion et mon introspection .
Je rejoins Pierre sur l'idée de la souffrance inutile . Et le deuil , si difficile à traverser parfois .
Mais serions nous si masochistes que ça ? Depuis la nuit des temps ? *
Et quant à la souffrance infligé par l'autre , je peux peut être dire que l'autre n'est qu'un effet déclencheur , pas toujours de sa volonté propre d'ailleurs . Et que la aussi , on se la provoque cette souffrance , dans les petites querelles et conflits, et injustices entamant notamment notre amour propre . J'aurais tendance a ne pas lui renvoyer dans la gueule , en tout cas pas en utilisant la même forme que lui ...
Je ne parle pas de ces situations extrêmes: tortures et autres faits de guerre , ou de crimes . Pourtant là , certains de nos semblables ont eu cette force mystérieuse de dépasser ça, intérieurement .
Et je suis bien d'accord Alain qu'on ne peut pas apprendre ni être vigilant dans une torpeur proposée par une douceur bien huilée .
Eckart Tolle dis que la souffrance élève et ouvre les portes . Mais ça n'est pas pour ça qu'il faut aller la chercher exprès non plus, quand rien ne se passe ! _________________ ... ? ... |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5925
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Posté le: Lu 16 Jan 2017 22:55 Sujet du message: |
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daniel a écrit: | C'est avec les cicatrices qu'il faut vivre, c'est ce qui nous construit, nous sculpte ! |
C'est vrai Daniel et l'image est bien trouvée. |
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Ma 17 Jan 2017 11:02 Sujet du message: |
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Oui . ! _________________ ... ? ... |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5644 Localisation: Suisse
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Posté le: Ma 17 Jan 2017 19:34 Sujet du message: |
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Pierre a écrit: | Bonjour opus,
Il y a de la souffrance qui ne sert à rien, clairement. C'est de la souffrance inutile que nous nous infligeons par pur masochisme, par attachement à des schémas de pensée stupides. C'est une souffrance que nous avons souvent l'habitude de trouver "normale" : c'est normal d'être jaloux, c'est normal de stresser pour ses enfants, c'est normal d'être affligé parce qu'on a pas été reconnus à la hauteur de nos attentes, c'est normal d'en chier au boulot, c'est normal de galérer dans sa vie, c'est normal de trouver ce monde désespérant, c'est normal qu'au bout d'un moment on n'ait plus d'amour dans son couple (et c'est normal de continuer à rester ensemble). Si on ne trouve pas normales les quelques excentricités masochistes dont nous sommes affublés (parce qu'on se rend bien compte qu'on ne les partage pas avec les autres), on banalisera cette aptitude singulière à souffrir d'une autre manière : non ce n'est pas normal de souffrir autant de ... (l'agoraphobie, une rupture, ma dépendance à l'alcool, ma peur d'échouer, .... ) mais j'y peux rien je suis comme ça.
Cette souffrance qui ne sert à rien a pour caractéristique d'être subie. Je dis qu'elle ne sert à rien car c'est un processus qui ne produit aucun fruit sur sa durée, au contraire. C'est comme une plaie qui s'infecte. Elle devient juste de plus en plus vive, et sa seule raison d'être est de signaler un dysfonctionnement dans la machine psycho-somatique et d'appeler à une guérison (psy, philo, confrontation avec soi-même, méditation, yoga, auto-dérision, acupuncture, art thérapie, ...). Il existe une autre voie : se désensibiliser pour ne plus l'éprouver. Alors là, on meurt spirituellement. On devient un petit fruit sec ratatiné, aigri... ça arrive... : accepter que l'on fonctionne sur des schémas de pensée erronés depuis longtemps, accepter que l'on ait souffert pour rien, semble hors de portée de la beaucoup d'entre nous.
Cette souffrance s'oppose au plaisir. Parce qu'en vérité ce qui est normal, c'est d'éprouver du plaisir à être qui on est. La Nature n'est pas une salope, Dieu - s'il existe - n'est pas un imbécile. Ils nous veulent heureux et autonomes. Heureux... c'est pas le plus compliqué : un shoot d'héroïne dans le bras, un tuyau de coca dans la bouche, et le cerveau branché sur youtube histoire de passer le temps, ça pourrait le faire. Mais c'est "autonome" qui pose problème. Cette souffrance là, c'est l'obstacle que l'on rencontre sur le chemin de l'autonomie, c'est la canne au pommeau plein d'échardes sur laquelle on s'appuie parce qu'on se croit incapable de marcher sans elle. Il faut s'en débarrasser : et de la canne et de la souffrance qui va avec. On pourrait aussi la nommer "souffrance de l'avoir" : c'est parce que je veux soit conserver, soit obtenir, que je souffre (ce qui ouvre une piste d'introspection très intéressante : pourquoi je veux ce que je veux ? ).
Cette souffrance vaine nous fait tourner en rond, mais il y a des souffrances qui, une fois vécues, nous transforment, nous vivifient, nous font nous sentir intimement autres. Ce sont les deuils. Un deuil c'est une désappropriation. C'est renoncer à un avoir pour être. Pas pour être "plus", - ce qualitatif nous place aussitôt dans le champ de l'avoir - juste pour être. Juste parce qu'on a compris que cet avoir était illusoire. Même le deuil d'une personne aimée est un deuil de l'avoir : c'est accepter qu'on a jamais rien possédé d'elle, alors qu'on pensait le contraire. On pensait pouvoir s'approprier des moments en sa compagnie, l'expérience sensorielle de sa présence. Mais non, elle a disparue avec et nous n'avons en réalité jamais rien possédé de tout cela. Une forme particulière de deuil est la lucidité envers soi-même. C'est un deuil dans le sens que nous renonçons volontairement à une représentation agréable de nous mêmes - une jolie médaille agrafée sur sa poitrine - pour une autre bien moins glorieuse mais plus juste. Mais là où un deuil nous délivre, la lucidité nous ouvre sur une souffrance supplémentaire, intime, cachée. Le truc qu'on voulait pas voir, une peur souvent. Autant les souffrances vaines sont à éviter, autant ces souffrances ordinairement fuies sont à considérer avec sérieux, aussi dérisoire puisse-t-elles paraitre. Parce que c'est là que souvent, cachées derrière l'épais rideau des apparences et des conventions, du "tout va bien ! " et du " je ne suis pas le plus à plaindre ! ", les parties les plus singulières de notre sensibilité se sont chiffonnées, roulées en boule, abimées, nous privant par là même d'une capacité subtile et toute personnelle à éprouver le monde et nous même.
Ce type de souffrance se distingue essentiellement du premier par le fait qu'elle n'est pas subie, mais agie : elle est volontaire, acceptée. De plus, elle nous dépouille, et elle ne dure que le temps du dépouillement. Alors que la souffrance du premier type nous charge et nous pèse de plus en plus avec le temps.
Il y aurait d'autres type de souffrance à explorer : la souffrance que nous subissons par l'autre notamment. Soit que l'autre est un pervers, soit que l'autre nous fait involontairement du mal, mal que, par amour pour lui, par fidélité à une éthique, nous prenons sur nous au lieu de lui renvoyer dans la gueule...
Mais bon, ma pause de midi est finie. Ce sera peut-être pour une autre fois. |
Merci Pierre pour ce magnifique texte ! |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Ma 17 Jan 2017 22:23 Sujet du message: |
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bonsoir Opus, Pierre et Joaquim
joaquim a écrit: | Pierre a écrit: | Bonjour opus,
Il y a de la souffrance qui ne sert à rien, clairement. C'est de la souffrance inutile que nous nous infligeons par pur masochisme, par attachement à des schémas de pensée stupides. C'est une souffrance que nous avons souvent l'habitude de trouver "normale" : c'est normal d'être jaloux, c'est normal de stresser pour ses enfants, c'est normal d'être affligé parce qu'on a pas été reconnus à la hauteur de nos attentes, c'est normal d'en chier au boulot, c'est normal de galérer dans sa vie, c'est normal de trouver ce monde désespérant, c'est normal qu'au bout d'un moment on n'ait plus d'amour dans son couple (et c'est normal de continuer à rester ensemble). Si on ne trouve pas normales les quelques excentricités masochistes dont nous sommes affublés (parce qu'on se rend bien compte qu'on ne les partage pas avec les autres), on banalisera cette aptitude singulière à souffrir d'une autre manière : non ce n'est pas normal de souffrir autant de ... (l'agoraphobie, une rupture, ma dépendance à l'alcool, ma peur d'échouer, .... ) mais j'y peux rien je suis comme ça.
Cette souffrance qui ne sert à rien a pour caractéristique d'être subie. Je dis qu'elle ne sert à rien car c'est un processus qui ne produit aucun fruit sur sa durée, au contraire. C'est comme une plaie qui s'infecte. Elle devient juste de plus en plus vive, et sa seule raison d'être est de signaler un dysfonctionnement dans la machine psycho-somatique et d'appeler à une guérison (psy, philo, confrontation avec soi-même, méditation, yoga, auto-dérision, acupuncture, art thérapie, ...). Il existe une autre voie : se désensibiliser pour ne plus l'éprouver. Alors là, on meurt spirituellement. On devient un petit fruit sec ratatiné, aigri... ça arrive... : accepter que l'on fonctionne sur des schémas de pensée erronés depuis longtemps, accepter que l'on ait souffert pour rien, semble hors de portée de la beaucoup d'entre nous.
Cette souffrance s'oppose au plaisir. Parce qu'en vérité ce qui est normal, c'est d'éprouver du plaisir à être qui on est. La Nature n'est pas une salope, Dieu - s'il existe - n'est pas un imbécile. Ils nous veulent heureux et autonomes. Heureux... c'est pas le plus compliqué : un shoot d'héroïne dans le bras, un tuyau de coca dans la bouche, et le cerveau branché sur youtube histoire de passer le temps, ça pourrait le faire. Mais c'est "autonome" qui pose problème. Cette souffrance là, c'est l'obstacle que l'on rencontre sur le chemin de l'autonomie, c'est la canne au pommeau plein d'échardes sur laquelle on s'appuie parce qu'on se croit incapable de marcher sans elle. Il faut s'en débarrasser : et de la canne et de la souffrance qui va avec. On pourrait aussi la nommer "souffrance de l'avoir" : c'est parce que je veux soit conserver, soit obtenir, que je souffre (ce qui ouvre une piste d'introspection très intéressante : pourquoi je veux ce que je veux ? ).
Cette souffrance vaine nous fait tourner en rond, mais il y a des souffrances qui, une fois vécues, nous transforment, nous vivifient, nous font nous sentir intimement autres. Ce sont les deuils. Un deuil c'est une désappropriation. C'est renoncer à un avoir pour être. Pas pour être "plus", - ce qualitatif nous place aussitôt dans le champ de l'avoir - juste pour être. Juste parce qu'on a compris que cet avoir était illusoire. Même le deuil d'une personne aimée est un deuil de l'avoir : c'est accepter qu'on a jamais rien possédé d'elle, alors qu'on pensait le contraire. On pensait pouvoir s'approprier des moments en sa compagnie, l'expérience sensorielle de sa présence. Mais non, elle a disparue avec et nous n'avons en réalité jamais rien possédé de tout cela. Une forme particulière de deuil est la lucidité envers soi-même. C'est un deuil dans le sens que nous renonçons volontairement à une représentation agréable de nous mêmes - une jolie médaille agrafée sur sa poitrine - pour une autre bien moins glorieuse mais plus juste. Mais là où un deuil nous délivre, la lucidité nous ouvre sur une souffrance supplémentaire, intime, cachée. Le truc qu'on voulait pas voir, une peur souvent. Autant les souffrances vaines sont à éviter, autant ces souffrances ordinairement fuies sont à considérer avec sérieux, aussi dérisoire puisse-t-elles paraitre. Parce que c'est là que souvent, cachées derrière l'épais rideau des apparences et des conventions, du "tout va bien ! " et du " je ne suis pas le plus à plaindre ! ", les parties les plus singulières de notre sensibilité se sont chiffonnées, roulées en boule, abimées, nous privant par là même d'une capacité subtile et toute personnelle à éprouver le monde et nous même.
Ce type de souffrance se distingue essentiellement du premier par le fait qu'elle n'est pas subie, mais agie : elle est volontaire, acceptée. De plus, elle nous dépouille, et elle ne dure que le temps du dépouillement. Alors que la souffrance du premier type nous charge et nous pèse de plus en plus avec le temps.
Il y aurait d'autres type de souffrance à explorer : la souffrance que nous subissons par l'autre notamment. Soit que l'autre est un pervers, soit que l'autre nous fait involontairement du mal, mal que, par amour pour lui, par fidélité à une éthique, nous prenons sur nous au lieu de lui renvoyer dans la gueule...
Mais bon, ma pause de midi est finie. Ce sera peut-être pour une autre fois. |
Merci Pierre pour ce magnifique texte ! |
oui c'est limpide
de mon coté , j'ai fait le choix de renoncer à cette souffrance alimentée par l'imaginaire
je croix qu'à un moment trop, c'est trop
on dit non et on envoie tout balader
on a compris une bonne fois pour toute le jeu de l'ego
on le repère immédiatement des qu'il pointe le bout de son nez
alors on a le choix , la liberté de ne pas le suivre ou de le suivre
cette souffrance est purement réactive , fondée sur la peur et surtout comme le dit Pierre inutile
l'important n'est pas de ce débarrasser de cet imaginaire mais de savoir se distinguer de lui , ce qui rend possible la maitrise
je me permets de vous donner le lien d'un texte que je viens d’écrire sur la lucidité
la lucidité c'est savoir distinguer le réel de l'imaginaire
à la lumière de la philosophie de Spinoza, du moins de ma vision de cette philosophie
http://www.leadershipducoeur.com/la-lucidite-cest-savoir-distinguer-le-reel-de-limaginaire-par-joel-brassy/
pour le lire dans son intégralité on peut le télécharger gratuitement au format PDF en donnant juste un prénom et une adresse mail.
pour moi l’éveil c'est d'abord la capacité à faire cette distinction, entre le réel et l'imaginaire ce n'est pas une expérience, les expériences passent, ça monte, ça baisse
mais c'est se créer un espace de liberté, un espace de conscience, de présence sans l'enfermer non plus en faisant un objet cad en se l'appropriant
comme tu essayais de me dire Joaquim , il y a 2 ans quand j'ai eu cette souffrance insomniaque, tu me disais d’accepter de ne pas dormir
et c'est justement cette acceptation qui ouvre un espace
être conscient c'est porter la lumière sur les ténèbres , sur l'ego qui s’arrange pour ne pas être ''vu''
or la lumière transmute tout en lumière cad en conscience
la conscience, voir nos ténèbres suffit .
j’aime cette phrase de l’évangile de saint jean
La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres n’ont pas pu la saisir. »
surtout si l'on persévère dans cette souffrance masochiste dont tu parles, Pierre
voir la totalité du texte de st jean sur ce site
http://epu-saint-esprit.org/jean-1-1-18-la-lumiere-brille-dans-les-tenebres-et-les-tenebres-nont-pas-pu-la-saisir/
en tous cas, j’espère que vous aurez la patience de lire mon texte
j'y ai synthétisé toute ma vision philosophique , une vision reliée au spirituel
comme l'est celle de Spinoza , j' y ai mis toute mon âme.
Joël _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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Rezkallah
Inscrit le: 02 Nov 2014 Messages: 378
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Posté le: Me 18 Jan 2017 22:47 Sujet du message: |
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Bonsoir les amis
Pourquoi voir les choses en noir et blanc. n'est-il pas si jouissif de sauter dans la flaque de boue, de se rouler dans l'herbe mouiller, de se perdre dans l'immense foret, en sachant que notre chaleureuse maison notre lit douillet, notre douce maman, notre puissant papa nous aiment et nous attendent avec amour quand nous partons à l'aventure?
Les ténèbres c'est fantastique, c'est l'extase de se plonger dans une émotion de la gouter, de la suivre, de la voir s’étendre, de se parer d'habit différent, d'essayer librement, tout en sachant qu'à tout moment on peut retourner chez soi. Nous sommes libres, à jamais. Mais pour le bien du jeu, cette liberté doit être remise en question jusqu'à son extrême limite. sinon tout ceci, la vie en somme, ne vaudrait rien. |
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Je 19 Jan 2017 10:48 Sujet du message: |
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C'est vrai que ton texte Pierre que je relis ce jour est magnifique . J'ai l'impression de parcourir une page de littérature . Merci encore ... _________________ ... ? ... |
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Je 19 Jan 2017 10:57 Sujet du message: |
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Rezkallah a écrit: | Bonsoir les amis
Pourquoi voir les choses en noir et blanc. n'est-il pas si jouissif de sauter dans la flaque de boue, de se rouler dans l'herbe mouiller, de se perdre dans l'immense foret, en sachant que notre chaleureuse maison notre lit douillet, notre douce maman, notre puissant papa nous aiment et nous attendent avec amour quand nous partons à l'aventure?
Les ténèbres c'est fantastique, c'est l'extase de se plonger dans une émotion de la gouter, de la suivre, de la voir s’étendre, de se parer d'habit différent, d'essayer librement, tout en sachant qu'à tout moment on peut retourner chez soi. Nous sommes libres, à jamais. Mais pour le bien du jeu, cette liberté doit être remise en question jusqu'à son extrême limite. sinon tout ceci, la vie en somme, ne vaudrait rien. |
Bonjour ,
C'est vrai que c'est jouissif, en connaissance de cause . Mais ce sont des expériences et aventures que l'on a choisi , décidé et assumé .Et effectivement on peut retourner chez soi . A l'evidence les choses sont à l'opposé quand l'aventure se présente en réaction de "survie", ou elles sont subies et subites et inattendues . C'est comme la solitude choisie , et la solitude subie .
Mais ,
Qu'entendez vous par une liberté remise en question jusqu'à son extrême limite ? Pour que la vie retrouve sa valeur ? _________________ ... ? ... |
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opus
Inscrit le: 23 Mai 2016 Messages: 399 Localisation: Cher
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Posté le: Je 19 Jan 2017 11:01 Sujet du message: |
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LA LUCIDITE C EST DE SAVOIR DISTINGUER LE REEL DE L IMAGINAIRE ;
En avons réellement les moyens , les capacités ? _________________ ... ? ... |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Je 19 Jan 2017 11:40 Sujet du message: |
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opus a écrit: | LA LUCIDITE C EST DE SAVOIR DISTINGUER LE REEL DE L IMAGINAIRE ;
En avons réellement les moyens , les capacités ? |
bonjour opus
je t'invite à lire mon article où je tente d'apporter une réponse à cette question
http://www.leadershipducoeur.com/la-lucidite-cest-savoir-distinguer-le-reel-de-limaginaire-par-joel-brassy/
pour le lire dans son intégralité on peut le télécharger gratuitement au format PDF en donnant juste un prénom et une adresse mail.
Joël _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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Rezkallah
Inscrit le: 02 Nov 2014 Messages: 378
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Posté le: Je 19 Jan 2017 11:58 Sujet du message: |
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[quote="opus"] Rezkallah a écrit: |
Qu'entendez vous par une liberté remise en question jusqu'à son extrême limite ? Pour que la vie retrouve sa valeur ? |
Bonjour Opus.
Quand on se croit enfermé, et que notre être entier le ressens ainsi, c'est qu'on ne voit plus notre liberté qui elle est intouchable et toujours disponible. C'est dans la liberté d'être infini, que l'enfermement peut être libre d'être. La pensée, l'émotion, le sentiment qui nous emprisonne, nous dit qu'on ne peut pas en sortir, que c'est foutu, que c'est comme ça, et l'on y croit parce que les arguments pour nous faire croire que nous somme réellement enfermé son légion, alors que la liberté, elle ne va pas venir donner des raisons pour prouver qu'elle est là, parce que l'enfermement est là sous nous yeux et nous hypnotise, alors que la liberté, elle, est, et plus encore on est cette liberté là, de simplement détourner le regard, de passer à autre chose, sans demander l'avis de qui que ce soit. |
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