Regards sur l'éveil
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Cricri
Inscrit le: 20 Sep 2010 Messages: 1524 Localisation: Québec, Canada
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Posté le: Je 02 Jan 2020 23:12 Sujet du message: Le seul choix. |
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Voici un partage tout chaud que j’ai placé sur ma page facebook, mais après coup je sens bien de le mettre ici vu qu’il est frais.
Et bien j'vais vous dire....
Je termine l'année avec un zona qui a débuté quelque part avant la mi décembre. Depuis hier je peux enfin porter un vêtement alors qu'à moins d'être très obligée pour cause des party des fêtes, je restais nue car la douleur sur simple léger frottement était vive.
Et oui...il y a eu de la résistance mentale, ce petit robot conditionné sympathique qui ne veut pas ce qui pourtant EST ! Heureusement, pas de résistance à la résistance...
Et puis "va et viens" de la Présence...
Et puis un jour, énorme soulagement de m'apercevoir le plus naturellement du monde, sans que ca ne fut un raisonnement mentale, mais comme si en même temps je venais tout juste de découvrir un trésor immense, m'apercevoir donc que la seule porte de sortie que j'avais, le seul libre arbitre qu'il me restait était d'aimer !! Aimer moi, et ce robot, et avec et en tant que Présence aussi, en tout temps aimer moi. Aimer ce zona, ce corps. C'est bizarre combien évidente fut libératrice cette prise de conscience, et un grand relâchement des conditions du corps ont pu avoir lieu. Un non-choix, une seule issue qui met fin à toute résistance.
Aimer, lors d'une condition de souffrance, soulage !! Non, ca ne soulagera peut-être pas le physique, je parle de soulagement total, global, métaphysique, c'est innommable et incompréhensible en fait. C'est comme si c'était la seule vraie réponse possible et que la résistance n'est que le fait de ne pas VOIR qu'aimer est le seul choix possible.
Et je m'apercevais dire intérieurement "C'que ca fait du bien"...ouverture et totale liberté juste à aimer ! Un grand vent de fraicheur qui ouvre une fenêtre au dedans, jusque dans des profondeurs inouïe et de plus en plus juste. Juste, oui, c'est le bon mot. Aimer est Juste, la seule avenue, le seul choix, la seule évidence, l'acte Juste à se faire à soi-même et aux autres, aux circonstances, à tout en fait !
Au dedans c'est une vive joie d'avoir découvert ça, je me sens avoir trouver un inestimable trésor. Un processus quasi alchimique, une transmutation en or. Et je suis heureuse de vous partager ça. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5647 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 03 Jan 2020 13:02 Sujet du message: |
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Bonjour Christine,
Merci pour ce partage.
Cricri a écrit: | Aimer, lors d'une condition de souffrance, soulage !! Non, ca ne soulagera peut-être pas le physique, je parle de soulagement total, global, métaphysique, c'est innommable et incompréhensible en fait. |
Nous avons besoin de nous détacher de ce que nous sommes devenus, pour redevenir ce que nous sommes vraiment. La souffrance, et l’adversité de manière plus générale, sont des mains que nous tend la vie pour nous inviter à sortir de ce que nous sommes devenus. On s’installe dans le confort, mais on ne s’installe pas dans la souffrance. On cherche à s’en dégager. Cela nous oblige à nous mettre en route. Sauf que la bonne route, elle ne conduit pas à vouloir à tout prix sortir de la souffrance : elle consiste bien plutôt à se dégager de celui ou de celle qui veut à tout prix en sortir. Il faut parfois s’être longtemps battu avec soi, pour finalement rendre les armes. On voit alors la sortie, la lumière au fond de la prison, et ce qu’on découvre alors, c’est que la vraie souffrance, c’est l’enferment en soi — dans ce soi qui refuse la souffrance — et que le vrai bonheur, c’est d’être libéré de ce soi-là. Ce qu’on découvre en même temps, c’est que le bonheur n’est pas quelque chose qui nous remplit : c’est quelque chose que l’on est.
Tu sais tout cela, bien sûr, Christine, je ne le dis pas pour te l’apprendre. Mais on a toujours besoin chacun de le redécouvrir. C’est là le mystère de la vie. |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Ve 03 Jan 2020 14:08 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Bonjour Christine,
Merci pour ce partage.
Cricri a écrit: | Aimer, lors d'une condition de souffrance, soulage !! Non, ca ne soulagera peut-être pas le physique, je parle de soulagement total, global, métaphysique, c'est innommable et incompréhensible en fait. |
Nous avons besoin de nous détacher de ce que nous sommes devenus, pour redevenir ce que nous sommes vraiment. La souffrance, et l’adversité de manière plus générale, sont des mains que nous tend la vie pour nous inviter à sortir de ce que nous sommes devenus. On s’installe dans le confort, mais on ne s’installe pas dans la souffrance. On cherche à s’en dégager. Cela nous oblige à nous mettre en route. Sauf que la bonne route, elle ne conduit pas à vouloir à tout prix sortir de la souffrance : elle consiste bien plutôt à se dégager de celui ou de celle qui veut à tout prix en sortir. Il faut parfois s’être longtemps battu avec soi, pour finalement rendre les armes. On voit alors la sortie, la lumière au fond de la prison, et ce qu’on découvre alors, c’est que la vraie souffrance, c’est l’enferment en soi — dans ce soi qui refuse la souffrance — et que le vrai bonheur, c’est d’être libéré de ce soi-là. Ce qu’on découvre en même temps, c’est que le bonheur n’est pas quelque chose qui nous remplit : c’est quelque chose que l’on est.
Tu sais tout cela, bien sûr, Christine, je ne le dis pas pour te l’apprendre. Mais on a toujours besoin chacun de le redécouvrir. C’est là le mystère de la vie. |
magnifique
bonne année à toi et à tous _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5647 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 03 Jan 2020 16:50 Sujet du message: |
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Merci Joel A toi aussi une bonne année, et à tous ! |
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KIYA
Inscrit le: 20 Fév 2014 Messages: 2198
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Posté le: Ve 03 Jan 2020 17:12 Sujet du message: |
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Coucou Christine !
Merci de partager ton expérience.
Te lire m'a renvoyé à ma propre expérience, et une interrogation qui a surgit à plusieurs reprise refait surface : est-ce vraiment la maladie qu'on parvient à aimer, ou est-ce l'expérience qui en découle ? Quand je dis expérience, je veux dire "l'aventure humaine intérieure", et la richesse qu'elle m'apporte, le plaisir spirituel que j'y trouve. Personnellement, je ne peux absolument pas dire que j'aime la maladie, la pauvreté ou quelque autre misère que ce soit. Je ne les aime pas du tout. Mais je m'étonne de trouver de la beauté dans ce que l'épreuve me fait découvrir, dans ce qu'elle révèle de moi, dans l'ouverture qu'elle opère, dans le défi qu'elle me propose et que je semble, à mon grand étonnement, prendre plaisir à relever, et même, parfois, rechercher... |
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konrad
Inscrit le: 25 Mars 2018 Messages: 1469 Localisation: En van...dredi.
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Posté le: Ve 03 Jan 2020 17:38 Sujet du message: |
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Je seconde à votre point de vue, KIYA, nous n'aimons pas la souffrance pour la souffrance mais pour ce qu'elle nous révèle.
Elle fait apparaitre notre fragilité, elle nous déshabille de nos opinions factices et nous fait sentir vulnérable.
Elle nous rend profond aussi, et son amertume, prudent.
Et si nous sortons plus fort de son emprise nous sentons que nous avons conquis non pas une vanité mais une gratitude de la vie prodigue. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8607 Localisation: belgique
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Posté le: Ve 03 Jan 2020 18:21 Sujet du message: |
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Bonsoir Joaquim !
Tu dis :
Citation: | La souffrance, et l’adversité de manière plus générale, sont des mains que nous tend la vie pour nous inviter à sortir de ce que nous sommes devenus |
Ça fait, beaucoup, de personnes qui souffrent, pour peu, qui s'éveillent ... il faut, déjà, être au courant que l'éveil existe, que le personnage existe, pour envisager qu'il faut se détacher de celui qui souffre, non !? |
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ThierryM
Inscrit le: 21 Mai 2015 Messages: 338 Localisation: us
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Posté le: Ve 03 Jan 2020 19:24 Sujet du message: |
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Daniel,
celui qui sait est illusoire ... et n'a jamais fait aucune différence.
En gros, on ne fait que se raconter des histoires... mais on se prend au jeu on y croit dur .... même celle ci <3 |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5647 Localisation: Suisse
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Posté le: Sa 04 Jan 2020 21:51 Sujet du message: |
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daniel a écrit: | Bonsoir Joaquim !
Tu dis :
Citation: | La souffrance, et l’adversité de manière plus générale, sont des mains que nous tend la vie pour nous inviter à sortir de ce que nous sommes devenus |
Ça fait, beaucoup, de personnes qui souffrent, pour peu, qui s'éveillent ... il faut, déjà, être au courant que l'éveil existe, que le personnage existe, pour envisager qu'il faut se détacher de celui qui souffre, non !? |
Bonjour daniel,
L’éveil n’est pas un moyen utile pour se détacher de la souffrance. L’éveil n’est pas un moyen. Il est nous-mêmes, lorsque nous assumons ce que nous sommes. Et nous assumons ce que nous sommes, lorsque nous cessons de vouloir à tout prix nous protéger contre la souffrance. Lorsque nous renonçons à ce soi soucieux de lui-même, qui n’est que l’ombre de soi. Le soi soucieux de lui-même aimerait bien que la vie soit moins dure. Il aimerait bien qu’elle ne soit que tolérance et que paix. Or, la vie n’a pas pour but la tolérance et la paix. Ces valeurs sont bien plutôt celles de la mort : face à la mort, tous les êtres sont réellement égaux, et lorsqu’elle les prend, elle leur octroie effectivement une paix définitive. Le drame et la grandeur de l’être humain, c’est d’être dans la vie, tout en ayant conscience de la mort. Il est le seul parmi les êtres de la création à se soucier de la mort, et à vouloir la conjurer. Tous les autres ne sont préoccupés que par la vie. L’histoire que les hommes se racontent est avant tout une histoire pour conjurer la mort. Ils aiment tellement la vie qu’ils ne veulent pas mourir ; alors ils s’inventent une histoire, une morale, et cette morale tempère la vie pour la préparer la mort, elle met un peu de mort dans la vie. Mais la vie ne se laisse pas affadir, elle transforme même cette morale en volonté de puissance. Tout être vivant est animé par une volonté de puissance, qu’il le veuille ou non. Ou, pour reprendre le terme de Spinoza : une volonté de persévérer dans son être. C’est la même chose au fond, simplement que la persévération dans son être laisse entendre que les êtres vivants seraient animés par une essence qu’il leur faudrait nécessairement exprimer, alors que la volonté de puissance inscrit l’être vivant dans un champ ouvert, où l’exercice de cette volonté modifie peu à peu l’être même qu’il est, modifie son "essence". C’est que la notion d’évolution est passée entre Spinoza et Nietzsche. En persévérant simplement dans son être, jamais un anthropopithèque ne serait devenu un homme : il aurait persévéré en tant qu’anthropopithèque. La volonté de puissance, c’est agrandir l’être qui nous est donné aux dimensions du possible. Les animaux expriment la vie qui les anime : à fond, sans frein. Les êtres humains l’expriment avec un frein. Ce frein, c'est la morale. Elle provient du fait qu’ils se savent finis, voués à la mort. La morale cherche à mettre d’accord la vie avec la mort. Les animaux sont parfaitement capables de comportements qu’on jugerait moraux. Il ne le font pourtant pas en appliquant une morale, mais en se donnant tout entiers à la vie qui s'exprime à travers eux. Ainsi des parents qui élèvent leurs petits, ainsi de mille exemples d’entraide qu’on découvre dans le monde animal. La morale des animaux n’a rien de général : elle nait accidentellement. La morale humaine est générale, elle ne souffre pas d’exception. Elle est à l’image de la mort : absolue, définitive. En accédant à la morale, l’être humain fait pénétrer la mort dans la vie. Paradoxalement, exprimé ainsi, cela ne sonne pas glorieux à ses oreilles : car dans l’histoire qu’il se raconte, l’homme se veut le représentant de la vie, pas de la mort. Pourtant, faire pénétrer la mort dans la vie, c’est une véritable révolution dans tout ce qu’a connu le vivant jusque là. Quoique d’une certaine manière, la vie a toujours englobé la mort : les organismes morts sont le substrat qui nourrit les vivants. Mais dans la morale — et dans la philosophie — la mort fait une entrée novatrice, puisqu’elle n’y apparaît pas en tant que cadavre, mais en tant qu’envers de la vie. Comme si la vie pouvait avoir un envers. Et bien oui, l’humain a inventé cela : la vie a un envers, et le but de l’existence humaine est de s’y retrouver avec cet endroit et cet envers. La morale constitue une première réponse. Mais une réponse insatisfaisante. Car elle brime la vie, pour la soumettre à des règles qui lui sont étrangères. Elle passe à côté de la vie, puisqu’elle se soucie de choses qui lui sont étrangères, et d’un autre côté elle fait miroiter un monde de paix et d’absolu qui n’existe nulle part, sinon dans les histoires que les hommes se racontent. Mais à partir du moment où l’envers de la vie a été révélé, il n’est plus possible non plus de l’ignorer. L’être humain doit se débattre dans la faille ouverte entre la vie et la mort. La vie ne saurait désormais représenter la totalité : si elle ignore la mort, elle n’est que sauvagerie et barbarie, autrement dit, souffrance. Comment échapper à la souffrance ? C’est une autre manière de dire : comment échapper à la vie ? Le problème, c’est qu’on aimerait bien échapper à la souffrance, sans échapper à la vie. On aimerait bien avoir l’assurance qu’on pourra pour toujours mener une vie paisible, à l’abri des tempêtes. Ce dont on ne se rend pas compte, c’est qu’en choisissant une telle vie, on choisit la mort. On choisit une vie amoindrie, une vie qui porte en elle une part de mort. La bonne solution ne consiste pas à amoindrir la vie en la faisant mourir un peu, mais à voir que la mort — l’absolu, l’éternité, Dieu — est le coeur incandescent de la vie. Que l’absolu est présent au coeur de la manifestation, que la mort est présente au coeur de la vie. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8607 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 04 Jan 2020 22:50 Sujet du message: |
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Bonsoir Joaquim !
Ce que tu écris, surtout, les dernières lignes semblent me renvoyer à mon propre constat : la nature de l'être est d'être et les êtres, les chose, les circonstances qui, tous les trois, sont son expression (de l'être) durent le temps qu'ils/elles sont (durent), reflétant, ainsi, leur essence, non !? |
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Cricri
Inscrit le: 20 Sep 2010 Messages: 1524 Localisation: Québec, Canada
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Posté le: Sa 04 Jan 2020 23:15 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Bonjour Christine,
Merci pour ce partage.
Cricri a écrit: | Aimer, lors d'une condition de souffrance, soulage !! Non, ca ne soulagera peut-être pas le physique, je parle de soulagement total, global, métaphysique, c'est innommable et incompréhensible en fait. |
Nous avons besoin de nous détacher de ce que nous sommes devenus, pour redevenir ce que nous sommes vraiment. La souffrance, et l’adversité de manière plus générale, sont des mains que nous tend la vie pour nous inviter à sortir de ce que nous sommes devenus. On s’installe dans le confort, mais on ne s’installe pas dans la souffrance. On cherche à s’en dégager. Cela nous oblige à nous mettre en route. Sauf que la bonne route, elle ne conduit pas à vouloir à tout prix sortir de la souffrance : elle consiste bien plutôt à se dégager de celui ou de celle qui veut à tout prix en sortir. Il faut parfois s’être longtemps battu avec soi, pour finalement rendre les armes. On voit alors la sortie, la lumière au fond de la prison, et ce qu’on découvre alors, c’est que la vraie souffrance, c’est l’enferment en soi — dans ce soi qui refuse la souffrance — et que le vrai bonheur, c’est d’être libéré de ce soi-là. Ce qu’on découvre en même temps, c’est que le bonheur n’est pas quelque chose qui nous remplit : c’est quelque chose que l’on est.
Tu sais tout cela, bien sûr, Christine, je ne le dis pas pour te l’apprendre. Mais on a toujours besoin chacun de le redécouvrir. C’est là le mystère de la vie. |
merci ! |
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Cricri
Inscrit le: 20 Sep 2010 Messages: 1524 Localisation: Québec, Canada
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Posté le: Sa 04 Jan 2020 23:18 Sujet du message: |
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KIYA a écrit: | Coucou Christine !
Merci de partager ton expérience.
Te lire m'a renvoyé à ma propre expérience, et une interrogation qui a surgit à plusieurs reprise refait surface : est-ce vraiment la maladie qu'on parvient à aimer, ou est-ce l'expérience qui en découle ? Quand je dis expérience, je veux dire "l'aventure humaine intérieure", et la richesse qu'elle m'apporte, le plaisir spirituel que j'y trouve. Personnellement, je ne peux absolument pas dire que j'aime la maladie, la pauvreté ou quelque autre misère que ce soit. Je ne les aime pas du tout. Mais je m'étonne de trouver de la beauté dans ce que l'épreuve me fait découvrir, dans ce qu'elle révèle de moi, dans l'ouverture qu'elle opère, dans le défi qu'elle me propose et que je semble, à mon grand étonnement, prendre plaisir à relever, et même, parfois, rechercher... |
Je comprend ce que tu veux dire, mais pour ma part je ne le sens pas ainsi. Je me passerais volontiers d'expérience de défi qui ont pour substance la maladie. Je pense vraiment que pour moi, c'est plutôt le "aimer ce qui est", comme l'évidence même que ce qui est en train d'être est, quand bien même je met toute mon énergie à refuser ca. Réaliser ca, c'est tout à coup aimer parce que prendre part à l'évidence que ce qui est est apporte automatiquement le revers de la résistance, du refus. Ce n'est donc pas, pour ma part, une affaire de défi ou d'expérience qui me révèlerait quelque chose, mais de simplement tout à coup faire "ben oui..comment diable ai-je pu penser que je pouvais vraiment changer ce qui est, puisque si c'est, c'est que ca déja été aimé, approuvé..." |
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Cricri
Inscrit le: 20 Sep 2010 Messages: 1524 Localisation: Québec, Canada
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Posté le: Sa 04 Jan 2020 23:30 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | daniel a écrit: | Bonsoir Joaquim !
Tu dis :
Citation: | La souffrance, et l’adversité de manière plus générale, sont des mains que nous tend la vie pour nous inviter à sortir de ce que nous sommes devenus |
Ça fait, beaucoup, de personnes qui souffrent, pour peu, qui s'éveillent ... il faut, déjà, être au courant que l'éveil existe, que le personnage existe, pour envisager qu'il faut se détacher de celui qui souffre, non !? |
Bonjour daniel,
L’éveil n’est pas un moyen utile pour se détacher de la souffrance. L’éveil n’est pas un moyen. Il est nous-mêmes, lorsque nous assumons ce que nous sommes. Et nous assumons ce que nous sommes, lorsque nous cessons de vouloir à tout prix nous protéger contre la souffrance. Lorsque nous renonçons à ce soi soucieux de lui-même, qui n’est que l’ombre de soi. Le soi soucieux de lui-même aimerait bien que la vie soit moins dure. Il aimerait bien qu’elle ne soit que tolérance et que paix. Or, la vie n’a pas pour but la tolérance et la paix. Ces valeurs sont bien plutôt celles de la mort : face à la mort, tous les êtres sont réellement égaux, et lorsqu’elle les prend, elle leur octroie effectivement une paix définitive. Le drame et la grandeur de l’être humain, c’est d’être dans la vie, tout en ayant conscience de la mort. Il est le seul parmi les êtres de la création à se soucier de la mort, et à vouloir la conjurer. Tous les autres ne sont préoccupés que par la vie. L’histoire que les hommes se racontent est avant tout une histoire pour conjurer la mort. Ils aiment tellement la vie qu’ils ne veulent pas mourir ; alors ils s’inventent une histoire, une morale, et cette morale tempère la vie pour la préparer la mort, elle met un peu de mort dans la vie. Mais la vie ne se laisse pas affadir, elle transforme même cette morale en volonté de puissance. Tout être vivant est animé par une volonté de puissance, qu’il le veuille ou non. Ou, pour reprendre le terme de Spinoza : une volonté de persévérer dans son être. C’est la même chose au fond, simplement que la persévération dans son être laisse entendre que les êtres vivants seraient animés par une essence qu’il leur faudrait nécessairement exprimer, alors que la volonté de puissance inscrit l’être vivant dans un champ ouvert, où l’exercice de cette volonté modifie peu à peu l’être même qu’il est, modifie son "essence". C’est que la notion d’évolution est passée entre Spinoza et Nietzsche. En persévérant simplement dans son être, jamais un anthropopithèque ne serait devenu un homme : il aurait persévéré en tant qu’anthropopithèque. La volonté de puissance, c’est agrandir l’être qui nous est donné aux dimensions du possible. Les animaux expriment la vie qui les anime : à fond, sans frein. Les êtres humains l’expriment avec un frein. Ce frein, c'est la morale. Elle provient du fait qu’ils se savent finis, voués à la mort. La morale cherche à mettre d’accord la vie avec la mort. Les animaux sont parfaitement capables de comportements qu’on jugerait moraux. Il ne le font pourtant pas en appliquant une morale, mais en se donnant tout entiers à la vie qui s'exprime à travers eux. Ainsi des parents qui élèvent leurs petits, ainsi de mille exemples d’entraide qu’on découvre dans le monde animal. La morale des animaux n’a rien de général : elle nait accidentellement. La morale humaine est générale, elle ne souffre pas d’exception. Elle est à l’image de la mort : absolue, définitive. En accédant à la morale, l’être humain fait pénétrer la mort dans la vie. Paradoxalement, exprimé ainsi, cela ne sonne pas glorieux à ses oreilles : car dans l’histoire qu’il se raconte, l’homme se veut le représentant de la vie, pas de la mort. Pourtant, faire pénétrer la mort dans la vie, c’est une véritable révolution dans tout ce qu’a connu le vivant jusque là. Quoique d’une certaine manière, la vie a toujours englobé la mort : les organismes morts sont le substrat qui nourrit les vivants. Mais dans la morale — et dans la philosophie — la mort fait une entrée novatrice, puisqu’elle n’y apparaît pas en tant que cadavre, mais en tant qu’envers de la vie. Comme si la vie pouvait avoir un envers. Et bien oui, l’humain a inventé cela : la vie a un envers, et le but de l’existence humaine est de s’y retrouver avec cet endroit et cet envers. La morale constitue une première réponse. Mais une réponse insatisfaisante. Car elle brime la vie, pour la soumettre à des règles qui lui sont étrangères. Elle passe à côté de la vie, puisqu’elle se soucie de choses qui lui sont étrangères, et d’un autre côté elle fait miroiter un monde de paix et d’absolu qui n’existe nulle part, sinon dans les histoires que les hommes se racontent. Mais à partir du moment où l’envers de la vie a été révélé, il n’est plus possible non plus de l’ignorer. L’être humain doit se débattre dans la faille ouverte entre la vie et la mort. La vie ne saurait désormais représenter la totalité : si elle ignore la mort, elle n’est que sauvagerie et barbarie, autrement dit, souffrance. Comment échapper à la souffrance ? C’est une autre manière de dire : comment échapper à la vie ? Le problème, c’est qu’on aimerait bien échapper à la souffrance, sans échapper à la vie. On aimerait bien avoir l’assurance qu’on pourra pour toujours mener une vie paisible, à l’abri des tempêtes. Ce dont on ne se rend pas compte, c’est qu’en choisissant une telle vie, on choisit la mort. On choisit une vie amoindrie, une vie qui porte en elle une part de mort. La bonne solution ne consiste pas à amoindrir la vie en la faisant mourir un peu, mais à voir que la mort — l’absolu, l’éternité, Dieu — est le coeur incandescent de la vie. Que l’absolu est présent au coeur de la manifestation, que la mort est présente au coeur de la vie. |
ha là, ce bout en gras, tu vas devoir le sur-expliquer :p
Je trouve très intéressant et je suis curieuse de tout à coup voir la mort et l'absolu tout deux en tant que mort...
est-ce parce que tu vois la mort comme l'allée simple vers Dieu ? pour moi ce n'est pas aussi simple...la mort faisait partie de "rêve", revers naturelle de la vie et n'a rien à voir avec Ce que nous sommes. Autrement dit, je ne sais pas si la mort met un terme à la conscience de soi en tant que être quelqu'un, auquel cas elle est une fin et non pas un début d'autre chose, surtout pas de re-devenir Dieu ou le rejoindre.
Dailleurs, n'est-il pas dit dans plusieurs religions que l'on doit s'éveiller en étant vivant au risque de passer de réincarnation en réincarnation. Mourir éveillé permet probablement de passer par dessus l'obligation de l'inconscience et la rechute dans une autre vie, mais il n'en demeure pas moins qu'on en sait rien de chez rien et qu'il faudra bien attendre de le vivre. |
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konrad
Inscrit le: 25 Mars 2018 Messages: 1469 Localisation: En van...dredi.
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Posté le: Di 05 Jan 2020 8:56 Sujet du message: |
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Question de béotien ; cette histoire que l'on se raconte de père en fils est-elle une invention née à l'apparition du langage, de la découverte du feu ou d'un autre moment du développement humain ?
Ce long monologue qui parcourt la planète et les civilisations est-il humain, seulement humain ? C'est-à-dire ayant une origine historique ?
Cette histoire, ne serait-elle pas un "souvenir" de l'Être, une nostalgie ?
L'Être n'est pas "du monde", sa mémoire ne porte-elle les bribes de ce récit sommaire ? |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5647 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 05 Jan 2020 18:16 Sujet du message: |
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Cricri a écrit: | ha là, ce bout en gras, tu vas devoir le sur-expliquer :p |
J’ai essayé de montrer, de manière un peu provocatrice — c’est un essai de pensée — que la vie est quelque chose qui est étranger à la morale, donc à ce qu’on nomme Dieu, alors que la mort possède toutes les caractéristiques qu’on attribue à Dieu, et à la morale : transcendante, absolue, définitive. La manière courante d’introduire Dieu et la morale dans la vie consiste à mettre la vie sous la tutelle d’une espérance ou d’une crainte située au-delà de la mort, dans ce que Nietzsche appelait les arrière-mondes. Ce qu’on observe, c’est que cette morale-là et cette foi-là en Dieu introduisent dans la vie la dimension du souci de soi, d’un soi à qui il s’agit de garantir une éternité heureuse. Et dans nos sociétés où cette foi s’est perdue, le souci de soi ne s’est pas perdu pour autant, bien au contraire, il a été en partie transféré aux institutions, car nous vivons sous la houlette d’institutions tutélaires qui s’arrogent le droit de protéger nos vie à notre place et de nous dicter nos conduites. Or, vouloir à tout prix protéger la vie, c’est nécessairement au détriment de la vie elle-même, de l’intensité de la vie, et donc c’est introduire au fond de la mort dans la vie. On en arrive même parfois à ces situations extrêmes où de peur de risquer leur vie, certains vivent comme des morts-vivants. Car la vie est par nature prise de risque. Et le risque avec un grand R, c’est celui de la mort. Si on ne prend pas le risque de la mort, on affadit la vie, on introduit sans s’en rendre compte la mort en elle. Je ne veux pas dire qu’il faille délibérément exposer sa vie, bien sûr. Mais qu’il ne faille pas la protéger au point de ne plus oser la vivre. C’est ce qui se passe globalement dans nos sociétés occidentales (je ne parle pas des individus, mais de la manière dont nos sociétés organisent la vie des individus). Nous sommes dans des sociétés où on a perdu Dieu ; on s’est débarrassé de sa morale mortifère pour célébrer la vie, mais en réalité, c’est la mort que l’on vénère, à travers cette nouvelle idole qu’est devenue la sécurité. Voilà ce que j’entendais par : amoindrir la vie en la faisant mourir un peu.
L’autre solution : voir que la mort — l’absolu, l’éternité, Dieu — est le coeur incandescent de la vie, me semble relever de l’évidence de l’éveil. Voir que ce qu’on est au plus intime de soi n’a ni commencement, ni fin. Autrement dit, ce qu’on est au plus intime de soi n’est pas de l’ordre du vivant, mais de la mort — entendue comme ce qui échappe au regard du vivant. On pourrait dire ici, pour remettre les étiquettes à l’endroit : vivant = manifestation ; mort = absolu.
Cricri a écrit: | est-ce parce que tu vois la mort comme l'allée simple vers Dieu ? pour moi ce n'est pas aussi simple...la mort faisait partie de "rêve", revers naturelle de la vie et n'a rien à voir avec Ce que nous sommes. Autrement dit, je ne sais pas si la mort met un terme à la conscience de soi en tant que être quelqu'un, auquel cas elle est une fin et non pas un début d'autre chose, surtout pas de re-devenir Dieu ou le rejoindre.
Dailleurs, n'est-il pas dit dans plusieurs religions que l'on doit s'éveiller en étant vivant au risque de passer de réincarnation en réincarnation. Mourir éveillé permet probablement de passer par dessus l'obligation de l'inconscience et la rechute dans une autre vie, mais il n'en demeure pas moins qu'on en sait rien de chez rien et qu'il faudra bien attendre de le vivre. |
Oui, je dirais aussi que la mort n’est que la fin obscure de la vie, et qu’à ce titre elle n’est pas l’absolu, mais qu’elle pointe vers un absolu qui échappe à la vie. Et pourtant, ce qui apparaît dans l’éveil, c’est que cet absolu est au coeur même de la vie, au coeur de l’instant. |
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