Regards sur l'éveil
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5370 Localisation: Suisse
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 12:00 Sujet du message: Réponse groupée à plusieurs fils |
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Bonjour à toutes et à tous,
En faisant une recherche sur l’ancien forum, à propos de l’éveil psychologique et de l’éveil spirituel, je m’aperçois que j’avais déjà dit tout ce que j’avais à dire sur différents sujets qui sont actuellement discutés sur le forum. Alors je vais simplement rassembler ici quelques-uns de ces anciens textes, en guise de réponse groupée :
(...) l’enfermement dans l’ego est le motif source de toute manipulation. Il ne peut y avoir enfermement et manipulation qu’à partir du moment où il y a possibilité d’exprimer deux messages contradictoires en même temps. Cette “capacité” est apparue sur la terre avec l’apparition du langage humain. Ce n’est qu’à partir du moment où les êtres humains ont commencé à parler qu’ils ont pu créer une réalité virtuelle exprimée par le langage, qui pouvait soit correspondre à la réalité extérieure, soit en différer. Dès le moment où la réalité exprimée différait de la réalité tout court, elle créait un espace virtuel propre à l'individu, où il était seul maître, mais totalement isolé: l’ego. Il faut pouvoir mentir et “se” mentir pour avoir un ego, et pour cela il faut disposer du langage.
Lorsque les deux réalités entrent en conflit, celle de l’ego et La réalité, il y en a nécessairement une de trop. L’ego essaie alors désespérément de nier l’autre, la vraie réalité, car elle lui conteste non seulement son pouvoir, mais sa réalité même, et représente dès lors un danger vital pour lui. Sa propre réalité égoïste devient alors la loi qui seule compte, et il cherche à l'imposer autour de lui, afin de se rassurer et de se convaincre de sa validité. Il ne peut bien sûr pas assujettir la matière à sa loi (elle résiste!), mais il peut asservir d’autres conscience à la sienne, et enfler ainsi l'illusion de sa propre réalité. Mais c’est une entreprise sans fin, éternellement à recommencer, car la puissance qu’il acquiert ne confère pas à son ego une pleine réalité, mais enfle encore et toujours une image, de sorte qu'il est contraint de recruter toujours de nouvelles victimes pour éviter la déflation de son ego. Cette situation-là, c’est celle de l’ego débridé, de l’ego auquel la personne devenue perverse (on parle de pervers narcissique) a laissé libre cours pour prendre tout pouvoir sur elle, et à travers elle sur autrui.
Mais même si tout un chacun ne devient pas un manipulateur pervers (quoiqu'il n'y ait personne qui n’ait jamais manipulé...), l’ego, de par sa nature, exerce déjà sur la conscience la même emprise que le manipulateur sur sa victime.
Sika a écrit: | Cependant, même avec une aide extérieure, ce n'est pas toujours simple pour la victime de voir la réalité. Et cela rejoint ce fameux préalable qui consiste à dire : "Oui, cela est" pour pouvoir dire "Non, je n'en veux plus".
Mais la douleur qui serait éveillée en acceptant cette réalité est, sans doute, ce qui perpétue l'aveuglement. |
On peut reprendre ces phrases mot pour mot pour les appliquer à la conscience qui cherche à échapper à l’emprise de l’ego. Même complicité avec son persécuteur, même peur de se retrouver seule face à son propre vide, même peur d’abandonner cette sécurité faite d’habitude que constituent les barreaux de la prison pour se lancer dans l’inconnu, c’est-à-dire dans soi-même. Dans ce sens, je m'aperçois que waxou a quand même raison lorsqu’il parle d’abnégation complice de la victime.
Il y a effectivement beaucoup d’exemples où la victime refuse de renoncer à son persécuteur, et même s’offre à lui corps et âme. L’exemple le plus frappant est l’endoctrinement dans les sectes. Malgré les efforts déployés par leurs proches qui tentent de leur ouvrir les yeux, il est bien souvent impossible de soustraire ces victimes à l’emprise sectaire, car elles considèrent ce qui les aliène comme leur bien le plus précieux (et c'est compréhensible, puisqu'elles sont précisément aliénées). Comme on l’est par notre ego. Et la sortie ne peut se faire dans chacun des cas que par un éveil, ou un réveil.
http://www.cafe-eveil.org/satu/viewtopic.php?p=637#637
http://www.cafe-eveil.org/satu/ftopic259.html
http://www.cafe-eveil.org/satu/viewtopic.php?p=1834#1834
Citation: | Votre message, Joachim, m' a passablement secoué. |
Je ne me rend compte qu’à présent combien mes propos pouvaient être directs et remuants, à la limite (au-delà peut-être?) de ce qu’on est en droit de dire sur un forum, même privé. Je vous prie de m’en excuser. Mais puisque c’est fait, autant en profiter, car c’est bien souvent sur le terreau de nos erreurs que l’on récolte les fruits les plus précieux (y compris celles de nos grands-parents et des parents de ceux-ci ). Et comme vous avez su ne pas m’en tenir rigueur, mais y avez répondu avec une authenticité et une ouverture que je salue, je me permettrai à mon tour de continuer cet échange dans le même esprit.
Permettez-moi d’abord de vous taquiner, en épinglant le “singe savant” dans la manière pleine d’esprit et de sauce aigre-douce dont vous apprêtez la matière de nos échanges. Je le dis sans critique aucune, au contraire. Car vous n’avez pas à renoncer à ce rôle, même si vous n’avez dû l’endosser que pour permettre à votre esprit de survivre, à l’époque; il est aujourd’hui devenu un morceau de vous-même. Vous n’avez à renoncer à rien. A aucune partie de vous. Tout est vous. Il n’y a pas lieu d’avoir peur que l’enfant qui remue parfois en vous prenne la place de l’adulte, qu’il faille choisir, car vous êtes tous les deux. C’est dans le passé qu’on vous a forcé de choisir, c’est lorsque vous étiez enfant que vous avez dû vous enfermer dans l’habit du singe savant. Mais maintenant, vous n’avez plus à renoncer à rien. Même pas à cet habit, qui est devenu une partie de vous. Une partie d’ailleurs certainement très précieuse. Comme l’est aussi votre exigence de réussite: ce n’est certainement pas “un obstacle sur le chemin de l’éveil”, mais bien plutôt un atout. Vous n’avez à renoncer à rien qui vous soit propre: vous n’avez à renoncer qu’à l’enfermement lui-même. Renoncer à l’enfermement, c’est accepter ce que vous êtes. Tout ce que vous êtes. Y compris ces “travers” que vous vous plaisez à épingler. Y compris celui qui se plaît à épingler ses propres travers. Y compris le bavard. Et si vous acceptez vraiment tout, alors il n’y aura là plus personne pour créer la dualité, et vous isoler de la vie dans une quelconque frange.
J’avais juste eu le temps de jeter un coup d’oeil sur l’expérience dont vous avez parlé hier, avant que vous ne l’effaciez. Une chose m’avait particulièrement frappé: que vous n’ayez pas eu le droit d’être égoïste. Comme s’il fallait choisir. Comme si c’était: vous ou les autres. Cruel dilemme en effet, posé par un dieu décidément bien diabolique. Pour ma part, je ne pense pas que cette exigence fut inhérente à votre expérience, mais au contraire qu’elle provenait du pli qu’on vous avait obligé de prendre, en vous mettant toujours en demeure de choisir entre: être ou être aimé. Je ne crois pas que Dieu soit si sélectif. N’est-il pas Celui qui Est? Je crois au contraire qu’il attend que vous puissiez déployer librement votre étoffe, toute entière, pour qu’elle perde ce pli qui la froisse.
Il est vrai que l’on se trouve ici à un carrefour entre le psychologique et le spirituel. Mais il n’y a nulle contradiction entre les deux. Au contraire, les deux doivent entrer en résonnance, comme le vent et l’eau, pour créer la vague. J’ai beaucoup aimé votre image des harmonies de la bossa nova: elles n’existent en effet que lorsqu’on les laisse se développer librement en soi. Lorsqu’on est une eau offerte à ce vent qui la caresse. Ainsi seulement apparaissent les vagues. Le psychologique, c’est la matière, c’est l’eau. Vous n’avez à renoncer à aucun atome de votre matière psychologique, mais uniquement à cette pression qui l’écrase et qui empêche le vent de dessiner à sa surface des vagues de bonheur. D’être simplement libre. L’éveil, c’est un autre nom pour la liberté. La liberté, c’est s’affranchir de nos déterminismes, de notre moi pré-fabriqué, comme le dit Zundel, autrement dit de tout ce qu’on est. Ce n’est pas y renoncer, c’est s’en affranchir, c’est ne plus y adhérer, c’est être face à cela comme une mère qui regarde son enfant jouer. C’est l’accueillir, sans le posséder. Accueillir tout ce qui est sans rien s’approprier: et là, surprise, tout ce qui est nous habite alors, devient notre substance propre.
http://www.cafe-eveil.org/satu/viewtopic.php?p=1960#1960
Voilà un sujet brûlant.
L’ego ne peut pas s’éveiller à l’aide d’instructions, car toute instruction est un aliment qui renforce sa prise sur lui-même. Dans ce sens, il ne saurait exister de maître qui conduise à l’éveil. L’ego n’a pas besoin non plus d’exemple à suivre, car il est déjà le Soi, même s’il ne le sait pas. Ce dont il a besoin, par contre, nécessairement, c’est d’une secousse, d’un tremblement de terre, qui batte en brèche ses certitudes et l’oblige à sortir de la léthargie dans laquelle il ne sait même pas qu’il est endormi. L’ego s’imagine être une réalité, une structure stable et définie, sans voir qu’il n’est qu’un mouvement cristallisé. Il prend pour soi cette image cristallisée, au lieu du mouvement qui la fait naître.
J’ai fait ailleurs référence aux automates cellulaires, qui me semblent très utiles pour comprendre la nature de l’ego. Ce sont des modèles mathématiques extrêmement simples, mais qui sont capables, à partir de données de base simples, d’engendrer des phénomènes d’une incroyable diversité et complexité, et surtout de parvenir, à la suite d’un recyclage en boucle des données du système, à le faire évoluer vers un état d’équilibre final. C’est exactement ce que fait la vie; c'est pourquoi ils sont utilisés en sciences cognitives pour tenter de comprendre l’émergence de la vie. Rendez-vous sur CE LIEN, et cliquez sur “Go” (il faut pour cela que votre navigateur accepte les applets java). Vous accédez alors à un grille: cliquez sur “Hasard” (vous pouvez aussi vous-même dessiner les structures de départ), puis sur “Go”. Vous verrez alors un flux de points, au départ totalement anarchiques, s’organiser autour de structures plus ou moins stables, jusqu’à ce que le système trouve un équilibre définitif. Il faut plus ou moins longtemps selon la configuration de départ, mais un équilibre sera atteint tôt ou tard. Car une fois qu’une structure a trouvé son point d’équilibre, elle se recycle elle-même en boucle (vous voyez certains éléments continuer à s’agiter, mais sans plus bouger), et reste figée dans une certaine image.
C’est exactement ce qui se passe avec l’ego. Il est la résultante stable, et croit-il définitive, d’une multitude de facteurs pré-déterminés: héréditaires, environnementaux et relationnels. Le possible est encore très vaste à la naissance, puis l’identité se cristallise, vers l’âge de trois ans. A partir de là, l’ego est devenu quelque chose d’identifiable, à quoi on donne un nom: “je”. Comme dans les automates cellulaires, on se trouve alors face à une image définie, une sorte d’identité, qui n’est pourtant que le blocage du flux de particules autour de points d’agrégation dont elles ne parviennent plus à se libérer. Ce n’est donc pas “quelque chose”, mais l’image instantanée d’un mouvement, d’un mouvement bloqué, et qui apparaît de ce fait comme stable. C’est ce que fait aussi la vie. Elle construit des structures apparemment stables, qui ne sont pourtant que la reconstruction permanente d’un mouvement en état d’équilibre. Tous les quatre mois, les globules rouges de notre sang sont intégralement remplacés, et pourtant, c’est toujours le même sang. La même chose pour notre visage, et tout notre corps. Il n’existe plus en nous un seul atome qui était là présent à notre naissance, et pourtant, c’est toujours le même corps. On ne perçoit pas qu’il est pris dans un flux continuel de matière qui le traverse, car cette matière se trouve, comme les particules de la grille des automates cellulaires, intégrées dans des structures qui sont comme un mouvement figé. Pas complètement toutefois, car le corps grandit et vieillit, et finit par mourir. La mort, c’est la rupture de cet équilibre stable.
Pour l’ego, c’est exactement la même chose. il se perçoit lui-même comme une structure stable, définie, ce qu’il est bel et bien d’une certaine manière, dans le monde des phénomènes, au même titre que le corps, un chêne ou une rose. Mais cette identité est passagère, évanescente, car aussi sûr que le flux s’est cristallisé dans la forme que l’on voit aujourd’hui, aussi sûrement va-t-il se désagréger un jour pour mourir. Le chêne ne “s’accroche” pas à l’image qui est la sienne à un moment donné, il ne s’identifie pas à cet instantané de lui-même, mais englobe tous ses possibles, du gland à l’arbre. Seule l’espèce “chêne” compte, l’Idée du chêne au sens de Platon. L’ego, lui, s’accroche à son image actuelle, il s’identifie à elle. Et pourtant, il est lui aussi constitué d’un flux qui le traverse et le construit. Mais contrairement au chêne, ce flux n’est pas une idée particulière, il n’incarne rien de particulier, mais reflète dans sa soi-conscience la totalité de l’être: le flux qui le construit est la poussée même de l’être, c’est la main de Dieu. Et il devient le geste de Dieu aussitôt qu’il cesse de s’identifier à sa propre image, et qu’il se laisse être le flux qui le crée.
Dans ce sens, l’ego n’a pas besoin d’instructions pour se laisser couler dans le flux divin; au contraire, elles renforcent les structures d'aggrégation et l'adhérence à soi. Non, ce dont il a besoin, comme je l'ai dit, c’est d’une secousse, d’un tremblement de terre. Ce tremblement de terre, capable de faire sauter les verrous de sa sécurité, et de le faire plonger dans le flux de cette vie qui le fait, c’est la passion. A travers la passion, il devient lui-même le flux. Sans passion, il n'y a pas d'éveil.
Le maître ne sert pas à faire naître l’éveil. Le seul maître capable de faire cela, c’est la Vie. Par contre, le maître peut être bien utile pour éviter de se perdre dans les remous de la passion, et surtout pour éviter d’entrer sans s’en rendre compte dans de nouvelles boucles fermées. Dans ce sens, le maître n’est peut-être pas nécessaire, mais utile, voire précieux. Pourtant, l’impact principal qu’il a, le plus souvent, est tout autre, et ne dépend pas tellement de ce qu’il est lui-même: il est élu par l’élève, comme s'il était l’instrument de la Vie, et devient le catalyseur dont sa passion avait besoin pour éclater. Il n'a pas grand chose alors à faire, car il n'est que le prétexte que la passion s'est choisi. La seule chose qu'il doit impérativement faire, c'est ne pas se croire lui-même l'origine de cette passion. Il en deviendrait un de ces gourous de paccotille, dont parlait gyrovagus, ce qui aurait des conséquences funestes pour l'élève. Ce maître-catalyseur, ce peut être une personne, un livre, un groupe, un événement, et pourquoi pas un forum. Pour ma part, en tous cas, je trouve les échanges qu’il permet vraiment passionnants; vraiment, il me permettent de m’abandonner au flux de cette vie qui me construit.
http://www.cafe-eveil.org/satu/viewtopic.php?p=1739#1739
Voici quelques phrases de Merleau-Ponty sur lesquelles je tombe à l'instant, et qui me semblent apporter un bel éclairage sur ce sujet.
«Le choix que nous faisons de notre vie a toujours lieu sur la base d’un certain donné. Ma liberté peut détourner ma vie de son sens spontané, mais par une série de glissements, en l’épousant d’abord, et non par aucune création absolue. Toutes les explications de ma conduite par mon passé, mon tempérament, mon milieu sont donc vraies, à condition qu’on les considère non comme des apports séparables, mais comme des moments de mon être total dont il m’est loisible d’expliciter le sens dans différentes directions, sans qu’on puisse jamais dire si c’est moi qui leur donne leur sens ou si je le reçois d’eux. Je suis une structure psychologique et historique. J’ai reçu avec l’existence une manière d’exister, un style. Toutes mes actions et mes pensées sont en rapport avec cette structure, et même la pensée d’un philosophe n’est qu’une manière d’expliciter sa prise sur le monde, cela qu’il est. Et cependant je suis libre, non pas en dépit ou en deçà de ces motivations, mais par leur moyen. Car cette vie signifiante, cette certaine signification de la nature et de l’histoire que je suis, ne limite pas mon accès au monde, elle est au contraire mon moyen de communiquer avec lui. C’est en étant sans restrictions ni réserves ce que je suis à présent que j’ai une chance de progresser, c’est en vivant mon temps que je peux comprendre les autres temps, c’est ne m’enfonçant dans le présent et dans le monde, en assumant résolument ce que je suis par hasard, en voulant ce que je veux, en faisant ce que je fais que je peux aller au-delà. Je ne peux manquer la liberté que si je cherche à dépasser ma situation naturelle et sociale en refusant de l’assumer d’abord, au lieu de rejoindre à travers elle le monde naturel et humain. Rien ne me détermine du dehors, non que rien ne me sollicite, mais au contraire parce que je suis d’emblée hors de moi et ouvert au monde. Nous sommes de part en part vrais, nous avons avec nous, du seul fait que nous sommes au monde, et non pas seulement dans le monde, comme des choses, tout ce qu’il faut pour nous dépasser.»
Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Gallimard, coll. Tel, 1945, p. 519
Denis a écrit: | Cesser de réagir, cesser d'avoir des attentes, ne pas laisser le passé construire le futur via le présent, j'arrive à voir cette clé que tous les maîtres désignent mais je ne sais pas m'en servir. |
Ce qui t’empêche de voir, c’est peut-être simplement le fait que tu attendes que ce que tu vois soit en conformité avec ce qu’en disent les maîtres. Car même cette attente-là, il faut s’en défaire. Voir ce qui est, c’est ne plus compter que sur soi, c’est se faire assez confiance pour se passer des béquilles qui nous rassurent, c’est oser le plongeon de la confiance. Et c’est en même temps devenir libre — une liberté que personne d’autre que nous-mêmes ne peut nous accorder. Être libre, c’est déboulonner toutes les idoles à qui on confie le soin de guider sa vie. C’est ne plus s’accommoder de ces ajustements, inconfortables certes, mais que l’on préfère pourtant au risque de se retrouver seul aux commandes. On dit souvent que l’éveil, c’est renoncer à soi. Oui, dans le sens où on s’identifie en général aux béquilles auxquelles on s’accroche. C’est renoncer à ce soi-là. Mais c’est en même temps faire une confiance totale, aveugle, au soi que l’on est, ce petit être si fragile que l’on porte en soi, et qu’on protège avec tant de fausse bienveillance d’un contact trop rude avec la réalité. Prendre sa liberté, ce n’est pas seulement se libérer de ce qu’on perçoit clairement comme une entrave; c’est bien plus se libérer de ce qu’on ne perçoit que sourdement comme un entrave; c’est se faire assez confiance, se donner assez de poids pour reconnaître cette entrave comme telle, malgré toutes les tentatives de notre ego affolé de nous faire croire que c’est mieux ainsi.
On aura ainsi peut-être peur de décevoir quelqu’un, et on choisira le rôle gratifiant de celui qui est à l’écoute des besoins de l’autre, plutôt que d’offrir à cet autre la réalité moins édulcorée de ce qu’on est vraiment. On ne fait pas confiance à ce qu’on est vraiment, on pense que ce ne sera pas assez bien, qu’il faut plus, ou autre chose que ce qui est là. C’est lui, ce faiseur d’idoles qu’il s’agit de démasquer, celui qui s’arroge le droit de dicter ce qui serait bien, et qui recouvre celui qui est d’une couverture de bons sentiments qui le paralysent. Ce genre d’accommodement où l’on se sacrifie pour une cause apparemment noble est particulièrement retors, car il est plus difficile à démasquer, mais il peut en même temps se révéler un allié particulièrement efficace pour peu qu’on trouve le courage de reconnaître son hypocrisie, car il ne nous laisse alors vraiment plus rien d’autre sur quoi s’appuyer que soi-même.
Bien sûr, parvenu à ce point, chacun aura reconnu en lui ces multiples replis de lâcheté. Et se dira: c’est vrai, il faut que je change. Mais c’est là que l’histoire se corse, car cette nouvelle pensée qui naît alors risque bien à son tour d’être récupérée par la machine à fabriquer des idoles: sous prétexte de les déboulonner, elle va faire de cette mission de déboulonnage une nouvelle idole. Vraiment retors... On se rend compte, lorsqu’on va jusqu’au fond, qu’il n’y a vraiment rien sur quoi s’appuyer. Et si on va vraiment jusqu’au fond, on tombe nécessairement, derrière ce rien, sur Soi. Parce que ce “rien”, c’est Soi, c’est Ce qui Est.
http://www.cafe-eveil.org/satu/viewtopic.php?p=4630#4630
Lorsqu’on médite, on a tendance à exercer une certaine pression sur sa conscience. C’est forcé. Sans quoi l’esprit vagabonde, et on n’est pas présent. On presse la conscience sur l’objet sur lequel on veut faire porter son attention, et on sent confusément que cette pression devrait déboucher sur quelque chose, sur une sorte de solution. La conscience débridée nous apparaît comme un amalgame hétéroclite et branlant, et on essaye, par la concentration, de le consolider tant bien que mal, avec le vague espoir que cette construction puisse finalement tenir debout toute seule, pour nous emporter, si possible, au-delà de nous-mêmes. Un espoir empreint d’une impression d’irréalité, car on sent bien qu’on porte soi-même cette construction à bout de bras, et on ne voit pas très bien, même si la conscience devient plus vive et plus intense, comment on pourrait lâcher prise sans que tout s’effondre.
On commet tout simplement une erreur de perspective. On fait un effort, comme s’il s’agissait de construire quelque chose, puis de se reposer une fois la construction achevée. En fait, il ne s’agit pas de lâcher prise au bout de son effort, il ne s’agit pas de faire un effort, puis de lâcher prise, mais de lâcher-prise à chaque instant de notre effort. Lâcher-prise, cela veut dire prendre conscience que ce n’est pas notre effort qui crée quoi que ce soit, que notre effort ne sert qu’à être attentif à ce qui est là, à quelque chose qu’on n’a pas soi-même à créer, mais qui est déjà là dans notre conscience, quelque chose qu’on n’a donc pas à porter, mais simplement à laisser être. L’effort d’attention consiste plutôt à décrisper la conscience chaque fois qu’elle tente de faire un effort, chaque fois qu’elle vise un but, quel qu’il soit. A se persuader à chaque fois qu’on n’a rien à faire, qu’on n’a aucune responsabilité à assumer, juste à être présent. Lorsqu’on réalise vraiment cette évidence, on se sent déchargé d’un poids. C’est cela, le lâcher-prise. On ressent alors une légèreté dans laquelle on flotte sans efforts. Mais là encore, il ne s’agit pas de faire de cette légèreté un but, mais de la goûter simplement, et de la laisser partir si elle part. Si la crispation réapparaît, il ne s’agit pas non plus de chercher à la décrisper de force, mais de la regarder simplement, de la laisser être. De ne pas se crisper sur la crispation. Elle se décrispera tôt ou tard; en fait, elle le fera au moment où on pourra vraiment la regarder en l’acceptant telle qu’elle est. Ce qui naît alors, à la place de l’effort, c’est la confiance, une confiance qui grandit, et qui prend peu à peu toute la place. On s’y enfonce, on la laisse devenir soi. C’est elle qui fait le travail. Soi-même, on n'a rien d'autre à faire que... lui faire confiance.
http://www.cafe-eveil.org/satu/viewtopic.php?p=4654#4654
Sahaja fut la première personne que j’ai rencontrée (sur l’ancien forum) à affirmer n’être plus personne. En relisant ce que je lui ai écrit à l’époque (15 janvier 2008), je réalise ne pas avoir beaucoup avancé dans la compréhension de cette question :
Je ne veux pas rompre cette belle harmonie, ni déclencher de polémique, sahaja. Je veux juste clarifier les notions. Je trouve qu’il y a quelque chose d’auto-contradictoire dans la manière dont tu décris le rapport à l’éveil. Cela est peut-être simplement dû aux mots, ou au point de vue particulier qu’on est bien obligé d’adopter pour décrire quelque chose qui, par nature, dépasse tout point de vue. Mais voilà. Tu affirmes d’une part que personne ne s’éveille (au fond, je suis bien d’accord avec toi), même si un certain événement se produit dans la vie d’une personne, qu’on appelle l’éveil. Ainsi, il y a un certain nombre d'années, l’événement éveil s’est produit dans la vie de la personne “sahaja”. Depuis lors, cette personne n’existe plus en tant que personne séparée, même si sa personnalité psychologique persiste identique à elle-même comme par le passé, comme tu l'as dit. Il y a pourtant une différence capitale pour elle: depuis cet événement, cette personnalité psychologique n’est plus en quête de rien, et surtout pas d’elle-même ni de son salut. Ce qui est quand même considérable. Elle a la paix. Il y a donc bien quelque chose qui distingue la personne “sahaja” de toutes les autres pour qui l’événement “éveil” ne s’est pas produit, quelque chose qui serait même irréversible, puisque c'est ce que tu prétends. Or, un événement irréversible, lorsqu’il se produit chez certains et pas chez d’autre, divise ces personnes en deux groupes parfaitement distincts. Dès lors, ne pas vouloir donner le nom d’“éveillés” au groupe qui aurait vécu l’événement me semble simplement jouer sur les mots. On peut utiliser n’importe quel mot, c’est égal, l’essentiel étant que les deux groupes d’êtres humains sont parfaitement distincts. Disons qu’on les appelle les libérés et les enfermés. Répliquer en disant que personne n’est libéré n'est pas un argument, car si tel était le cas, il n’y aurait aucune différence entre les deux groupes: or on vient de voir qu'il y en a bel et bien une, et c'est pour cela là que je trouve tes affirmations auto-contradictoires.
Pour ma part, à l’âge de 19 ans, la personne “joaquim” a vécu l’événement “éveil”qui lui a ouvert les yeux sur sa vraie nature, sa nature éternelle, qui est Dieu. Je suis d'accord pour dire qu’il n’y a personne à éveiller, puisque l’éveil consiste justement à réaliser que ce qu’on prenait à tort pour son être distinct, et qu'il aurait fallu "éveiller", c’est Dieu. La personne “joaquim”, dans sa plus profonde intimité, c’est Dieu. Et pourtant, joaquim n’est pas Dieu. Joaquim est, au sens fort du terme, lorsqu’il se fait transparent à Lui, lorsqu’il advient à lui-même en Le laissant être en lui. J’adviens à moi-même lorsque je laisse Dieu être en moi. Comme le dit (ailleurs) Maître Eckhart: “Dieu opère, et je deviens”. Lorsqu’on est ainsi en Dieu, on ne peut pas imaginer retomber un jour dans la non-existence qu’on a connue avant. Cela semble tout simplement impossible. Et pourtant, c’est possible. Je l’ai vécu. Cela ne change bien sûr rien à ce qu’on est vraiment. L’être éternel ne s’en trouve pas affecté. Dieu ne change pas. Et pourtant, la créature souffre dans les ténèbres de la conscience.
Je me méfie donc lorsque quelqu’un prétend qu’il ne peut plus retomber dans les ténèbres, d’autant plus s’il prétend qu’il n’y a plus personne qui puisse retomber. Ce que j’ai observé au contraire, pour ma part, et qu’on observe également couramment dans les milieux spirituels, pour le peu que j'en aie vu, c’est qu’après que l’événement éveil se soit produit dans sa vie, on glisse sans s’en rendre compte dans un nouvel état d’enfermement, assez difficile à déceler puisqu’on reste persuadé d’être libéré. Il m’est arrivé de ne réaliser que je m’étais éloigné de Dieu qu’au moment où je retombais dans sa lumière. C’est comme lorsqu’on s’endort: on ne réalise avoir dormi que lorsqu’on s'éveille à nouveau.
Je ne prétends bien sûr pas que ce soit ton cas, sahaja. Toi seul peux savoir où tu en es.
http://www.cafe-eveil.org/satu/viewtopic.php?p=12610#12610 |
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 2801 Localisation: Région Parisienne
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 2801 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 15:48 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | le flux qui le construit est la poussée même de l’être, c’est la main de Dieu. Et il devient le geste de Dieu aussitôt qu’il cesse de s’identifier à sa propre image, et qu’il se laisse être le flux qui le crée. |
Tu y utilises ici le mot « Dieu » et cela ne peut que résonner en moi avec, par exemple, les propos suivants de Ruysbroek :
Citation: | Quand Dieu nous touche de sa grâce et que nous-même nous renonçons et remettons dans la bien-aimée volonté de Dieu notre volonté, alors la volonté de Dieu est notre volonté. Et la volonté de Dieu, qui est libre, et qui est liberté, nous délivre de l’esprit de crainte et nous rend libre, détaché et débarrassé de nous-même, comme de toute crainte qui nous ferait obstacle dans le temps et l’éternité. …
Nous nous voyons élevé dans la hauteur la plus haute en même temps qu’abaissé en nous-même, comblé de faveurs et de grâces dans l’union avec Dieu. La plus haute liberté et l’humilité la plus profonde sont unies en une seule et même personne. Les œuvres qui naissent de cette élévation et de cet abaissement sont inconnues de qui ne sait le goût de Dieu.
L’humble est un vase élu de Dieu, il est empli de tous les biens et de tous les dons, il en déborde…
Mais de l’hypocrite, mais de celui qui s’imagine être quelque chose, et pense qu’il l’est, garde-toi. C’est une vessie que le vent gonfle, le vent qui n’est rien : on la frotte et la pince, le son qui en sort est disgracieux. De même l’orgueilleux qui se prend pour un saint. On le presse, on le frotte à peine, il ne le supporte pas, il éclate. Il refuse qu’on le corrige et l’enseigne. Il est aigre et querelleur, coléreux, retors. Il ne s’estime au-dessous de personne, mais se croit au-dessus de tous ceux qui l’entourent.
A tous ces traits se reconnaît l’hypocrite.
Par ces dehors, on voit que le dedans est faux.
L’hypocrite n’est pas encore mort à lui-même.
A son propre vouloir, il demeure lié. |
Cet hypocrite, je le sens fréquemment prêt à se réveiller en moi et doit rester sur mes gardes. Tant qu’il en sera ainsi, je ne pourrais prétendre à ce dont il est question plus haut et cela me peine parfois d’autant plus que j’ai déjà connu le goût de Dieu et qu’il m’est aussi arrivé de le perdre. |
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Jo
Inscrit le: 26 Sep 2020 Messages: 106
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 17:11 Sujet du message: |
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Bonjour joaquim.
Je trouve que ce que tu as écrit est pertinent.
Mais crois-tu que quelqu'un d'enfermé dans l'ego "spirituel" peut recevoir ce message sans le pervertir en carburant pour paraître ? |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5370 Localisation: Suisse
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 18:37 Sujet du message: |
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Merci pour tes mots, didier, et pour ce beau texte de Ruysbroeck.
L’hypocrite qu’il fustige, me semble-t-il, ce sont ces gens imbus de leur savoir et de leur sainteté, et qui probablement lui faisaient la leçon à l’époque — les mystiques n’étaient pas toujours bien vus par l’Église : trop libres. Je ne vois pas que tu pour ta part, tu manquerais de l’humilité dont parle Ruysbrock, et qui fait défaut aux hypocrites.
C’est parce qu’ils pointent vers la partie réservées aux membres. Si tu veux les voir, il faut t’inscrire. Il y a aussi des parties qui ne sont pas accessibles — les sujets qui ont tourné à la polémique. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5370 Localisation: Suisse
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 18:41 Sujet du message: |
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Jo a écrit: | Bonjour joaquim.
Je trouve que ce que tu as écrit est pertinent.
Mais crois-tu que quelqu'un d'enfermé dans l'ego "spirituel" peut recevoir ce message sans le pervertir en carburant pour paraître ? |
Bonjour Jo,
Il me semble que ceux dont tu parles, ce sont ces hypocrites que fustige Ruysbroeck dans le texte cité par didier. Je ne sais pas s'ils utiliseraient ce message comme carburant pour paraître. J'aurais plutôt tendance à penser qu'ils ne le liraient même pas. Et toi, qu'en penses-tu ? |
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Jo
Inscrit le: 26 Sep 2020 Messages: 106
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 19:03 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Jo a écrit: | Bonjour joaquim.
Je trouve que ce que tu as écrit est pertinent.
Mais crois-tu que quelqu'un d'enfermé dans l'ego "spirituel" peut recevoir ce message sans le pervertir en carburant pour paraître ? |
Bonjour Jo,
Il me semble que ceux dont tu parles, ce sont ces hypocrites que fustige Ruysbroeck dans le texte cité par didier. Je ne sais pas s'ils utiliseraient ce message comme carburant pour paraître. J'aurais plutôt tendance à penser qu'ils ne le liraient même pas. Et toi, qu'en penses-tu ? |
Pour moi le forum foisonne de gens hypocrites perdus dans le mental et qui se croient éveillés. Des pages entières de masturbation intellectuelle. Ça parle de l'importance d'être vrai, etc mais dans le fond rien n'est vécu, c'est malhonnête. Au milieu de tout ce folklore j'ai parfois d'agréables surprises avec les rares interventions sincères de certains.
Ça me fait d'ailleurs sourire de voir à quel point les tartuffes semblent allergiques à ce genre d'interventions et comment ils fuient ou s'empressent de remodeler ce qui est dit dans le sens de leur délire.
Aujourd'hui il me semble que celui qui peut entendre ce que tu as écrit (par entendre je parle de compréhension vivante, pas d'intellect où l'on se raconte que l'on a une compréhension vivante) n'en a pas besoin.
Et celui qui en aurait besoin ne veut pas l'entendre.
Je trouve cela ironique et ça m'amène à me demander si ce que l'on réalise n'est pas valable juste pour soi. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5370 Localisation: Suisse
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 19:12 Sujet du message: |
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Jo a écrit: | Pour moi le forum foisonne de gens hypocrites perdus dans le mental et qui se croient éveillés. Des pages entières de masturbation intellectuelle. Ça parle de l'importance d'être vrai, etc mais dans le fond rien n'est vécu, c'est malhonnête. Au milieu de tout ce folklore j'ai parfois d'agréables surprises avec les rares interventions sincères de certains.
Ça me fait d'ailleurs sourire de voir à quel point les tartuffes semblent allergiques à ce genre d'interventions et comment ils fuient ou s'empressent de remodeler ce qui est dit dans le sens de leur délire.
Aujourd'hui il me semble que celui qui peut entendre ce que tu as écrit (par entendre je parle de compréhension vivante, pas d'intellect où l'on se raconte que l'on a une compréhension vivante) n'en a pas besoin.
Et celui qui en aurait besoin ne veut pas l'entendre.
Je trouve cela ironique et ça m'amène à me demander si ce que l'on réalise n'est pas valable juste pour soi. |
Ce message bute sur un biais similaire à celui que tu relèves en disant que ceux qui l'entendront n'en ont pas besoin, et ceux qui en ont besoin ne l'entendront pas. Ce sont les personnes honnêtes qui se sentiront visées, et les tartuffes, s'il y en avait, qui ne le prendraient pas pour eux. |
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Jo
Inscrit le: 26 Sep 2020 Messages: 106
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 19:23 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | Jo a écrit: | Pour moi le forum foisonne de gens hypocrites perdus dans le mental et qui se croient éveillés. Des pages entières de masturbation intellectuelle. Ça parle de l'importance d'être vrai, etc mais dans le fond rien n'est vécu, c'est malhonnête. Au milieu de tout ce folklore j'ai parfois d'agréables surprises avec les rares interventions sincères de certains.
Ça me fait d'ailleurs sourire de voir à quel point les tartuffes semblent allergiques à ce genre d'interventions et comment ils fuient ou s'empressent de remodeler ce qui est dit dans le sens de leur délire.
Aujourd'hui il me semble que celui qui peut entendre ce que tu as écrit (par entendre je parle de compréhension vivante, pas d'intellect où l'on se raconte que l'on a une compréhension vivante) n'en a pas besoin.
Et celui qui en aurait besoin ne veut pas l'entendre.
Je trouve cela ironique et ça m'amène à me demander si ce que l'on réalise n'est pas valable juste pour soi. |
Ce message bute sur un biais similaire à celui que tu relèves en disant que ceux qui l'entendront n'en ont pas besoin, et ceux qui en ont besoin ne l'entendront pas. Ce sont les personnes honnêtes qui se sentiront visées, et les tartuffes, s'il y en avait, qui ne le prendraient pas pour eux. |
J'ai pu constater que lorsqu'un tartuffe est démasqué il est souvent remué, se débat et finit par tisser une nouvelle toile de mensonges pour se rassurer, mais il subsiste comme un reste d'une odeur de quelque chose en arrière plan.
Celui qui a peur du vrai trouvera une manière de s'imposer ses mensonges comme une vérité et le vrai comme un mensonge.
Pour autant, si j'ai un élan d'exprimer ce que je sens je le fais. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5511
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Posté le: Lu 05 Juil 2021 23:21 Sujet du message: |
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Jo a écrit: | joaquim a écrit: | Jo a écrit: | Bonjour joaquim.
Je trouve que ce que tu as écrit est pertinent.
Mais crois-tu que quelqu'un d'enfermé dans l'ego "spirituel" peut recevoir ce message sans le pervertir en carburant pour paraître ? |
Bonjour Jo,
Il me semble que ceux dont tu parles, ce sont ces hypocrites que fustige Ruysbroeck dans le texte cité par didier. Je ne sais pas s'ils utiliseraient ce message comme carburant pour paraître. J'aurais plutôt tendance à penser qu'ils ne le liraient même pas. Et toi, qu'en penses-tu ? |
Pour moi le forum foisonne de gens hypocrites perdus dans le mental et qui se croient éveillés. Des pages entières de masturbation intellectuelle. Ça parle de l'importance d'être vrai, etc mais dans le fond rien n'est vécu, c'est malhonnête. Au milieu de tout ce folklore j'ai parfois d'agréables surprises avec les rares interventions sincères de certains.
Ça me fait d'ailleurs sourire de voir à quel point les tartuffes semblent allergiques à ce genre d'interventions et comment ils fuient ou s'empressent de remodeler ce qui est dit dans le sens de leur délire.
Aujourd'hui il me semble que celui qui peut entendre ce que tu as écrit (par entendre je parle de compréhension vivante, pas d'intellect où l'on se raconte que l'on a une compréhension vivante) n'en a pas besoin.
Et celui qui en aurait besoin ne veut pas l'entendre.
Je trouve cela ironique et ça m'amène à me demander si ce que l'on réalise n'est pas valable juste pour soi. |
Et bien je ne suis pas du tout d' accord.
Je pense qu' il y a beaucoup de gens de valeur sur ce forum et très peu de gens hypocrites.
C' est bien pour ca que j' y suis toujours depuis 15 ans déjà.
Quant au fameux " perdus dans le mental " , comme jugement ultime de valeur ...sans commentaires. |
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licheronmagaly
Inscrit le: 31 Juil 2022 Messages: 9 Localisation: grâsse
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Posté le: Di 31 Juil 2022 13:14 Sujet du message: MERVEILLEUSE ANALYSE |
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et franchement je vais lire et relire ce texte jusqua la fin de ma vie , il me fait du sens beaucoup , j'ai voulu sortir quelqun d'une secte , si je lui avait lu ton texte ca aurait était plus rapide , mais il m'a bien fallut dix ans pour sauver mon amie du madarom , et encore 5 an 6 ans pour lui enlever ces idées là . IMMENSE GRATITUDE pour tout ce travail que tu as PRIS LE temps d'écrire ! _________________ faire des huiles essentielles |
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sahaja
Inscrit le: 28 Fév 2006 Messages: 346
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Posté le: Di 31 Juil 2022 14:57 Sujet du message: |
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bonjour
je n'avais jamais lu ce texte de Joaquim je suis bien content d'être tomber dessus.
auto-contradictoire c'est vrai ,je le déplore moi-même, dans la forme du moins.
cette affirmation "il n'y a personne" n'est plus ,je n'ai pas vraiment à choisir un "camp" celui d'éveillé ou de non-éveillé ,j'ai vécu un évènement déterminant en 2004 c'est vrai et cela a mis fin à la recherche mais surtout au chercheur et cela ne peut pas se définir par "il n'y personne" en fait pas de "chercheur" ..
il n'y a pas non plus de "trouveur" et voilà le nœud de problème , comment exprimer cela ?
je dois dire que je n'ai jamais eu cette expérience de me "réendormir" c'est un mystère pour moi ,j'ai une amie qui a connu une expérience que l'on peux qualifié "d'éveil" mais qui cherche à nouveau aujourd'hui on se rencontre de temps en temps pour évoquer tout ca ,elle est prise par le souvenir et elle à fait une énorme dépression qui faillit la conduire au suicide . D'autres semblent faire des "aller venu", je ne parle pas de personnes malhonnêtes ou de ceux qui en font un buisness mais bien de personnes qui consacrent leurs vie à cela .
je ne me l'explique pas ,certains disant que cela viens du "Background " en gros de ce qui a été vécu et expérimenter avant "la réalisation" d'autres disant qu'il faut un maitre après la réalisation pour éviter toutes "déviances "et d'autre disant que ce sont les vasana « impression d'une sensation antérieure » et qu'il faut du temps pour que ces impressions coriaces s'épuisent .
quoi dire ? |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5511
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Posté le: Di 31 Juil 2022 19:48 Sujet du message: |
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Je pense que les sensibilités et les êtres sont très différents !
A certains il faut un Maître, à d' autres une Voie, et d' autres encore s' en sortent juste en continuant leur vie de tous les jours. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5370 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 31 Juil 2022 20:33 Sujet du message: Re: MERVEILLEUSE ANALYSE |
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licheronmagaly a écrit: | et franchement je vais lire et relire ce texte jusqua la fin de ma vie , il me fait du sens beaucoup , j'ai voulu sortir quelqun d'une secte , si je lui avait lu ton texte ca aurait était plus rapide , mais il m'a bien fallut dix ans pour sauver mon amie du madarom , et encore 5 an 6 ans pour lui enlever ces idées là . IMMENSE GRATITUDE pour tout ce travail que tu as PRIS LE temps d'écrire ! |
Bonjour Magaly, bienvenue !
Merci pour ton appréciation. Mais il n’y a malheureusement rien qu’on puisse faire pour sortir quelqu’un d’une secte à laquelle il a voué sa vie. J’en sais quelque chose, puisque ma mère a été convertie par les Témoins de Jéhovah lorsque j’avais 6 ans, et que je ne suis jamais parvenu à lui faire voir son erreur, jusqu’à sa mort, 47 ans plus tard. Si toi tu as réussi, alors bravo ! |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5511
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Posté le: Di 31 Juil 2022 20:39 Sujet du message: |
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C' est terrible cet emprisonnement de la conscience !!! _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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