Regards sur l'éveil
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Cédric
Inscrit le: 26 Juin 2021 Messages: 1120
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Posté le: Sa 21 Août 2021 9:56 Sujet du message: Chaque pensée est un savoir, y compris « Je ne sais rien. » |
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Je partage ici la dernière phrase écrite sur mon blog à laquelle a réagi Joël en commentaire, notre petit échange intéressera peut-être certain/e/s d'entre vous.
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Chaque pensée est un savoir, y compris « Je ne sais rien. »
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Commentaire de Joël : "un savoir c’est du connu , quelque chose qui est dans notre mémoire , un peu comme le disque dur d’un ordinateur
le « je ne sais pas « ne se réduit pas à du connu , c’est une compréhension
une compréhension est plus qu’un savoir , elle est vivante et neuve , elle se situerait plutôt dans la ram , la mémoire vive de l’ordinateur, elle relève non pas du connu mais de ce qui connaît en nous , c’est un acte"
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Ma réponse : "Prenons la pensée "je ne sais pas" en réponse à une question, quelle qu'elle soit.
"Je ne sais pas" est le fruit du "connu". Le sujet interroge sa mémoire, interroge le connu, pour déduire le "je ne sais pas".
En ce sens, toute pensée est liée au connu. Il n'existe pas une pensée qui soit indépendante du connu.
L'acte même de penser est un acte de connaissance, de conscience. Être conscient est un acte de connaissance.
"Je suis conscient" peut se traduire par "je prends connaissance de mon environnement".
C'est un acte oui mais un acte de savoir. " |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5925
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Posté le: Sa 21 Août 2021 10:12 Sujet du message: |
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Cest clair, et c'est notre condition humaine.
Tout notre " savoir ", quelle que ce soit sa forme , est relatif. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8584 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 21 Août 2021 10:49 Sujet du message: |
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Chaque pensée est un savoir inhabité, sauf, quand je l'habite, comme dans "je ne sais rien" ... |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Sa 21 Août 2021 10:57 Sujet du message: |
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daniel a écrit: | Chaque pensée est un savoir inhabité, sauf, quand je l'habite, comme dans "je ne sais rien" ... | _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Sa 21 Août 2021 10:57 Sujet du message: Re: Chaque pensée est un savoir, y compris « Je ne sais rien |
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Cédric a écrit: | Je partage ici la dernière phrase écrite sur mon blog à laquelle a réagi Joël en commentaire, notre petit échange intéressera peut-être certain/e/s d'entre vous.
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126
Chaque pensée est un savoir, y compris « Je ne sais rien. »
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Commentaire de Joël : "un savoir c’est du connu , quelque chose qui est dans notre mémoire , un peu comme le disque dur d’un ordinateur
le « je ne sais pas « ne se réduit pas à du connu , c’est une compréhension
une compréhension est plus qu’un savoir , elle est vivante et neuve , elle se situerait plutôt dans la ram , la mémoire vive de l’ordinateur, elle relève non pas du connu mais de ce qui connaît en nous , c’est un acte"
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Ma réponse : "Prenons la pensée "je ne sais pas" en réponse à une question, quelle qu'elle soit.
"Je ne sais pas" est le fruit du "connu". Le sujet interroge sa mémoire, interroge le connu, pour déduire le "je ne sais pas".
En ce sens, toute pensée est liée au connu. Il n'existe pas une pensée qui soit indépendante du connu.
L'acte même de penser est un acte de connaissance, de conscience. Être conscient est un acte de connaissance.
"Je suis conscient" peut se traduire par "je prends connaissance de mon environnement".
C'est un acte oui mais un acte de savoir. " |
Oui la pensée "je ne sais pas " comme toute pensée est liée au passé, au Connu
Mais une pensée est le produit d’un acte qui lui s’effectue dans le présent vivant
L’acte de pensée n’est pas une pensée
C’est justement en prenant conscience de cet acte que Descartes a pris conscience de son être : je pense donc je suis
Il ne dit pas qu’il « est « parce qu’il a des pensées mais parce qu’il est « en train de penser », ce n’est pas la même chose
De même, je ne dis pas que je suis parce que j’ai des perceptions (des connaissances) mais parce que je suis en train de percevoir
« en train de « c’est l’acte
Il ne faut donc pas confondre le produit (fini), la pensée avec la production, l’acte de penser, qui a sa source dans l’infini, l’inconnu
Concernant la pensée « je ne sais pas, » elle traduit une compréhension, qui est un acte d’intelligence que j’ai appelé aussi non savoir
Ce non savoir, je ne l’appellerais pas acte de connaissance, de savoir mais acte d’inconnaissance.
C’est un acte de liberté, de détachement vis à vis de tout savoir, de toute connaissance
C’et comme cela que je le vis, c’est aussi le détachement par rapport toute conscience de quelque chose (connaissances et expériences, autrement dit savoir ou connu) ( consciousness)
La conscience en tant qu’inconnaissance est l’acte pur de conscience qui est l’inconnu en nous ( awareness)
Et cet inconnu n’est pas autre chose que l’acte pure de connaissance (sans objet ni sujet)
L’inconnu est ce qui connaît en nous mais qui en lui-même ne peut pas être connu
Le non savoir nous ramène à cette source pure, on ne connaît pas cette pure conscience mais on l’est
On ne peut donc pas confondre le connu (savoir) avec l’acte de connaissance (non savoir)
Dire » je ne sais pas, » plus exactement vivre la compréhension qui est derrière ces mots c’est être cet acte pur
être cet acte c’est aussi ne pas se laisser prendre par les produits de l'acte.
C’est se savoir à la fois pensée et non pensée et donc être libre vis à vis de toute pensée
Pour moi il n’y a que deux choses, la pensée et la non pensée
Seule la non pensée peut voir la pensée mais la pensée ne peut pas voir la non pensée
Et tout ce qui est perçu par la non pensée devient pensée, il n’ y a pas de perception extérieure sans pensée
Sans le mot, pas de chose.
Quant à savoir ce qu’est la non pensée, on n’est pas obligé de le savoir ( conscience, moi, Je, absolu, etc ) mais on l’est
moins on en sait, mieux c'est .
vaut mieux "être sans le dire"
en " le disant " on risque d'enfermer l'être dans les mots et donc dans le connu et de perdre sa liberté et son ouverture _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5925
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Posté le: Sa 21 Août 2021 11:32 Sujet du message: |
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Pour moi toute pensée est " habitée " ...par un savoir et aussi par une présence.
La mémoire nous lie au temps et la présence a l instant.
" je ne sais rien " ...ne peut pas être un savoir. Parce que , logiquement , si je ne sais rien, je ne peux pas savoir non plus que je ne sais rien.
Ceci dans le pur cadre de la logique.
Cette dernière affirmation ne peut donc pas être logique si elle se veut définitive.
Elle ne peut relever que de l ordre du sentiment profond , de la conviction intime. |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Sa 21 Août 2021 11:45 Sujet du message: |
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Alain V a écrit: | Pour moi toute pensée est " habitée " ...par un savoir et aussi par une présence.
La mémoire nous lie au temps et la présence a l instant.
" je ne sais rien " ...ne peut pas être un savoir. Parce que , logiquement , si je ne sais rien, je ne peux pas savoir non plus que je ne sais rien.
Ceci dans le pur cadre de la logique.
Cette dernière affirmation ne peut donc pas être logique si elle se veut définitive.
Elle ne peut relever que de l ordre du sentiment profond , de la conviction intime. |
ce sentiment profond , cette conviction profonde , je l’appelle compréhension
lorsque socrate dit ( jean gabin l’a dit aussi 😉) « tout ce que je sais c’est que je ne sais rien « c’est sans doute une forme de savoir puisqu’il peut le formuler et en parler mais c’est surtout une compréhension
une compréhension qui lui a permis de déconstruire le pseudo savoir des ses interlocuteurs ( la maïeutique)
dans le « je ne sais pas « je trouve une liberté , un allègement , une ouverture
connaitre peut devenir un enfermement
comment peut on prétendre connaître autrui ?
il n’y a pas pire violence que de dire à quelqu’un, « je te connais comme si je t’avais fait « _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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riseohms
Inscrit le: 30 Nov 2009 Messages: 4333 Localisation: paris
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Posté le: Sa 21 Août 2021 13:41 Sujet du message: |
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Alain a écrit: | Pour moi toute pensée est " habitée " ...par un savoir et aussi par une présence. |
Oui une présence
C’est cette présence que je signifiais dans mon post précèdent en écrivant :
Citation: | Quant à savoir ce qu’est la non pensée, on n’est pas obligé de le savoir (conscience, moi, Je, absolu, etc ) mais on l’est
|
Puisque pour moi dans le réel il n’ y a que pensée et non pensée
La non pensée est donc présence
Cette présence, on ne la connaît pas mais on se sait l’être, c’est un savoir immédiat, primaire et originel
Ainsi on ne peut pas penser sans savoir qu’on pense ni exister sans se savoir exister
Ce savoir est sans aucune dualité ni aucune distinction entre un sujet et un objet
C’est quelque chose qui est toujours connu et qui pourtant est inconnu
L’inconnu ou non savoir n’est autre que lui.
C’est ce que j’appelle une connaissance et une expérience que l’on est et donc de nature absolue,
Présente dans toutes nos connaissances et expériences relatives
C’est un savoir qui est à la fois connaissance et inconnaissance, conscience et inconscience, savoir et non savoir
c'est le savoir du réel par lui-même ( inhérent au réel ) et qui n'a surtout pas besoin qu 'on lui rajoute notre connaissance , du genre "être présent à la présence que l'on est ou ce qu'on appelle " conscience d'être "
conscience inutile puisqu'il n' y a pas de distinction entre la conscience et être et donc l'être ne peut pas être inconscient de lui-même.
vouloir se soucier de conscience d'être, c'est à dire en faire une connaissance et expérience délibérée , revient à tenter de réaliser ce qui est déjà réalisé ou d'effectuer ce qui se fait déjà tout seul et donc à redoubler et diviser l'être , ça ne pourra être qu'une connaissance "seconde" qui s'inscrit dans le temps , elle commence et se termine et dépend de l'intervention d'un moi, de sa volonté et de sa pensée , alors que le savoir "originel"que l'on est est intemporel, est toujours là et n'a pas besoin de nous
c'est en se faisant oublier en tant que "moi " qu'il se rappelle à nous
il n' a donc rien à faire directement mais juste à défaire ce qu'a rajouté le moi ( le connu, le savoir ) afin de laisser faire l'inconnu que l'on est ( le non savoir ) ,
inconnu qui n'est autre que la Vie
On se sait présence mais on ne connaît pas ce qu’elle est, on n’en connaît pas le qui ?
répondre à la question du " qui?" c'est rabattre du connu sur l'inconnu et réintroduire la dualité.
Je sais que je suis mais je ne sais pas qui je suis
savoir que je suis me suffit et me comble
car la présence ne manque de rien, elle est la plénitude même.
La présence est du coté de l’acte, acte de penser
De cet acte de penser (ou de percevoir, tous les verbes infinitifs) etc ) dont la présence est indubitable et qui est donc certitude d’être
Puis je en déduire que « c’est moi » qui pense ?
C’est à dire en suis-je l’initiateur, l’agent, je sujet du verbe penser et donc distinct de lui ?
Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas « un autre » qui pense mais cela n’implique pas que c’est moi qui pense
Dire « c’est moi « supposerait un savoir sur ce moi qui le distinguerait de l’acte de penser
Or je n’en ai aucun savoir
si j'en avais un , j'en ferais un objet ( le connu ) or il est sujet
et par (in)définition le sujet est non chose et donc inconnu ( ou connaissant , ce qui est la même chose )
et en ce sens il est "rien" et c'est parce qu'il est rien ou vide qu'il ne se distingue de rien et épouse tout
pourtant ce vide que je suis est ressenti comme plein ou présence
et donc La seule chose que je sais c’est une « présence que je suis » et que je ne peux distinguer et séparer de l’acte de penser
Autrement dit il n’ y a pas de distinction dans l’acte vivant entre le sujet, l’acte et l’objet ( la pensée )
Il n’ y a qu’un
Je ne suis pas quelqu’un qui pense quelque chose, je suis l’acte de penser
Je ne suis pas quelqu’un qui voit quelque chose mais je suis vision
Et dans l’acte de voir, ce qui voit et ce qui est vu sont un
Comme Dieu n’est pas distinct de l’acte qui fait apparaître le monde
La distinction entre sujet, acte et objet n’intervient qu’avec la mémoire, c’est à dire « en différé «
Du fait du langage et des mots
Alors on n’est plus dans l’instant de l’acte mais dans la médiatisation du mental : "c’est moi qui" Et donc dans la « séparation «
On a quitté l’éden du fait de la connaissance du bien et du mal
Alors toutes les distinctions apparaissent
On est dans le jugement
On ne vit plus sa vie, on la juge
On dédouble sa vie,
il y a le vécu (un) et une position surplombante qui est celle de la pensée
la pensée d’un moi fictif qui justement n’est que pensée (connu) et qui se considère distinct
C’est alors la dualité
il n' y a que " je suis " ( non pensée) et son enfant la pensée dont la premiere pensée qu'est la pensée je suis dont découlent toutes les autres ( et le monde ).
je suis mais je ne suis pas cette pensée ( Stephén Jourdain)
joel _________________ l’éveil c'est l'esprit qui, libre de tout objet ,reposant en soi et accueillant tout, se révèle à lui-même |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5925
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Posté le: Sa 21 Août 2021 17:46 Sujet du message: |
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riseohms a écrit: | Alain V a écrit: | Pour moi toute pensée est " habitée " ...par un savoir et aussi par une présence.
La mémoire nous lie au temps et la présence a l instant.
" je ne sais rien " ...ne peut pas être un savoir. Parce que , logiquement , si je ne sais rien, je ne peux pas savoir non plus que je ne sais rien.
Ceci dans le pur cadre de la logique.
Cette dernière affirmation ne peut donc pas être logique si elle se veut définitive.
Elle ne peut relever que de l ordre du sentiment profond , de la conviction intime. |
ce sentiment profond , cette conviction profonde , je l’appelle compréhension
lorsque socrate dit ( jean gabin l’a dit aussi 😉) « tout ce que je sais c’est que je ne sais rien « c’est sans doute une forme de savoir puisqu’il peut le formuler et en parler mais c’est surtout une compréhension
une compréhension qui lui a permis de déconstruire le pseudo savoir des ses interlocuteurs ( la maïeutique)
dans le « je ne sais pas « je trouve une liberté , un allègement , une ouverture
connaitre peut devenir un enfermement
comment peut on prétendre connaître autrui ?
il n’y a pas pire violence que de dire à quelqu’un, « je te connais comme si je t’avais fait « |
Oui. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5638 Localisation: Suisse
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Posté le: Sa 21 Août 2021 17:50 Sujet du message: |
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riseohms a écrit: | Oui la pensée "je ne sais pas " comme toute pensée est liée au passé, au Connu
Mais une pensée est le produit d’un acte qui lui s’effectue dans le présent vivant
L’acte de pensée n’est pas une pensée
C’est justement en prenant conscience de cet acte que Descartes a pris conscience de son être : je pense donc je suis
Il ne dit pas qu’il « est « parce qu’il a des pensées mais parce qu’il est « en train de penser », ce n’est pas la même chose
De même, je ne dis pas que je suis parce que j’ai des perceptions (des connaissances) mais parce que je suis en train de percevoir
« en train de « c’est l’acte
Il ne faut donc pas confondre le produit (fini), la pensée avec la production, l’acte de penser, qui a sa source dans l’infini, l’inconnu
Concernant la pensée « je ne sais pas, » elle traduit une compréhension, qui est un acte d’intelligence que j’ai appelé aussi non savoir
Ce non savoir, je ne l’appellerais pas acte de connaissance, de savoir mais acte d’inconnaissance.
C’est un acte de liberté, de détachement vis à vis de tout savoir, de toute connaissance
C’et comme cela que je le vis, c’est aussi le détachement par rapport toute conscience de quelque chose (connaissances et expériences, autrement dit savoir ou connu) ( consciousness)
La conscience en tant qu’inconnaissance est l’acte pur de conscience qui est l’inconnu en nous ( awareness)
Et cet inconnu n’est pas autre chose que l’acte pure de connaissance (sans objet ni sujet)
L’inconnu est ce qui connaît en nous mais qui en lui-même ne peut pas être connu
Le non savoir nous ramène à cette source pure, on ne connaît pas cette pure conscience mais on l’est |
Cédric a écrit: | Chaque pensée est un savoir, y compris « Je ne sais rien. » |
Ce que je comprends dans ta phrase, Cédric, c’est qu’il ne saurait rien exister d’extérieur à notre savoir — comme nous en avions discuté il n’y a pas si longtemps. Ce que nous savons est l’horizon de notre de monde, et il n’y a pas d’autre horizon possible, plus vaste, qui serait l’horizon de ce qui nous dépasse ; car ce qui nous dépasse, ne nous dépasse que dans la dimension «dépassante» qu’on lui attribue soi-même, autrement dit par un attribut qui fait partie de notre savoir, même s’il se nomme lui-même «non-savoir». Dire «je ne sais pas», c’est une affirmation, et donc un «savoir».
Mais je suis d’accord néanmoins avec la distinction que fait Joel entre le savoir, en tant que résultat de l’acte de penser, et l’acte de penser lui-même — qui est «je». C’est le ressort que j’avais découvert lorsque j’ai mis l’éveil pour la première fois en mots, en 1987 — je parlais alors de «moi conscient» et de «moi agissant», le premier étant un donné, un résultat, le second étant l’acte produisant ce résultat. Parce que ce qui m’avait toujours interpellé avant l’éveil, c’était le fait de me saisir moi-même comme un donné. Je n’arrivais pas à m’accommoder du fait que ce que je suis, c’est quelque chose qui apparaît, sans que je ne sois moi-même pour rien dans cette apparition. L’éveil m’a révélé que ce que je suis réellement, ce n’est pas celui qui apparaît, mais la source même de toute apparition. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5925
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Posté le: Sa 21 Août 2021 17:50 Sujet du message: |
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riseohms a écrit: | Alain a écrit: | Pour moi toute pensée est " habitée " ...par un savoir et aussi par une présence. |
Oui une présence
C’est cette présence que je signifiais dans mon post précèdent en écrivant :
Citation: | Quant à savoir ce qu’est la non pensée, on n’est pas obligé de le savoir (conscience, moi, Je, absolu, etc ) mais on l’est
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Puisque pour moi dans le réel il n’ y a que pensée et non pensée
La non pensée est donc présence
Cette présence, on ne la connaît pas mais on se sait l’être, c’est un savoir immédiat, primaire et originel
Ainsi on ne peut pas penser sans savoir qu’on pense ni exister sans se savoir exister
Ce savoir est sans aucune dualité ni aucune distinction entre un sujet et un objet
C’est quelque chose qui est toujours connu et qui pourtant est inconnu
L’inconnu ou non savoir n’est autre que lui.
C’est ce que j’appelle une connaissance et une expérience que l’on est et donc de nature absolue,
Présente dans toutes nos connaissances et expériences relatives
C’est un savoir qui est à la fois connaissance et inconnaissance, conscience et inconscience, savoir et non savoir
c'est le savoir du réel par lui-même ( inhérent au réel ) et qui n'a surtout pas besoin qu 'on lui rajoute notre connaissance , du genre "être présent à la présence que l'on est ou ce qu'on appelle " conscience d'être "
conscience inutile puisqu'il n' y a pas de distinction entre la conscience et être et donc l'être ne peut pas être inconscient de lui-même.
vouloir se soucier de conscience d'être, c'est à dire en faire une connaissance et expérience délibérée , revient à tenter de réaliser ce qui est déjà réalisé ou d'effectuer ce qui se fait déjà tout seul et donc à redoubler et diviser l'être , ça ne pourra être qu'une connaissance "seconde" qui s'inscrit dans le temps , elle commence et se termine et dépend de l'intervention d'un moi, de sa volonté et de sa pensée , alors que le savoir "originel"que l'on est est intemporel, est toujours là et n'a pas besoin de nous
c'est en se faisant oublier en tant que "moi " qu'il se rappelle à nous
il n' a donc rien à faire directement mais juste à défaire ce qu'a rajouté le moi ( le connu, le savoir ) afin de laisser faire l'inconnu que l'on est ( le non savoir ) ,
inconnu qui n'est autre que la Vie
On se sait présence mais on ne connaît pas ce qu’elle est, on n’en connaît pas le qui ?
répondre à la question du " qui?" c'est rabattre du connu sur l'inconnu et réintroduire la dualité.
Je sais que je suis mais je ne sais pas qui je suis
savoir que je suis me suffit et me comble
car la présence ne manque de rien, elle est la plénitude même.
La présence est du coté de l’acte, acte de penser
De cet acte de penser (ou de percevoir, tous les verbes infinitifs) etc ) dont la présence est indubitable et qui est donc certitude d’être
Puis je en déduire que « c’est moi » qui pense ?
C’est à dire en suis-je l’initiateur, l’agent, je sujet du verbe penser et donc distinct de lui ?
Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas « un autre » qui pense mais cela n’implique pas que c’est moi qui pense
Dire « c’est moi « supposerait un savoir sur ce moi qui le distinguerait de l’acte de penser
Or je n’en ai aucun savoir
si j'en avais un , j'en ferais un objet ( le connu ) or il est sujet
et par (in)définition le sujet est non chose et donc inconnu ( ou connaissant , ce qui est la même chose )
et en ce sens il est "rien" et c'est parce qu'il est rien ou vide qu'il ne se distingue de rien et épouse tout
pourtant ce vide que je suis est ressenti comme plein ou présence
et donc La seule chose que je sais c’est une « présence que je suis » et que je ne peux distinguer et séparer de l’acte de penser
Autrement dit il n’ y a pas de distinction dans l’acte vivant entre le sujet, l’acte et l’objet ( la pensée )
Il n’ y a qu’un
Je ne suis pas quelqu’un qui pense quelque chose, je suis l’acte de penser
Je ne suis pas quelqu’un qui voit quelque chose mais je suis vision
Et dans l’acte de voir, ce qui voit et ce qui est vu sont un
Comme Dieu n’est pas distinct de l’acte qui fait apparaître le monde
La distinction entre sujet, acte et objet n’intervient qu’avec la mémoire, c’est à dire « en différé «
Du fait du langage et des mots
Alors on n’est plus dans l’instant de l’acte mais dans la médiatisation du mental : "c’est moi qui" Et donc dans la « séparation «
On a quitté l’éden du fait de la connaissance du bien et du mal
Alors toutes les distinctions apparaissent
On est dans le jugement
On ne vit plus sa vie, on la juge
On dédouble sa vie,
il y a le vécu (un) et une position surplombante qui est celle de la pensée
la pensée d’un moi fictif qui justement n’est que pensée (connu) et qui se considère distinct
C’est alors la dualité
il n' y a que " je suis " ( non pensée) et son enfant la pensée dont la premiere pensée qu'est la pensée je suis dont découlent toutes les autres ( et le monde ).
je suis mais je ne suis pas cette pensée ( Stephén Jourdain)
joel |
Oui c'est la présence c est à dire effectivement un savoir direct sans mots pour l accompagner |
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Cédric
Inscrit le: 26 Juin 2021 Messages: 1120
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Posté le: Sa 21 Août 2021 18:46 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: |
Cédric a écrit: | Chaque pensée est un savoir, y compris « Je ne sais rien. » |
Ce que je comprends dans ta phrase, Cédric, c’est qu’il ne saurait rien exister d’extérieur à notre savoir — comme nous en avions discuté il n’y a pas si longtemps. Ce que nous savons est l’horizon de notre de monde, et il n’y a pas d’autre horizon possible, plus vaste, qui serait l’horizon de ce qui nous dépasse ; car ce qui nous dépasse, ne nous dépasse que dans la dimension «dépassante» qu’on lui attribue soi-même, autrement dit par un attribut qui fait partie de notre savoir, même s’il se nomme lui-même «non-savoir». Dire «je ne sais pas», c’est une affirmation, et donc un «savoir». |
Oui, c'est bien l'idée que j'avais en tête quand j'ai écrit cette phrase.
Ceux qui affirment "je ne sais rien" (que ce soit Socrate, Jean Gabin, ou qui que ce soit d'autre) sont dans le savoir. Ils affirment un savoir. Ils sont dans la pensée.
La "non-pensée" ne peut se dire, s'écrire, se partager, ni même se penser !
Ce qu'on fait ici par exemple est de la pensée, un partage de savoirs et même le "je ne sais rien" ou le "je ne comprends rien à ce que tu dis" est un savoir. Même chose pour TOUS les mots partagés, dits, écrits par tous les sages ou philosophes de tout temps.
La "non-pensée" N'EST PAS la "pensée". Il n'existe aucun lien entre les deux. Aucun lien ne peut se construire entre les deux. La pensée ne peut construire que de la pensée et la pensée n'atteindra jamais la "non-pensée".
TOUTE question est issue du savoir, toute question est du savoir réagencé. Aucune réponse ne mènera jamais à la "non-pensée", aucune question non plus.
Aucun mot ne peut mener au "non-mot".
"Se libérer du connu" EST du CONNU !
"Se" est du connu, "libérer" est du connu, "du connu" est du connu.
Il n'existe pas de choses sans mots, sans pensées.
"Le mot n'est pas la chose" EST un MOT ET une CHOSE. Le mot "le mot n'est pas la chose" est la chose qu'il a lui-même créée. Il n'existe pas de "choses" sans mots, sans pensées, sans 'conscience de la chose'.
"Le mot n'est pas la chose" est une phrase insensée, sans fondement, une phrase absurde. Le "mot" et la "chose" sont une seule et même chose. Nommer/penser/distinguer/prendre conscience de la tulipe CRÉE la tulipe.
Les mots ne pointent QUE vers des mots, les pensées ne pointent que vers des pensées, le savoir ne pointe que vers du savoir.
Le "non-mot", la "non-pensée", le "non-savoir" est hors de toute captation possible. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8584 Localisation: belgique
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Posté le: Di 22 Août 2021 0:42 Sujet du message: |
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Il se peut que les mots, les pensées, le savoir, un dessin, sont de l'expression, une manière de communiquer ... dessine-moi un mouton !? |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5925
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Posté le: Di 22 Août 2021 9:40 Sujet du message: |
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daniel a écrit: | Il se peut que les mots, les pensées, le savoir, un dessin, sont de l'expression, une manière de communiquer ... dessine-moi un mouton !? |
Ça dépend de ce qui est visé : un absolu ou un relatif.
Dans le monde, c' est à dire dans le relatif ( le monde de Einstein ) , tout ce que l'on est, et même ce que l'on fait, peut entrer dans le champ de la relation, de la communication ...
Je crois que Saint Exupéry parle bien du monde relatif ...et tente d' exprimer une sagesse utile à ce monde. |
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Jim
Inscrit le: 06 Fév 2007 Messages: 224 Localisation: Touraine
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Posté le: Di 22 Août 2021 9:48 Sujet du message: |
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En restant dans les mots, mais en les épuisant et les faire nous mener jusqu'où ils sont capable de le faire, René Guénon disait:
"Toute détermination est une limitation donc une négation, par suite, c'est la négation d'une détermination qui est une véritable affirmation..."
Ou "Comment retirer le sol sous les pieds"... |
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