[AgapePhilia]

Bonjour, j'aimerais avoir des avis, des idées concernant une "problématique" professionnelle. Je suis prof de français actuellement en arrêt (officiellement pour burn-out) parce qu'en fait mon corps a dit stop. Je ne supporte plus le "cadre", le rôle du prof, le rôle de l'élève, c'est hyper enfermant. Les élèves "attendent"de moi une certaine forme d'autorité avec punition, etc. Et ça ne me correspond pas. J'ai bien sûr essayé de faire autrement, mais les élèves, qui ne sont pas habitués, débordent et du coup les séances ne se passent pas non plus dans l'ambiance que je veux. Alors, voilà, je ne sais pas quoi faire. J'aime enseigner, je ne me vois pas faire autre chose. Les écoles alternatives bien sûr m'intéressent mais je n'aime pas le principe de sélection qu'ils font des élèves et le fait que ce soit payant. Je pense quand même me former aux pédagogies alternatives mais je me demande dans quelle mesure je peux réussir à sortir du cadre imposé tout en réussissant à faire coopérer les élèves. Selon vous, est il possible de concilier liberté, ouverture, bienveillance avec le cadre éducatif du collège ?
Je ne veux ni m'enfermer, ni enfermer mes élèves... Si vous avez des idées ou autres, je suis preneuse.
J'ai vécu une expérience d'éveil il y a deux ans et depuis tout a changé je suis en chemin depuis.
Merci

[Fleur de Soi]

Bonjour AgapePhilia, sois la bienvenue.

Je suis Philippe... ou Fleur de Soi suivant préférence.

Je réagis simplement pour te dire que ta question ne sera pas ignorée.
Simplement je laisserai la main à d'autres, plus aptes que moi à te répondre.

Bien à toi.
_________________
Je vis une grande expérience, sans science, car l'expérience... c'est Moi.
Cet homme est un étranger...

[AgapePhilia]

Bonjour Philippe, et merci 😊

[Cédric]

Bonjour AgapePhilia,

Tout comme Philippe, je n'ai pas grand-chose à te répondre si ce n'est te souhaiter la bienvenue.

Ce que je peux dire, c'est qu'à mon sens, c'est une très bonne chose que tu t'écoutes, que tu fasses selon toi et pas "selon les normes parce que ce sont les normes".

TA voie, ce sera la Tienne, quel que soit le cadre dans lequel tu évolues.

Bien à toi.

[konrad]

Bonjour AgapePhilia,

Moi c'est Eros.
Bon, c'est ma blague potache du jour.

Je trouve que vouloir continuer à enseigner malgré un burn-out est remarquable.
Quand je me remémore mes années de collège je me dis qu'enseigner est un sacerdoce.
J'espère tout de même que ton corps se remet de cette épreuve.
Tu écris avoir eu une expérience d'éveil il y a deux ans, donc avant ce burn-out, y accorde-tu un lien quelconque ?
Sans être indiscret peux-tu en dire quelques mots ?
Merci.

[AgapePhilia]

Bonjour Cédric, merci pour ton message et oui, en effet, c'est une bonne chose.

Bonjour Konrad-Eros
Oui, en effet, il y a un lien avec l'éveil. J'avais déjà eu, depuis aussi loin que je me souvienne, des "expériences", mais moins intenses. Disons que depuis deux ans, après cette expérience, tout a changé, forcément, ma vision des choses, mes ressentis etc. J'ai quitté mon ex-conjoint pour vivre seule avec mes trois enfants. J'ai beaucoup "guéri" de blessures personnelles, dépassé des peurs.
En ce qui concerne mon "expérience", je n'aime pas trop raconter parce que les mots sont réducteurs. Mais bon, c'était comme un vécu direct de l'essence de la vie, une joie infinie, j'étais la vie elle-même, j'ai eu la vision accélérée de ma vie en en comprenant instinctivement tout le sens du moindre détail de celle-ci, l'impression d'être partout à la fois, d'être le monde, une confiance inébranlable. J'ai aussi su que le temps n'existait pas, qu'il n'y a ni passé ni futur, juste une sorte de "maintenant" éternel.
Après j'ai eu aussi des expériences énergétiques (éveil de Kundalini, magnétisme, clairaudience, clairvoyance) mais je ne m'y attache pas, parce que ça ne m'intéresse pas plus que ça.

Oui donc, ce burn-out est lié à ça, parce que je sentais que je n'avais pas l'élan de continuer, en tout cas pas de la même façon. Alors qu'avant, je me conformais bien à ce qu'on voulait que je sois, même si je n'étais pas épanouie.

[Pierre]

Bonjour Agapephilia,

Peut-être un ouvrage à te conseiller : https://www.esf-scienceshumaines.fr/sante-psy/26-enfants-et-adolescents-en-mutation.html
qui montre à quel point la différence de psychisme est importante entre la nouvelle génération et celles qui l'ont précédé. Très instructif lorsqu'on est en charge de jeunes.

Le système de l'éducation nationale français me parait obsolète, voire toxique pour beaucoup d'enfants qui ne trouvent aucun sens à leur présence en classe en dépit des profs et personnel d'encadrement, dont je ne remets pas en question la bonne volonté ni la bienveillance. Mais ils me paraissent largués eux aussi.

Je ne sais pas dans quelle région tu te trouves, mais as-tu pensé te tourner vers des associations d'éducation populaire : tu pourrais en trouver une dont le projet associatif te parle et va dans le sens de tes valeurs avec une direction qui te laisse une liberté d'action, tu restes au contact de jeunes à éduquer, mais dans un cadre plus souple... une idée comme ça.

[Fleur de Soi]

Bonjour Agapephilia,

Il semble que les esprits soient plus orientés Ukraine actuellement, mais ton questionnement suscite quand même pour moi quelque chose de fondamental : le passage, la transition d'une génération à sa succession.

En fait je m'interroge sur l'évolutif de l'esprit. Il y a en nous comme une vision auto induite que nous aurions, nous, quelque chose à enseigner aux nouveaux venus.

Ce que tu as vécu, j'ignore en fait de "quoi" il s'agit, j'ai décidé d'éliminer de mon vocabulaire ce "mot" dont il est question sur ce forum, car il a déjà succombé à une dérive mentale.

J'y préfère "rupture" avec un suranné mental bourgeois qui croit "savoir mieux". Le fameux : "tu fais ce qu'on te dit, et tu te tais, tu ne sais rien".
Cela je le vis encore actuellement en permanence... à 55 ans.

S'il est vrai que l'esprit soit évolutif, s'il est avéré que le cérébral soit en mutation permanente et que ses capacités soient croissantes, il me faut admettre que des esprits nouveaux actuellement ont peut-être plus à m'apporter, qu'à recevoir un enseignement nivelant "vers le bas".

Dans cette rupture, je vois moi aussi des choses sous un angle neuf. Nous serions peut-être à l'aube d'une révolution qui se fera inexorablement, bien malgré nous, et finirons peut-être complètement dépassés par une succession bien plus évoluée.

L'intellect déjà établi "prend en charge" des jeunes car ils auraient des "troubles du comportement". Ils sont incompris, ils n'entrent pas dans la "norme normalisée".

Lorsqu'il est découvert une capacité singulière dans certains domaines appartenant au "connu" comme la mathématique ou la logique, nous nous plaçons alors "à l'écoute". Mais dans des disciplines "en marge", notre incapacité à "entendre" génère un sentiment de peur ou de doute face à l'inconnu.

Ceci dit, nos agissements destructeurs s'étendent eux également au-delà de nos soupçons, de notre propre capacité intrinsèque à pouvoir considérer les dégâts qu'ils engendrent par-delà nos possibilités de constat. Nos chimies, nos polluants (aussi intellectuels) répandus "à tout va" dans notre milieu, a des répercussions jusque sur le développement cérébral de notre progéniture.
Mais également dans nos actes directs à l'égard d'autrui. Mon neveu lorsqu'il est confronté à une résolution d'équation mathématique considérée "en adéquation avec son niveau", donne spontanément le résultat. Il me faut moi appliquer toute la résolution pas à pas pour obtenir "ce même résultat".
Il a douze ans, se trouve dans une obésité morbide, bien trop souvent dans un état dépressif, et me déclare : "je suis un incapable". Ses résultats en mathématique sont décevants. Il ne fait pas "comme il lui a été enseigné".
En fait, comme en matière de spiritualité, j'assiste bien plus souvent à une nécessité d'expliquer au détriment d'être.
En fait ce neveu "a", il "est", mais l'on se fout qu'il "soit", il doit rester dans "l'esprit qui dit, qui en parle". Il a perdu toute confiance en lui. Il est déjà détruit par la médiocrité.

J'ai moi aussi une profonde affinité envers l'enseignement, mais pour avoir été "élève", et pour avoir subi le matraquage d'un esprit sous-évolué comparé à ses réelles capacités, je ne ressens moi non plus aucun attrait particulier pour cette pratique.
Il est ici à préciser que je suis belge et soumis au système belge. Ce "non-pays" qui en fait se trouve être "un pays" mais aux caractéristiques qui l'amènent à s'annihiler dans sa façon d'être a été mis en exergue par Hubert Reeves lui-même.
Des physiciens du CERN passent dans le lycées en France pour expliquer au enseignants que "ce qui est prodigué" en matière de savoir amène les étudiants à une "incapacité croissante" au niveau supérieur.
Les supports comme le livres apportent plus d'enseignement négatif que progressif.
La mentalité même de ceux qui organisent l'apprentissage est dépassée par la plupart des... "enseignés".
Nous n'avons même pas conscience de la responsabilité qu'il y a dans l'enseignement, l'apport d'informations aux étudiants.
Ils sont rendus à ce point "gavés" de force qu'ils n'ont même plus le sens philosophique lorsqu'ils y sont confrontés.

Pourrais-tu m'éclairer sur ta vision de l'enseignement tel que tu le vois là ?
Quelle serait ton approche pour éviter l'enfermement des esprits ?
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Je vis une grande expérience, sans science, car l'expérience... c'est Moi.
Cet homme est un étranger...

[AgapePhilia]

Je suis d'accord avec ce que tu expliques. Ma vision de l'enseignement, déjà je n'aime pas trop parler de "ma vision" parce que c'est réducteur. On fait à partir de ce qu'on est...
Je place l'humain au centre de tout enseignement. Pour moi, avant tout, enseigner c'est une relation humaine. Être en lien avec la personne qu'on appelle "élève". L'école devrait être un lieu de partage et de liberté. Aider les enfants à se révéler, à se découvrir, à expérimenter, à partager. Un lieu exempt de jugement. Développer les inclinations naturelles et non pas insister sur ce qui "ne va pas". C'est sûrement une vision très utopique des choses...
J'ai trois enfants et je remarque encore plus l'impact du système. Mon aîné est au collège, je ne l'ai jamais poussé en quoi que ce soit, et c'est l'élève "modèle" au collège, excellent partout, bref, bah oui mais en fait il n'est pas heureux d'y aller, s'y sentant complètement coincé. Il m'a dit qu'il n'a pas l'impression d'y vivre ! Donc au delà même des situations vécues par les enfants comme des échecs, les enfants ne cessent de nous montrer que le système lui même est obsolète.
Le fait est que le système scolaire n'a qu'un but: faire entrer les élèves dans la société (malade) et faire d'eux de bons consommateurs.

[Alain V]

Bravo ! Tu est passionnée par ton métier et tu veux aller plus loin que les conventions.
Tu veux chercher à comprendre et enseigner la meilleure voie pour les enfants et non pas emprunter cette voie obligatoire qu on te designe.
Comme on ne peut pas se battre contre un mammouth ... peut être devrais tu moduler ta passion.
Dans les grandes lignes tu suis ce qu'on te dit mais tu peux peut être te permettre de diverger un peu par moments.
Autrement dit, composer avec le plus fort mais faire passer ton message subtilement.
Bon, n' étant pas enseignant je ne sais pas du tout si c' est possible.
Ce qui est aberrant, a mon sens, c'est de vouloir faire passer tous les enfants dans le même moule pour tenter de fabriquer un produit parfaitement adéquate avec ce qu' impose la société.
Pour que ça fonctionne il faudrait trouver ce qui correspond vraiment à chaque enfant.
Il faut certes un enseignement général pour tous.
Je dirai tout ce qui est connaissance historique.
En gros, les règles de l' orthographe et de la grammaire et l' enseignement des textes classiques.
Mais pour la suite ...
Un premier truc qui me vient a l' esprit : pourquoi pousser tous les enfants vers la voie intellectuelle ( les etudes, les concours ) alors que beaucoup se débrouillent beaucoup mieux dans le manuel et le sportif ...
_________________
" Le réel c' est quand on se cogne " Lacan

" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery

[Fleur de Soi]

Oui, bon, en effet, il y a là une rupture bien "déclarée"

J'entends un discours similaire chez nombre d'enseignants, mais j'ignore s'il s'agit d'un fait réel de société, ou l'effet d'une médiatisation. Cela par contre ne modifie pas le "fond" de ce qui est exprimé.

Actuellement encore, il y a une opposition majoritaire au changement au sein de la population consumériste, vu que le système leur procure "leur fourrage". Et donc nous nous trouvons là dans une situation très particulière : faire entendre un message à des esprits dépourvus d'oreilles.

Aujourd'hui les intellects s'accordent sur une évidence. Si nous ne pouvons nous dépasser et changer par nous mêmes, cela se fera par la force des choses, mais dans la douleur.

Ce que tu dis au-delà de "toucher ma sensibilité", conforte une vision qui comme tu l'exprimes très bien, est une vision "qui vient" et non une vision qui émerge de moi.

Ce mot "partage" semble devenir prépondérant dans les messages. Autant dans les discours sociologiques que philosophiques, il est également prononcé par Aurélien Barraut (entre autres) comme la solution à la pérennisation du vivant sur notre planète.

Lorsque tu dis "laisser les enfants se révéler", c'est là ce que j'ai toujours appliqué dans mon enseignement (mais il s'agit d'un contexte particulier).
J'ai toujours été fasciné par l'aptitude qu'a l'esprit à "découvrir" lui-même ce pourquoi il possède ses aptitudes... même si cela peut prendre du temps pour "son propriétaire" de l'admettre dans un contexte déjà orienté à priori.

Il est étonnant à quel point l'expression : "Tout le monde a du génie, mais si l'on juge un poisson à sa capacité à grimper aux arbres, il finira par se croire stupide" semble rester sans réponse.

Il faut dire que le génie ne se trouve pas systématiquement dans... l'exploitable pour notre société matérialiste

Ceci dit, ton interpellation me montre également que s'il n'y a pas encore une véritable dynamique dans les faits, elle semble déjà se marquer dans les consciences.

Assez bizarrement, j'y vois une analogie avec l'expansion universelle, il y a là comme l'expression d'une force "juste suffisamment non équilibrée pour que l'expansion soit accélérée et non en décélération".

La cadence des "ruptures" se fera-t-elle à un rythme suffisant pour que le changement se fasse "avant" le "big crunch" annoncé du système ?
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Je vis une grande expérience, sans science, car l'expérience... c'est Moi.
Cet homme est un étranger...