Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et scientifique
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Aurelia
Inscrit le: 10 Août 2022 Messages: 75
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Posté le: Me 10 Août 2022 9:11 Sujet du message: Le silence |
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Bonjour à tous,
Merci pour la création de ce forum que je viens juste de découvrir.
Pour me présenter à vous, voici un petit résumé (un peu long !) de mes expériences de vie:
Dès l'enfance, la conscience éveillée advenait régulièrement puis je retombais dans mon personnage au bout de quelques minutes d'éternité. Bien sûr, en tant qu'enfant, je réalisais que d'un seul coup j'étais Cela et que tout ce qui emergeait au sein de la vacuité était infiniment plus réel et naturel que dans ma conscience ordinaire et limitée de personnage, mais je ne comprenais pas ce qui advenait et surtout je ne comprenais pas pourquoi je quittais cet état naturel de vacuité puisque c'était "normal" d'être Cela. En tant que personnage, j'étais néanmoins consciente en permanence de l'état d'être d'autrui, des animaux, des végétaux. Je ressentais tout de l'autre, son état d'être, son histoire passée et son futur. Adolescente, mes amis me plaçait dans la catégorie "médium" parce que j'annonçais ce qui allait arriver.
Le premier véritable souci que j'ai eu, c'est lorsqu'à 16 ans j'ai annoncé sa mort imminente à un ami devant témoins. Il est décédé 3 semaines plus tard et j'ai vu la trouille chez les témoins, ce qui m'a fait comprendre pour la première fois de ma vie que dire naturellement ce que je ressentais à autrui pouvait avoir un impact négatif sur eux. Je croyais véritablement à cette époque que tout le monde sans exception ressentait autrui et percevait tout avec autant de lucidité. J'ai progressivement appris à me taire.
Ressentir l'autre me permettait d'être très aimée, c'était facile, il me suffisait de mettre en avant la beauté de l'être en l'autre pour que son personnage se détende. J'ai compris plus tard que je jouais à un jeu qui ne pouvait pas perdurer éternellement parce que je niais l'autre côté de la dualité: toutes les parts d'ombres en chacun de nos personnages.
Durant toute mon adolescence, des absorptions dans la vacuité lumineuse où tout est UN advenaient régulièrement sans que je n'y sois pour rien. J'expérimentais des decorporations aussi, d'un coup je me retrouvais hors du corps à me promener où je voulais. Comme ça arrivait n'importe où et n'importe quand, évidemment quand je revenais dans mon corps, j'avais peur. J'avais aussi des perceptions très singulières parfois, du genre observer le monde du dessus de ma tête et voir les corps des êtres vivants autour de moi comme dépourvus de vie, un peu comme des "morts-vivants" 🤭, des cadavres vaquant à leurs occupations. Bref, pas très gaie comme expérience.
À 21 ans, mon personnage a plongé en dépression profonde. Cette dépression est devenue chronique et a duré 10 ans. Les 2 premières années, J'expérimentais les angoisses au quotidien, je m'étais amusée à les compter, j'en avais en moyenne 8 par jour. Vous savez, ce truc abominable qui font que les gens vont aux urgences quand ils en ont une ! J'étais incroyablement résistante, je dois bien le reconnaître. Au bout de 2 ans donc, je me suis retrouvée un jour à la place de l'observateur qui est toujours en paix. Ce jour là, les angoisses ont disparu d'un coup pour ne plus jamais revenir. Néanmoins, mon personnage était gravement dépressif. Je l'observais agoniser de cette place d'observateur en permanence. Ce qui a fait que lorsqu'une pulsion suicidaire emergeait, elle était vue et donc je ne passais pas à l'acte. J'ai arrêté mes études, pourtant j'excellais, j'ai abandonné mes amis et je me suis retirée dans la solitude la plus totale dans un petit appartement.
Là, je me suis mise à lire, lire et relire tout ce que je pouvais trouver sur l'éveil, les voies spirituelles, les religions. J'ai effectué un travail incroyablement intensif d'introspection, et plus je souffrais (donc resistais à ce qui EST), plus je pouvais observer que je me depouillais de mes traumas, de mes croyances. Mon mental était hyperactif, très très bruyant, à tout analyser, décortiquer, chercher. Mon hypersensibilité était telle que j'avais mal de marcher sur l'herbe ! J'avais mal d'écraser l'herbe ! Juste pour donner un petit exemple de l'extrême hypersensibilité et souffrance paroxystique que J'expérimentais !!
En fait, quand j'atteignais un état de souffrance tel que je pensais mourir d'effroi ou tomber dans la folie dans l'instant, paf ! Le basculement dans la vacuité où tout est UN, où tout émane de lumière, où tout est amour inconditionnel et silence absolu advenait. D'un coup, plus rien ne pouvait souffrir puisque mon personnage n'existait pas et n'avait jamais existé. Ça advenait de plus en plus souvent et sur des durées (vu du temps du personnage) de plus en plus longues. Vers la fin de ma dépression, les absorptions étaient quotidiennes.
J'ai décidé de sortir de ma grotte vers 29 ans pour aller pratiquer zazen dans un dojo. J'ai pratiqué 2 ans chaque jour intensément mais la dépression perdurait. Un matin, j'en ai eu marre. Un ras le bol radical. J'ai décidé d'expérimenter une existence de personnage "classique". J'ai rangé tous mes livres, j'ai quitté le dojo, j'ai décidé de laisser tomber totalement la quête d'éveil car c'était trop de souffrances pour mon personnage qui croyais encore que l'éveil pouvait s'atteindre alors même que je constatais bien que ça advenait par grâce depuis l'enfance et que mon personnage n'y était absolument pour rien. J'ai cessé de résister, de lutter, de me battre.
2 semaines plus tard, j'ai rencontré le père de nos deux fils. Ma dépression a cessé d'exister, mon mental est devenu incroyablement calme et même carrément silencieux la plupart du temps. De l'argent est tombé du ciel, pour quelqu'un comme moi qui n'a cure des possessions matérielles, c'était un vrai gag ! Je suis donc devenue propriétaire, j'ai travaillé, je me suis plombée. À fond dans l'existence illusoire de mon personnage !! Les absorptions sont devenues plus rares et j'ai simplement expérimenté la vie humaine de base, commune et sans aspirations quelconque.
Voilà 13 ans que je suis mon personnage à 100%. Mon personnage est très détendu depuis ces 13 ans, le mental est calme, les émotions sont éprouvées à travers le corps uniquement (il suffit de focaliser mon attention sur les sensations physiques), sans bavardage mental sur ce qui est éprouvé, du coup, les émotions émergent, atteignent un paroxysme et retombent extrêmement vite.
Mon corps est vraiment détendu et un calme intérieur est là en permanence. Un contexte de vie agréable s'est installé. Beaucoup d'amis, beaucoup de joie de vivre, beaucoup de simplicité. Il y a néanmoins beaucoup beaucoup de décès autour de moi mais je vis cela sereinement.
Comme je ne cherche plus l'éveil du tout depuis toutes ces années, évidemment les expériences mystiques et les absorptions dans la vacuité n'adviennent que rarement. Quelque chose de vide est toujours là, je le ressens en permanence juste derrière moi, comme quelque chose qui soutien, mais je n'essaye plus d'être cela.
Sauf que voilà, depuis quelques semaines quelque chose "pousse" intensément en moi !! Mon personnage se dit qu'il a à peu près tout expérimenté de ce que peut expérimenter un personnage. Bon, le mental dit beaucoup d'inepties et en général je n' y prête pas attention, mais là il se passe quelque chose et c'est plus fort que "moi". Depuis quelques semaines donc, des secondes d'absorptions adviennent chaque jour ! C'est bref comme moments d'éternité mais ça advient. Pas le choix, mon personnage qui s'approprie immédiatement et bêtement ces absorptions qui ne lui appartiennent pas se met à revouloir l'éveil. La part observatrice en moi dit bien à mon mental qu'il raconte n'importe quoi et que ses croyances et espoirs sont sans intérêt, mais bon, il continue à se raconter des trucs. Il parle tres lentement ce mental, c'est assez aisé de lui rétorquer que ce qu'il raconte n'a aucun intérêt.
Je me remets à méditer tout au long de la journée en vaquant à mes occupations du coup. Ça pousse pour que je médite, je ne fais pas exprès. Du coup je ressens le vide, juste là, tout près, derrière. Mais les courtes absorptions adviennent dès l'arrêt de l'attention méditative. Encore une fois, par grâce, tout seul, sans moi.
Je viens ici pour discuter et échanger car je garde secret tout mon vécu passé depuis des années. Je ne parle jamais de spiritualité avec autrui malgré quelques amis bien branché sur ce sujet. Le discours reste du discours, la théorie reste la théorie, or ça ne m'intéresse plus vraiment. Néanmoins, ça pousse en moi pour reparler de CELA. Et comme je ne sais pas avec qui je dois parler, je tente le coup ici.
J'ai tendance à laisser faire les choses et ça pousse pour que je sois en relation avec des humains aptes à entendre, recevoir et donner sur l'éveil. Advienne que pourra.
Je suis toute ouïe vis à vis de vous tous 😊
Aurélia |
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Jasmine
Inscrit le: 29 Juil 2022 Messages: 101 Localisation: Belgique
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Posté le: Me 10 Août 2022 9:48 Sujet du message: |
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Bonjour Aurélia,
Sois la bienvenue sur ce forum. Merci pour ce long échange rempli de belles expériences. Je n'ai jamais eu de capacités médiumnique, mais le passage où tu parles du mental qui blablate tout seul et où une partie de toi peut observer que cela n'a aucun intérêt, ça m'arrive également de plus en plus souvent.
Nous avons une biologie, des conditionnements, des réactions instinctives basiques qui continuent de s'exprimer naturellement. Pour moi, c'est ça l'éveil ... laisser les choses se faire mais être capable de ne pas y être aveuglément soumis. Avoir le choix de les suivre ou non. Ne plus être identifié à nos pensées, émotions, sensations. Tout accueillir et être capable d'aller au-delà de notre partie humaine. Se connectant ainsi à la source intérieure en somme vivre sur deux plans.
Je pense qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de vivre dans l'absolu mais au niveau de notre nature, au niveau relatif, il y en a qui nous conviennent et d'autres beaucoup moins. C'est très courageux de ta part d'avoir expérimenté tant de facettes, de rôles dans ta vie. La vie est une grande école et c'est à mes yeux le plus important, ne pas s'enfermer dans un rôle et surtout ne pas oublier que ça en est un. Etre capable d'en sortir le moment venu.
Je comprends ce besoin d'échanger avec des personnes comprenant ce dont tu parles, ayant des expériences, des points de vue similaire.
Au plaisir d'échanger avec toi, _________________ La Voie Intérieure
Jasmine Minguet
Site : https://jasmineminguet.com/
Mail : contact@jasmineminguet.com |
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Cédric
Inscrit le: 26 Juin 2021 Messages: 1118
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Posté le: Me 10 Août 2022 10:06 Sujet du message: |
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Bienvenue Aurélia.
Tu le dis très bien : l' "éveil" n'est pas le fruit d'une volonté, mais c'est un coup de grâce...
"Vouloir l'éveil", c'est immanquablement s'en éloigner.
Ton analyse est fine et le regard que tu portes sur toi-même assez remarquable.
Je t'ai entendu.  |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 5796
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Posté le: Me 10 Août 2022 10:38 Sujet du message: |
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Bonjour Aurelia,
J' ai lu ton témoignage.
Hyper sensibilité et capacité innée a se mettre à la place d' autrui ...je dirai, empathie.
Mais aussi une forme de réalisation, plénitude, dans la vie " simple " , commune à tous.
Il y a donc ces 2 facettes dans ta vie : capacité à méditer, à s' extraire du monde, à vivre des etats de conscience particuliers
Et
capacité à vivre dans le bonheur la vie simple et commune ( pas donné à tout le monde ).
Mon analyse ( juste mon point de vue, parce que je peux totalement me planter aussi ), c' est que tu es capable de vivre intensément ces deux polarités de l' existence.
Je dirais qu' il faut accepter cela et trouver ton équilibre en préservant au mieux chacune de ces polarités. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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konrad
Inscrit le: 25 Mars 2018 Messages: 1465 Localisation: En van...dredi.
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Posté le: Me 10 Août 2022 10:59 Sujet du message: |
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Bonjour Aurélia,
Sacré parcours !
Pour le moment je n'ai rien de plus à écrire, si ce n'est que le "personnage" a une certaine envergure.  |
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Aurelia
Inscrit le: 10 Août 2022 Messages: 75
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Posté le: Me 10 Août 2022 11:01 Sujet du message: |
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Rhaaa! 🤣 Il est terrible ce personnage !! Je lis vos deux messages et sur quoi se met à focaliser mon personnage ?! Je vous le donne en mille: Sur le mot "remarquable"!
Évidemment, c'était sûr ça 🤣 et ça me fait beaucoup rire !
Immédiatement mon mental orgueilleux s'est mis à dire: "haaa oui alors ! Bien sûr que JE SUIS quelqu'un de remarquable avec un regard porté sur moi-même remarquable ! Je l'ai toujours dit ! "
Hahaha ! Quelle arrogance ! J'ai rappelé illico presto à mon mental que je ne suis qu'un personnage conditionné et limité parmi des milliards d'autres personnages qui se croient exister dans un monde complètement illusoire. Autrement dit que cette pensée et croyance est complètement bidon. C'est vraiment devenu un réflexe dans mon "fonctionnement" de stopper net les élans du mental à s'approprier ce qui le valorise ou bien ce qui le dénigre venant de la bouche d'autrui. C'est pipeau pipeau tout ça, mais qu'est ce que ça me fait rire à chaque fois !!!
Je suis dans mon jardin là, à étaler de la terre au râteau. Je me rends compte à quel point il est essentiel d'être intensément attentif à ce qui est en train de se faire dans l'instant. Le mental raconte des "carabistouilles", comme je dis à mes fistons.
Écrire maintenant et vous témoigner de cette réaction de mon mental vient à l'instant de faire que quelques secondes d'absorptions dans la vacuité sont advenues. Cedric, je n'ai pas encore pris le temps de lire le forum mais ces secondes sont advenues lorsque mes yeux se sont posées sur ton prénom...
Mystère et boule de gomme.
Je retourne à mon ratissage, merci jasmine pour ton accueil. La Conscience vacuité au sein de laquelle tout émerge et où tout est perçu comme étant la conscience vacuité ne reconnaît aucun personnage. C'est une étrangeté bien mystérieuse. Mon personnage est tellement paisible qu'il n'est pas en quête d'éveil, vivre en tant que personnage tranquille est confortable. Pourtant, ça bouge là. Vraiment quelque chose bouge.
Bref. Zou ! Au râteau qui attend d'être utilisé.
Merci à vous 2 💖💖💖 |
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Aurelia
Inscrit le: 10 Août 2022 Messages: 75
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Posté le: Me 10 Août 2022 11:02 Sujet du message: |
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Alain, je viens de lire ton message... 🙏💖
Je reviens te répondre après ratissage 😘 |
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Aurelia
Inscrit le: 10 Août 2022 Messages: 75
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Posté le: Me 10 Août 2022 13:03 Sujet du message: |
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Konrad, Cedric, Jasmine 🙏💖
Alain, suis-je capable de vivre intensément ces deux polarités de l'existence ? Je ne sais pas si on peut dire exactement cela car l'existence simple et tranquille de mon personnage actuel est consécutive à une existence extrêmement souffrante et torturée de mon personnage. Là, je peux évoquer deux polarités opposés au sein même des expériences vécues par mon personnage. Au cours des quelques secondes d'absorption dans l'espace de la Conscience vacuité qui sont advenues tout à l'heure, mon personnage souffrant ou heureux n'existait pas. Il n'y a aucun personnage, il n'y a QUE la conscience et tout est éveillé.
Quand j'étais (pas je-personnage bien sûr) absorbée pendant des heures dans cette Conscience, je regardais les gens dans la rue et il n'y avait aucun personnage, tout était cette conscience, les gens, les murs, le ciel, le sol, les objets, les animaux, les arbres... Tout. Je me souviens parfaitement qu'une pensée emergeait du silence en disant : "tiens ? Tout le monde est tout le temps Cela ? Comment se fait il que je ne l'ai pas constaté avant ?" puis à nouveau le silence mental absolu.
J'étais à la fois l'objet, l'autre, l'arbre, tout, sans distinctions.
Il m'est difficile de dire que l'espace vaste, silencieux et lumineux qu'est la Conscience que nous sommes tous serait" l'opposé"de l'existence du personnage, car en fait tout émerge à l'intérieur de ce vide et c'est complètement naturel et évident. Ce que je peux opposer, c'est naissance et mort par exemple, or dans cet espace il n'y a ni naissance ni mort, donc rien n'est opposé ou contraire à Cela.
Je comprends ce que tu essayes de me dire 😊, j'essaye juste de nuancer un peu...
En fait, comme le personnage n'existe pas et n'a jamais existé, il est de l'ordre du rêve. Et c'est sympa aussi d'expérimenter le rêve. C'est exactement ce que j'ai décidé de faire quand j'ai renoncé radicalement à la spiritualité. Il me fallait encore apprendre à aimer mon personnage, ça m'a pris encore quelques années post dépression. L'accueillir tel qu'il est, sans le juger. Aujourd'hui c'est un personnage tranquille qui mène une existence simple et paisible, avec beaucoup de joie, beaucoup de rires, beaucoup d'amis et bien sûr mes enfants qui sont tellement heureux. Il y a toujours des épreuves qui se pointent de temps en temps, mais c'est pichenette à côté de la dépression. Plus rien en moi ne peut souffrir comme en dépression, c'est terminé tout ça.
Comme mon personnage a tendance à chercher à surmonter des difficultés (un côté maso !), il est toujours allé à fond là où ça fait mal et il continue de le faire par moment. C'est un trait de personnalité, ce truc de forger ma volonté et ma détermination en allant délibérément me confronter à ce qui est abrupt pour le personnage. En ce moment, c'est les décès. Ça meurt, ça meurt et ça meurt autour de moi. J'en profite pour expérimenter le moment de la mort d'autrui, le moment du dernier souffle. C'est pas marrant mais c'est des expériences concrètes et je suis heureuse d'être présente quand la mort advient. Ça provoque une montée puissante d'émotions et c'est intense pendant quelques jours, puis ça retombe.
En fait, on peut tout éprouver, c'est toujours de l'expérience et cette intensité présente est une merveille en soi ! Ça rappelle que "Je suis vivante". On peut tout éprouver tout en étant calme et paisible intérieurement. Mes plus intenses douleurs physiques, c'était lors de mes deux accouchements. Bien évidemment, casse cou, j'ai accouché les deux fois sans péridurale et comme à chaque fois dans mon existence ça ne doit pas se passer dans la dentelle, j'ai vécu 36 heures de contactions pour le premier et 35h pour le second. L'agonie à fond les ballons !!
Pour l'aîné, j'ai agonisé au point de penser que j'allais mourir et au moment de la poussée, je me suis dit que je pouvais vrever, que ça n'avait aucune importance mais que lui, il allait vivre ! 2 poussées du feu de dieu et mon fiston était là. Mon mental est devenu complètement lent et calme depuis ce jour là. Pendant 3 jours, j'avais en permanence mon fils dans mes bras (mère lionne, il n'y avait pas intérêt pour quiconque de me le prendre des bras, j'étais prête à mordre 😂), je ressentais le corps de mon fils comme étant mon propre corps. C'était extraordinaire comme expérience, vraiment extraordinaire ! Bref. Pour mon deuxième accouchement, je commençais à agoniser, mon fils était en retard sur le timing donc on m'avait injecté du produit pour provoquer les contractions, et dans la salle pour agoniser, il y avait une affiche avec un paysage avec écrit "zen" dessus. J'ai décrété que cette fois ci je n'allais pas me laisser agoniser donc je me suis mise en état de méditation. Ça a duré des heures et des heures, mon corps souffrait abominablement mais c'était tellement calme intérieurement que rien n'était apparent de mon agonie physique. Ma sage femme m'a même dit, parce que je ne me plaignais pas du tout, qu'elle était admirative. Pour moi, il n'y avait rien d'admirable puisque je laisser simplement le calme intérieur faire son job. C'était douloureux (c'est un peu comme être écorché vif les douleurs des dernières heures de contactions, ou brûlé de l'intérieur 😊) mais j'observais simplement les douleurs venir puis redescendre, comme l'inspire et l'expir. Bref, ce petit exemple pour dire que oui, tout peut être expérimenté, tout peut être vécu, il suffit de peu d'efforts intérieurs pour tout surmonter, que ça soit physiquement, emotionnellement ou mentalement.
Je trouve que nous sommes extrêmement chanceux d'expérimenter le personnage, même si il est illusoire et qu'il en voit des vertes et des pas mûres. Et je trouve tout aussi chanceux de vivre la grâce, parfois.
C'est incroyable d'être vivant ! Ça m'émerveille tellement c'est extraordinaire ! Je lis ici que les uns et les autres avez confiance en la vie. Ça fait un bien fou de vous lire. MERCI 🙏 |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8273 Localisation: belgique
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Posté le: Me 10 Août 2022 16:22 Sujet du message: |
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Bienvenue Aurelia !  |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 5581 Localisation: Suisse
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Posté le: Me 10 Août 2022 19:34 Sujet du message: |
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Bonjour Aurélia, bienvenue
Merci pour ton témoignage. Quelle intensité !
Aurelia a écrit: | Quelque chose de vide est toujours là, je le ressens en permanence juste derrière moi, comme quelque chose qui soutien, mais je n'essaye plus d'être cela. |
C’est cela à mon avis l’essentiel : savoir que c’est là, savoir que Dieu est là, mais ne pas avoir besoin d’être Dieu en permanence. Pour moi, c’est cela la bonne articulation entre l’absolu et le relatif. L’absolu se révèle par la grâce. Le relatif, le personnage, n’a qu’une attitude à cultiver, c’est l’humilité. Savoir qu’il ne sait pas — parce que dès qu’il a compris quelque chose, il croit savoir. Savoir que ne pas savoir, c’est cela la grâce, la grâce de n’être «rien». J’ai bien aimé cette réflexion d’Alain Galatis, qui dit que dans l’éveil, la difficulté, ce n’est pas de sauter, mais de trouver le vide. N’être «rien», c’est avoir trouvé le vide. Et si vraiment, on n’est rien, si on n’attend vraiment rien, mais qu’on est totalement présent à ce dépouillement de soi, alors ce «rien» apparaît comme la source de tout.
Ta quête, Aurélia, me semble assez différente de celle qui anime la plupart. Parce que tu as reçu dès le départ la grâce que tant recherchent durant toute une vie. Cela semble un privilège injuste, mais ton témoignage montre bien que ce privilège ne rend pas le chemin plus facile, et même à te lire, on pourrait penser le contraire. Chacun a son chemin, et aucun chemin ne peut être mesuré à l’aune de celui d'un autre. Tu te retrouves depuis quelques semaines à nouveau séduite par une forme de consommation spirituelle (excuse le terme). Il n’y a pas de mal à consommer des noces lorsqu’elles s’offrent par grâce, mais elles ne sont vraiment virginales que si soi-même on est «rien», qu’on n’attend rien, rien de consommable, mais qu’on se satisfait totalement de n’être rien. (excuse le ton).
Aurelia a écrit: | Je me remets à méditer tout au long de la journée en vaquant à mes occupations du coup. Ça pousse pour que je médite, je ne fais pas exprès. Du coup je ressens le vide, juste là, tout près, derrière. Mais les courtes absorptions adviennent dès l'arrêt de l'attention méditative. Encore une fois, par grâce, tout seul, sans moi. |
C’est quelque chose que j’ai moi aussi très souvent expérimenté, lorsque j’étais plus jeune : la grâce survient au moment où on arrête de méditer. C'est, je pense, parce que la méditation nous a rendu intensément présent, mais que cette présence était dirigée vers un but ; et qu'aussitôt qu'on cesse de méditer, et qu'on renonce à ce but, on se retrouve dans cette position que j'entends par : n'être rien. Pure présence en attente de rien. Cela dit, pour ce qui me concerne, chercher à reproduire encore et toujours ces états de grâce, c’était une impasse. Le véritable enjeu, pour moi, ce ne fut pas de me retrouver en permanence absorbé dans l’Un — je n’y suis pas parvenu, d’ailleurs — mais bien plutôt de trouver la bonne articulation entre le personnage et l’Un. Parce que si ma nature véritable, c’est l’Un, je suis aussi le personnage. Et il n’y a que moi qui peux être ce personnage précis, alors que l’Un, tel qu’en lui-même, EST de toute éternité. Le personnage est de plus doté d'une qualité qui fait défaut à celui ou celle qui est entièrement absorbé dans l’Un : c’est qu’il est capable d’aimer des êtres singuliers. Être absorbé dans l’Un, c’est aimer de manière impersonnelle. Le personnage, lui, ouvre un autre champ, celui du singulier, du personnel. J’aime bien ces mots de Luc Dumas, à la fin de ce message (je mets le lien, parce qu'en le relisant, je pense que le message entier éclaire le sujet dont on parle) :
http://www.cafe-eveil.org/forum/viewtopic.php?p=68450#68450 |
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didier
Inscrit le: 18 Fév 2018 Messages: 2998 Localisation: Région Parisienne
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Posté le: Me 10 Août 2022 20:26 Sujet du message: |
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Bonjour Aurelia et bienvenue.
Je suis impressionné !  |
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Aurelia
Inscrit le: 10 Août 2022 Messages: 75
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Posté le: Me 10 Août 2022 20:41 Sujet du message: |
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Merci Daniel 😊🙏💖
Merci Joaquim pour ta réponse.
Oui, en effet, le plan du personnage singulier qui experimente la relation avec un autre personnage singulier est extraordinaire. Le monde du rêve, la dualité, c'est un espace d'expérience absolument incroyable ! J'aime vraiment être un personnage, pourtant dieu sait qu'il a souffert, mais même dans la souffrance extrême j'aimais vivre et j'aspirais à la relation à l’autre. Il faut dire que concrètement, la solitude était totale...
Depuis mon renoncement à la spiritualité, mon personnage est devenu tellement paisible que l'éveil est vraiment passé aux oubliettes, bien que j'ai toujours ressenti la vacuité comme étant toujours là, tout près tout près !
En décidant de m'identifier totalement au personnage, il a fallu que je fasse un effort car je vivais complètement détachée de mon corps et j'ai du apprendre à ressentir mon corps. Comme un bébé qui réalise l'existence de son corps en se faisant mal ou en étant touché par les mains d'autrui. Ce n'était pas simple au début... De plus, je devais apprendre à aimer mon personnage, et ça aussi ça a pris quelques années. Enfant et adolescente, j'étais vraiment en permanence dans un espace subtil, j'ai mis longtemps à réaliser que les autres ne vivaient pas la même chose. Je ne connaissais pas l'émotion de la colère par exemple, j'ai vécu ma première colère avec le père de nos enfants, donc vers 31/32 ans ! J'ignorais ce qu'était la haine, le fait de voir quelqu'un de critiquer autrui ou me critiquer était incompréhensible pour moi. Mon personnage était vraiment gentil, d'une gentillesse incroyable. D'ailleurs, on me disait que j'avais l'apparence de quelqu'un de très naïf mais que lorsque je parlais, c'était exactement l'inverse, que je comprenais tout, que je m'exprimais parfaitement, que j'étais lucide et j'étais cataloguée de "grosse tête", d'intello. Mon apparence physique étant très attirante à l'époque, j'étais complimentée sur mon apparence du matin au soir alors que je n'en n'avais strictement rien à faire. Je vivais hors du corps et je ne voyais pas l'apparence physique d'autrui mais directement son état d'être. Qu'autrui me parle de mon apparence était aussi incompréhensible pour moi. Non, vraiment, j'étais complètement à l'ouest, hors sol, à côté de la plaque. On m'avait fait passer un test de QI en cinquième parce que je donnais les réponses aux exercices de maths par exemple à mes voisins de table au moment où la feuille de l'exercice venait juste d' être posée sur la table. En fait, je survolais la feuille et j'avais les résultats des exercices immédiatement. J'ai lu des années plus tard que c'est un truc dans le cerveau, des connexions neuronales où les informations circulent beaucoup trop vite. En fait, je lisais le texte, je faisais l'exercice et je trouvais le résultat en quelques secondes, je ne faisais évidemment pas exprès. On m'avait dit 132 de QI si je me souviens bien, ce qui m'a mis dans une case pour autrui, mais comme je planais, je m'en fichais royalement. Bref. Tout ça pour dire que mon personnage était vraiment bizarre et inadapté de fait au monde actuel. Travailler ne m' interressais pas, gagner de l'argent encore moins (bon, ça j'avoue que c'est toujours le cas), j'aimais apprendre des choses, essayer de résoudre des mystères et surtout je voulais être amoureuse, c'était hyper important pour mon personnage, les relations amicales fortes et tomber amoureuse. Pas de bol, dépression, solitude, rupture de toutes les relations avec autrui. Du coup, quand j'ai décidé de m'identifier une bonne fois pour toutes à mon personnage, HO bonheur, les relations à autrui sont revenues !! Et maintenant c'est la foule ! Que d'amis, que d'amis !!
J'ai du apprendre à aimer mon personnage pour cesser de le maltraiter par indifférence et un poil de masochisme. Un long travail mais pas si difficile que ça finalement car j'ai toujours été aimée, depuis toute petite j'ai toujours reçu de l'amour et de l'affection de la part d'autrui donc j'ai fini par admettre que je n'étais pas un personnage si pitoyable que ça.
Bref, c'est tout un cheminement l'existence.
Je suis aujourd'hui, au moment où j'écris, plutôt partagée. J'ai vraiment l'impression d'avoir beaucoup expérimenté mon personnage et de le connaître parfaitement. Mes enfants sont là et je me demande si l'éveil définitif ne serait pas mieux pour eux (et pour l'humanité dans son ensemble) que de demeurer mon personnage 🤔. Bon, une vaine, c'est pas moi qui décide si l'éveil définitif doit advenir. Mais là, je suis absorbée tous les jours quelques secondes dans la vacuité et je me demande un peu ce qu'il se passe. Je n'y réfléchis pas, ça ne sert à rien de toute façon, mais ça pousse vraiment à l'intérieur. Pourquoi maintenant ? Je n'en sais fichtre rien. C'est depuis quelques semaines, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, d'un coup paf une brève absorption, évidemment mon personnage qui s'est dit Zut en redevenant lui-même (il s'approprie tout, le bougre !) et depuis chaque jour ça advient. Du coup, l'élan de méditer m'a saisi. Comme je laisse faire les choses depuis des années, là aussi j'écoute l'élan, je ne vois pas pourquoi j'y resisterais d'ailleurs. Jusqu'à ce matin où je me suis inscrite ici et la brève absorption ce matin.
En fait, je ne sais pas ce qu'il se passe donc j'accueille ce qui vient. Si l'éveil définitif advenait, ma foi, c'est plus merveilleux que le plus merveilleux du merveilleux ! Et si ça n'advient jamais, pas de problème je suis identifiée à un personnage plutôt tranquille donc tout va bien.
Je ne cherche pas l'éveil, j'y ai vraiment renoncé, donc ce qui advient ces temps ci est étrange... Advienne que pourra.
Merci pour l'explication de l'absorption après la méditation, je comprends mieux pourquoi quand je pratiquais zazen j'avais des absorptions dans la rue en sortant du dojo... Par contre, les absorptions quand j'étais enfant, adolescente puis en dépression, je ne meditais absolument pas. Je ne faisais rien de spécial... Bref. C'est passé tout ça. Ça n'a pas d'importance, ça appartient au rêve du personnage tout ce vécu, c'est sympa pour moi d'écrire ici et de parler de moi moi moi et de mon passé, ça fait remonter des souvenirs oubliés, mais au bout du compte ça n'a pas d'importance...
😊😊😊 |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 8273 Localisation: belgique
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Posté le: Je 11 Août 2022 6:47 Sujet du message: |
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Bonjour Aurelia !
Tu dis dans ta présentation :
Citation: | Au bout de 2 ans donc, je me suis retrouvée un jour à la place de l'observateur qui est toujours en paix. |
Ce que tu es vraiment, avant tout, c'est cet observateur qui est toujours en paix, l'éveil définitif, dont tu parles, c'est découvrir que tu es cet observateur toujours en paix,qui'est en réalité le Sujet, qui passe de la connaissance de la vacuité, dont tu parles et la vie du personnage, la vie dans l'espace-temps, dans la dualité ... la vacuité, l'espace vivant au présent, n'est pas différente de l'espace-temps, de la dualité, pour le Sujet, le Sujet c'est je et c'est lui qui passe de l'un à l'autre !
Ces quelques secondes d'éternité que tu vas vivre, aujourd'hui, c'est toi en tant que Sujet qui vas les vivre !  |
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Jasmine
Inscrit le: 29 Juil 2022 Messages: 101 Localisation: Belgique
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Posté le: Je 11 Août 2022 10:28 Sujet du message: |
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joaquim a écrit: | C’est cela à mon avis l’essentiel : savoir que c’est là, savoir que Dieu est là, mais ne pas avoir besoin d’être Dieu en permanence. Pour moi, c’est cela la bonne articulation entre l’absolu et le relatif. L’absolu se révèle par la grâce.
...
Pure présence en attente de rien. Cela dit, pour ce qui me concerne, chercher à reproduire encore et toujours ces états de grâce, c’était une impasse. Le véritable enjeu, pour moi, ce ne fut pas de me retrouver en permanence absorbé dans l’Un — je n’y suis pas parvenu, d’ailleurs — mais bien plutôt de trouver la bonne articulation entre le personnage et l’Un. Parce que si ma nature véritable, c’est l’Un, je suis aussi le personnage. Et il n’y a que moi qui peux être ce personnage précis, alors que l’Un, tel qu’en lui-même, EST de toute éternité. Le personnage est de plus doté d'une qualité qui fait défaut à celui ou celle qui est entièrement absorbé dans l’Un : c’est qu’il est capable d’aimer des êtres singuliers. Être absorbé dans l’Un, c’est aimer de manière impersonnelle. Le personnage, lui, ouvre un autre champ, celui du singulier, du personnel. |
Oui, merci Aurélia pour ce partage vibrant de sincérité, de motivation et de persévérance malgré les souffrance. Quel parcours épique ! Tes écrits sont d'une grande inspiration.
Je vous rejoins, savoir que cet espace intérieur de vide et d'accueil est toujours présent est la clé. Ensuite, on y entre, on y sort - ou plutôt il émerge ou non - au gré des expériences. C'est ce qui rend la vie humaine si riche et palpitante. C'est un havre de paix, un refuge, toujours présent. Cette connaissance apporte la liberté en tant que personnage qu'on peut lâcher.
Je comprends cette notion de consommation spirituelle, l'ego est toujours là à essayer de projeter ses attentes, sa recherche perpétuelle de plaisirs éphémères et je pense que nous passons tous par des phases de consommation. C'est bien en soi, ça nous montre une autre expérience et ça nous permet d'en voir la limitation et le piège. Puis, je pense qu'en tant qu'être vivant, nous devons bien consommer des choses de temps en temps, faire ainsi de nouvelles expériences. L'important étant simplement d'avoir conscience de ce qu'il en est, un rôle passager, une expérience éphémère et d'être capable de lâcher, passer à autre chose quand le moment vient. _________________ La Voie Intérieure
Jasmine Minguet
Site : https://jasmineminguet.com/
Mail : contact@jasmineminguet.com |
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Aurelia
Inscrit le: 10 Août 2022 Messages: 75
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Posté le: Je 11 Août 2022 10:36 Sujet du message: |
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Bonjour Daniel 😊,
Tu emplois le mot Sujet pour parler de l'observateur, donc de ce qui voit à partir de la vacuité. Et tu dis que le Sujet est je qui passe de l'un (vacuité) à l'autre (dualité), et tu dis aussi que la vacuité n'est pas différente de l'espace-temps.
Je vais essayer de comprendre exactement ce que tu veux dire...
Ce n'est que mon expérience donc on ne peut pas en faire une généralité bien sûr mais je distingue différents états d'être subtils et l'éveil. En fait, je distingue expérience subtile et éveil.
Je te donne par exemple:
La decorporation, c'est arrivé plusieurs fois. Lorsque "je" se sépare du corps, "je" se retrouve d'abord plusieurs mètres au dessus du corps puis se déplace où bon lui semble. Le corps peut être en train d'agir, il poursuit son action sans que "je" soit dedans. En gros, j'ai pu observer à distance mon corps qui agissait seul. Ce corps subtil flotte et baigne dans la vacuité, les distances proche-lointain sont mêlées, la vision est très acérée, c'est très calme. En gros, ça vole, ça peut traverser les murs... Cette expérience, pourtant très subtile, vécue comme absolument réelle, advient DANS la vacuité mais ce n'est pas ÊTRE la vacuité. L'Eveil, c'est ÊTRE la vacuité au sein de laquelle les expériences ont lieu.
Des expériences subtiles ou états de conscience altérée, je peux affirmer que j'en ai expérimenté un bon paquet, ces expériences étaient toutes différentes. Ça se passe toujours au sein de la vacuité donc la vacuité est ressentie, perçue, mais ce n'est pas ÊTRE la vacuité. C'est une nuance qui n'est pas moindre.
Toute ma jeunesse, j' étais en permanence consciente de l'état d'être intime d'autrui, c'était permanent du matin au soir. Il est évident que c'était un état d'être subtil qui s'exprimait à travers moi et je croyais réellement que tout le monde percevait tout de l'autre instantanément. C'était normal pour moi. Ma perception immédiate de l'état d'être de l'autre baignait aussi dans la vacuité, mais je ne pouvais rien distinguer car c'était constant. Ça advenait au sein de la vacuité, c'était une longue expérience très subtile mais ce n'était pas l'éveil.
Dans certains états de conscience altérée, toujours avec la perception de la vacuité pendant l'expérience, je me retrouvais à communiquer intimement avec les animaux. Je ressentais leur état d'être et les animaux venaient à moi. Je me souviens avoir été dans cet état subtil un jour où je suis allée dans un club hippique que je ne connaissais pas avec un ami. Il y avait énormément d'animaux, des chiens des chats des perroquets des chevaux bien sûr, des lapins, bref, un joyeux bordel. En arrivant, un chien vient vers moi et se couche à mes pieds. Mon ami me dit être très surpris car les animaux présents dans la ferme étaient tous des animaux ayant beaucoup soufferts avant d'être récupérés à la ferme et ce chien avait été battu pendant des années, il n'approchait personne. Je ressentais son état et je lui partageais l'amour éprouvé dans la vacuité sans rien dire. Un peu plus loin, un cheval décrit comme "dangereux" par mon ami était enfermé dans un box, je vais vers lui et je le caresse, idem, je ressentais tout de lui et je le savais soulagé de "ma" présence. Mon ami hallucinait littéralement. Ça a fait ça avec un grand nombre d'animaux, et mon ami n'en finissait pas de me dire qu'il ne comprenais pas pourquoi les animaux les plus souffrants et les plus agressifs venaient à moi aussi sereinement. C'est inexplicable, c'est vraiment le vide qui infuse d'amour, ce n'était pas moi-je aurelia, ça passait à travers moi.
Bref, des états de conscience altérée qui baignent tous, sans exceptions, dans la vacuité, je pourrais en écrire un bouquin ! Ça reste des expériences subtiles au sein de la vacuité, ce n'est toujours pas l'éveil.
L'Eveil, c'est ÊTRE le vide au sein duquel toutes les expériences subtiles et non subtiles adviennent.
Quand tu dis que la vacuité n'est pas différente de l'espace temps, dans mon expérience je ne suis pas d'accord car l'espace temps advient DANS la vacuité qui l'englobe, et encore, l'espace temps n'existe pas vraiment car c'est aussi du vide s'exprimant en espace et en temps. De la place de l'eveillé, pour avoir eu des aperçus de l'éveil qui n'est pas du tout une expérience (et c'est important de le noter), le temps n'existe absolument pas et l'espace est sans frontières et tout y est unifié, l'espace n'existe pas en quelque sorte car tout est conscience éveillée, il n'existe pas de séparation donc c'est à la fois que de l'espace et pas d'espace (oui, c'est pas simple à décrire), la manifestation est là mais elle n'est constituée que de vide.
Quand j'évoque l'observateur qui regardait sans souffrir et très paisiblement mon personnage Aurélia en train de souffrir intensément de dépression, cet observateur que j'étais baignait aussi dans la vacuité mais ce n'était pas l'éveil car ça advenait au sein de la vacuité. Rhaaa je sais, c'est difficile de comprendre les nuances que j'essaye d'expliquer. En plus clair, il y a mon personnage, le subtil observateur de mon personnage qui est vide et baigne dans la vacuité et qui perçoit le personnage ET il y a la vacuité elle-même qui ne perçoit plus aucun personnage ni observateur du personnage et qui, pourtant, contient autant l'observateur que le personnage mais qui sont perçu comme Conscience vacuité uniquement.
Ouep, c'est pas simple... 😁🥴😵😁
Je personnage n'existe pas et n'a jamais existé pour l'eveillé, pas plus que le je observateur. Il n'y a QUE le vide, juste un observateur qui s'observe lui-même dans tout mais c'est incompréhensible pour notre mental, incompréhensible et indescriptible. J'essaye de décrire mais je n'y arrive pas.
Comprends tu ? Ou bien est-ce trop confus ? |
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