[manira]

Cela faisait déjà quelques semaines qu’il reposait sur le petit bureau , sans que je l’ouvre .
Hier il s’est ouvert , et je ne pourrais dire , à ce moment , si c’est moi qui l’est invité , ou bien plutôt lui qui m’est invité en ma demeure …

«  Des que tu entres dans l’univers de l’argumentation , tu vides ton interlocuteur du meilleur de ce qui l’habite .
Il te faut apprendre à créer à pleines mains à partir de la pauvreté de ton vécu et de l’abondance cachée de l’autre . « 

Naître à ta lumière
Une seule voie :
Ta liberté

Yves Girard

[manira]

Sourire d'une grandeur


« Il a été dit de la Sagesse que sa majesté avait de quoi jeter dans l'ombre la beauté.
Sa perfection est à ce point accomplie qu'elle échappe à l'emprise de l'intelligence.
La Sagesse entraîne si profondément dans la «communion» qu'elle est inapte à la simple «communication».
Son harmonie est pleine en même temps que très dépouillée: il est impossible de l'apercevoir et de la contempler.
C'est la Sagesse seule qui peut t'éveiller à sa béatifiante présence.
Par l'onction de son toucher, elle s'introduit chez ceux qu'elle a jugés dignes de son amitié.
Et c'est par la vivification de tes racines qu'elle annonce sa venue dans ta demeure.
Sa richesse est telle qu'il suffit à ton rassasiement de te savoir observé par elle.
Inutile démarche que de partir à sa conquête: elle a l'initiative de la rencontre.
Tes amis les meilleurs ont-ils jamais manifesté autant de bienveillante attention à ton endroit?
Te voilà bien désarmé: si tu as la révélation de ce qu'elle est en vérité et, mieux encore, si tu as la grâce de la respecter dans son mystère, il te faudra apprendre à tout recevoir de sa main sans avoir même à la remercier.
À son jour, tu découvriras que tes efforts auront réussi seulement à faire ombrage au climat d'imperturbable sérénité dans lequel elle baigne et où elle t'invite à la rejoindre. »

[manira]

NAÎTRE À TA LUMIÈRE

Vaincu par la vie


Tes valeurs spirituelles conscientes sont incapables de te rassasier.
En faire la comptabilité quand il est question de mesurer ton degré d'adhésion à la lumière est un pieux mensonge que tu répéteras sans fin.
Tu demeures impuissant à cerner le visage de cet enfant dont tu subis la gestation.
Que te reste-t-il, si tu es incompétent pour opérer les choix qui s'imposent, si tu ne te connais pas, si tu ne t'appartiens pas,
si tes réalisations les meilleures ne sont toujours que des effets secondaires qui, par eux-mêmes, représentent un capital bien relatif?
Ne serais-tu qu'une marionnette, inutilement agitée, qu'on s'amuse à faire danser en l'absence de témoins?
De fait, toi dont la vie est tissée de beaux rêves déçus et d'interminables recommencements, tu milites sous la gouverne de ton centre qui t'invite à la plus grande de toutes les réussites, celle qui consiste à te laisser forger un coeur d'où ne pourront sortir que bonté, douceur, bienveillance et indulgence.
Ton être représente trop de valeur aux yeux de la vie pour qu'elle consente à composer avec la médiocrité de tes triomphes et la lenteur de tes parcours.
Si tu étais abandonné à toi-même, tu t'enfermerais dans l'ordre pratique et tu consentirais volontiers à mourir dans tes chemins qui étouffent le jaillissement de l'inédit.
Ta victoire, c'est d'avoir été vaincu par la vie.

[manira]

Bonjour Didier ,

En rapport à la question , que je t’avais dejà posée .

manira:
« N’as - tu jamais pensé que c’est toi qui «  nourrissait » Dieu ? »
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«  Ta vie est une réussite dans la mesure où tu es la vie de quelqu'un. Le priant, le baptisé, celui qui est mû par une foi profonde et qui vit en pleine lumière en vient à faire l'expérience qu'il soutient l'être de Dieu lui-même, son être de baptisé donne naissance à un enfant, et cet enfant, c'est Dieu. Aussi inacceptable que cela puisse paraître! L'intelligence y perd son latin!
Imagine que tu es devenu un pain qui donne la vie à ton Dieu, comme le Christ qui s'est fait pain pour te donner sa Vie. Le mystère en question, le pain que tu es, est quelque chose de plus grand que l'Eucharistie en ce sens que, dans l'Eucharistie, Dieu nourrit l'homme de ce qu'il est, mais ici, c'est toi qui deviens la nourriture de Dieu. Et comme le Prodigue, je reçois le pain à la table du Père, oui, mais je suis pour mon père un pain infiniment plus précieux que celui offert par lui à son enfant. Qui pourrait douter que le pain de la table que le père a préparé à son enfant ingrat était quelque chose d'inférieur à la qualité de joie que le père pouvait puiser dans son enfant?
C'est l'enfant qui nourrissait son père et d'une joie beaucoup plus spirituelle, profonde et durable que le banquet préparé par ce dernier. Si tu savais ce qu'est l'amour, tu ne t'étonnerais pas d'un tel langage. Tu es le pain qui donne la vie bien plus que tu peux être vivifié toi-même par le pain que tu reçois dans l'Eucharistie! Dans la rencontre, qui, du père ou du Prodigue, a éprouvé la plus grande joie?.... Quelle hérésie inconcevable! Avec ce résultat aberrant, l'Eucharistie, qui est le centre de toute la vie chrétienne, devient une image de ce pain que tu es pour le Père. Dans toute rencontre, c'est toujours la personne qui est le plus dans la lumière qui bénéficie de la plus grande joie.
Les enfants étaient heureux de recevoir la bénédiction du Sauveur, mais lui, dans ce geste, était conduit au bord de l'extase (Luc 10, 21)! « 



« En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l'as voulu ainsi. »

[didier]