Regards sur l'éveil
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6942
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Posté le: Ma 27 Mai 2025 5:22 Sujet du message: Notre éveil nous a rendus définitivement étrangers au monde |
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Ça me paraît évident : nous ne sommes pas de ce monde.
Ou plus exactement, une part de ce que nous sommes, la plus essentielle, n' est pas de ce monde.
C' est comme si la nature avait engendré son antithèse.
Certes, physiologiquement, nous sommes pleinement là nature. Le sang s' ecoule en nous, nous sommes irrigués par le sang , comme la terre est irriguée par l' infinie multitude des cours d' eau qui serpentent sur sa surface. Nous vivons et survivons grâce à l' équilibre des matériaux qui nous composent.
Mais la pensée nous a rendu rebelles.
Nous sommes devenus rebelles parceque nous avons " VU " le monde.
Étrangement, les déterminismes qui font de nous, en partie, des aveugles, nous ont donné la vue.
Ce qui nous a permis de voir que notre berceau naturel était aussi notre tombeau naturel.
Car si nous ne pouvons pas nous passer de la nature, la nature peut absolument se passer de nous.
Nous avons compris que la nature était une déesse aveugle et impitoyable.
Ce qui a conduit à notre révolte.
Un acte de désespoir qui prend sa source dans notre singularité.
Un acte produit par notre vanité et peut être, effectivement : vain.
Mais aussi, l' émergence d' une liberté.
Ce n' est que notre extinction qui y mettra fin.
Tout au moins sur terre, car peut être qu' ailleurs, dans le monde, d' autres formes de vie connaissent un " eveil ", elles aussi, similaires ou très différentes du notre.
C' est qu'en fait, celui ( celle ) qui a vu ne peut pas faire comme si jamais rien n' avait été vu. C' est impossible.
Je suis devenu radicalement autre parce que j' ai vu. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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Jean-Yves
Inscrit le: 11 Oct 2007 Messages: 225 Localisation: Var
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Posté le: Ve 30 Mai 2025 12:52 Sujet du message: |
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Bonjour,
Oui, on peut dire que notre éveil nous rend étranger au monde, dans le sens où ce niveau infini de soi qui se révèle avec l'éveil apparait ainsi.
Tant que nous étions complètement intégré au monde, nous nous considérions comme étant ce que l'on appelle souvent "le personnage". C'est-à-dire que nous nous ressentions comme étant une identité, bien construite.
Mais dès l'instant où se révèle un plan plus essentiel de soi, et qui apparait comme étant complètement séparée de cette identité (de ce "je"), nous pouvons alors nous mettre à considérer que nous sommes comme étrangers au monde, ou bien que nous ne sommes pas de ce monde.
Pourtant, la révélation de ce plan de soi (éternel), est le moment où l'on émerge de l'illusion d'être seulement un corps ou un mental.
Ce qui est assez surprenant, c'est que cette révélation se fait pour certains en une seule fois, et que pour d'autres, il y a une sorte d'alternance où "le SOI" se révèle, puis de nouveau se cache. Ou, pourrait-on dire : "la conscience s’identifie à nouveau au personnage, et oublie momentanément la Présence qu’elle est."
Je ne sais pas ce qu'il en est pour toi, mais je crois que ton attitude sincère et ouverte est très favorable à "l'éveil".
Les questions que l'on se posent sont un peu comme des ouvertures en soi (des espaces où l'on demande), et où l'on montre que l'on a envie de s'ouvrir à une dimension plus profonde de soi.
A l'inverse, si l'on considère que l'on sait, c'est toujours une structure rigidifiée, et donc opaque, que l'on incarne.
Evidemment considérer que l'on sait ceci ou cela, quelle que soit l'image que l'on donne de soi, c'est une fermeture.
Toutefois, cette phase où le SOI se révèle est transitoire, car il y a un processus d'intégration qui se poursuit.
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Je suis
Inscrit le: 07 Mai 2022 Messages: 498
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Posté le: Me 04 Juin 2025 2:39 Sujet du message: |
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Salut
Environ 2 ans après mon éveil je me baladais dans les rues de Paris quand j'entendis retentir tu as voulu connaître le vrai pouvoir tu vas connaître la vraie solitude.
Tu vois c'est toilettes publiques entre dedans tu as 20 minutes
Et là à peine la porte refermée sa bâtit sur moi un sentiment que je pense il voulut partager.
Toutes les larmes de mon corps n'auraient pas suffi à éteindre ce vertige de ce sentiment profond.
20 minutes à pleurer. Je pense qu'il me faisait ressentir la solitude que lui-même ressentait. Mais avant que les portes ne s'ouvrent automatiquement il me requinca avec l'espoir pour que je puisse affronter le monde enfin |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6817 Localisation: Suisse
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Posté le: Me 04 Juin 2025 21:10 Sujet du message: Re: Notre éveil nous a rendus définitivement étrangers au mo |
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Alain V a écrit: | Ça me paraît évident : nous ne sommes pas de ce monde.
Ou plus exactement, une part de ce que nous sommes, la plus essentielle, n' est pas de ce monde.
C' est comme si la nature avait engendré son antithèse. |
Il faut s’entendre. Est-ce que la réalité, c’est le monde de Dieu ? Pour ma part, je dirais que oui, la réalité, c’est le monde de Dieu. Mais alors à qui appartient le monde qui n’est pas la réalité, ce monde qui nie la réalité, ou qui la falsifie, ou qui la transfigure ? Pour ma part, ce monde-là, c’est le monde humain. De sorte que le monde humain n’est pas le monde de Dieu, il n’est pas la réalité. Mais il est un appel vers Dieu, vers la réalité — parce qu’il en est séparé. C’est là le drame, la tragédie humaine — et aussi sa beauté. L’éveil, c’est voir la réalité. Ce n’est pas sortir de la réalité, c’est y retourner. C’est répondre à cet appel qui fait qu’on est humain, cet appel qui nous invite à rejoindre ce qui nous dépasse, et qui est au fond ce que nous sommes vraiment.
https://youtu.be/2L3hoKzT37Q |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10301 Localisation: belgique
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Posté le: Me 04 Juin 2025 22:35 Sujet du message: |
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Bonsoir Joaquim
C'est la chanson de Serge Lama que tu écoutais sur la route et qui t'a ramené à la Réalité !?  |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 6817 Localisation: Suisse
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Posté le: Me 04 Juin 2025 22:59 Sujet du message: |
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Bonsoir daniel,
Non, ce n’était pas celle-ci, c’était «Les Ports de l’Atlantique». Et c’était seulement les prémisses de la Réalité.
https://youtu.be/u2UwTzKps3s
Mais «La vie lilas» ne m’est pas moi chère. Je l’ai postée parce que c’était un clin d’oeil à Alain. |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 265 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Sa 07 Juin 2025 20:35 Sujet du message: |
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Évangile de Jean 18 : 36
"Mon royaume n'est pas de ce monde..."
Je trouve intéressant ce passage d'une déception quant au monde tel qu'il était sans que nous puissions l'admettre et cette autre vision du monde que l'on a reçu ensuite. Ce passage se manifesterait généralement en vivant une position dépressive, le temps que le renoncement s'installe.
C'est quelque chose qui est un peu évincé des discussions et textes spirituels, comme-ci il y avait une image de soi à préserver ou celle d'une spiritualité sans peine, épreuve, désorientation, angoisse...
Il me semble que le monde lutte en permanence pour éviter cette position dépressive pourtant salutaire. Mais il faut dire que beaucoup trop, d'après moi, tombent dans la dépression à ne pas vivre en accord avec ce monde sans réussir à le quitter symboliquement pour "le leur".
C'est encore une histoire de rites de passage absents de nos sociétés et qui pathologisent le trop grand changement de conscience ! Plutôt que la mort d'un système (notre monde économique par exemple), autant laisser ressentir aux aventuriers de la conscience que ce sont eux qui vivent un état de morbidité. _________________ S'il suffisait de croiser les jambes pour atteindre l'illumination toutes les grenouilles seraient Bouddha. ( Taisen Deshimaru ) |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6942
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Posté le: Di 08 Juin 2025 10:32 Sujet du message: Re: Notre éveil nous a rendus définitivement étrangers au mo |
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joaquim a écrit: | Alain V a écrit: | Ça me paraît évident : nous ne sommes pas de ce monde.
Ou plus exactement, une part de ce que nous sommes, la plus essentielle, n' est pas de ce monde.
C' est comme si la nature avait engendré son antithèse. |
Il faut s’entendre. Est-ce que la réalité, c’est le monde de Dieu ? Pour ma part, je dirais que oui, la réalité, c’est le monde de Dieu. Mais alors à qui appartient le monde qui n’est pas la réalité, ce monde qui nie la réalité, ou qui la falsifie, ou qui la transfigure ? Pour ma part, ce monde-là, c’est le monde humain. De sorte que le monde humain n’est pas le monde de Dieu, il n’est pas la réalité. Mais il est un appel vers Dieu, vers la réalité — parce qu’il en est séparé. C’est là le drame, la tragédie humaine — et aussi sa beauté. L’éveil, c’est voir la réalité. Ce n’est pas sortir de la réalité, c’est y retourner. C’est répondre à cet appel qui fait qu’on est humain, cet appel qui nous invite à rejoindre ce qui nous dépasse, et qui est au fond ce que nous sommes vraiment.
https://youtu.be/2L3hoKzT37Q |
Nous différons ici, car pour moi la réalité de la Nature n' est pas Dieu.
Ou tout au moins Dieu ne se trouve pas entièrement dans la Nature.
J' ai expliqué maintes fois ma perception des choses :
Je suis dualiste : il y a Dieu et il y a la Nature.
La Nature possède ses lois. Elle est puissance " aveugle ", dans le sens ou elle répond à ses lois et non à celle des créatures que nous sommes.
Dieu est lié à l' homme. Il n' est pas puissance mais vulnérabilité
Le cœur de Dieu c' est le cœur de l' homme. Non pas cet homme tel qu' il est mais tel qu' il devient, quand il se tourne vers Dieu.
D' autre part je pense que Dieu est au dessus des religions - quoique la religion convient a beaucoup d'êtres humains, dans leur parcours, pour un temps - mais pour " l' entendre " il faut l' écouter. Non pas forcement à travers le filtre des religions mais dans la realite de sa conscience personnelle, intérieure.
Je ne me sens pas en porte à faux avec cette idée de Dieu car je respecte et reconnais également les lois de la Nature.
Cette dualité dont je parle a finalement juste pour fonction d' expliquer mon positionnement. Elle n' exclue pas que tout soit Unité et que la supposée dualité ne soit qu' apparence et ne procède que de la part mentale de notre entendement qui est limitée par sa nature même. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6942
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Posté le: Di 08 Juin 2025 10:40 Sujet du message: |
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Reality66 a écrit: | Évangile de Jean 18 : 36
"Mon royaume n'est pas de ce monde..."
Je trouve intéressant ce passage d'une déception quant au monde tel qu'il était sans que nous puissions l'admettre et cette autre vision du monde que l'on a reçu ensuite. Ce passage se manifesterait généralement en vivant une position dépressive, le temps que le renoncement s'installe.
C'est quelque chose qui est un peu évincé des discussions et textes spirituels, comme-ci il y avait une image de soi à préserver ou celle d'une spiritualité sans peine, épreuve, désorientation, angoisse...
Il me semble que le monde lutte en permanence pour éviter cette position dépressive pourtant salutaire. Mais il faut dire que beaucoup trop, d'après moi, tombent dans la dépression à ne pas vivre en accord avec ce monde sans réussir à le quitter symboliquement pour "le leur".
C'est encore une histoire de rites de passage absents de nos sociétés et qui pathologisent le trop grand changement de conscience ! Plutôt que la mort d'un système (notre monde économique par exemple), autant laisser ressentir aux aventuriers de la conscience que ce sont eux qui vivent un état de morbidité. |
" Dieu n' est pas de ce monde ".
Je suis en accord avec cela ( voir ma réponse à Joaquim.
Mais " ce monde " est une réalité incontournable car il existe bel et bien pour nous, dans toute sa puissance.
Nous sommes faits des éléments du monde.
Nous sommes l' équivalent d' une poussière dans ce monde. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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Jean-Yves
Inscrit le: 11 Oct 2007 Messages: 225 Localisation: Var
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Posté le: Di 08 Juin 2025 11:31 Sujet du message: |
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Alain V a écrit: | Reality66 a écrit: | Évangile de Jean 18 : 36
"Mon royaume n'est pas de ce monde..."
Je trouve intéressant ce passage d'une déception quant au monde tel qu'il était sans que nous puissions l'admettre et cette autre vision du monde que l'on a reçu ensuite. Ce passage se manifesterait généralement en vivant une position dépressive, le temps que le renoncement s'installe.
C'est quelque chose qui est un peu évincé des discussions et textes spirituels, comme-ci il y avait une image de soi à préserver ou celle d'une spiritualité sans peine, épreuve, désorientation, angoisse...
Il me semble que le monde lutte en permanence pour éviter cette position dépressive pourtant salutaire. Mais il faut dire que beaucoup trop, d'après moi, tombent dans la dépression à ne pas vivre en accord avec ce monde sans réussir à le quitter symboliquement pour "le leur".
C'est encore une histoire de rites de passage absents de nos sociétés et qui pathologisent le trop grand changement de conscience ! Plutôt que la mort d'un système (notre monde économique par exemple), autant laisser ressentir aux aventuriers de la conscience que ce sont eux qui vivent un état de morbidité. |
" Dieu n' est pas de ce monde ".
Je suis en accord avec cela ( voir ma réponse à Joaquim.
Mais " ce monde " est une réalité incontournable car il existe bel et bien pour nous, dans toute sa puissance.
Nous sommes faits des éléments du monde.
Nous sommes l' équivalent d' une poussière dans ce monde. |
Bonjour à tous...
Ma perception sur le sujet, je vais essayer de la traduire...
Oui, nous ne sommes pas de ce monde dans le sens où ce niveau de réalité qui se révèle à soi à travers ce que l'on appelle "l'éveil" apparait totalement séparé de la conscience individuelle (notre "je" habituel).
Ce qui fait que lorsqu'il se révèle, on peut comme se sentir coupé en deux. Il y a le Soi, cette dimension infinie, et le monde...
Oui, c'est complètement séparé, et c'est une phase de transition où se révèle en soi ce que l'on appelle couramment "le témoin". A ce stade on peut parler d'un niveau de "Dieu" qui est transcendant, c'est-à-dire : au delà de soi.
C'est un stade qui peut être déroutant. Mais ce niveau de soi qui examine et qui juge, c'est toujours la structure individuelle.
Dans un autre niveau d'intégration du Soi, celui-ci se révèle comme étant la substance même de ce qui est "le monde", ou même de notre propre esprit. A ce stade, cette conscience (fondamentale et toujours libre), correspond, dans son expression, au niveau immanent de Dieu, c'est-à-dire comme étant "ce qui constitue" la réalité, la substance même de la réalité.
Pour cette raison, il n'y a pas vraiment d'opposition entre une conception d'un Dieu dit "transcendant" ou dit "immanent".
Citation: | Je trouve intéressant ce passage d'une déception quant au monde tel qu'il était sans que nous puissions l'admettre et cette autre vision du monde que l'on a reçu ensuite. Ce passage se manifesterait généralement en vivant une position dépressive, le temps que le renoncement s'installe. |
Oui, de toute évidence, ça peut arriver ainsi, par une phase dépressive. Si ça survient brutalement. C'est apparemment le cas pour Eckhart Tolle, qui a vécu cette phase avant qu'une dimension plus profonde de lui-même ne se révèle.
Dans le moment le plus sombre, il raconte, qu'il en arrivait à la conclusion : "je ne peux plus vivre avec moi".
Et c'est là qu'il a été amené (d'après ce que j'ai compris), à la conclusion qu'il y avait une distinction entre "je" et "moi". C'est-à-dire entre ce qui est "le témoin" et le "moi".
On pourrait alors se demander : "Alors Dieu transcendant, ou immanent" ? On n'a pas vraiment besoin de réponse, les deux sont vraies car elles dépendent de la perception de celui qui regarde. Mais ce ne sont que des points de vue. Des perceptions qui sont uniquement liées à la clarté de perception de celui qui regarde.
Sur le plan le plus holistique, de toutes évidence : tout est Dieu, et il n' y a rien d'autre que Dieu. C'est-à-dire ce niveau de réalité indescriptible.
Pourtant, on peut bien dire que le Soi et le non-soi sont bien séparés. Mais ce n'est pas le même niveau de vision. De la même façon, que même s'il est vrai que le corps et le mental sont tous les deux des expressions de l'Être, (des manifestations de Dieu), ils apparaissent l'un et l'autre comme complètement distincts.
Souvent l'image qui est utilisée pour évoquer ce principe c'est:
"Que l'image dans notre miroir c'est bien nous, mais que l'image, elle, ne pourrait pas dire qu'elle est "nous". Tout simplement parce qu'elle n'en est qu'un reflet (de nous).
Les passages peuvent être difficiles, car la conscience individuelle peut avoir l'impression de perdre pied. Et comme en même temps, bien souvent, il y a une sorte d'hypersensibilité qui survient (du fait que l'on s'ouvre intérieurement), on peut facilement ressentir, par empathie, ce que ressentent les gens autour de de soi.
Heureusement, il y a une progressivité dans ce mécanisme d'ouverture.
A la votre  |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6942
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Posté le: Di 08 Juin 2025 12:17 Sujet du message: |
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Oui, je suis comme toi assez perplexe par rapport par rapport à cette notion de transcendance / immanence.
C' est comme pour toutes les notions conceptuelles humaines telles que la liberté et le déterminisme.
TOUT est en fait une question de perspective.
La perspective dans laquelle JE me place. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10301 Localisation: belgique
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 6942
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Posté le: Di 08 Juin 2025 14:27 Sujet du message: |
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👍🏻 _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 265 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Lu 09 Juin 2025 7:38 Sujet du message: |
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Jean-Yves a écrit: | Alain V a écrit: | Reality66 a écrit: | Évangile de Jean 18 : 36
"Mon royaume n'est pas de ce monde..."
Je trouve intéressant ce passage d'une déception quant au monde tel qu'il était sans que nous puissions l'admettre et cette autre vision du monde que l'on a reçu ensuite. Ce passage se manifesterait généralement en vivant une position dépressive, le temps que le renoncement s'installe.
C'est quelque chose qui est un peu évincé des discussions et textes spirituels, comme-ci il y avait une image de soi à préserver ou celle d'une spiritualité sans peine, épreuve, désorientation, angoisse...
Il me semble que le monde lutte en permanence pour éviter cette position dépressive pourtant salutaire. Mais il faut dire que beaucoup trop, d'après moi, tombent dans la dépression à ne pas vivre en accord avec ce monde sans réussir à le quitter symboliquement pour "le leur".
C'est encore une histoire de rites de passage absents de nos sociétés et qui pathologisent le trop grand changement de conscience ! Plutôt que la mort d'un système (notre monde économique par exemple), autant laisser ressentir aux aventuriers de la conscience que ce sont eux qui vivent un état de morbidité. |
" Dieu n' est pas de ce monde ".
Je suis en accord avec cela ( voir ma réponse à Joaquim.
Mais " ce monde " est une réalité incontournable car il existe bel et bien pour nous, dans toute sa puissance.
Nous sommes faits des éléments du monde.
Nous sommes l' équivalent d' une poussière dans ce monde. |
Bonjour à tous...
Ma perception sur le sujet, je vais essayer de la traduire...
Oui, nous ne sommes pas de ce monde dans le sens où ce niveau de réalité qui se révèle à soi à travers ce que l'on appelle "l'éveil" apparait totalement séparé de la conscience individuelle (notre "je" habituel).
Ce qui fait que lorsqu'il se révèle, on peut comme se sentir coupé en deux. Il y a le Soi, cette dimension infinie, et le monde...
Oui, c'est complètement séparé, et c'est une phase de transition où se révèle en soi ce que l'on appelle couramment "le témoin". A ce stade on peut parler d'un niveau de "Dieu" qui est transcendant, c'est-à-dire : au delà de soi.
C'est un stade qui peut être déroutant. Mais ce niveau de soi qui examine et qui juge, c'est toujours la structure individuelle.
Dans un autre niveau d'intégration du Soi, celui-ci se révèle comme étant la substance même de ce qui est "le monde", ou même de notre propre esprit. A ce stade, cette conscience (fondamentale et toujours libre), correspond, dans son expression, au niveau immanent de Dieu, c'est-à-dire comme étant "ce qui constitue" la réalité, la substance même de la réalité.
Pour cette raison, il n'y a pas vraiment d'opposition entre une conception d'un Dieu dit "transcendant" ou dit "immanent".
Citation: | Je trouve intéressant ce passage d'une déception quant au monde tel qu'il était sans que nous puissions l'admettre et cette autre vision du monde que l'on a reçu ensuite. Ce passage se manifesterait généralement en vivant une position dépressive, le temps que le renoncement s'installe. |
Oui, de toute évidence, ça peut arriver ainsi, par une phase dépressive. Si ça survient brutalement. C'est apparemment le cas pour Eckhart Tolle, qui a vécu cette phase avant qu'une dimension plus profonde de lui-même ne se révèle.
Dans le moment le plus sombre, il raconte, qu'il en arrivait à la conclusion : "je ne peux plus vivre avec moi".
Et c'est là qu'il a été amené (d'après ce que j'ai compris), à la conclusion qu'il y avait une distinction entre "je" et "moi". C'est-à-dire entre ce qui est "le témoin" et le "moi".
On pourrait alors se demander : "Alors Dieu transcendant, ou immanent" ? On n'a pas vraiment besoin de réponse, les deux sont vraies car elles dépendent de la perception de celui qui regarde. Mais ce ne sont que des points de vue. Des perceptions qui sont uniquement liées à la clarté de perception de celui qui regarde.
Sur le plan le plus holistique, de toutes évidence : tout est Dieu, et il n' y a rien d'autre que Dieu. C'est-à-dire ce niveau de réalité indescriptible.
Pourtant, on peut bien dire que le Soi et le non-soi sont bien séparés. Mais ce n'est pas le même niveau de vision. De la même façon, que même s'il est vrai que le corps et le mental sont tous les deux des expressions de l'Être, (des manifestations de Dieu), ils apparaissent l'un et l'autre comme complètement distincts.
Souvent l'image qui est utilisée pour évoquer ce principe c'est:
"Que l'image dans notre miroir c'est bien nous, mais que l'image, elle, ne pourrait pas dire qu'elle est "nous". Tout simplement parce qu'elle n'en est qu'un reflet (de nous).
Les passages peuvent être difficiles, car la conscience individuelle peut avoir l'impression de perdre pied. Et comme en même temps, bien souvent, il y a une sorte d'hypersensibilité qui survient (du fait que l'on s'ouvre intérieurement), on peut facilement ressentir, par empathie, ce que ressentent les gens autour de de soi.
Heureusement, il y a une progressivité dans ce mécanisme d'ouverture.
A la votre  |
Bonjour
@Alain
j'ai bien lu tes propos. Il est quelque peu difficile pour ma part d'accéder à ton regard où il y aurait les lois de la nature et d'un autre côté Dieu, le tout formant une dualité, d'autant que la nature ici-bas reste le berceau de l'humanité et des autres espèces.
@Jean-Yves
D'emblée, te souviens-tu dans quel ouvrage Eckhart Tolle parle de cet état transitoire. Je trouve ce sujet important dans le sens où le monde s'organise pour ne manquer de rien et qu'il ne peut qu'échouer puisque notre essence n'est pas de ce monde.
J'ai ressenti cela aussi de ne pouvoir vivre avec moi-même jusqu'à établir que justement notre misère ontologique reposait sur le rapport à soi-même. Et dans l'anéantissement du moi, l'insignifiance que l'on vient accorder à soi remet en quelque sorte les pendules à l'heure. Dit autrement, se regarder le nombril est la porte d'entrée de notre aliénation.
Ce terme de "témoin" je l'ai peu croisé, mais je crois bien le comprendre, surtout dans ces moments d'expectative où j'ai été dépassé par ce qui se passait devant mes yeux de toute éternité !
Je reviens volontiers sur la question de l'immanence et transcendance. J'en discutais avec Daniel au sujet du changement. C'est une image de l'immanence puisqu'il n'est pas la cause du non changement. À contrario, le changement est transcendance puisque les causes s'enchaînent, s'engendrent, dans le changement. D'autant plus si l'on admet l'existence de Dieu qui est immanent et dont à partir de Lui est engendré le 2 puis la multitude.
Aristote tient aussi un discours dans ce sens avec sa notion de système. Des systèmes existent, par exemple celui de la réflexion éthique, et il produit de la connaissance qui est transcendante (en espérant ne pas avoir galvaudé ses propos).
Je reviens aussi sur le Soi et le non Soi. Je crois percevoir davantage l'importance de cette position dépressive marquant le changement de conscience selon l'idée que s'il n'y avait pas cette position dépressive, notre sensibilité serait absente dans le lien qui nous unit à l'expérience vécue et en ce sens, ce serait une "position démentielle", de folie (dans le sens de perte de raison).
D'ailleurs, culturellement, ceux qui ne dépassent pas cette position dépressive sont étiquetés dans le registre des maladies.
J'insiste un peu sur cette problématique parce qu'il y a tellement de personnes en dépression vivant, si l'on peut dire, entre deux mondes.
Oui, l'image du corps dans le miroir où c'est vrai qu'elle est nous tant qu'on s'identifie au corps à notre apparence. _________________ S'il suffisait de croiser les jambes pour atteindre l'illumination toutes les grenouilles seraient Bouddha. ( Taisen Deshimaru ) |
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Jean-Yves
Inscrit le: 11 Oct 2007 Messages: 225 Localisation: Var
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Posté le: Me 11 Juin 2025 14:54 Sujet du message: |
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Bonjour à tous,
Voici la réponse qui me vient...
C'est délicat de parler de ceci, mais en fait je ne traduis que ma vision... Et dans cette approche qui consiste à aller vers l'approfondissement de notre conscience jusqu'à nous reconnecter à notre propre paix intérieure, il s'agit davantage de voir, de ressentir, de quelle manière ce qui est dit nous parle ou ne nous parle pas, que de se dire "d'accord" ou "pas d'accord".
Je ne sais pas si on peut dire qu'il y aurait un regard qui serait valide et que celui-ci invaliderait les autres.
Ce qu'il est intéressant de voir, à mon sens, c'est comment la conscience en tant que pensée, ou intellect, se cristallise en se disant "les choses sont comme ceci", ou même, "les choses sont comme cela".
Cette cristallisation en elle-même, est le point de fixation, de rigidité en soi. Bien sûr que chacun est en droit de penser ce qu'il veut, ou ce qu'il considère vrai, pas de doute à ce sujet.
Mais pour ma part, ce qui est déterminant, c'est justement l'accueil en soi du fait de reconnaître "que l'on ne sait pas".
Cette reconnaissance est en elle-même une position d'ouverture intérieure.
Du point de vue de l'ego, il interprète cela comme un recul. Et si l'on a un long cheminement spirituel derrière soi, d'un seul coup, on peut avoir l'impression de perdre tout ce que l'on a compris.
Mais ce qu'une impression... Car l'ouverture spirituelle s'apparente davantage à une déconstruction des acquis, des rigidités en soi, que de l'acquisition.
Ce chemin peut ressembler à une acquisition dans un premier temps, mais par la suite, ce n'est pas le cas...
En d'autres termes, si l'on peut reconnaître "je ne sais pas", on relâche la structure individuelle, on permet que se détende cette rigidité qui, en quelque sorte, constitue un point de blocage sur le plan du mental et de l'intellect.
Cette reconnaissance fait appel à l'honnêteté envers soi même, à rien d'autre. Car qu'est-ce que l'on sait réellement de la réalité, de l'étendue de la réalité ?
Cela permet cette ouverture, car ce que nous sommes réellement n'est pas le "je" qui "sait" ceci ou cela.
A la votre  |
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