Jean-Yves
Inscrit le: 11 Oct 2007 Messages: 225 Localisation: Var
|
Posté le: Ve 13 Juin 2025 10:01 Sujet du message: L'importance du "oui" dans différentes traditions |
|
|
Bonjour à tous, un peu de lecture...
À travers toute démarche spirituelle authentique, il existe un point de bascule silencieux — souvent imperceptible mais pourtant décisif : celui où l’on dit "oui". Non pas un oui contraint ou résigné, mais un consentement libre, intérieur, par lequel la conscience individuelle exprime le désir profond de se reconnecter à sa source.
Dans le christianisme, ce oui trouve un écho puissant dans les paroles de Marie :
"Qu’il me soit fait selon ta parole". (fait référence au moment de l’Annonciation, lorsque l’ange Gabriel lui annonce qu’elle concevra un fils, Jésus, par l’action de l’Esprit Saint.)
De nombreux mystiques, comme Maître Eckhart ou Sainte Thérèse d’Avila, ont reconnu en cet acte d’accueil inconditionnel l’un des chemins les plus sûrs vers la grâce.
Pour le Taoïsme, Lao Tseu enseigne un autre visage du oui. Dans le Tao Te King, il invite à l’acceptation fluide du Tao, cette intelligence profonde et invisible qui traverse toute chose.
Le wu wei, souvent mal compris comme passivité, désigne en réalité un "oui" subtil et spontané au flux de la vie.
Le bouddhisme, notamment à travers des pratiques comme la Vipassana ou le zazen, met l’accent sur une présence lucide à l’instant. Dans cette voie, le oui n’est pas prononcé, mais vécu comme un accueil inconditionnel de chaque sensation, de chaque pensée, de chaque souffle.
De même, dans le Chant de l’immédiat Satori, le Maître Yōka Daishi déclare:
"Quand c’est un oui, même la fille du dragon peut devenir un Bouddha. Quand c’est un non, même le moine Zenshō peut, de son vivant, chuter en enfer."
Dans la tradition hawaïenne de Ho’oponopono, le "oui" prend la forme d’une reconnaissance intérieure. Toute situation extérieure est vue comme le reflet d’une mémoire à purifier. Dire "oui" à ce qui se présente, c’est prendre la responsabilité de son monde, et entrer dans un mouvement de guérison intérieure et de réconciliation avec le divin.
Les soufis, quant à eux, parlent d’abandon amoureux. Le Inch’Allah, dans sa résonance la plus profonde, n’est pas une formule fataliste, mais l’expression d’un cœur qui se rend disponible à Dieu. Dans cette dissolution de l’ego, le oui devient une offrande silencieuse : celle de l’être tout entier à l’Unité.
Enfin, dans les traditions chamaniques, le début de la transformation passe toujours par un oui à l’appel. Que cet appel prenne la forme d’une maladie, d’un rêve, ou d’un bouleversement intérieur, il marque le moment où l’on cesse de fuir. Le chemin initiatique commence par cette acceptation intime : dire "oui" à la vie qui nous parle à travers les signes.
Ainsi, sous des formes diverses mais convergentes, toutes ces traditions nous rappellent la liberté qui est nôtre : celle de choisir l’orientation que nous donnons à notre vie.
Un mouvement silencieux, intime, par lequel nous décidons de renouer avec le plan le plus essentiel de soi-même.
 |
|