Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et scientifique
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 384 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Lu 10 Nov 2025 5:58 Sujet du message: Maurice Genevoix et la mort |
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Bonjour à tous
J'ai écouté ce matin à 5h sur France Culture une émission sur Maurice Genevoix (l'on peut se reporter au calendrier des diffusions pour (ré)écouter cette émission.
Ce qui m'a inspiré à ce partage, c'est le témoignage de Genevoix (dans les 15 à 20 premières minutes) d'un soldat pendant la 1ère guerre mondiale, qui, blessé grièvement, a eu le regard illuminé dans sa douleur quand il a pu faire comprendre à Genevoix de ne pas passer par là parce que les ennemis étaient en embuscade. Cet homme ne se souciait plus de lui. Genevoix dit même que cet homme n'avait plus d'illusion(s).
Ce propos renvoie à l'essai de l'auteur "La mort de près".
Dans ces 20 premières minutes de cette émission l'on pourra aussi entendre l'écrivain, ayant frôlé la mort, raconter qu'à un moment, lorsqu'on se sent partir, il y a une douceur qui est ressentie. C'était important pour lui de le dire.
Extrait sur Wikipédia
La Mort de près
livre de Maurice Genevoix
La mort de près est un essai écrit « après cinquante-sept ans de survie »[1]. Maurice Genevoix, une fois encore, dans sa mémoire et la vitalité de son attention, sonde l'indicible pour rapporter les faits dans leur réalité préservée et à vécu au voisinage de la mort. L'écrivain est alors âgé de 82 ans.
Analyse de l'essai
Maurice Genevoix évoque ses confrontations les plus directes avec la mort, qu'il éprouve lui-même par trois fois. Une première fois le 24 septembre 1914, un bouton de sa vareuse le sauve d'une balle tirée d'une quarantaine de mètres. Le 17 février 1915, l'obus qui tue ses camarades à ses côtés le laisse intact. L'épreuve directe de la mort intervient le 25 avril 1915, lorsque trois balles le blessent très grièvement. Il faut, pour évoquer cette expérience de la mort et de la blessure, l'avoir ainsi vécue : « Les blessures, les morts des autres, si profondément qu'elles nous émeuvent, si approché que soit le retour sur nous-mêmes que provoque leur présence lamentable, ne peuvent être qu'autres (...) : le transfert est impossible, il y faut la blessure même. »
***
De toute évidence, cet auteur nous renvoie, à travers son rapport à la mort, à notre rapport à la vie ! |
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Nadinavant18
Inscrit le: 15 Oct 2025 Messages: 87
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Posté le: Me 12 Nov 2025 20:13 Sujet du message: Rapport à la mort |
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| Reality66 a écrit: | Bonjour à tous
J'ai écouté ce matin à 5h sur France Culture une émission sur Maurice Genevoix (l'on peut se reporter au calendrier des diffusions pour (ré)écouter cette émission.
Ce qui m'a inspiré à ce partage, c'est le témoignage de Genevoix (dans les 15 à 20 premières minutes) d'un soldat pendant la 1ère guerre mondiale, qui, blessé grièvement, a eu le regard illuminé dans sa douleur quand il a pu faire comprendre à Genevoix de ne pas passer par là parce que les ennemis étaient en embuscade. Cet homme ne se souciait plus de lui. Genevoix dit même que cet homme n'avait plus d'illusion(s).
Ce propos renvoie à l'essai de l'auteur "La mort de près".
Dans ces 20 premières minutes de cette émission l'on pourra aussi entendre l'écrivain, ayant frôlé la mort, raconter qu'à un moment, lorsqu'on se sent partir, il y a une douceur qui est ressentie. C'était important pour lui de le dire.
Extrait sur Wikipédia
La Mort de près
livre de Maurice Genevoix
La mort de près est un essai écrit « après cinquante-sept ans de survie »[1]. Maurice Genevoix, une fois encore, dans sa mémoire et la vitalité de son attention, sonde l'indicible pour rapporter les faits dans leur réalité préservée et à vécu au voisinage de la mort. L'écrivain est alors âgé de 82 ans.
Analyse de l'essai
Maurice Genevoix évoque ses confrontations les plus directes avec la mort, qu'il éprouve lui-même par trois fois. Une première fois le 24 septembre 1914, un bouton de sa vareuse le sauve d'une balle tirée d'une quarantaine de mètres. Le 17 février 1915, l'obus qui tue ses camarades à ses côtés le laisse intact. L'épreuve directe de la mort intervient le 25 avril 1915, lorsque trois balles le blessent très grièvement. Il faut, pour évoquer cette expérience de la mort et de la blessure, l'avoir ainsi vécue : « Les blessures, les morts des autres, si profondément qu'elles nous émeuvent, si approché que soit le retour sur nous-mêmes que provoque leur présence lamentable, ne peuvent être qu'autres (...) : le transfert est impossible, il y faut la blessure même. »
***
De toute évidence, cet auteur nous renvoie, à travers son rapport à la mort, à notre rapport à la vie ! |
Bonsoir Reality,
Très intéressante cette émission sur Maurice Genevoix et le rapport à la mort. Le rapport à la maladie aussi répond aux mêmes critères puisque toute maladie, y compris, banale nous interroge sur une possible fin. A fortiori quand la maladie est plus grave.
Je suis mille fois d'accord quand Genevoix dit : "le transfert est impossible". Aucune présence approchée, aucune empathie, aucun savoir médical... rien ne peut donner aux autres la profondeur de "la blessure même".
D'où, et j'y reviens, ce sentiment de "solitude" qui est à prendre ici comme la limite ultime de la "cum-préhension" au sens étymologique du terme.
Nadine |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 384 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Je 13 Nov 2025 8:39 Sujet du message: |
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Bonjour Nadine
C'est pertinent d'avoir élargi le thème de la mort en parlant de la maladie et de la solitude.
Au sujet de la maladie et la solitude, les plus grandes douleurs sont muettes. Comment alors s'en faire l'écho dans un silence, non pas silencieux mais qui ne trouve pas son inscription dans l'ordre du monde et de son langage ?
Il se dit néanmoins que notre vocation est inscrite dans notre plus profonde blessure. C'est en ce "lieu" que nous sommes seul-les, que notre parole est irrecevable pour bien d'autres de nos semblables. Peut-être parce que justement, entendre sa blessure, ou celle de l'autre, c'est véritablement exister. C'est-à-dire s'arracher au monde des apparences et oser cette révélation d'être unique, singulier, et surtout présent dans cette absence du verbe où l'on sait que tout témoignage sur cette absence ne trouvera paradoxalement aucun écho.
L'on peut faire un détour par la notion de "crisis" indispensable pour sortir notre conscience du tréfonds de notre être et ainsi n'être (naître) à soi-même sans le monde qui nous a vu apparaître.
Joaquim évoquait ce dilemme de ne pouvoir se sentir aimé-e totalement (dans une humanité qui pourtant partage une même blessure déclinée en nuances), mais que Dieu nous attendait dans l'amour.
C'est en ce sens que notre blessure indicible ne peut qu'être entendue par Dieu et qu'à travers elle, nous ne pouvons échapper à l'appel en soi.
Alors, peut-être que si notre plus profonde blessure est irrecevable dans sa signification par nos semblables, c'est parce qu'elle nous parle, qu'elle nous interpelle dans notre singularité, que nous nous tournons vers Dieu parce que la blessure renvoie au mystère, à notre vulnérabilité, à des choses en fait qui effraient nos semblables.
C'est bien là tout l'enjeu d'une spiritualité : sortir de la torpeur que suggère notre condition humaine pour entendre, voir et aimer. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 7011 Localisation: Suisse
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Posté le: Ve 14 Nov 2025 23:53 Sujet du message: |
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| Reality66 a écrit: | | Il se dit néanmoins que notre vocation est inscrite dans notre plus profonde blessure. C'est en ce "lieu" que nous sommes seul-les, que notre parole est irrecevable pour bien d'autres de nos semblables. Peut-être parce que justement, entendre sa blessure, ou celle de l'autre, c'est véritablement exister. C'est-à-dire s'arracher au monde des apparences et oser cette révélation d'être unique, singulier, et surtout présent dans cette absence du verbe où l'on sait que tout témoignage sur cette absence ne trouvera paradoxalement aucun écho.. |
Bonjour Reality,
Merci de nous faire découvrir Maurice Genevoix.
Qu'entends-tu par cette blessure que tu portes, et que, si je t'entends bien, nous porterions tous ? |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10879 Localisation: belgique
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Posté le: Sa 15 Nov 2025 18:37 Sujet du message: |
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La fille de Maurice Genevoix était journaliste et est décédée à 68 ans, ce qui est encore jeune, quand à sa petite-fille n'est plus venue sur facebook depuis 2019, où elle a 171 amiEs, c'est un peu ce qui reste de son œuvre... de l'oeuvre de chacunE  |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 384 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Sa 15 Nov 2025 18:38 Sujet du message: |
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Bonjour Joaquim
Cette blessure proviendrait qu'à la naissance nous soyons ouverts à tous les possibles et que les réalités de notre condition humaine, nous obligeant d'ailleurs à entrer dans une culture, nous conduisent à sortir d'une certaine fusion, celle fœtale où l'on vivait dans une certaine unité, pour entrer dans un monde avec les tiraillements en soi qu'il suscite.
L'on pourrait évoquer plus simple la notion de souffrance comme chez Bouddha, mais dans cette idée de blessure il est question d'aller identifier les choses en soi pour les nommer. En ce sens la blessure spécifique de chacun serait sa propre voie.
La violence du monde est en quelque sorte une impossibilité d'aller répondre à la souffrance en soi, vraisemblablement parce qu'elle apparaît incohérente, insupportable, injuste, non voulue.
Il y un manque à être dans cette notion de blessure qui était déjà présente dans la spiritualité médiévale. |
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joaquim Administrateur
Inscrit le: 06 Août 2004 Messages: 7011 Localisation: Suisse
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Posté le: Di 16 Nov 2025 20:52 Sujet du message: |
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D'accord, merci pour ces précisions, Reality.  |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 384 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Sa 22 Nov 2025 6:31 Sujet du message: |
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| Reality66 a écrit: |
Il y un manque à être dans cette notion de blessure qui était déjà présente dans la spiritualité médiévale. |
Bonjour
Je souhaite revenir sur ce petit passage ci-dessus qui est pour moi très important.
Alexandre Thalmann dans son ouvrage "Au diable la culpabilité" explique très simplement que la notion de péché (et donc de faute) aurait été mise en place dans le catholicisme par saint Augustin en ayant apparemment puisé dans les présupposés de saint Paul apôtre.
Dans la spiritualité française du Moyen-âge, illustrée dans le tarot de Marseille, l'on trouve cette notion de "faute" dans la carte 13 où il est représenté un squelette avec une faux entre les mains.
La lame de cette faux est rouge comme une blessure dans la chair humaine.
Il est essentiel de voir à travers la faux ce qui est faux en soi, c'est-à-dire un manque de vérité en souffrance.
Ce serait ainsi notre blessure que de vivre dans des représentations illusoires.
Le squelette renvoie pour sa part au dépouillement pour lever ce voile de notre ignorance.
Ceci viendra aussi en clin d'œil à la vidéo sur Emmanuelle Errera qui parle de quelque chose de faux dans son enfance à voir les autres jouer un rôle.
L'on peut également souligner dans ce tarot que la carte complémentaire à la 13 est la 9 (l'Hermite). Cette carte est l'image du thérapeute, du médecin, du guide initiatique. Le personnage (allant vers la gauche : notre intériorité) porte une lanterne d'une main et son autre bras est en écharpe pour rappeler que nous sommes toujours sur un chemin de guérison qui nous éclaire. Notre blessure est comme l'aiguillon qui nous pousse à ce "Va vers toi" de Annick de Souzenelle.
Je commence bientôt la lecture du livre "La mort de près" de Maurice Genevoix. |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 7111
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Posté le: Di 23 Nov 2025 11:57 Sujet du message: Re: Maurice Genevoix et la mort |
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| Reality66 a écrit: | Bonjour à tous
J'ai écouté ce matin à 5h sur France Culture une émission sur Maurice Genevoix (l'on peut se reporter au calendrier des diffusions pour (ré)écouter cette émission.
Ce qui m'a inspiré à ce partage, c'est le témoignage de Genevoix (dans les 15 à 20 premières minutes) d'un soldat pendant la 1ère guerre mondiale, qui, blessé grièvement, a eu le regard illuminé dans sa douleur quand il a pu faire comprendre à Genevoix de ne pas passer par là parce que les ennemis étaient en embuscade. Cet homme ne se souciait plus de lui. Genevoix dit même que cet homme n'avait plus d'illusion(s).
Ce propos renvoie à l'essai de l'auteur "La mort de près".
Dans ces 20 premières minutes de cette émission l'on pourra aussi entendre l'écrivain, ayant frôlé la mort, raconter qu'à un moment, lorsqu'on se sent partir, il y a une douceur qui est ressentie. C'était important pour lui de le dire.
Extrait sur Wikipédia
La Mort de près
livre de Maurice Genevoix
La mort de près est un essai écrit « après cinquante-sept ans de survie »[1]. Maurice Genevoix, une fois encore, dans sa mémoire et la vitalité de son attention, sonde l'indicible pour rapporter les faits dans leur réalité préservée et à vécu au voisinage de la mort. L'écrivain est alors âgé de 82 ans.
Analyse de l'essai
Maurice Genevoix évoque ses confrontations les plus directes avec la mort, qu'il éprouve lui-même par trois fois. Une première fois le 24 septembre 1914, un bouton de sa vareuse le sauve d'une balle tirée d'une quarantaine de mètres. Le 17 février 1915, l'obus qui tue ses camarades à ses côtés le laisse intact. L'épreuve directe de la mort intervient le 25 avril 1915, lorsque trois balles le blessent très grièvement. Il faut, pour évoquer cette expérience de la mort et de la blessure, l'avoir ainsi vécue : « Les blessures, les morts des autres, si profondément qu'elles nous émeuvent, si approché que soit le retour sur nous-mêmes que provoque leur présence lamentable, ne peuvent être qu'autres (...) : le transfert est impossible, il y faut la blessure même. »
***
De toute évidence, cet auteur nous renvoie, à travers son rapport à la mort, à notre rapport à la vie ! |
A mon sens l' expérience vraie ne vient que du vécu.
L' imagination brode autour.
Elle est aussi un vécu, mais par procuration.
Ce qui n' enlève rien à sa pertinence puisque c' est en partie grâce à l' imagination que nous modelons notre réalité actuelle.
Tout cela pour dire que si la guerre n' a pas eté vecue, je ne pense pas que l' on puisse comprendre de quoi il s'agit vraiment.
C' est le problème aussi de la transmission de la mémoire.
Comment se fait il que l' humanité ne semble jamais vraiment saisir les enseignements de l' Histoire ?
Pour moi, c' est relativement facile à comprendre : le jeunes générations n' ont pas vécu ce qu' ont vécu les générations précédentes.
Il en va ainsi de la guerre.
Et je parle bien sûr principalement de la France ( et l' Europe en général).
Cette question est d'ailleurs d' actualité. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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Nadinavant18
Inscrit le: 15 Oct 2025 Messages: 87
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Posté le: Di 23 Nov 2025 17:52 Sujet du message: Re: Maurice Genevoix et la mort |
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| Alain V a écrit: | | Reality66 a écrit: | Bonjour à tous
J'ai écouté ce matin à 5h sur France Culture une émission sur Maurice Genevoix (l'on peut se reporter au calendrier des diffusions pour (ré)écouter cette émission.
Ce qui m'a inspiré à ce partage, c'est le témoignage de Genevoix (dans les 15 à 20 premières minutes) d'un soldat pendant la 1ère guerre mondiale, qui, blessé grièvement, a eu le regard illuminé dans sa douleur quand il a pu faire comprendre à Genevoix de ne pas passer par là parce que les ennemis étaient en embuscade. Cet homme ne se souciait plus de lui. Genevoix dit même que cet homme n'avait plus d'illusion(s).
Ce propos renvoie à l'essai de l'auteur "La mort de près".
Dans ces 20 premières minutes de cette émission l'on pourra aussi entendre l'écrivain, ayant frôlé la mort, raconter qu'à un moment, lorsqu'on se sent partir, il y a une douceur qui est ressentie. C'était important pour lui de le dire.
Extrait sur Wikipédia
La Mort de près
livre de Maurice Genevoix
La mort de près est un essai écrit « après cinquante-sept ans de survie »[1]. Maurice Genevoix, une fois encore, dans sa mémoire et la vitalité de son attention, sonde l'indicible pour rapporter les faits dans leur réalité préservée et à vécu au voisinage de la mort. L'écrivain est alors âgé de 82 ans.
Analyse de l'essai
Maurice Genevoix évoque ses confrontations les plus directes avec la mort, qu'il éprouve lui-même par trois fois. Une première fois le 24 septembre 1914, un bouton de sa vareuse le sauve d'une balle tirée d'une quarantaine de mètres. Le 17 février 1915, l'obus qui tue ses camarades à ses côtés le laisse intact. L'épreuve directe de la mort intervient le 25 avril 1915, lorsque trois balles le blessent très grièvement. Il faut, pour évoquer cette expérience de la mort et de la blessure, l'avoir ainsi vécue : « Les blessures, les morts des autres, si profondément qu'elles nous émeuvent, si approché que soit le retour sur nous-mêmes que provoque leur présence lamentable, ne peuvent être qu'autres (...) : le transfert est impossible, il y faut la blessure même. »
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De toute évidence, cet auteur nous renvoie, à travers son rapport à la mort, à notre rapport à la vie ! |
A mon sens l' expérience vraie ne vient que du vécu.
L' imagination brode autour.
Elle est aussi un vécu, mais par procuration.
Ce qui n' enlève rien à sa pertinence puisque c' est en partie grâce à l' imagination que nous modelons notre réalité actuelle.
Tout cela pour dire que si la guerre n' a pas eté vecue, je ne pense pas que l' on puisse comprendre de quoi il s'agit vraiment.
C' est le problème aussi de la transmission de la mémoire.
Comment se fait il que l' humanité ne semble jamais vraiment saisir les enseignements de l' Histoire ?
Pour moi, c' est relativement facile à comprendre : le jeunes générations n' ont pas vécu ce qu' ont vécu les générations précédentes.
Il en va ainsi de la guerre.
Et je parle bien sûr principalement de la France ( et l' Europe en général).
Cette question est d'ailleurs d' actualité. |
La transmission orale a fait ses preuves mais il est certain qu'elle a ses fragilités et ses limites. Et nous parlons-là d'un vécu "concret", événementiel voire historique dans le cas de la guerre !
Que dire quant au partage d'un vécu strictement cantonné à l'émotionnel ? Quelle transmission patrimoniale peut-on et doit-on en faire ? C'est difficile à déterminer lorsqu'on a des enfants.
Il faudrait peut-être que j'interroge mon adolescente de fille pour savoir ce que, finalement, elle a retenu de cet héritage immatériel que j'ai choisi de lui transmettre parce que j'estimais que pour n'être que vapeur, il n'en était pas moins un privilège... |
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Alain V
Inscrit le: 24 Fév 2007 Messages: 7111
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Posté le: Lu 24 Nov 2025 17:28 Sujet du message: Re: Maurice Genevoix et la mort |
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| Nadinavant18 a écrit: | | Alain V a écrit: | | Reality66 a écrit: | Bonjour à tous
J'ai écouté ce matin à 5h sur France Culture une émission sur Maurice Genevoix (l'on peut se reporter au calendrier des diffusions pour (ré)écouter cette émission.
Ce qui m'a inspiré à ce partage, c'est le témoignage de Genevoix (dans les 15 à 20 premières minutes) d'un soldat pendant la 1ère guerre mondiale, qui, blessé grièvement, a eu le regard illuminé dans sa douleur quand il a pu faire comprendre à Genevoix de ne pas passer par là parce que les ennemis étaient en embuscade. Cet homme ne se souciait plus de lui. Genevoix dit même que cet homme n'avait plus d'illusion(s).
Ce propos renvoie à l'essai de l'auteur "La mort de près".
Dans ces 20 premières minutes de cette émission l'on pourra aussi entendre l'écrivain, ayant frôlé la mort, raconter qu'à un moment, lorsqu'on se sent partir, il y a une douceur qui est ressentie. C'était important pour lui de le dire.
Extrait sur Wikipédia
La Mort de près
livre de Maurice Genevoix
La mort de près est un essai écrit « après cinquante-sept ans de survie »[1]. Maurice Genevoix, une fois encore, dans sa mémoire et la vitalité de son attention, sonde l'indicible pour rapporter les faits dans leur réalité préservée et à vécu au voisinage de la mort. L'écrivain est alors âgé de 82 ans.
Analyse de l'essai
Maurice Genevoix évoque ses confrontations les plus directes avec la mort, qu'il éprouve lui-même par trois fois. Une première fois le 24 septembre 1914, un bouton de sa vareuse le sauve d'une balle tirée d'une quarantaine de mètres. Le 17 février 1915, l'obus qui tue ses camarades à ses côtés le laisse intact. L'épreuve directe de la mort intervient le 25 avril 1915, lorsque trois balles le blessent très grièvement. Il faut, pour évoquer cette expérience de la mort et de la blessure, l'avoir ainsi vécue : « Les blessures, les morts des autres, si profondément qu'elles nous émeuvent, si approché que soit le retour sur nous-mêmes que provoque leur présence lamentable, ne peuvent être qu'autres (...) : le transfert est impossible, il y faut la blessure même. »
***
De toute évidence, cet auteur nous renvoie, à travers son rapport à la mort, à notre rapport à la vie ! |
A mon sens l' expérience vraie ne vient que du vécu.
L' imagination brode autour.
Elle est aussi un vécu, mais par procuration.
Ce qui n' enlève rien à sa pertinence puisque c' est en partie grâce à l' imagination que nous modelons notre réalité actuelle.
Tout cela pour dire que si la guerre n' a pas eté vecue, je ne pense pas que l' on puisse comprendre de quoi il s'agit vraiment.
C' est le problème aussi de la transmission de la mémoire.
Comment se fait il que l' humanité ne semble jamais vraiment saisir les enseignements de l' Histoire ?
Pour moi, c' est relativement facile à comprendre : le jeunes générations n' ont pas vécu ce qu' ont vécu les générations précédentes.
Il en va ainsi de la guerre.
Et je parle bien sûr principalement de la France ( et l' Europe en général).
Cette question est d'ailleurs d' actualité. |
La transmission orale a fait ses preuves mais il est certain qu'elle a ses fragilités et ses limites. Et nous parlons-là d'un vécu "concret", événementiel voire historique dans le cas de la guerre !
Que dire quant au partage d'un vécu strictement cantonné à l'émotionnel ? Quelle transmission patrimoniale peut-on et doit-on en faire ? C'est difficile à déterminer lorsqu'on a des enfants.
Il faudrait peut-être que j'interroge mon adolescente de fille pour savoir ce que, finalement, elle a retenu de cet héritage immatériel que j'ai choisi de lui transmettre parce que j'estimais que pour n'être que vapeur, il n'en était pas moins un privilège... |
Oui, je pense que l' héritage émotionnel, même s' il n' est pas " concret ", est essentiel également.
Il me semble en rapport avec les " valeurs " de l' existence.
Mon interrogation, comme tu l' as bien comprends, portait sur le sens de l' Histoire. _________________ " Le réel c' est quand on se cogne " Lacan
" la guerre, ce sont des hommes qui ne se connaissent pas et qui se massacrent au profit d'hommes qui se connaissent et ne se massacrent pas ".
Paul Valery |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 384 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Ma 25 Nov 2025 8:37 Sujet du message: |
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Bonjour
À ce sujet de l'Histoire, de la mémoire et de la répétition du drame, je crois avoir une piste.
Dans mon précédent message je parle de la faute, de ce qui est faux en soi.
À trop refuser cette expédition dans les tréfonds de sa souffrance personnelle, la violence collective surgit tôt ou tard.
La guerre en tant que contexte ne me semble pas, d'après l'Histoire, heurter les consciences dans les générations suivantes, parce que l'horreur et la peur ne peuvent être une réelle motivation à la paix.
Ce sont des valeurs humanistes et spirituelles qui peuvent répondre à cette problématique de la violence.
Sous cet angle, il ne s'agit plus de penser que seuls ceux qui ont vécu la guerre sont en mesure de comprendre ce que c'est, mais de poser la question de la transcendance pour sortir justement de l'historicité qui semble n'offrir que la répétition à ce sujet pour entrer dans un temps intérieur capable de transcender celui extérieur. |
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daniel
Inscrit le: 15 Fév 2006 Messages: 10879 Localisation: belgique
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Posté le: Ma 25 Nov 2025 8:44 Sujet du message: |
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manira
Inscrit le: 05 Août 2012 Messages: 3343
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Posté le: Ma 25 Nov 2025 13:37 Sujet du message: |
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| Reality66 a écrit: | Bonjour
À ce sujet de l'Histoire, de la mémoire et de la répétition du drame, je crois avoir une piste.
Dans mon précédent message je parle de la faute, de ce qui est faux en soi.
À trop refuser cette expédition dans les tréfonds de sa souffrance personnelle, la violence collective surgit tôt ou tard.
La guerre en tant que contexte ne me semble pas, d'après l'Histoire, heurter les consciences dans les générations suivantes, parce que l'horreur et la peur ne peuvent être une réelle motivation à la paix.
Ce sont des valeurs humanistes et spirituelles qui peuvent répondre à cette problématique de la violence.
Sous cet angle, il ne s'agit plus de penser que seuls ceux qui ont vécu la guerre sont en mesure de comprendre ce que c'est, mais de poser la question de la transcendance pour sortir justement de l'historicité qui semble n'offrir que la répétition à ce sujet pour entrer dans un temps intérieur capable de transcender celui extérieur. |
Bonjour Reality ,
Serait- ce donc que ce que je répondais à Daniel et Kiya , sur un autre fil , aurait fait écho jusqu’à ce fil - ci ?
Quel est donc ce passage du hors - temps au temps …
💜
Bien sûre que cette question est renversable ; c’est peut être là la seule raison que le temps semble nous échapper …
C’est pas que c’est un non dit , que ça peut pas nous traverser .
Je veux dire , le « ça ! « de l’émotion de l’unique lieu , qui ne se cueille pas , bien que vu et rêvu , au seuil de sa surface …
C’est ce que souvent « d’ailleurs « tente de faire le mental
Somewhere
https://youtu.be/4JDQJX97Kic?si=9Rbcdr5v0Zp_ad_H _________________ LA MUSIQUE JOUE JE RÉSONNE |
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Reality66
Inscrit le: 27 Avr 2024 Messages: 384 Localisation: Languedoc-Roussillon
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Posté le: Ma 25 Nov 2025 18:58 Sujet du message: |
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Bonjour manira
Je n'ai pas l'impression que mon message soit en écho au tien, plutôt en résonance ?
J'ai suggéré la notion de temps intérieur que j'ai découvert en détail il y a 30 ans dans un enseignement oral. Ce temps intérieur n'est pas celui du moi qui vit la conflictualité en lui et à l'extérieur de lui-même.
Ce passage du hors temps au temps, je ne suis pas sûr de le comprendre tel que tu l'as présenté.
Le temps intérieur dont je parle et un vécu personnel qui n'est pas affecté (et infesté ?) par une extériorité historique comme celle de la guerre dont il était question. |
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