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Qu’est-ce que l’ego?

 
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joaquim
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Messages: 1421
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MessagePosté le: Me 04 Mai 2005 23:06    Sujet du message: Qu’est-ce que l’ego? Répondre en citant

Martine a écrit:
Ne serait-il pas intéressant (à moins que cela n'ait déjà été traité sur un autre thème du forum...) de proposer justement un thème au sujet de l'ego afin que l'on puisse mieux en cerner les contours ou tout au moins identifier ses mécanismes les plus courants et universels ?...


En relisant les messages postés dans “La naissance de la tragédie”, je retrouve cette proposition faite par Martine, qui me semble fort à-propos pour débrouiller l’écheveau de notions floues qui planent autour de la notion d’ego, et que j’ai malheureusement contribué à emmêler. Je n’ai pas des notions de bouddhisme et d’advaita aussi affinées que d’autres, et cette lacune explique peut-être que j’aie confondu la notion d’ego avec certaine acception de la notion de moi, ou “je”. Confusion qui me saute aux yeux, en lisant les messages limpides de Martine, pour qui l’ego est un leurre évanescent et rien d’autre, et mes propres considérations, dans lesquelles l’ego est tantôt revêtu de cette même signification, et tantôt représenté comme le porteur d’une graine divine. En y réfléchissant, et en m’obligeant à plus de cohérence dans les termes, je suis obligé de considérer l’ego comme l’image déformée du Soi au sein d’une conscience limitée à la perception des objets, tant intérieurs qu’extérieurs, et ignorante de sa propre origine. Dès lors, il ne saurait être question, comme je le prétendais, de voir en lui un imposteur qui puisse se racheter en reconnaissant sa faute, car il n’est rien en lui qui puisse reconnaître une quelconque faute, puisque son existence n'est rien d'autre que l'expression de cette faute, de cette usurpation, et se trouve donc annulée dès que la faute est perçue et corrigée. L'ego ne peut non plus nullement prétendre receler une étincelle du divin. Seul le Soi contient cette étincelle, dont la présence est malheureusement trop souvent cachée par l’opacité de l’ego.

Je retranscris ci-après les passages qui m’ont le plus frappés à la relecture des posts.

joaquim a écrit:
Vous avez tout compris...Smile sauf qu’il serait vain d’attendre la disparition du moi conditionné. C’est comme si vous demandiez que votre corps disparaisse. (...) Nous devons apprendre à jouer de notre ego comme d'un instrument


J'ai manifestement confondu ego et moi conditionné, autrement dit ego et traits de personnalité innés et acquis. C'est avec ces derniers que nous devons apprendre à jouer comme avec un instrument, pas avec l'ego.

waxou a écrit:
L'état d'unité n'est pas forcément contradictoire avec l'ego, on pourrait plutôt dire qu'il l'englobe. C'est là une partie de son charme. Cependant, il n'est accessible que lorsque l'ego n'est pas prioritaire.


Martine a écrit:
En revenant à un état moins unifié, il y a bien entendu, la manifestation de l'ego qui ressurgit pour ainsi dire avec toutes ses peurs et ses limitations


joaquim a écrit:
En fait, c’est l’idée que la conscience doive parvenir à un état de stabilité parfaite dans l’éveil, qui est l’illusion, et au contraire l’acceptation de ce qui est (et dont l’ego fait partie) qui constitue la vraie soumission de l’ego à la réalité de l’être.



joaquim a écrit:
Supprimer l'ego, ce serait faire retour dans le monde de l'éternité, hors du devenir. Accepter l'ego sans s'y laisser enfermer, c'est incarner, à travers un acte de création libre, l'éternité dans le monde manifesté.


Martine a écrit:
De mon point de vue, l'ego est nécessaire tant que la conception dualiste n'a pas été dépassée mais il s'évapore de lui-même lorsque l'être se dévoile dans toute sa splendeur.


Martine a écrit:
je crois que notre conscience a besoin de grandir à l'ombre d'un ego d'abord et lorsqu'elle est prête, c'est à dire lorsque elle est suffisamment consciente d'elle-même, l'éclatement se fait, et l'ego en tant qu'objet de la conscience est démystifié (le sujet, ce n'est pas lui, le sujet c'est la conscience , consciente d'elle-même et de tout ce qui n'est pas elle, c'est à dire de ses objets) et prend aussitôt la porte de sortie.


Martine a écrit:
Oui, je pense comme vous que l'ego est la porte, mais il s'agit d'une porte sans porte, une porte qui n'existait que dans la perspective de l'ego justement et qui révèle son inexistence à peine "franchie"...


waxou a écrit:
je pense que l'ego tel qu'on le connaît est l'émotion du soi amplifiée par le mental.


Martine a écrit:
La perte de l'ego (que je préfère à sa mort sinistre, car elle se fait dans la joie d'une autre retrouvaille) peut se faire par un élargissement de celui-ci, on pourrait dire son accomplissement, de manière à ce que son caractère englobant finisse par être tel que celui-ci se reconnaisse dans tout ce qu'il voit, touche et sens... ou bien dans une voie plus austère, plus intériorisée, qui rejette les objets (au sens de neti, neti) pour en arriver au sujet pur, témoin pur, conscience pure... et là, l'ego, objet ayant "avoué" son caractère fantomatique, a été perdu en chemin...


joaquim a écrit:
Si l'ego n’existait pas, est-ce qu'on pourrait encore parler d’amour? Aimer, n’est-ce pas renoncer à soi pour accueillir l’autre? Mais pour cela, il faut bien qu’il y ait quelque chose à quoi renoncer, et ce à quoi on renonce, c'est l’ego; c'est donc bien lui qui constitue le point crucial sur lequel prend appui l'amour, un point bien particulier, il est vrai, un point en creux, puisqu’il ne remplit son office qu'en s'effaçant


waxou a écrit:
La particularité de l'homme est probablement d'avoir un mental. Et le mental amplifie ces caractéristiques de bases par des mécanismes complexes.
Il amplifie la douleur en souffrance (ou pire), la peur en angoisse, et la conscience en ego.


joaquim a écrit:
l’ego serait cette partie du soi prise au piège du mental; il ne saurait toutefois être considéré comme simple production du mental, car il contient en lui l’étincelle du divin.


Martine a écrit:
L'ego en tant que soi conscient de lui-même... mais alors ne se pourrait-il pas que de cette première déclinaison, on se soit déjà éloigné du Soi... qui n'a peut-être pas besoin d'un intermédiaire pour être conscient de lui-même ? Ne serait-on pas déjà dans le registre de la conscience d'autre chose, c'est à dire dans le registre de la dualité ?
(...)
Poursuivant mon raisonnement (plus ou moins intuitif), je serais tentée de dire que l'ego ne peut pas s'éveiller, ce qu'il peut faire de mieux devant l'évidence de son inexistence intrinsèque c'est de "disparaître"... Je pense que "l'éveil" de l'ego c'est sa disparition pure et simple et ce qui n'existe pas devient inexistant (ce qu'il a toujours été)...


joaquim a écrit:
Loin de moi l'idée de vouloir défendre l'ego , mais j'aime néanmoins assez la version de l’imposteur qui est racheté dès lors qu’il reconnaît sa faute et s’efface devant celui dont il usurpait la place.


Martine a écrit:
L'ego se séparant du Soi n'est-il pas la première pensée qui jaillit plus vite que notre saisie consciente habituelle, passant donc complètement inaperçue... Un "je" séparé du Tout qui serait dès le départ imposteur nous faisant prendre pour réel ce qui n'est qu'une falsification du réel ?


Pour conclure, j’aimerais vous montrer une image qui résume la manière dont je vois le rapport entre l’ego, le moi et le divin. Cette image est parue dans La Liberté du 30 avril 2005, et est tirée du très beau livre de Johnathan Watts: Kerala, des dieux et des hommes. Elle représente un homme en peintures et habits de cérémonie, se recueillant avant d’entrer en transe pour incarner un dieu. Je trouve cette photographie tout-à-fait remarquable. Tout ce qui distinguait cet homme et à quoi il pouvait s’attacher comme lui appartenant en propre, autrement dit l’image à laquelle il pouvait s’identifier et qui constituait son ego, a été recouverte par les parures et les peintures; il ne subsiste de son individualité qu’une expression, particulièrement sensible dans les yeux, qui lui est éminemment propre et personnelle, et qui pourtant ne lui appartient pas, car elle est lui. Ce qui me touche le plus dans cette scène, c’est que cette étincelle qui brille dans son regard, éminemment individuelle et pourtant dépouillée de tout attribut personnel, ne doit en aucun cas s’éteindre pour que la cérémonie soit efficace, c’est-à-dire pour que le dieu s’exprime. Dès que cette étincelle est dépouillé de tout ce qui l’enferme dans l’individu, elle devient expression de Dieu, véhicule de Dieu, elle devient le regard à travers lequel Dieu contemple le monde.



Comme lune l'a très joliment dit:

lune a écrit:
Par-delà mon destin
Dieu
J'ai glissé mon oeil dans ta main
Désormais mon regard t'appartient.
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waxou



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MessagePosté le: Ma 10 Mai 2005 20:16    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai vu à la lecture de ce post une comparaison entre l'homme et un fruit tombé d'un arbre. Elle me paraît tellement facile que je me demande si elle n'a pas déjà été faite mais celà ne me paraît pas très important.

L'homme pourraît être comparé à un fruit dont l'extérieur est destiné à des fins pratiques (pr le fruit par exemple: se défendre, être mangé, se déplacer...) et l'intérieur restant la graine, le noyau, le soi, lorsque cette couche superficielle destinée à intéragir avec l'extérieur -afin de favoriser l'éclosion de la graine- finit par disparaitre, le fruit perd son gout, sa coque ou ses épines pour devenir la graine qui peut exprimer sa vraie nature, en donnant naissance à un arbre qui pourra donner beaucoup d'autres fruits grâce à ce potentiel "divin".
Car la graine est toute la raison d'être de cette coque et non l'inverse.
Je n'oserais pas dire ce qu'est la "coque" de l'homme, mais ce n'est pas plus mal, celà laissera un peu de souplesse à la comparaison...
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marc
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MessagePosté le: Ma 13 Sep 2005 18:03    Sujet du message: Re: Qu’est-ce que l’ego? Répondre en citant

[quote="joaquim"]
Martine a écrit:
la manifestation de l'ego qui ressurgit pour ainsi dire avec toutes ses peurs et ses limitations


La peur ne serait-elle pas légitime quand elle exprime le souci de l'individu de conserver sa vie lorsque celle-ci est en danger ?
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marc
Invité





MessagePosté le: Ma 13 Sep 2005 18:17    Sujet du message: Re: Qu’est-ce que l’ego? Répondre en citant

joaquim a écrit:

Elle représente un homme en peintures et habits de cérémonie, se recueillant avant d’entrer en transe pour incarner un dieu... elle devient le regard à travers lequel Dieu contemple le monde


Il est connu que les peuples dits "pré-civilisés" attibuaient une âme aux forces de la nature et aux animaux ( animisme ) et, complètement démunis devant eux, imaginaient par des rituels de transe pouvoir entrer en contact avec eux pour implorer leur clémence.
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
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MessagePosté le: Ma 13 Sep 2005 19:48    Sujet du message: Re: Qu’est-ce que l’ego? Répondre en citant

La citation de Martine est précédée de ces phrases:

Martine a écrit:
Ce que je veux dire et d'après mon expérience, dans cet état il n'y a plus d'acteur au sens d'une individualité séparée qui s'arrogerait ce rôle. Il n'y a donc plus de "libre arbitre" car il n'y a plus aucun choix. Ceci n'enlève rien, ni l'action, ni sa profondeur ou sa platitude, car il n'y a plus personne pour la qualifier ainsi. C'est pourrait-on dire l'énergie divine en action et on n'en est plus séparé.

En revenant à un état moins unifié, il y a bien entendu, la manifestation de l'ego qui ressurgit pour ainsi dire avec toutes ses peurs et ses limitations


Il n'y est nullement question de la peur légitime d'un individu face à un danger qui menacerait sa vie, mais de toutes les peurs de l'ego intrinsèquement liées à son état en rupture avec le Tout. Le Tout menace continuellement les prétentions de l'ego et même son existence, simplement parce que celles-ci s'inscriventt en opposition avec lui.


marc a écrit:
Il est connu que les peuples dits "pré-civilisés" attibuaient une âme aux forces de la nature et aux animaux ( animisme ) et, complètement démunis devant eux, imaginaient par des rituels de transe pouvoir entrer en contact avec eux pour implorer leur clémence.


Je ne crois pas que les peuples du Sud de l'Inde puissent être considérés comme "pré-civilisés". Wink
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sylvie
Invité





MessagePosté le: Ma 13 Sep 2005 22:02    Sujet du message: Re: Qu’est-ce que l’ego? Répondre en citant

joaquim a écrit:
En y réfléchissant, et en m’obligeant à plus de cohérence dans les termes, je suis obligé de considérer l’ego comme l’image déformée du Soi au sein d’une conscience limitée à la perception des objets, tant intérieurs qu’extérieurs, et ignorante de sa propre origine.
Ce que vous affirmez trouve une confirmation dans les travaux de phénoménologie initiés par Husserl au début du siècle, qui refuse d'étudier la vie à la lumière des seules raison et sensation, pour atteindre ce qu'on peut appeler une subjectivité absolue. Michel HENRY continue ces travaux analysant plus profondément l'essence de l'ici et Maitenant.
Plus de détails sur: www.michelhenry. com/phenomenologie_delavie.htm

et à l'intérieur le lien "phénoménologie matérielle"
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Renaud
Invité





MessagePosté le: Ve 16 Sep 2005 11:37    Sujet du message: Re: Qu’est-ce que l’ego? Répondre en citant

Je souhaite "réagir" à certains éléments de la synthése faite par Joaquim, que je trouve très fine et intéressante.

waxou a écrit:
L'état d'unité n'est pas forcément contradictoire avec l'ego, on pourrait plutôt dire qu'il l'englobe. C'est là une partie de son charme. Cependant, il n'est accessible que lorsque l'ego n'est pas prioritaire.

Il me semble que c'est bien ainsi. Ce n'est pas que l'ego soit l'ennemi de l'unité, puisqu'il fait partie de notre bagage. La difficulté vient de notre identification à lui. Une fois cette identification perdue ce qui constituait l'ego n'a pas disparu, mais nous découvrons que nous sommes autre chose que ce que nous avons toujours cru être (une personne).

Martine a écrit:
De mon point de vue, l'ego est nécessaire tant que la conception dualiste n'a pas été dépassée mais il s'évapore de lui-même lorsque l'être se dévoile dans toute sa splendeur.

Oui, il nous est indispensable tant que nous restons convaincu qu'il n'y a que deux alternatives : exister en tant que personne(s) - donc ego - ou ne pas exister. Mais nous pouvons exister en dehors du cadre de cette illusion de la personne... cela me rapelle ce très beau vers de Prévert : "De deux choses lune, l'autre c'est le soleil".

waxou a écrit:
je pense que l'ego tel qu'on le connaît est l'émotion du soi amplifiée par le mental.

waxou a écrit:
La particularité de l'homme est probablement d'avoir un mental. Et le mental amplifie ces caractéristiques de bases par des mécanismes complexes.
Il amplifie la douleur en souffrance (ou pire), la peur en angoisse, et la conscience en ego.

joaquim a écrit:
l’ego serait cette partie du soi prise au piège du mental; il ne saurait toutefois être considéré comme simple production du mental, car il contient en lui l’étincelle du divin.


Ici, je diverge sur le qui-fait-quoi. C'est pour clarifier ce genre de choses que j'ai admis une distinction entre le mental et la pensée. La pensée est une faculté "pure" dont nous disposons. Pour moi la pensée ne produit pas l'ego, mais l'ego produit de la pensée. J'utilise donc le terme de mental pour désigner cette pensée produite et entretenue par l'ego, car il a un sens relativement négatif dans les "milieux" spiritualistes et new-ageux (que je ne veux pas confondre avec la pensée, qui n'est pas mauvaise en soi).

L'ego, comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, c'est pour moi un ensemble de processus, de "programmes", de "mécanismes cognitifs" qui tournent sur des présuposés faux (illusions). Et s'il y a une boucle rétroactive entre la pensée et les processus qui la produisent, je crois toutefois que le mental est bien plus produit par l'ego que l'inverse. Pour ceux d'entre vous qui ont quelques connaissances en neurosciences, qu'il vous suffise de vous rappeler que lorsque l'on déclanche un mouvement l'ordre est envoyé aux muscles avant que la décision de le faire n'apparaisse dans la conscience (ce qui nous laisse tout juste le temps de contrer l'ordre au besoin). Pour le mental, c'est pareil... un processus emet le concept avant qu'il ne se forme "textuellement" dans la pensée : c'est là que se situe la possibilité de vigilence, là que le disciple peut voir et agir.

joaquim a écrit:
Si l'ego n’existait pas, est-ce qu'on pourrait encore parler d’amour? Aimer, n’est-ce pas renoncer à soi pour accueillir l’autre? Mais pour cela, il faut bien qu’il y ait quelque chose à quoi renoncer, et ce à quoi on renonce, c'est l’ego; c'est donc bien lui qui constitue le point crucial sur lequel prend appui l'amour, un point bien particulier, il est vrai, un point en creux, puisqu’il ne remplit son office qu'en s'effaçant

Je crois bien que oui, et ce serait même certainement en meilleur connaissance de cause (si j'ose dire).
Aimer serait renoncer à soi, mais si on regarde bien on ne renonce pas : il n'y a pas un acte (renoncement) que l'on décide de poser, on se trouve parachuté dans cet oubli de soi ! Lorsque l'ego disparait, la notion d'un soi auquel il faudrait renoncer s'évapore en même temps, et donc l'idée même de renoncement. L'amour, à ce qu'il me semble, ce n'est pas le renoncement à soi mais l'absence de soi... subtilité sémantique certainement plus profonde qu'il n'y paraît de prime abord : une fois éveillé, le renoncement à soi n'a plus de sens, mais l'absence de soi est parfaitement manifeste.
D'ailleurs chacun sait bien qu'on ne peut pas décider d'aimer, ça ne marche pas ! mefiant15


Dernière édition par Renaud le Di 18 Sep 2005 19:05; édité 1 fois
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joaquim
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MessagePosté le: Ve 16 Sep 2005 23:10    Sujet du message: Répondre en citant

Renaud a écrit:
Aimer serait renoncer à soi, mais si on regarde bien on ne renonce pas : il n'y a pas un acte (renoncement) que l'on décide de poser, on se trouve parachuté dans cet oubli de soi ! Lorsque l'ego disparaît, la notion d'un soi auquel il faudrait renoncer s'évapore en même temps, et donc l'idée même de renoncement. L'amour, à ce qu'il me semble, ce n'est pas le renoncement à soi mais l'absence de soi... subtilité sémantique certainement plus profonde qu'il n'y paraît de prime abord : une fois éveillé, le renoncement à soi n'a plus de sens, mais l'absence de soi est parfaitement manifeste.


C’est là le mystère de la grâce, l’insoluble question de savoir qu’est-ce qui fait que tout-à-coup, “on” s’éveille à soi et hors de soi, cette question que luz-azul avait soulevée dans le post: La première étincelle.

Comment pourrait-il s’agir d’un acte de l’ego, comment pourrait-on renoncer à soi-même, comment pourrait-on décider de ne plus être soi?

Et pourtant, il s’agit bien d’un acte, au plus haut sens du terme, d’un acte de liberté, le premier qui mérite pleinement cette qualification, et pourtant d’un acte bien particulier, car pour l’accomplir, il faut déjà être hors de soi, autrement dit il faut qu’il soit déjà accompli. Renoncer à soi, cela se fait à travers un acte à l’intérieur duquel on a déjà renoncé à soi. C’est bien là le mystère de la grâce. C’est ce que j’avais essayé d’exprimer par ces mots:

joaquim a écrit:
Cette réalité d’un autre ordre, plus extérieure et plus intérieure à la fois, ferment de mon propre accomplissement, ne provient ni de ma conscience seule, ni de ma réalité agissante seule, mais de la fusion des deux. Si je cherche à forcer sa nature, qui se dérobe à toute prise de conscience immédiate, à vouloir la conceptualiser malgré elle, elle se présente alors à moi sous la forme paradoxale d’une cause procédant de son propre effet : elle accomplit ma rédemption en introduisant ma conscience dans le monde créateur qui la fait naître ; mais en même temps, elle procède de l’éclosion d’un élément agissant à l’intérieur même de ma conscience ; elle provient ainsi à la fois de moi conscient et de moi agissant, des deux ensemble, c’est-à-dire de l’union qu’elle était justement censé opérer. Si je cherche à enfermer la grâce dans ma raison, je dois reconnaître qu’elle est une cause agissant non pas à partir du passé, comme l’exige le principe de causalité, mais à partir de son propre effet, à partir du futur. Je ne peux rester cohérent avec ma pensée qu’en plaçant son l’origine hors du temps, dans l’éternité, en Dieu.

C’est mon incapacité à conceptualiser la grâce dans le temps qui m’oblige à la faire procéder d’un être hors du temps, que j’appelle Dieu. Mais il m’est impossible de ne rien apprendre de Lui. Il m’est impossible d’en prendre conscience, de le ressentir comme «Autre», puisque lorsqu’il se manifeste, c’est uniquement moi, ma propre rédemption que j’éprouve. «Il opère et je deviens».


En fait, je crois que lorsque l'ego prend (mais où?) le courage de se regarder lui-même, de se dévoiler, il accomplit là le seul acte capable de le faire sortir de lui-même, car alors il met à nu son propre vide, son propre non-être, tout en montrant une confiance en quelque chose qui le dépasse: l'être derrière le vide, qui lui est menace et pourtant qui l'accueille.
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luz-azul



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MessagePosté le: Sa 17 Sep 2005 13:13    Sujet du message: Répondre en citant

Quand je réfléchis sur l’ego, je ne disserte pas sur un être désincarné et théorique qui serait objet observé. Non, je réfléchis sur moi-même, seul objet de ma connaissance.

Que vois-je alors ?

Très fondamentalement (je saute les innombrables strates intermédiaires pour arriver directement au fond), l’ego est l’instrument que mon mental produit et entretient pour que mon corps échappe à la Peur de la Mort. Tout le reste (besoin de paraître, de connaître, besoin de puissance, etc…) est une conséquence du mouvement vers ce besoin fondamental : échapper à la Mort et oublier la Peur de sa présence.

Mon ego n’est donc pas mon ennemi, car il fait tout ce qu’il peut pour m'éviter cette Grande Peur ! Il a été programmé pour cela ! Mon ego n’agit jamais pour me nuire ; c’est exactement le contraire ; il agit toujours pour mon bien. Que les moyens qu'il utilise soient inefficaces et qu’ils ne produisent que de la douleur, c’est bien sûr vrai. Mais lutter directement contre l'ego (donc faire acte de volonté) pour échapper à la souffrance est totalement contre-productif et n'aboutit qu'à la renforcer.

Alors, où est la porte ? Je propose ce qui m’a réussi : s’appuyer sur la bonne foi de sa propre démarche et trouver l’énergie nécessaire dans son propre refus de sa propre douleur pour « se voir en face ».

Quand je dis « se voir en face », je vois que l’étincelle de lucidité que j’ai à ce moment là (résultat de ma bonne foi et de mon sincère désir d’échapper à ma condition) permet à mon ego de s’apercevoir lui-même. Dans cette contemplation, mon ego voit le faux de sa croyance. Il comprend, bribe par bribe, que son action ne produit que de l'inefficacité et qu'il est à lui-même son propre obstacle. Alors, chaque nuance de compréhension allège l’ego, brûle l’opinion, le parti-pris, l’idée toute faite, sur le bûcher du Vrai.

Et, progressivement, l’obscurité cède la place à la Lumière.

Cool , non ? Very Happy
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Renaud
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MessagePosté le: Sa 17 Sep 2005 16:24    Sujet du message: Répondre en citant

En effet, Luz-azul, l'ego est tout sauf notre ennemi. Ce n'est peut être pas clair dans mon charbiah, mais c'est pour moi une évidence.

Là où mon vécu différe, c'est sur sa capacité à nous nuire. Comme les cellules de notre corps (qui sont pourtant absolument nos amies) peuvent se multiplier anarchiquement en cancer, je crois que l'ego peut à son coeur défendant nous porter préjudice. Ne pointes tu d'ailleurs pas toi même ce que tu perçois de préjudiciable dans mon ego ?
:ooh:


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joaquim
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MessagePosté le: Sa 17 Sep 2005 17:09    Sujet du message: Répondre en citant

Renaud a écrit:
Ne pointes tu d'ailleurs pas toi même ce que tu perçois de préjudiciable dans mon ego ?

Il ne s'agit pas ici de critiquer ton ego ni l'ego de qui que ce soit, il s'agit de savoir quel rôle remplit chacun, en tant que cellule dans cet organisme qu'est le forum. Vu sous cet angle, ta parfaite sincérité dans ton propre cheminement, qu'il ne s'agit en aucun cas de critiquer ni de juger, est certainement bénéfique pour toi, mais elle peut causer des remous, voire des dommages au forum, si elle l'oriente dans une direction purement intellectuelle, à travers laquelle tu ne livrerais que le fruit de ton travail, mais pas toi, pas ce que tu es. Sans cette substance humaine, le forum meurt. Il ne s'agit bien sûr pas non plus d'obliger quiconque à se livrer. Chacun le fait à la mesure de ce qu'il sent. Mais si quelqu'un prend une certaine place dans le forum, s'il y imprime dans de nombreux sujets sa présence, sa marque, alors il est nécessaire qu'il participe à la vie de ce forum, non pas seulement intellectuellement, mais qu'il l'alimente de sa vie et qu'il fasse couler en lui sa sève.

Voici quelques phrases que j’ai glanées sur l’internet, et qui me semblent fort à propos:
  • «L'ego préfère essayer de comprendre, plutôt que de vivre».

  • «La lumière n'a nul besoin de naître, car elle est là de toute éternité. C'est à nous de cesser de la masquer.
    Comme tu le dis, ton mental intervient déjà, puisque tu veux devenir autre chose : une lumière. Sois ce que tu es, et cesse de croire qu'il faut être quelque chose d'autre, va plus à fond dans ta logique.»

  • «Oui, l'homme se coupe surtout de la simplicité du vécu brut, et se nourrit d'idéaux et de "sens"... c'est sa misère.»

Ce sont des phrases que j'aurais envie de t'adresser, et pourtant... c'est toi qui les as écrites. Confused ... alors, «va plus à fond dans ta logique»...
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khoan



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Messages: 356

MessagePosté le: Ma 15 Mai 2007 15:50    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis.
Mon ego est.
Mes traumas et mes talents sont.
Pour moi, Dieu aime.
Mes proches sont.
La nature est.
L'art est.
j'ai quelques cailloux dans mes chaussures, mais,
sans flagornerie il semblerait que ma foi tout ce petit monde s'entend plutôt bien... Very Happy
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