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L'action "avant et après" l'éveil.
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aksysmundi



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MessagePosté le: Di 10 Juil 2005 17:28    Sujet du message: L'action "avant et après" l'éveil. Répondre en citant

Dans le cadre d’un "regard sur l’éveil", l’action me semble être un thème incontournable et d’une grande richesse. A ce titre, je souhaiterais m’attarder sur un extrait de l’interview d’Eckhart Tolle dont waxou nous propose ce lien : http://www.wie.org/FR/j18/tolle.asp


Andrew Cohen : Si, donc, le monde est une manifestation temporaire du réel, quelle est la relation éveillée au monde ?

Eckhart Tolle : Pour la personne non éveillée, le monde est tout ce qui existe. Il n'y a rien d'autre. Ce mode de conscience temporel s'accroche au passé pour son identité et a un besoin désespéré du monde pour son bonheur et sa plénitude. Le monde est donc source d'une promesse énorme mais aussi d'une grande menace. C'est tout le dilemme de la conscience non-éveillée : elle est tiraillée entre le besoin de chercher une satisfaction dans et à travers le monde et le fait d'être constamment menacée par celui-ci. Une personne espère se trouver elle-même dans le monde mais en même temps, elle a aussi peur que le monde ne la tue, comme il ne manquera pas de le faire. Voilà la situation de conflit permanent auquel est condamnée la conscience non éveillée, celle d'être déchirée en permanence entre le désir et la peur. C'est un destin épouvantable.
La conscience éveillée est enracinée dans le non-manifesté et est ultimement une avec lui. Elle se sait être cela. On pourrait presque dire qu'il s'agit du non-manifesté regardant à l'extérieur. Même pour une chose simple comme de percevoir visuellement une forme, comme une fleur ou un arbre, si vous les percevez dans un état de grande vigilance et d'immobilité profonde, libre du passé ou de l'avenir, à ce moment-là, c'est le non-manifesté. A ce moment-là, vous n'êtes plus une personne. Le non-manifesté se perçoit lui-même dans la forme. Et il y a toujours une sensation de bonté dans une telle perception.
C'est de là que surgit tout action et celle-ci est alors d'une toute autre qualité que l'action qui surgit de la conscience non-éveillée - qui a besoin de quelque chose et cherche à se protéger. C'est de là que surgit ces qualités intangibles et précieuses qu'on appelle amour, joie et paix. Elles font corps avec le non-manifesté. Elles émergent de cela. Un être humain qui vit en connexion avec cela et agit ou interagit devient une bénédiction pour la planète, alors que la personne non-éveillée pèse lourdement sur la planète. L'être non-éveillé est lourd, et la planète souffre de millions d'êtres non-éveillés. Le fardeau pour la planète est à la limite du supportable. Je le ressens parfois, comme si la planète disait " assez, ça suffit, pitié."


Eckhart Tolle met en exergue la souffrance et le déchirement que provoque le "désespoir du mode de conscience temporel". L’éveil permet une action d’une "autre qualité" ; libérée du "désir et de la peur", d’une conception étriquée du monde. Cette approche de l’action n’est pas sans rappeler les propos d’un certain Arnaud Desjardins :

Cette prise de conscience est possible pour celui qui a la détermination et l'acuité de regard nécessaires, à condition de comprendre que vos actions s'insèrent toujours dans un ensemble, l'ensemble de votre situation mentale et de la situation extérieure dans laquelle vous vous trouvez. Cette situation concrète, ici et maintenant, est votre meilleure garantie ou garde-fou contre les ordres souterrains de l'inconscient. L'inconscient, lui, ne connaît que sa propre loi et son propre monde. Il est à la source de la vision déformée par laquelle on ne vit pas dans le monde mais dans son monde. Seulement le monde, lui, est là. Et, si la buddhi est suffisante, instant après instant, pour nous aider à revenir de notre monde au monde, il est possible de cerner de manière indubitable ce fonctionnement purement réactionnel qui ne mérite en aucun cas de s'appeler « agir ». En se mesurant avec la réalité relative, il est possible de voir comment des mécanismes tout-puissants qui ne tiennent pas compte de cette réalité veulent s'imposer à vous. Et il existe une possibilité effective de chitta shuddhi (purification de cette mémoire inconsciente faite des vasanas et des samskaras) accomplie dans l'existence simplement par la décision de faire ou, pour reprendre le vocabulaire de Swâmiji, d'agir au lieu de réagir. C'est une lutte qui peut, pendant des années, vous paraître presque totalement vouée à l'échec. Et pourtant il y a une issue.
Le but, éveil ou libération, est la fin de quelque chose. Une façon d'être - par conséquent une façon de voir l'existence et une façon de concevoir l'action - disparaît et l'action fait place à ce que les hindous et les bouddhistes appellent en anglais spontaneity . Mais nous n'en sommes pas là immédiatement et le chemin nous montre d'abord notre incapacité à faire. Les actions ne sont que des réactions, et Swâmiji insistait: «Dont mistake reaction for action » : « ne prenez pas une réaction pour une action». Par la connaissance de soi, vous découvrez peu à peu, et c'est déjà très important, que vous n'agissez pas. C'est une découverte, parce que les hommes vivent dans l'illusion d'agir : des mécanismes tout-puissants sont à l'oeuvre en vous, je dis bien tout-puissants, sur lesquels vous n'avez d'abord aucun pouvoir, qui ne tiennent pas compte de la réalité relative du monde phénoménal, et qui vous condamnent à vivre dans votre monde. Ces mécanismes suivent implacablement et stupidement leur propre loi. Certains destins ont été ravagés par ce genre de réactions et, vus du dehors, ils paraissent n'avoir été qu'une suite d'erreurs qu'un observateur peu psychologue jugerait évitables. L'observateur plus informé de la psychologie comprendra que ces erreurs obéissaient à des lois mais elles n'en sont pas moins douloureuses. Un premier aspect de la vision du réel, au moins à un certain niveau, c'est celui de ce divorce poignant, tragique, entre 1a plupart des existences et la réalité relative. II consiste à voir, autour de soi, les autres, mus par leurs propres mécanismes, aller de réactions en réactions au long d'une existence faite de souffrances, menée dans ce qu'on appelle en Inde « avidya », la non-vision, donc qui ne pourra pas conduire à la grande vision, a l'éveil, au dépassement de l'ego.
Extrait de A la recherche du Soi , volume 4 : "Tu es cela", Ed. de La Table Ronde, Paris 1979 . (p 152)


Les propos d’Eckhart Tolle et d’Arnaud Desjardins décrivent une même réalité. Le deuxième texte insiste plus sur la "mécanique" qui conditionne ces "actions illusoires" qui se révèlent n’être que des "réactions inconscientes".
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joaquim
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MessagePosté le: Di 10 Juil 2005 22:45    Sujet du message: Répondre en citant

Voici une observation extrêmement pertinente. Smile Toute action qui vise un but ou qui obéit à une règle n’est en effet pas au sens fort une action, mais une réaction, comme le souligne très bien Desjardins. L’action, c’est quelque chose qu’un sujet fait parce que sa nature même exige qu’il le fasse. L’action, pour un arbre, c’est de grandir, et pour un lion de chasser. Mais tout ce qu’on veut faire à partir d’un je qui décide, ne mérite pas le nom d’action, mais de réaction, car c’en est bien une, dans la mesure où le mobile qu’on s’imagine sien se trouve en fait dans le but recherché, qui, loin d'exprimer ce qu'est le sujet, signale plutôt ce qu'il n'est justement pas, ce qui lui manque et qu'il désire. Rechercher un but, c'est toujours courir après une image de soi, et le fait d'imaginer s'affirmer à travers elle ne fait que trahir l'absence d'un véritable centre d'où jaillirait spontanément l'action. Celui qui agit à partir d'un tel centre n’agit pas dans un but donné, mais simplement par amour pour cette action, parce que cette action lui est naturelle, et même nécessaire.

Francisco Varela l’a très bien dit à sa manière à la fois scientifique et philosophique dans ce texte déjà posté ailleurs:

Francisco Varela a écrit:
La question est très bien exposée dans le Tao Te King de Lao Tseu, où il se présente sous la forme de la célèbre formule, difficile à traduire, du wu-wei (“rien-faire”):
    «L’homme de la plus haute vertu ne s’en tient pas à la vertu, et c’est pourquoi il possède la vertu [...].
    L’homme de la plus basse vertu ne s’éloigne jamais de la vertu et c’est pourquoi il ne possède pas la vertu [...].
    Ainsi le sage agit grâce au wu-wei et il enseigne sans aucune parole [...].
    Alors les mille choses prospèrent sans interruption [...].
    De moins en moins de choses sont faites jusqu’à ce que le wu-wei soit accompli.
    Lorsque le wu-wei est accompli, rien ne reste non fait.»

Le grand problème de cette formulation, c’est qu’elle sonne comme un paradoxe. C’en est effectivement un, mais ce n’est pas un cercle vicieux. La solution consiste à en combiner les deux niveaux en un métaniveau que l’on ne pourra jamais découvrir par la seule analyse logique, comme beaucoup de savants ont essayé de la faire. En fait, le wu-wei désigne une expérience et un parcours d’apprentissage, et non une simple découverte intellectuelle. Il désigne l’acquisition d’une disposition où la distinction absolue entre le sujet et l’objet de l’action disparaît pour être remplacée par l’acquisition d’un savoir-faire où la spontanéité l’emporte sur la délibération. Comme dans tout savoir-faire véritable, il s’agit d’une action non-duelle.
pp. 56-57

Encore une fois, le paradoxe de la non-action dans l’action, c’est que l’individu devient l’action et qu’il s’agit ainsi d’une action non-duelle: “Cette action, dit Martin Buber, est celle de l’homme parvenu à sa pleine croissance, celle que l’on a désigné comme un rien-faire; parce que rien d’isolé, rien de partiel ne se meut plus dans l’homme, et que rien de lui n’intervient plus dans le monde [...]” (Martin Buber, Ich und Du, 1923). Quand on est l’action, il ne reste plus aucune conscience de soi pour observer l’action de l’extérieur. Lorsque l’action non-duelle se déroule régulièrement, l’acte est ressenti comme fondé dans ce qui est calme et ne se meut pas. Oublier son moi et devenir complètement quelque chose, c’est aussi prendre conscience de sa propre vacuité, c’est-à-dire de l’absence de point de référence solide. Cette prise de conscience est bien connue de tous les experts et, en Occident, elle a été souvent remarquée par les athlètes car la conscience de soi est ressentie plutôt comme une gêne plutôt que comme une aide. pp.58-59


Je crois que c’est cela qui est déterminant: ne pas agir pour être ceci ou cela, mais agir parce, par ce qu’on est.
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aksysmundi



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MessagePosté le: Ma 12 Juil 2005 23:43    Sujet du message: Répondre en citant

joachim a écrit:
Je crois que c’est cela qui est déterminant: ne pas agir pour être ceci ou cela, mais agir parce, par ce qu’on est.

Excellente formule ! enaccord9

Francisco Varela a écrit:
“Cette action, dit Martin Buber, est celle de l’homme parvenu à sa pleine croissance, celle que l’on a désigné comme un rien-faire; parce que rien d’isolé, rien de partiel ne se meut plus dans l’homme, et que rien de lui n’intervient plus dans le monde [...]” (Martin Buber, Ich und Du, 1923). Quand on est l’action, il ne reste plus aucune conscience de soi pour observer l’action de l’extérieur. Lorsque l’action non-duelle se déroule régulièrement, l’acte est ressenti comme fondé dans ce qui est calme et ne se meut pas. Oublier son moi et devenir complètement quelque chose, c’est aussi prendre conscience de sa propre vacuité, c’est-à-dire de l’absence de point de référence solide.


L’action non assujettie aux "hantises égoïques" est plus opportune, elle possède une plus grande justesse ; Elle n’est plus en décalage avec ce qui est, elle s’en fait l’écho. Cette oeuvre impersonnelle et "spontanée" est un "élan de vie", elle est à l'unisson avec notre nature profonde.

***
Je vous propose à présent une autre approche de l'action à travers la notion de "dharma" (terme sanscrit que l'on pourrait traduire par "Loi Naturelle, Universelle") . En voici à mon sens une intéressante description de Gaura Krishna:

"On sait que toute action entraîne une réaction. Autrement dit toute cause a un effet. Lorsque l’on vit en harmonie avec la Loi Naturelle, avec le sanatana dharma, c’est comme le plateau de la balance qui demeure en équilibre, il n’y a aucun effet puisqu’aucune cause n’est née. Maintenant, dès que l’équilibre est rompu, à savoir dès que l’on ne vit plus en harmonie avec cette loi, dès que l’on transgresse cette loi, alors va naître un effet, le plateau de la balance va être déséquilibré. " Action " se dit en sanscrit ' karma '. Comme les effets de l’action sont compris dans l’action elle-même tout comme l’arbre est contenu dans la graine, l’effet de l’action s’appelle lui aussi ' karma '. Toute action en dehors de la Loi Naturelle va donc entraîner un ‘karma’, à savoir un effet, une réaction. La tendance des choses est de retrouver l’harmonie, la tendance du plateau de la balance est de revenir à l’état d’équilibre."

Le texte intégral sur ce lien ;
http://pages.intnet.mu/ramsurat/GauraKrishna/sanatana.html

Cette action ne se situe pas dans une conception dualiste, manichéenne des choses. La "qualité" de cette action se situe plutôt dans sa résonnance au monde, dans sa cohésion vis-à-vis du tout. Selon cette "qualité", elle engendrera plus où moins d'harmonie ou de trouble, plus ou moins de "remous".
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joaquim
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MessagePosté le: Me 13 Juil 2005 21:56    Sujet du message: Répondre en citant

J'aimerais poursuivre ces réflexions, et peut-être établir un lien entre les deux approches de l'action que vous distinguez.

La volonté abstraite et délibérée de ne par perturber l’ordre du Tout, paradoxalement, perturbe l’ordre du Tout. Le désir d’adhérer au Tout trahit justement l’état de séparation. Une pierre qui roule, et qui frappe, même à mort, un promeneur, ne dérange pas l’ordre du Tout. Un chat qui attrape une souris, et qui joue avec elle, même si cela nous apparaît particulièrement cruel, ne dérange pas l’ordre du Tout. Parce qu’ils font chacun partie du Tout, intégralement. Il n’y a qu’une chose sur terre qui soit séparé du Tout, c’est la conscience humaine: à travers l’image qu’elle se forme d’elle-même, c’est-à-dire à travers l’ego, elle crée un espace séparé, qui lui appartient de manière exclusive. Cet espace est toutefois purement virtuel: il ne peut pas être au sens fort, puisqu’il est séparé du Tout. Dès lors, tout ce que la conscience accomplit à partir de cet espace perturbe l’ordre du Tout, car elle y introduit un élément qui ne lui est pas intégré. Et cela reste vrai même pour des actes qui veulent explicitement signaler leur accord avec le Tout, comme le fait de manger végétarien ou de prendre garde à n’écraser aucune fourmi sous ses pas.

Ce n’est pas le type d’action qui détermine si elle s’intègre ou non harmonieusement dans le tout, c’est son origine et son but, s’ils sont ou non dans le Tout. Or, tant que l’individu agit à partir de sa conscience séparée, ses actions, malgré leur caractère peut-être élevé, visent uniquement les intérêts de cette conscience séparée: ils visent à la perpétuer, et cela même s’ils visent son salut; ils visent donc quelque chose qui n’est pas et qui détonne au sein de l’être. Ce n’est pas par tel ou tel type d’action que la conscience unie au Tout se distingue de celle qui en est séparée, mais par le but poursuivi. La conscience unie au Tout, lorsqu’elle poursuit un but, le poursuit à l’intérieur du Tout, dans l’être, comme la fleur qui s’épanouit au soleil, comme le lion qui court après la gazelle, et non hors du Tout, c’est-à-dire dans le paraître, comme l’ego qui se recherche à travers l’image qu’il se crée de lui-même. On peut piquer une colère et ne pas déranger l’ordre du Tout, comme on peut se montrer parfaitement serein et déranger l’ordre du Tout. La différence, c’est que pour la conscience non séparée, l’acte constitue en soi son propre but. Il jaillit, comme vous le dites, de manière impersonnelle et spontanée, comme un élan de vie.

Ces réflexions permettent de comprendre en quoi la notion de karma est une notion particulièrement délicate, sujette aux pires malentendus. Le simple fait de penser, en accomplissant une action, au karma possible qu’elle entraîne, introduit dans cette action un souci de soi qui lui ôte son caractère exclusivement “naturel”, et la fait tomber justement sous cette loi du karma à laquelle elle cherchait à échapper. On pourrait presque dire, sous forme de boutade, que se préoccuper du karma constitue le meilleur moyen de se piéger en soi en croyant échapper à soi. J’ai lu quelque part cette phrase qui résume bien le dilemme: “le karma n’est pas une notion destinée à être comprise par l’ego.”
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aksysmundi



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MessagePosté le: Je 14 Juil 2005 13:40    Sujet du message: Répondre en citant

Oui. Une action motivée par la volonté de respecter certaines « règles de conduites », aussi nobles qu‘elles puissent paraître, ne répond pas à la spontanéité dont nous parlons. Cette volonté de se « conformer » dénote bien une séparation, une nécessité de recaler un comportement à autre chose que ce qu’il est « naturellement ». L’ego peut s’accaparer une « action noble », s’identifier à elle dans l’optique « d’agir pour être ». Par définition, une action spontanée est libre du contrôle du mental. Elle découle librement d’une conscience inconditionnelle, qui n’a pas besoin de s’identifier. Dans le cas où le mental prend le contrôle, l'action répondra à sa conception étriquée de l’ordre des choses dans une attente de reconnaissance. Nous sommes alors dans la fameuse réaction mécanique dont parle Arnaud Desjardins.

Je n’avais pas vraiment déceler que la tentative de décrire l’ordre du Tout, de situer l’action dans cette ordre en l’ « isolant » de sa source consciente pouvait prêter à confusion. Effectivement, l’ego peut se satisfaire d’ une tentative de « conformité au dharma », de postures de méditation sans que le doigt ne soit mis sur l’essentiel, sur la réalité absolue. En ce sens, pourrait-on dire que les fruits ne font pas l’arbre. On peut facilement sembler suivre un « chemin spirituel » est rester dans le paraître et dans la complaisance. Effectivement, c’est en ça que certaines notions comme « kharma » ou encore « péché », « action juste » etc… sont « particulièrement délicates et sujette aux pires malentendus ». Pour l’éveillé, les notions de « dharma » ou tout autre dont on peut extraire un certain mérite ne sont pas utiles à la réalisation spontané de l’action, celle-ci émane de son être. Autant que le désir d’ « atteindre l’éveil » est voué à l’échec, il en est de même de celui de se conformer délibérément à cette « élan de vie » qu’est l’action spontanée et à l'ordre du Tout.

Merci pour cette bémol.


Dernière édition par aksysmundi le Ve 15 Juil 2005 23:27; édité 1 fois
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waxou



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MessagePosté le: Je 14 Juil 2005 18:28    Sujet du message: Répondre en citant

La notion de Karma est un véritable aimant pour les concepts liés à l'égo. J'ai encore bien du mal à la sentir aussi bien que la vacuité ou l'impermanence. La notion de mérite est totalement mentale et nous avons tendance à modéliser le Karma en s'aidant de ce concept.
Je suis très intéressé par votre vision des choses. Cependant je suis personnellement mal à l'aise avec cette notion d'ordre du Tout et je me sens assez curieux mais embrouillé (ça promet pour le post). J'aurais tendance à penser que même notre conscience, nos concepts, notre envie de ne pas déranger ce Tout, ou nos illusions sont inclues dans ce grand Tout, et finalement, l'impression de pouvoir le déranger ne serait qu'une illusion de plus.
D'autre part, indépendemment de cette divergence, une autre chose qui me dépasse pour le moment, c'est dire que la conscience perturbe l'ordre du Tout, car c'est affirmer alors que les animaux ne sont pas conscients puisqu'ils ne perturberaient pas cet ordre. (edit: ah non! j'avais mal lu veuillez m'excuser Embarassed )
Je pense que les animaux ont une conscience mais que les rapports entre leur conscience, leur mental et leur corps sont différents.
Selon mes réflexions, ce n'est pas la conscience elle même, mais cette sacro-sainte identification à l'égo qui engendre l'illusion d'être séparé du Tout. J'ai toujours ressenti qu'il y avait une sorte de boucle à l'intérieur de l'homme entre la conscience, le corps et le mental, expliquant la richesse des pathologies psychosomatiques et cette aptitude à amplifier toutes les émotions selon le sens qui leur est donné, alors que chez les animaux, la boucle semble plus ouverte, et leurs flux seraient donc en communication avec l'extérieur au lieu de tourner en boucle.
Je ne me souviens plus des termes exacts, mais une fois je lisais un livre du Dalaï Lama ou il disait que les animaux peuvent faire le bien et le mal, mais sont très limités à ce niveau. Ils ne peuvent pas pratiquer d'action très bonnes comme ils ne peuvent pas pratiquer d'action aussi mauvaises que les humains, et l'homme grâce à son mental est capable du pire comme du meilleur, mais pour pratiquer le meilleur il a besoin d'être instruit. Bien que je n'aime pas trop les principe de bien et de mal, celà m'a parlé.
Je vois la situation de la façon suivante: l'homme est le seul animal dont le mental s'est développé au point d'anticiper ses besoins, et de construire des arbres d'intérêts vis à vis de ceux-ci. Comme il avait peur d'avoir faim, il a pensé à l'agriculture. Comme il avait peur d'avoir froid, ou de se faire attaquer pendant son sommeil, il a construit des maisons, et ainsi de suite. Pensant oeuvrer légitimement, il a continué d'extrapoler les instincts de survie en intérêts que j'aime séparer en trois centres: sécurité, sensation et pouvoir (plus tardif car lié à la survie bio-sociale). Ainsi, il a réussi à s'extraire de toutes les pressions du milieu. Celà aurait pu être le début d'une belle histoire, cependant, le corps humain et l'architecture cérébrale ont cessé d'évoluer avec l'absence de pression au moment ou ils étaient les plus compétitifs, car forgés dans un contexte de lutte pour la survie. Ainsi, l'homme ne s'est pas rendu compte qu'il lui fallait maintenant apprendre à maîtriser son mental pour ne pas qu'il recrée artificiellement ses repères de concurrence. C'est pourquoi l'argent a été nécessaire: tout le monde étant encore dans un contexte de pression, sans règles communes, et quantification de la valeur de l'individu dans la collectivité, tout le monde voulait en avoir plus que les autres, le partage équitable n'était pas possible avec ces vieux instincts. Et ce n'est pas typiquement humain: mes gerbilles se battent entre elles alors qu'il y a largement assez de nourriture pour tout le monde, et le vainqueur s'approprie tout, puis finalement, comme il n'arrive pas à tout manger, et qu'il n'est plus motivé pour repousser les autres une fois rassasié, les autres finissent quand même par manger à leur faim. Et même pire, lorsque je veille à donner assez de morceaux, elles vont toutes se battre pour le même (ce qui nous renvoie au désir mimétique).
Donc pour en revenir à notre sujet, l'être humain est doté d'un ordinateur qui lui permet de construire des concepts, et de jongler avec. Un ordinateur tout seul ne produit pas de Karma car il ne peut croire en la réalité de ses programmes. C'est la croyance erronnée qui est la particularité de l'être humain. C'est la croyance en la réalité du concept qui lui fait faire des actions incohérentes et non basées sur la réalité. Parfois, celà n'a aucune conséquence mais parfois c'est dramatique selon les conditions. Si lors de ma plus grande humiliation infantile on m'avait donné une arme à feu, je l'aurais peut-être utilisée pour me soulager en faisant "justice". Mais je suis bien heureux que mon inconscience n'ait pu s'exprimer de la sorte et que mon concept d'injustice n'ait pas engendré encore plus de souffrance.
Par ailleurs, je ne vois pas de colère dans l'ordre naturel des choses, puisque la colère est issue d'un attachement, donc d'une illusion. Je ne vois pas non plus de colère lorsque deux chats se battent. Seulement une défense de territoire, des hormones de stress, et une volonté d'impressioner ou de dissuader l'autre d'empieter sur ses intérêts par tous les moyens, sauf si celà menace un autre intérêt comme celui de la sécurité.
Si le léopard chasse la gazelle, c'est une question de survie. Il ne le fait pas pour sa survie dans le sens ou le léopard est conscient d'assurer sa survie en chassant la gazelle, mais dans le sens que tout en lui est fait pour qu'il le fasse, car sinon il n'aurait pas pu assurer son reigne au cours de tant d'années dans ce milieu. On peut dire qu'il est adapté et intégré au milieu, alors que l'homme n'est plus intégré qu'à sa société, et encore.
Pour résumer mon point de vue, je crois que notre "libre arbitre" n'est que dans la capacité à croire en nos concepts ou non, le reste étant conditionné. Il y a l'illusion, et selon les conditions en présence, elle peut conduire à l'acte détaché du Tout en passant par le désir ou l'aversion.
Sans l'illusion, la vision est moins individuelle, l'acte est toujours possible mais il n'est pas étudié suivant les divers intérêts en rapport. La décision est libre de tout attachement, de tout commerce intéressé, c'est la sincérité pure. Et en celà, je rejoins cette phrase qui est cruciale:
Joaquim a écrit:
ne pas agir pour être ceci ou cela, mais agir parce, par ce qu’on est.


Malheureusement, les concepts de bien et de mal prêtent aussi beaucoup à confusion. Je crois qu'il est impossible de déterminer si une action est bonne ou mauvaise sans se référer à nos intérêts, aux buts, aux croyances. Si le but est d'être constructif, quelqu'un qui pique une colère, est plus constructif qu'une personne qui se force à ne rien dire, mais ça l'est moins qu'une personne qui n'a pas d'attachement et qui ne pourra se mettre en colère.
Si le but est d'être naturel, la colère est la plus spontannée. La non réaction de la personne qui n'a pas d'attachement est dans un sens aussi spontannée, mais le fait de ne rien dire par peur ou par désir l'est moins.
Là ou je m'embrouille le plus c'est que je n'arrive pas à bien cerner ce que vous appelez l'ordre du Tout. La personne qui se contente de réagir spontanément, bien qu'en partant de jugements conceptuels sera t'elle conforme à cet ordre? Et inversement, celle qui cherchera a relativiser, à voir les choses autrement que par son égo brouillera t'elle cet ordre?
(j'ai conscience d'avoir été assez confus mais j'ai du mal à faire mieux avec ce sujet mefiant15 , désolé pour le mal de tête triste14 )
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joaquim
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MessagePosté le: Je 14 Juil 2005 22:33    Sujet du message: Répondre en citant

waxou a écrit:
J'aurais tendance à penser que même notre conscience, nos concepts, notre envie de ne pas déranger ce Tout, ou nos illusions sont inclues dans ce grand Tout, et finalement, l'impression de pouvoir le déranger ne serait qu'une illusion de plus.

D’un point de vue pratique, si j’ose dire, c’est certainement la meilleure chose à faire. Accepter notre conscience avec tout ce qu’elle contient, la prendre comme elle est, et ne pas entrer en guerre contre les illusions qu’elle nourrit, car cela n'aurait pour effet que de nous amener sur le terrain de l'illusion. L'illusion est illusoire, il n'y a pas à se battre contre elle. Mais du point de vue de la compréhension du monde, on est bien obligé de reconnaître que l’espace qu’ouvre l’ego, et lui seul, dérange l’ordre du monde, puisque l’ego se dresse en opposition avec le monde, que son existence même dépend du fait qu’il soit isolé de tout le reste. Un ego qui n’est plus isolé du Tout disparaît. L’ego se définit par son état d’isolation du Tout, hors de l'être.

waxou a écrit:
Là ou je m'embrouille le plus c'est que je n'arrive pas à bien cerner ce que vous appelez l'ordre du Tout. La personne qui se contente de réagir spontanément, bien qu'en partant de jugements conceptuels sera t'elle conforme à cet ordre? Et inversement, celle qui cherchera a relativiser, à voir les choses autrement que par son égo brouillera t'elle cet ordre?

C’est vrai que j’ai introduit cette notion de l’ordre du Tout sans bien l’expliquer. En fait, j’entends par là simplement l’être, ce qui est, par opposition à ce qui est illusoire, autrement dit séparé de l'être. Mais cela n'implique aucun jugement quant au bien et au mal moral. Il s'agit plutôt d'une notion métaphysique, dans le sens où l'être est le bien (Dieu), et le non-être le mal (l'illusion, le Menteur).

Je pense d'ailleurs que la plupart des actions humaines accomplies sur cette terre sont non seulement bonnes selon un jugement moral, mais qu'elles sont aussi en harmonie avec l’ordre du Tout, c’est-à-dire qu’elle ne prennent pas leur source dans l’image que l’ego se crée de lui-même. C’est l’éthique spontanée dont parle Varela. C’est la disposition de chacun à venir sans réfléchir au secours de son prochain. Non pas pour ceci ou pour cela, mais parce que cela est naturel.

Comportement éthique et conformité à l’ordre du Tout sont deux notions qui ne se recouvrent que partiellement. Il existe en effet beaucoup de comportements naturels et spontanés (comme la colère) qui ne sont pas éthiques, et d’autre comportements, comme celui d’obéir à une règle morale extérieure, qu’on peut qualifier d’éthique mais qui ne sont pas en conformité avec l’ordre du Tout (car procédant d’une réflexion de l’ego sur sa propre image). J'ajouterai que ce qui est utile pour comprendre la nature de l'éveil (autrement dit la nature illusoire de l'ego) ne l'est pas nécessairement pour y parvenir (un comportement éthique me semble bien plus utile pour préparer l'éveil qu'une compréhension qui restera illusoire jusqu'au moment où l'éveil l'aura rendue inutile).

waxou a écrit:
Selon mes réflexions, ce n'est pas la conscience elle même, mais cette sacro-sainte identification à l'égo qui engendre l'illusion d'être séparé du Tout.

C’est exactement ce que je disais.

Petite remarque à propos de la colère. Il est vrai qu’un animal ne se met pas en colère, comme il n’émet pas de jugement. Il n’en a pas la capacité. Il faut pouvoir porter un jugement pour se mettre en colère. La capacité de jugement est proprement humaine, comme la capacité de tomber dans les pièges du mental, à travers l’illusion de l’ego. Mais s’il s’agit bien d’échapper aux pièges du mental et à l’ego, il ne s’agit certainement pas de renoncer à sa capacité de jugement. Ce serait jeter le bébé avec l’eau du bain. La capacité de jugement est intimement liée au sentiment de sa dignité. Et celle-ci est l'enracinement de la personne dans l'être. Un animal n’a pas le sens de sa dignité. Ni de la vérité, ni du bien, ni de la justice. Il n'est pas une personne enracinée dans l'être, il est une vague à la surface de l'être. La colère peut être l’expression d’un attachement, bien sûr, mais elle peut aussi être l’expression d’une in-“dignation”.
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waxou



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MessagePosté le: Je 14 Juil 2005 23:10    Sujet du message: Répondre en citant

Je vous remercie sincèrement pour votre réponse, vous avez remis de l'ordre dans mon esprit :Cool:
Je pense qu'en fait nous sommes d'accord sur tout ce dont vous avez parlé (sauf la fin ou il y a quelquechose qui m'échappe), car peut-être n'ai-je pas encore assez fait attention à l'importance de notre jugement.

Il est vrai que je m'étais bien dit qu'il n'était pas à jeter avec l'eau du bain, tout comme toutes les aptitudes mentales, cependant je pense qu'il est utile de ne pas avoir de jugement "arrêté" défiant l'impermanence et donc la réalité, réduisant la personne à une image, de laquelle il lui faudra bien des efforts pour sortir.
Mais vous m'avez convaincu que le jugement contient aussi sa part de salut s'il reste instrument.
Peut-être que je ne partage pas votre optimisme concernant le caractère éthique de la plupart des actions terrestre. Mais peut-être aussi ai-je un mauvais echantillon pour mes statistiques Laughing
Par contre, concernant la dignité, je ne ressens pas la même chose. Une indignation fait souffrir, mais n'est-ce pas par attachement à une chose, un état que l'on voudrait être mais dont on constate l'illusion? Ce qui est finalement normal puisque ce qu'on est vraiment, personne ne peut nous l'enlever. Avez vous un exemple pour mieux me faire comprendre ce que vous voulez dire par là?
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joaquim
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MessagePosté le: Ve 15 Juil 2005 0:21    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense que la difficulté vient du fait que vous voyez le jugement comme une aptitude de l’esprit, voire du mental, alors que je le vois plutôt comme l’acte de la personne qui se dresse au sein de l’être. Lorsqu’on est, pleinement, en face d’une situation, d’un événement, d’une personne, j’appelle cette perception active que l’on exerce alors, cet accueil en soi des choses et des êtres qui nous permet d'en sentir intimement la nature, cette connaissance au sens fort du terme qu’on en a: le jugement. Non pas dans le sens de verdict, mais plutôt dans le sens de perspicacité. De voir l’être derrière les apparences.

Pour voir l’être, il faut soi-même être intensément, il faut faire acte de présence. La dignité, c’est la qualité de notre présence à l’être. L’indignité, c’est n’être pas suffisamment présent. C’est manquer d’être. C’est un sentiment lié à celui de la honte. La honte, c’est donner de soi une image qui n'est pas la bonne, à laquelle on ne peut pas s’identifier; et c’est vouloir se cacher, pour ne pas être vu ainsi. La colère, c’est l’indignation face au manque d’être, c’est l’exigence de la dignité, de la présence à l’être.

Loin de moi l’idée de me considérer comme un maître, Shocked mais je suis tombé sur cette réflexion à propos de la colère qui répond peut-être à votre question (source ICI):

Citation:
Selon l’enseignement du Bouddha, les trois sources principales du malheur humain sont l’ignorance, l’avidité et la colère. Pourtant, les maîtres bouddhistes, dans le zen en particulier, entrent dans de retentissantes colères, pouvant aller jusqu’à la violence physique. Pour les chrétiens, la colère est un des sept péchés capitaux. Mais Jésus a chassé sans douceur les marchands du temple et s’emportait parfois contre ses disciples (“arrière de moi, Satan”). Et si le sens commun affirme que la colère est mauvaise conseillère, le langage courant nous dit aussi qu’il y a de “saintes colères”. La colère est-elle toujours à fuir, ou y aurait-t-il de bonnes colères ? Et comment discerner ?

(...)

Qu’est-ce donc que la colère d’un maître ? La simple affirmation d’un désir - par exemple : celui que l’autre soit, qu’il devienne enfin qui il est. La colère, alors, n’est que la manifestation de la puissance de ce désir, face à la force de l’opposition : l’ego, le mental, les défenses et les illusions qui empêchent le disciple d’être vraiment lui-même. Ainsi existe-t-il deux formes de colère : la colère-refus, qui transforme le refus de ressentir en haine de l’autre ; et une colère qui dit oui, que l’on appelle une sainte colère, car on sent qu’elle est pure : elle n’est pas fondée sur un refus, elle est un sentiment premier, l’auto-affirmation du désir créateur face à l’inertie de l’obstacle.

© Denis Marquet
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aksysmundi



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MessagePosté le: Sa 16 Juil 2005 0:18    Sujet du message: Répondre en citant

Je voudrais ajouter à ce qui vient d'être dit ma perception de l'ordre du Tout:
Il est à mon sens lié à la "complétude" de l'être. Il est ce qui permet le "lâcher-prise", le sentiment qu'une "oeuvre" qui nous dépasse se réalise par la spontanéité de nos actions, que notre "abandon à l'être" ne cédera pas la place au chaos.


Dernière édition par aksysmundi le Sa 16 Juil 2005 13:48; édité 2 fois
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joaquim
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MessagePosté le: Sa 16 Juil 2005 2:28    Sujet du message: Répondre en citant

Et vous lui restituez une épaisseur qui fait sa vie. Oser lâcher prise est déjà un effet de la grâce. Par une foi en l’être qui n’est ni croyance ni espoir, mais percée de l’être à travers soi.
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aksysmundi



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MessagePosté le: Sa 16 Juil 2005 12:19    Sujet du message: Répondre en citant

En celà, il m'est aussi présent que l'impermanence et la vacuité.

Dernière édition par aksysmundi le Lu 18 Juil 2005 21:33; édité 1 fois
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waxou



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MessagePosté le: Sa 16 Juil 2005 14:54    Sujet du message: Répondre en citant

Je vous suis tous les deux dans vos réflexions, mais je dois avouer que je diverge toujours concernant la colère. Pour éviter toute confusion, je tiens à préciser que je ne cherche aucunement à débattre, mais plutot à comprendre Idea .
Après avoir bien réfléchi, je crois à ce jugement dans l'être. Seulement, je suis tout de même persuadé qu'il ne permet pas de tout savoir: ."Qui croit embrasser toute la vérité n'en perçoit souvent qu'un des aspects", cf la fable que j'ai brievement cité dans la partie aphorismes, lorsque nous parlions de la libération qu'est la non-connaissance.
Vos réflexions sur l'indignation et la honte m'ont interpelé par leur perspicacité. La honte est un rejet de l'image que l'on donne ou que l'on croit donner, c'est donc un sentiment lié au fait de vouloir être quelquechose en particulier, sans assumer la réalité du fait que la volonté seule ne suffit en rien et que l'on ne peut être par pur désir. C'est donc de l'illusion à double tranchant: il est illusoire de s'attacher à vouloir être une chose que l'on est pas (cf. la souffrance de la honte) et il est illusoire de croire que celà changera quelquechose de se cacher (cf. la réaction de non être).
La colère pour moi est issue du fait que l'on voudrait que les choses soient autrement. Tout comme dans la honte, ou nous voudrions aussi être autrement, sauf qu'ici, la différence est qu'elle n'est pas forcément attachée à l'égo. Plutot à une exigence vis à vis de l'"extérieur". Seulement, les choses sont comme elles sont. Notre colère n'y change rien. (Dans tous les cas, à quoi bon le mécontentement?)
Je trouve bien sûr la colère plus sage que la honte dans la mesure ou sa spontanéité n'entretient pas l'illusion. Contrairement à la honte, le deuxième tranchant est évité. Malgré celà, la colère est souffrance, et la souffrance témoigne de notre volonté pour que les choses soient différentes de ce qu'elles sont (sans pour autant agir en ce sens). En celà, elle est tout de même basée sur un attachement, une illusion. Et là ou je conviens à la trouver sage, c'est que faire comme si celà nous était égal serait avoir honte de la colère et s'échapper de l'être.
ps: mais aussi je me rends compte qu'on peut avoir honte de la honte, et préférer se mettre en colère tout en manquant d'être... on en revient toujours à la spontanéité.
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joaquim
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MessagePosté le: Sa 16 Juil 2005 15:30    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense qu’il ne faut pas confondre attachement et adhésion, comme il ne faut pas confondre détachement et lâcher-prise. Attachement et détachement sont deux modalités passives de se situer par rapport à l’être, alors qu’adhésion et lâcher-prise en sont les modalités actives. Il ne s’agit pas de supprimer quoi que ce soit en soi, l’éveil ne procède pas par soustraction, mais par basculement d’un état subi d’être à un état actif d’être. Attachement et détachement se répondent sur un mode privatif, alors qu'adhésion et lâcher-prise se répondent activement dans la respiration vivante de l'être "complet" (c'est cela l'union du Yin et du Yang). S'il s'agit bien de renoncer à soi, ce n'est pas en étouffant l'ego, mais paradoxalement en osant être soi sans retenue: cette absence totale de retenue neutralise l'ego (car l'ego calcule et retient toujours), et nous fait déboucher activement dans l'être. Sans garde-fou, si ce n'est, comme le dit aksysmundi, cette assurance que «notre "abandon à l'être" ne cédera pas la place au chaos.»
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waxou



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MessagePosté le: Di 17 Juil 2005 15:34    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis bien d'accord avec tout celà et vous m'aviez déjà convaincu de cette vision que je ne faisais qu'entrevoir avant.
Mais lorsque j'adhère à quelquechose, je peux en être détaché si je suis présent, conscient. Alors la colère ne surviendra pas si il y a un problème. Mon égo ne sera pas impliqué dans l'adhésion. C'est pour ça que j'estime que la colère est liée à un attachement. Quand on se concentre sur cette émotion, on voit qu'elle s'affine telle un vortex dont le sommet est l'attachement.
Je suis bien d'accord sur le fait de ne pas étouffer l'égo ni de lui soustraire quoi que ce soit. Mais celà ne veut pas dire qu'il ne faut pas non plus chercher à comprendre les illusions qui reignent sur lui et nos émotions, de façon à atteindre une paix intérieure conditionnant (ou non-conditionnant) notre vision des choses. C'est là tout le potentiel humain par rapport aux animaux, qui eux sont assez intensément dans l'être, mais ne peuvent réaliser l'illusion et laisser la souris en vie au lieu de lui faire passer un mauvais quart-d'heure.
Et sans paix, sans silence, sans immobilité intérieure, ce sera toujours le mental conceptuel qui sera plus ou moins aux commandes.
Après, le laisser aller dans l'être doit aussi être synonyme de déploiement de l'égo, d'assouplissement, et donc de paix. C'est ce que je ressens dans la transcendance musicale, mais n'est-ce pas trop conditionné pour être une voie d'Eveil libre et durable? Si ma porte de sortie est dans l'expression de mon égo, tout ce qui va s'y opposer ne va t-il pas m'irriter? N'est-ce pas un mécanisme éminement égoique que le repli sur lui même?
Se rendre compte d'un attachement (surtout s'il nous fait souffrir), et sentir son caractère virtuel nous oblige à sentir la réalité. Sans l'amputer de quoi que ce soit, l'égo est appaisé, la joie nous innonde, la conscience se sent libre et nous sourrions. En fait, ce qu'on ressent comme de la joie lorsqu'on va dans le sens de l'égo, ce n'est que notre état normal, lorsque mental et égo nous laissent tranquile.
Je ne parle aucunement de retenue du mental sur lui même. Mais plutot d'attention, d'acceptation (sans adhérer forcément), pouvant déboucher sur le déconditionnement et l'action.

Eckhart Tolle a écrit:
En perdant contact avec sa quiétude intérieure, c'est avec soi même que l'on perd contact. En perdant contact avec soi-même, on se perd dans le monde.
Le sentiment le plus intime de soi, de son essence, est inséparable du calme intérieur. C'est le JE SUIS, plus profond que le nom et la forme.
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