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La Joie

 
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Talomi



Inscrit le: 16 Août 2005
Messages: 102
Localisation: Région Montréalaise/ Québec

MessagePosté le: Di 02 Oct 2005 1:19    Sujet du message: La Joie Répondre en citant

Je n'ai pas lu de texte concernant la Joie et j'ai envi d'en parler un peu. Au mois d'août dernier, j'ai découvert ce site juste au moment ou j'avais besoin de faire le point sur mon vécu. M'exprimer m'a permis de mettre bien des morceaux de moi-même à leur place et j'ai vécu un grand changement. J'ai le sentiment très net d'avoir passer à autre chose.

Cet autre chose est ma vie simple, de retour chez moi, qui me fait aimer être en vie avec d'autres humains sur une terre que je trouve paradisiaque. C'est presque blasphématoire de dire cela si on regarde toutes les catastrophes qui s'abattent les unes après les autres sur notre petite planète bleue! Pourtant, le paradis est bien réelle. Je me sens parfois au jardin d'éden. J'appécie ces moments de bien-être mais je ne m'y attarde pas plus que mes gestes banals de tous les jours et ce mélange me fait découvrir la Joie. Quelque chose d'inneffable, d'immuable, de réelle, de tangible aussi dans ma chair, quelque chose est vivant! voilà le mot, vivant. Et cette sensation est en fait l'émergence de la Joie, toute simple mais combien douce et bonne! Je la reconnais dans tout mon être et la sens vibrer dans chaque cellule qui me compose et c'est comme si cela allait bien au-delà, comme un quelque chose qui explose de mon intériorité et qui me prends en entier. Ce n'est pas dutout à jeter par terre, au contraire, c'est plutôt un pétillant de vie qui donne envie de dire que la vie est belle!

En fait c'est comme si je retrouvais le sentiment qui m'habitait enfant. Maintenant que je le ressens, je m'en souviens. Un quelque chose d'innée qui est toujours là malgré tout! Oui je me rappelle de cet spontanéité joyeuse d'enfant qui m'habitait, qui me faisait croire en la vie sans me poser de questions. Qui me faisait tout aimer sans conditions, même le petit frère qui me tapochait le crâne avec son jouet! je n'étais pas contente, j'avais mal mais j'oubliais tout de suite après. Est-il possible qu'un enfant n'aie pu connaître cette joie? je me sens très triste de m'imaginer que peut-être il y en a. Je pense aux enfants mal nourrris, les enfants de la guerre, les enfants battus... Ouf!

Revenons à la joie! j'ai brièvement lu sur cette Joie. Encore une fois, pouvez-vous m'en parler? qui en parle et comment il en parle?
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luz-azul



Inscrit le: 07 Août 2005
Messages: 243
Localisation: Valencia

MessagePosté le: Di 02 Oct 2005 7:52    Sujet du message: Répondre en citant

Jaddhu Krishnamurti m’a montré en son temps que la Beauté n’est pas une caractéristique de la chose perçue mais « est dans » le regard qui perçoit. Le regard pur est Beauté pure.

Il me semble en être de même pour la Joie, pour cet intense bonheur de vivre (je préfère l'appeler ainsi) qui émane de la liberté de l’être. La Joie ne provient pas de facteurs extérieurs à l’être. Elle n’est pas contingente. Elle fait partie intégrante de la perception du monde par l’être.

La Joie est parfait attribut de la Perception.
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
Messages: 1421
Localisation: Suisse

MessagePosté le: Di 02 Oct 2005 14:39    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Où que tu ailles, tu ne peux rencontrer que Dieu. — Dieu, disait Ménalque: c’est ce qui est devant nous.

Nathanaël, tu regarderas tout en passant, et tu ne t’arrêteras nulle part. Dis-toi bien que Dieu seul n’est pas provisoire.

Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.

Tout ce que tu gardes en toi de connaissances distinctes sera distinct de toi jusqu’à la consommation des siècles. Pourquoi y attaches-tu tant de prix?

Il y a profit aux désirs, et profit au rassasiement des désirs — parce qu’ils en sont augmentés. Car, je te le dis en vérité, Nathanaël, chaque désir m’a plus enrichi que la possession toujours fausse de l’objet même de mon désir.

André Gide, Les Nourritures terrestres, premier livre, chap. I.



Voici un petit texte sur ce thème que j’avais écrit il y a une vingtaine d'années:

«J'éprouve du plaisir lorsque le monde ouvre pour moi une des portes derrière lesquelles il entretient sa réalité multiple et profonde, lorsqu'il me donne à toucher un des fruits de son alchimie secrète, celle qui le fait être, lorsque l'objet qu'il présente à mon attention ne s'épuise pas en une certaine somme d'impressions sensorielles, mais qu'un rapport s'établit entre moi et cet objet, lorsque je reçois sa présence comme un choc qui me rend consciente l'originalité profonde de notre rencontre, rencontre qui se distingue de milliers d'autres possibles par ce simple fait, mais capital, qu'elle est.

Dans cette rencontre, et uniquement dans une rencontre de cet ordre, je baigne dans un élément capable de me porter, je peux renoncer à utiliser toute mon énergie pour assurer, face au monde, l'indépendance de mon univers ; car je puise alors dans le monde une réalité qui vient nourrir la mienne propre, je peux m'abandonner à la réalité qui vient à moi, sachant que cette réalité me révélera à moi-même ; je peux inspirer cette réalité, lui laisser déployer en moi sa vie propre, au risque moi-même de disparaître, et, en la laissant s'échapper à nouveau, me voir restitué dans mon intégrité, revivifié par ce vent frais qui m'a traversé.

J'éprouve une telle délectation dans ce va-et-vient entre moi et le monde, que je risque de me perdre dans le plaisir, de vouloir m'y absorber tout entier. Ecueil à éviter. Car le plaisir ne doit jamais devenir le but de ma recherche : il en perdrait son caractère de cadeau, de don gratuit, il en perdrait sa fraîcheur et son innocence, et deviendrait capiteuse possession, puis bientôt rumination écoeurante, jusqu'à ce que m'en vienne la nausée, jusqu'à ce que j'étouffe dans cet air renfermé.

Seul Dieu peut être le but de ma recherche ─ j'entends par Dieu tant le fondement de moi que le fondement du monde, et par sa découverte la parfaite imbrication des deux ─ ; le plaisir n'est que l'écume que ma nage vers lui crée sur les vagues qui me portent. Ces bulles d'écume qui me caressent sont assurément délicieuses, mais elles ne peuvent courir sur moi que si je glisse sur elles, que si je les laisse en arrière de moi, que si je m'avance vers des eaux nouvelles, où les nouveaux remous de ma recherche m'apporteront, j'en ai confiance, de nouveaux plaisirs.

Parvenir à ne pas s'accrocher au plaisir, mais le laisser passer sur soi, le laisser échapper, et savoir qu'un plaisir inconnu nous attend, celui qui accompagnera la recherche de ce qu'il nous reste à découvrir.

Ma recherche, mon abandon aux eaux futures, m'apportent le plaisir, le vrai, le seul qui puisse m'inonder, car le seul que je puisse laisser s'écouler sans en retenir la cascade.»
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Talomi



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Messages: 102
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MessagePosté le: Di 02 Oct 2005 18:14    Sujet du message: Répondre en citant

luz-azul a écrit:
La Joie est parfait attribut de la Perception.

Je crois que la Joie se manifeste lorsqu'effectivement l'être est devenu libre de lui-même et qu'il peut ainsi être "attentif" à ce qui est, entier, disponible. Comme il est devenu transparent, il regarde la création à partir de la source qui est beauté parfaite. Il n'a plus de voile devant les yeux.

Dans mon quotidien, je ne suis pas toujours dans cette constatation car je ne m'y arrête pas, mais c'est présent si j'y porte attention comme en ce moment, pour parler de ce que je vis. Parfois cela fait surface lorsqu'il y a "contact" avec l'autre ou avec un paysage, un geste, une parole, un évènement. Cette joie est rarement fulgurante. Si elle est de cet ordre, je l'appellerais plutôt béatitude. La condition d'être de la joie est quelque chose d'immuable, de très stable, léger comme une plume et solide comme le roc, la trame de fond je dirais de mon expression, de ma création propre. J'ajouterais que la Joie est inhérante à l'Intention Première dont j'ai déjà parlé.

Je suis allée à un séminaire de 2 jours avec Stephen Jourdain au début septembre et je lui ai parlé de cette Intention première que je percevais mais qui me laissait interrogative. À ma grande surprise il m'a dit c'est "exactement ça" . Il nous parlait des anges, alors je lui ai demandé si ces anges étaient en fait la matrice des qualités divines et que cette matrice exprimait l'Idée première qui serait aussi l'Intention première. J'étais en plein dedans! Ce séminaire m'a permis de peaufiner le travail fait avec vous dans les semaines précédentes. Il a été la crème sur le gâteau! je saisissais ses paroles et j'absorbais son langage comme un elixir de jeunesse et j'ai ainsi consolidé mon vécu en découvrant la simplicité et la transparance de cet homme exceptionnellement lucide.

Je reviens à la Joie. Le texte précédent de Joaquim m'a touché droit au coeur. Le contact dont il parle est le trésor, le cadeau, la communication réelle qui passe par la trame universelle. Cette trame je la vois comme le tissu de la vie qui est la substance de la conscience. C'est notre "lien".

Citation:
Joaquim dit: Car le plaisir ne doit jamais devenir le but de ma recherche : il en perdrait son caractère de cadeau, de don gratuit, il en perdrait sa fraîcheur et son innocence, et deviendrait capiteuse possession, puis bientôt rumination écoeurante, jusqu'à ce que m'en vienne la nausée, jusqu'à ce que j'étouffe dans cet air renfermé.

J'ai durement appris ce fait dans ma dernière relation amoureuse!!
Citation:
De Joaquim: Parvenir à ne pas s'accrocher au plaisir, mais le laisser passer sur soi, le laisser échapper, et savoir qu'un plaisir inconnu nous attend, celui qui accompagnera la recherche de ce qu'il nous reste à découvrir.

Cela revient toujours à vivre dans l'instant présent. C'est la simplicité de l'enfant devenu l'adulte mature en conscience.
Merci à vous deux, je me délecte de vos propos.
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Somebody



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MessagePosté le: Di 18 Fév 2007 22:54    Sujet du message: Répondre en citant

Talomi a écrit:
luz-azul a écrit:
La Joie est parfait attribut de la Perception.

Je crois que la Joie se manifeste lorsqu'effectivement l'être est devenu libre de lui-même et qu'il peut ainsi être "attentif" à ce qui est, entier, disponible. Comme il est devenu transparent, il regarde la création à partir de la source qui est beauté parfaite. Il n'a plus de voile devant les yeux.

Dans mon quotidien, je ne suis pas toujours dans cette constatation car je ne m'y arrête pas, mais c'est présent si j'y porte attention comme en ce moment, pour parler de ce que je vis. Parfois cela fait surface lorsqu'il y a "contact" avec l'autre ou avec un paysage, un geste, une parole, un évènement. Cette joie est rarement fulgurante. Si elle est de cet ordre, je l'appellerais plutôt béatitude. La condition d'être de la joie est quelque chose d'immuable, de très stable, léger comme une plume et solide comme le roc, la trame de fond je dirais de mon expression, de ma création propre. J'ajouterais que la Joie est inhérante à l'Intention Première dont j'ai déjà parlé.



Je reviens à la Joie. Le texte précédent de Joaquim m'a touché droit au coeur. Le contact dont il parle est le trésor, le cadeau, la communication réelle qui passe par la trame universelle. Cette trame je la vois comme le tissu de la vie qui est la substance de la conscience. C'est notre "lien".

Citation:
Joaquim dit: Car le plaisir ne doit jamais devenir le but de ma recherche : il en perdrait son caractère de cadeau, de don gratuit, il en perdrait sa fraîcheur et son innocence, et deviendrait capiteuse possession, puis bientôt rumination écoeurante, jusqu'à ce que m'en vienne la nausée, jusqu'à ce que j'étouffe dans cet air renfermé.

J'ai durement appris ce fait dans ma dernière relation amoureuse!!
Citation:
De Joaquim: Parvenir à ne pas s'accrocher au plaisir, mais le laisser passer sur soi, le laisser échapper, et savoir qu'un plaisir inconnu nous attend, celui qui accompagnera la recherche de ce qu'il nous reste à découvrir.

Cela revient toujours à vivre dans l'instant présent. C'est la simplicité de l'enfant devenu l'adulte mature en conscience.
Merci à vous deux, je me délecte de vos propos.


Merci pour avoir lancé ce topic, Talomi. Merci à tous ceux qui l'ont enrichi...
La richesse de ce site se dévoile à mes yeux et je suis pleine de joie, lol.

J'espère que tu m'excuseras un petit désaccord

Citation:
Je crois que la Joie se manifeste lorsqu'effectivement l'être est devenu libre de lui-même et qu'il peut ainsi être "attentif" à ce qui est, entier, disponible.


Je pense que l'état de liberté n'est pas un "sine qua non" de la joie...
Il me semble que la joie va de paire avec l'enchantement... et tout le monde peut y avoir droit, pas uniquement les êtres libres (pour moi libre veut dire réalisé)... La liberté, dans un premier temps produit surtout la souffrance... et la souffrance... est indispensable à la transcendance....Mais la joie peut être plus simple et non élitiste (un état d'accès à l'Enfant interieur). La condition d'accès à la joie c'est l'acceptation et l'émerveillement. heureux7

_________________
L'homme est la perfection de l'Univers, l'esprit est la perfection de l'homme, l'amour est la perfection de l'esprit, et la charité est la perfection de l'amour
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