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Le Jeu de l'Ego et de la Mort
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luz-azul



Inscrit le: 07 Août 2005
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MessagePosté le: Je 06 Oct 2005 13:10    Sujet du message: Le Jeu de l'Ego et de la Mort Répondre en citant

Dès qu’on se situe sur le Chemin, les questions « existentielles » deviennent le cœur essentiel de notre réflexion. Qui m’a créé ? Pourquoi ? Quels « outils » m’a-t-on donnés pour percevoir le monde ?

Et puis, juste après cet inventaire de conscience, on arrive immanquablement à LA question, celle qu’on pressent dans tous les actes de nos existences et que nous évacuons par tous les moyens de nos possibles… Dire « La Mort », par exemple, est un moyen intellectuellement élégant pour échapper à sa propre réalité et la repousser dans la foule sans nombre des concepts.

Pour la regarder en face, il vaut mieux dire « ma mort ». Le lien entre elle et mon petit moi surgit alors, évident d’évidence… Il faut alors quelque courage au mental pour regarder en face cette réalité qui me fait sentir, dans toutes les fibres de mon corps, que je ne suis qu’une forme créée par Elle et qui disparaîtra sans bruit dans le grand Mouvement de Dieu.

Pourquoi est-ce que Je suis aussi frileux devant ma mort ? Parce que ma mort, c’est le mur infranchissable qui fait obstacle à mes pensées et à leur projection, c’est l’arrêt de mon Temps. Considérer que ma mort va bientôt exister, que mon corps va bientôt disparaître, me ramène inéluctablement, comme dans un miroir, à la contemplation de la futilité des désirs de mon ego et au vide qui compose mon existence.

Mon ego est indissolublement lié à ma mort car je vois qu’il est l’outil créé par mon mental dans le seul but fondamental de me permettre d’échapper à la grande peur de ma mort.

De mes diverses lectures, j’ai retenu que le cerveau de l’homme était composé de plusieurs niveaux allant du reptilien jusqu’aux couches modernes. Le cerveau reptilien de l’homme, le plus ancien, ne connaît pas la peur (requin ou crocodile par exemple). Un enfant non plus tant qu’il n’a pas atteint le stade de sa propre perception. Alors que les couches supérieures du cerveau de l’homme lui ont permis de percevoir sa finitude. C’est cette perception qui a engendré la peur. Et le mental de l’homme (donc la perception de son individualité et de sa finitude) a créé de toutes pièces l’ego comme son outil de protection intérieure pour y échapper.

On est ahuri de tant d’inconséquence, quand on prend conscience qu’un des deux actes fondamentaux de nos existences (la naissance étant le premier) est complètement occulté de notre quotidien ! Et qu’on découvre les puissantes ruades de l’ego, à chaque fois qu’on veut soulever un coin du voile…

Et pourtant, mon ego m’aime car il n’a de cesse de me protéger (même s’il s’y prend mal, je vous l’accorde…). Si je descends à la verticale de moi-même, c’est cette peur viscérale que je trouve, tout en bas. Et en remontant lentement, en détaillant chaque niveau, chaque couche, je repère bien que toutes les réactions de mon ego (besoin d’avoir, d’être, de paraître, de connaître, besoin de puissance, etc …) ont une unique racine : me permettre d’échapper à la peur omniprésente de ma mort.

Disserter sur tous les aspects de l’ego est sans fin puisqu’il se nourrit lui-même de cette dissertation. Donc, est-ce bien utile ? Par contre, voir ma mort en face, en découvrir la réalité, me semble être le seul vrai moyen d’échapper à mon ego car, dans cette contemplation, il perd sa justification à l’existence. Fondamentalement, mon éveil ne pourra survenir tant que je n’aurai pas accepté de mourir.

Ma mort est inéluctable et fait partie de ma vie. Comme j’accepte avec avidité tout ce qui vient d’Elle, j’accepte ma mort du même cœur. En fin de compte, il me semble qu’il n’y a rien d’autre à dire.

Tout cela ci-dessus, même écrit sur un ton affirmatif, n’est bien sûr que ma perception et je ne me permets évidemment pas de l’imposer à quiconque… Ayant fait peu d’études, je n’appuie tout cela que sur des bribes éparses de savoir glanées ici ou là…


Dernière édition par luz-azul le Je 06 Oct 2005 14:52; édité 1 fois
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Dithy
Invité





MessagePosté le: Je 06 Oct 2005 13:29    Sujet du message: Répondre en citant

Je rejoins ton point de vue sur la mort à quelques différences près :

1. Je ne pense pas que la mort nous effraie parce qu'elle nous renvoie l'image de notre vie futile, pas seulement du moins. Le fait que nous ne puissions par aucun moyen à priori (vu qu'il est à mon avis impossible d'imaginer - dans le sens de concevoir mentalement et tout à fait consciemment - le non-être, dans le cas des non-croyants, ou l'après-vie, et donc Dieu, pour les croyants). Elle nous renvoie aussi à la notion de "temps imparti", ce qui est lié un en certain sens à notre vie futile : "Je n'ai que peu de temps au final, que vais-je en faire ?".

2. Et par conséquent, je ne pense pas que l'égo "meure" quand on regarde sa mort en face, je pense que cela ne change rien pour lui. Pour satisfaire l'égo il faut trouver une réponse à la question posée précédemment, une réponse qui lui aille, et concrétiser cette réponse. L'égo ne veut pas mourir, apparemment, mais je me demande : et si tout ce qu'il voulait c'est nous empêcher de mourir avant d'avoir accompli quelquechose ? On retrouve cela très souvent dans le concept du "il/elle est mort(e) heureux(se)", ou "en paix". "Il/elle a bien vécu". L'égo ne serait-il pas notre salut plutôt que notre "meilleur ennemi" ?
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
Messages: 1421
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MessagePosté le: Je 06 Oct 2005 22:31    Sujet du message: Re: Le Jeu de l'Ego et de la Mort Répondre en citant

Merci, luz-azul, pour ces paroles qui situent le sujet bien au-delà de l'intellect, dans une dimension qui traverse toute l'épaisseur de la condition humaine et la transperce.

Je ne comprend pas tout-à-fait ce que vous entendez par: l'ego me protège de la perception de la mort. Je ne saisis pas bien “qui” serait ce moi que l'ego protégerait. Pour moi, l'ego, c'est: moi ayant peur de la mort. J'aurais ainsi plutôt tendance à dire que c'est l'ego lui-même qui fuit l'idée de la mort, parce qu'elle signifie — au fond de lui il en est convaincu — son propre anéantissement. Lorsqu'il ose regarder la mort en face, lorsqu'il se met par un acte intérieur face à cet au-delà de lui, je crois qu'il ne perd alors pas seulement sa justification à l'existence, mais que c'est son existence même, celle à travers laquelle il s'auto-définit, qui s'évanouit: cette existence-là, bornée, se trouve anéantie, il passe à travers la feuille de papier qu'il se croyait être, pour découvrir la Réalité qu'il masquait, et qui s'avère, à sa totale stupéfaction, construite à partir de sa propre substance. C'est le Stirb und werde! (“Meurs et deviens!”) de Goethe.
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don quichotte
Invité





MessagePosté le: Ve 07 Oct 2005 0:27    Sujet du message: Re: Le Jeu de l'Ego et de la Mort Répondre en citant

luz-azul a écrit:

Ma mort est inéluctable et fait partie de ma vie. Comme j’accepte avec avidité tout ce qui vient d’Elle, j’accepte ma mort du même cœur. En fin de compte, il me semble qu’il n’y a rien d’autre à dire.


En effet, il nous a été donné de vivre et nous vivons. Pourquoi rejeterions nous la mort, alors qu'elle fait partie du cours naturel des choses ? La peur de la mort est irrationnelle. D'ailleurs les Grecs anciens ne connaissaient point cette peur, c'est la pensée judéo-chrétienne qui l'a implantée dans la conscience européenne, ce qui arrangeait le pouvoir romain, car elle permettait de promettre aux assujettis une meilleure vie dans l'au-delàs. Ainsi la peur de la mort est une pure construction afin de manipuler les consciences. Le plus important ce n'est pas la mort mais ce que nous faisons de notre vie, à quoi nous la dédions.
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
Messages: 1421
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MessagePosté le: Ve 07 Oct 2005 0:45    Sujet du message: Répondre en citant

Je crois qu'il ne faut pas confondre la mort comme événement social (dans les cultures traditionnelles, elle était, et elle est encore aujourd'hui considérée comme naturelle), et la mort comme événement individuel. La crainte de sa propre mort existait bien chez les Grecs; elle est apparue le jour où un homme, le premier, prit conscience de sa propre finitude. Comme en témoigne Socrate:

«Or les hommes, à cause de la crainte qu'ils ont de la mort, calomnient les cygnes, prétendent qu'ils se lamentent sur leur mort et que leur chant suprême a le chagrin pour cause.»

Platon, Phédon, 85 a et b, trad. Léon Robin, Oeuvres complètes, La Pleiade, Paris 1950, tome 1, p 806.
Source ICI
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don quichotte
Invité





MessagePosté le: Ve 07 Oct 2005 1:42    Sujet du message: Répondre en citant

joaquim a écrit:
La crainte de sa propre mort existait bien chez les Grecs; elle est apparue le jour où un homme, le premier, prit conscience de sa propre finitude. Comme en témoigne Socrate


Je suis bien d'accord qu'une appréhension de la mort existe chez tous les humains, comme chez les animaux d'ailleurs. Mais ne penser sa vie qu'en perspective de la mort future est absurde. Si la vie apparaît comme un bien, n'est-il pas absurde de la gaspiller en se préoccupant continuellement de la mort ? Et en définitive, pourquoi serait-ce intéressant de vivre éternellement ? Pour accomplir sans fin les mêmes choses ?
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luz-azul



Inscrit le: 07 Août 2005
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MessagePosté le: Ve 07 Oct 2005 4:51    Sujet du message: Re: Le Jeu de l'Ego et de la Mort Répondre en citant

don quichotte a écrit:
D'ailleurs les Grecs anciens ne connaissaient point cette peur, c'est la pensée judéo-chrétienne qui l'a implantée dans la conscience européenne, ce qui arrangeait le pouvoir romain, car elle permettait de promettre aux assujettis une meilleure vie dans l'au-delàs. Ainsi la peur de la mort est une pure construction afin de manipuler les consciences.

Nous ne parlons absolument pas d'un thème intellectuel. Nous ne parlons que de la mort, telle qu'elle est vécue au plus profond de chacun de nous. Etes-vous déjà descendu profond en vous ? L'avez-vous déjà rencontrée en vous ? C'est de cela dont il est question ici, pas d'une dissertation produite par l'ego.

don quichotte a écrit:
Le plus important ce n'est pas la mort mais ce que nous faisons de notre vie, à quoi nous la dédions.

On ne peut PAS dissocier la vie de la mort et les traiter séparément car il s’agit de deux manifestations de la même Réalité et l'une n'existe pas sans l'autre.

Nous ne pouvons connaître le sens réel de notre vie qu’à condition de comprendre le pourquoi de notre mort.

Vouloir les dissocier, c'est entrer dans le jeu de l'ego et des concepts. C'est "hors-sujet" dans ce forum.
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luz-azul



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MessagePosté le: Ve 07 Oct 2005 13:33    Sujet du message: Re: Le Jeu de l'Ego et de la Mort Répondre en citant

joaquim a écrit:
Je ne comprend pas tout-à-fait ce que vous entendez par: l'ego me protège de la perception de la mort. Je ne saisis pas bien “qui” serait ce moi que l'ego protégerait. Pour moi, l'ego, c'est: moi ayant peur de la mort. J'aurais ainsi plutôt tendance à dire que c'est l'ego lui-même qui fuit l'idée de la mort, parce qu'elle signifie — au fond de lui il en est convaincu — son propre anéantissement. Lorsqu'il ose regarder la mort en face, lorsqu'il se met par un acte intérieur face à cet au-delà de lui, je crois qu'il ne perd alors pas seulement sa justification à l'existence, mais que c'est son existence même, celle à travers laquelle il s'auto-définit, qui s'évanouit

Je n’avais encore jamais été aussi loin dans la formulation de ce que je découvre. Merci Joaquim de pousser les sujets dans leurs retranchements, avec un art si particulier de l’analyse qu’il laisse à la réponse peu de place pour la facilité Smile

Englobant le Soi, immaculée Présence dans la forme, existe un niveau de conscience que j’appelle le mental (j’utilise ce mot sans référence particulière avec une tradition).
C’est à ce niveau de conscience qu’est perçu l’individualité de la forme, qu’existe le besoin de survivre avec son corollaire, la peur viscérale de mourir.
C’est à ce niveau de conscience que naît la racine de l’ego en tant que masque d’occultation de cette peur.

Il semble donc exister deux peurs auxquelles nous sommes soumis, et que je mélangeais sans m’en rendre compte :
- la peur viscérale de mourir, supportée par le mental.
- la peur de mourir de l’ego par la butée sur le temps de la pensée, peur incidente de la première, mais distincte dans son mode de création.

A mon sens, ce sont deux perceptions différentes qui s’établissent dans deux plans différents de l’être. Ces deux peurs de la mort nous restent indifférenciées tant qu’on est dans les émotions puisque, justement, l’ego est fait pour nous les masquer en permanence en les recouvrant par le désir.

Traverser l’ego pour atteindre le mental ne fait pas disparaître l’ego. Cela permet seulement l’émergence des peurs au grand jour.

C’est quand le Soi contemple, de face, cette grande peur viscérale supportée par le mental que s’impose enfin la Réalité de la vie et de la mort. C’est dans cette contemplation que s’évapore la peur de mourir.

Quant à l’ego traversé, il perd toute justification à l’existence dès lors que le mental n’a plus de nécessité à le conserver. Il disparaît alors, d’une telle manière qu’on a de la difficulté, après coup, à se remémorer combien les désirs pouvaient être puissants.

Tout ceci écrit avec la seule prétention de l’authenticité envers moi-même, chacun devant considérer ces sujets intimes en fonction de ses propres découvertes.
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joaquim
Administrateur


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Messages: 1421
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MessagePosté le: Ve 07 Oct 2005 20:06    Sujet du message: Répondre en citant

C’est vous qui m’ouvrez de nouveaux horizons, car je n’envisageais pas l’une des deux peurs que vous identifiez: la peur viscérale de mourir. Je respecte votre formulation, et ce n’est pas pour la contester que je vais essayer de l’exprimer avec mes mots, mais pour approfondir la mienne à la lumière de ce nouvel aspect.

Cette peur viscérale ne naîtrait donc pas de la conscience de sa propre finitude, dans l’absolu, mais du mouvement irrépressible qui anime la vie afin de maintenir sa propre forme. C’est la peur viscérale de la gazelle poursuivie par le lion, qui fait tout pour préserver sa vie. Il n’y aurait pas dans cette peur une perception précise de la fin de soi, mais plutôt une volonté “vitale” de préserver sa vie. Dans ce sens, si la conscience de sa propre finitude est commune à tous les êtres conscients d’eux-mêmes, et à eux seuls, la peur viscérale de mourir est commune à tout le vivant, mais n’est perçue que lorsque la réalité de sa propre fin devient tangible.

S’il m’est arrivé de frôler une fois ou l’autre la mort, je n’ai jamais eu à l’affronter. Je ne me suis jamais tenu face à elle de sorte qu’elle me prenne aux tripes et aiguillonne en ma chair un vouloir-vivre qui s’enracine dans les tréfonds du corps.

Le chemin qui m’a conduit à l’éveil n’a pas passé non plus par une confrontation à la mort. J’ai simplement constaté que la peur de la mort, qui existait avant, avait disparue. Elle s’était évanouie, en même temps que l’idée d’être un individu.
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waxou



Inscrit le: 13 Mars 2005
Messages: 361
Localisation: Marseille

MessagePosté le: Ve 07 Oct 2005 22:38    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense qu'il y a peur physique et peur mentale. La peur physique étant plus viscérale, comme une réaction intrinsèque du corps face à quelquechose qui le met en danger alors que la peur mentale est une sorte d'angoisse existentielle vis à vis de la mort, et émergerait de l'idée d'être séparé du tout, croire que le Soi n'existe que par ses limites et que tout comme pour le corps, elles garantissent sa survie, c'est peut-être ainsi que le Soi est remplacé par l'égo. Or comme ces limites n'existent pas, nous dépensons une énergie folle pour les défendre ou les matérialiser par des comportements divers.

Le désir aussi entretient l'angoisse de la mort puisque pour beaucoup d'entre nous, nous aurons manqué d'être la majeure partie de notre vie pour avoir. Or lorsqu'on pense à la mort, on se rend bien compte que l'on a jamais rien eu véritablement, que ce n'était qu'une impression, mais que parcontre, nous avons véritablement manqué d'être.

Je me rend compte que finalement, je n'ai fait que paraphraser luz-azul:
luz-azul a écrit:
Considérer que ma mort va bientôt exister, que mon corps va bientôt disparaître, me ramène inéluctablement, comme dans un miroir, à la contemplation de la futilité des désirs de mon ego et au vide qui compose mon existence.


Je ne peux malheureusement pas beaucoup apporter de lumière personnelle sur ce sujet. Bien que j'aie été confronté à la mort à l'hôpital et que par des paroles de patients, j'ai pu réaliser à quel point on passait notre temps à cracher sur la vie, mon égo n'a jamais été obligé de le constater en "personne".

Dans la même tonalité, j'ai bien aimé ce passage d'Eckhart Tolle (décidément) qui montre bien que nous avons en nous deux façons de prendre la chose:
Citation:
Que restera-t-il de toute la peur et de tous les désirs associés à votre condition de vie problématique, qui accapare chaque jour la majeure partie de votre attention? Un tiret de quelques centimètres entre votre date de naissance et celle de votre décès, sur votre pierre tombale.
Pour le soi égoique c'est une pensée déprimante, pour vous, elle est libératrice.
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fabienne
Invité





MessagePosté le: Sa 08 Oct 2005 9:05    Sujet du message: Répondre en citant

La mort n'est pas un sujet ouvert du côté de chez moi et je ne suis pas à l'aise mais je vais essayer de vous donner mon sentiment.
J'ai du mal à comprendre mon détachement face à cette réalité car cela n'a pas de lien avec mon cheminement spirituel, ou plutôt, j'ai eu conscience de ce détachement, il y a bien longtemps.
J'ai pensé à la mort lorsque mon premier fils est né et ma pensée fût alors totalement absurde!
"Tu donnes la vie, la tienne est sans importance maintenant!"
L'absurbe est que la mission qui se présentait, était de mener mon enfant jusqu'à son autonomie...Il me fallait le mener à cette même liberté, face à sa propre mort.
Ces derniers mois me bousculent sur tous les plans et comme toi, j'ai aujourd'hui au moins une certitude, je me fiche éperdument de la disparition de mon corps et cet état place chaque instant dans toute son intensité!
Je ne peux pas dire l'avoir frôlé, je ne sais pas ce que tu entends par là, Joaquim.
J'ai vécu une guerre civile ici et j'ai été en première ligne. Des hommes sont morts et je sais ce que signifie, "entendre des balles siffler".
J'ai eu ma période casse coup, j'ai cherché mes limites au saut à l'élastique.
J'ai fait de la moto, la semaine dernière et évidement, j'ai pris confiance en moi au bout de trois minutes et me suis lancée!
J'ai fait une énorme chutte, voilà pour quelques anecdotes.
A aucun moment, je n'ai ressenti cette peur dont vous parlez, simplement de l'inconfort.
Sincèrement, je ne m'explique pas tout cela, cela ne me semble pas raisonnable et pourtant, je ne pense pas connaître la peur, et j'accepte la mort car je n'ai pas d'autre choix que de l'aimer autant que j'aime la vie.

Tu dis Joaquime que l'éveil n'est pas passé par une confrontation avec la mort.
Je vis des deuils successifs depuis le début de mon cheminement, et si mon égo est ce qui s'exprime en cet instant, si j'ai besoin de lui pour communiquer, travailler, être en société, il n'a plus aucun intérêt, c'est un outil que je m'applique à user au mieux, rien que cela.
Je crois que la disparition de l'égo, "tel qu'il est vécu ordinairement", est une première et grande étape pour se libérer des peurs, c'est la première mort consciente.
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Talomi



Inscrit le: 16 Août 2005
Messages: 102
Localisation: Région Montréalaise/ Québec

MessagePosté le: Sa 08 Oct 2005 16:48    Sujet du message: Répondre en citant

C'est intéressant de parler de la mort ou plutôt de la peur de la mort. La mort nous suggère la fin de quelque chose, et en tant qu'humain qui nous "attachons " à tout et surtout à nous-mêmes, et bien la frousse de perdre et surtout de se perdre est viscérale!

J'ai un ami qui un jour qu'il était très loin dans sa souffrance psychique, au point de vouloir s'enlever la vie, m'a dit "je ne comprends pas pourquoi je ne suis pas capable de passer à l'acte" , alors je lui ai dit: "c'est parceque tu es encore attaché à quelque chose ou quelqu'un..." et le simple fait qu'il aie pris conscience que quelqu'un était très important dans sa vie, ça lui a donné une raison de poursuivre sa vie et c'est bien normal car cette personne était sa fille qu'il oubliait dans sa grande noirceur. Ça lui a permis de voir l'importance de la vie à travers sa fille.

Toutes les choses auxquelles ont s'attachent, que ce soit un objet tel une voiture, ou un animal ou encore une notoriété, un trophée, un succès, nous avons peur de les perdre au même titre que nous avons peur de perdre notre corps, aussi malade soit-il. C'est la vie que nous avons peur de perdre, c'est la vie elle-même qui nous retient. En fait elle ne nous retient pas, elle se transforme et nous, nous résistons à cette transformation.

C'est la vie, l'existence des "choses" qui nous les attache parce que nous leur donnons des raisons d'être en vie. Si nous n'avons plus de raisons d'être attaché à une voiture parce qu'elle tombe en morceaux ou qu'une autre femme est plus attirante, le détachement ou la mort du lien ne nous dérange plus, le "lien" peut mourir et ça ne nous fera pas un pli!

Pourquoi alors sommes-nous si attaché à notre vie, qu'elle soit égoique ou pas, à mon avis, la peur est plutôt sous-jacente à l'attachement car s'il n'y a plus d'attachement, la peur disparaît. Ultimement, si j'ai conscience de qui je suis vraiment, i.e. le Moi Unique je ne suis plus attaché à mon petit moi car je baigne déjà dans une plus grande raison d'être, je n'ai donc plus peur de mourir, cet attachement au petit moi meurt par le fait même, ça se fait tout seul! c'est la vie qui s'est transformée.

Maintenant si je parle de moi Talomi, en ce moment, je ne suis pas prête à me détacher de mon corps car je veux en jouir à plein et j'ai l'impression que je ne fait que commencer, je suis donc très attachée à cette existence corporelle même si j'ai conscience du plus grand. Ce n'est pas paradoxal, c'est une étape dans la transformation. Je n'ai pas encore goûter à cette Joie en totalité, je ne baigne pas encore dans l'instant éternelle de la Joie mais je m'y laisse aller de plus en plus. Lorsque ma vie sera explosion continuelle de joie, la transformation sera terminée et mourir n'aura plus de signification. J'ai encore bien des croutes à manger avant cette transformation!

Il ne faut pas essayer de ne pas avoir peur, il faut avoir conscience des choses auxquelles nous sommes attachées. Si elles vallent la peine de rester en vie alors jouissons-en car un jour tout devient périmé, même notre corps et celui de ceux qu'on aime. Ce sont les "liens" qui meurent et la vie est le tissu de la conscience, il y a donc un fil qui nous unit. Si je coupe le lien universel, je coupe la vie.

Je ne vois pas la mort comme une catastrophe mais une opportunité de voir, d'être consciente de ce qui me tient à coeur encore. Et vous, qu'est-ce qui vous attache encore à part votre corps? les raisons que vous trouverez sont les formes que l'égo se bâtit. Et qui a dit que ce n'était pas correct? je dis que c'est la vie tout simplement et nos raisons sont temporaires comme tout le reste! et c'est grâce à elles si nous sommes en vie. Nos raisons sont nos châteaux de cartes que l'on projète peut importe le nom qu'on leur donne.
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luz-azul



Inscrit le: 07 Août 2005
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MessagePosté le: Sa 08 Oct 2005 19:14    Sujet du message: Répondre en citant

Message rapide pour Talomi, dans l'élan de la lecture : :fleur:
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joaquim
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MessagePosté le: Sa 08 Oct 2005 21:22    Sujet du message: Répondre en citant

L’ego nous protège de la peur viscérale de la mort. J’aime beaucoup cette idée. Parce qu’elle m’est étrangère, parce qu’elle m’apporte un regard nouveau. Il me faut encore l’apprivoiser un peu, mais j’y travaille. Smile

Pour moi, l’ego naît par l’autre et contre l’autre (cf. ICI). C’est la rencontre avec une autre conscience qui fait naître en l’enfant, la perception de la sienne propre, comme étant cet en-soi que l’autre interpelle comme un Autre. Je trouve ces phrases très émouvantes:

fabienne a écrit:
L'absurbe est que la mission qui se présentait, était de mener mon enfant jusqu'à son autonomie...Il me fallait le mener à cette même liberté, face à sa propre mort.


Durant les 2 à 3 premières années de sa vie, l’enfant parle de lui à la troisième personne. Il est constitué uniquement de ses mouvements intérieurs, de ses sensations, de ses émotions et de ses pensées; ce qui constitue l’unité de ces mouvements intérieurs, c’est le nom que lui donnent les autres. Ce n’est que vers trois ans qu’il accède au “je”, qu’il assume comme étant “moi” ce que les autres désignent comme étant “toi”. Il devient “moi” parce qu’il se coupe du “toi”, et pourtant c’est à travers ce “toi”, et de nulle autre manière, qu’il existe en tant que “moi”. Et c’est bien là la tragédie, car c’est à ce moment-là qu’il entre dans l’illusion: ce qu’il croit être lui-même et lui appartenir en propre, ce qu’il imagine le distinguer radicalement d’un autre “toi”, n’est que le creux formé par la mise à distance de l’autre. Un creux qui n’est rien, qui est vide. Qu’il tente de remplir pour le masquer, qu’il n’ose voir, qu’il n’ose regarder. Car le voir, ce serait mettre à jour sa propre transparence. Alors qu’il se veut plein. Il veut se remplir de tout ce qui l’entoure, se l’approprier, pour se donner la consistance qui lui manque. Désespérément.

Je pense que la prise de conscience de sa propre finitude, et donc de la mort, est contemporaine de l’émergence du “je”. L’enfant réalise à ce moment-là que la mort, la disparition de son corps et de tout ce qui fait la plénitude de sa vie, sera surtout et avant tout la disparition de “je”. Cette prise de conscience génère une seconde peur qui vient redoubler la première. La prise de conscience de la mort naturelle du corps met en effet à nu la prétention de “moi” à exister comme quelque chose de réel. Lorsque le corps disparaîtra, “je” disparaîtrai. La simple possibilité de mourir révèle la vanité de “moi” à vouloir être, de manière absolue. Et toutes les promesses, même les plus invraisemblables, pourvu qu'elles lui permettent d'échapper à cette évidence et à la perspective de l'anéantissent dans la mort, seront accueillies par lui avec un enthousiasme aveugle.

L’ego nous protège de la peur viscérale de la mort. C’est vrai qu’il est en aval de cette peur plus originelle, plus archaïque, inscrite dans sa chair bien avant sa propre éclosion. Et pourtant, la peur de l’ego me semble plus totale, car, avec sa mort, ce n’est pas qu’un être, une partie du Tout, qui disparaît, c’est “lui”, autrement dit un monde en soi, un univers total. C’est en tous cas ce qu'il croit, tant qu'il reste prisonnier à l'intérieur de son propre monde. Jusqu’à ce qu’il ose se regarder lui-même, et voir à travers sa propre transparence l’univers avec lequel il se confond.

C'est cela que je constate en interrogeant mon propre vécu. Mon “moi” se trouvait enfermé en lui-même du simple fait de l’existence de l’autre et de notre irréductible altérité à tous deux. Contrairement à la plupart, je ne pouvais m'illusionner sur ce point. J'étais totalement, douloureusement, désespérément seul en moi. La peur de la mort ne venait que dramatiser cet enfermement. J’ai un souvenir révélateur de cet état d’esprit, qui se situe lorsque j’avais environ 16 ans. Je regardais le grand marronnier qui se trouvait devant ma fenêtre, et j’essayais de ressentir quels liens de familiarité je pouvais établir, “moi”, avec cet être végétal qui me faisait face. J’essayais de sentir la parenté qui nous unissait. C’était un peu laborieux, car le seul lien que je parvenais à tisser était de nature sentimentale, insuffisant pour pouvoir s’ancrer véritablement dans cette forteresse exclusive qu’était “moi”. Mais je m'en contentais, je me satisfaisais de ce lien sentimental et ressentais un certain apaisement à l’idée d’être moins seul, lorsque tout-à-coup une personne, qui se trouvait derrière l’arbre, cachée à ma vu, déboucha dans mon champ de vision. Ce fut comme si je reçus une gifle, qui referma la petite porte que j’essayais d’ouvrir: cette personne, cet Autre, cette conscience de soi radicalement autre que moi, elle, n’avait rien de commun avec “moi”. Impossible, exclu. Par définition. Elle et moi étions centrées autour de nos identités respectives, exclusives, dans cet espace réservé qu’est le centre de chacun, hermétiquement fermé à l’autre, à la fois inviolable et verrouillé. Tout partage ne pouvait être qu'esquive illusoire de sa propre solitude.
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fabienne
Invité





MessagePosté le: Di 09 Oct 2005 6:57    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
J’ai un souvenir révélateur de cet état d’esprit, qui se situe lorsque j’avais environ 16 ans. Je regardais le grand marronnier qui se trouvait devant ma fenêtre, et j’essayais de ressentir quels liens de familiarité je pouvais établir, “moi”, avec cet être végétal qui me faisait face. J’essayais de sentir la parenté qui nous unissait. C’était un peu laborieux, car le seul lien que je parvenais à tisser était de nature sentimentale, insuffisant pour pouvoir s’ancrer véritablement dans cette forteresse exclusive qu’était “moi”. Mais je m'en contentais, je me satisfaisais de ce lien sentimental et ressentais un certain apaisement à l’idée d’être moins seul, lorsque tout-à-coup une personne, qui se trouvait derrière l’arbre, cachée à ma vu, déboucha dans mon champ de vision. Ce fut comme si je reçus une gifle, qui referma la petite porte que j’essayais d’ouvrir: cette personne, cet Autre, cette conscience de soi radicalement autre que moi, elle, n’avait rien de commun avec “moi”. Impossible, exclu. Par définition. Elle et moi étions centrées autour de nos identités respectives, exclusives, dans cet espace réservé qu’est le centre de chacun, hermétiquement fermé à l’autre, à la fois inviolable et verrouillé. Tout partage ne pouvait être qu'esquive illusoire de sa propre solitude

Bonjour Joaquim, à tous!
Je ne pense pas comprendre ce témoignage...
Veux-tu dire que si nous pouvons communier avec la nature, c'est impossible avec un être humain ?
Cette personne qui s'interpose entre l'arbre et toi est-elle violente par sa seule présence ?
Ne penses-tu pas possible que deux êtres puissent vivre une "rencontre" au delà des identités respectives ?
Sommes-nous si limités et le restons-nous toute notre vie ?
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