Regards sur l'éveil Regards sur l'éveil
Café philosophique, littéraire et scientifique
 
 liensAccueil   FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des membresListe des membres   GroupesGroupes   Devenir membreDevenir membre 
 ProfilProfil       Log inLog in  Blog Blog 

La dernière fable de Jean de la Fontaine

 
Ce forum est verrouillé, vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Index du forum -> Littérature
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Pierre



Inscrit le: 22 Nov 2005
Messages: 113
Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Ma 04 Sep 2007 19:03    Sujet du message: La dernière fable de Jean de la Fontaine Répondre en citant

En ce jour de rentrée scolaire, (en France du moins), je vous propose une fable de La Fontaine. C’est celle qui termine l’ensemble de ses œuvres. Après avoir abordé tant de thèmes à travers ses fables, il conclut majestueusement avec celle-ci qui touche à l'essentiel.

Le Juge arbitre, l'Hospitalier et le Solitaire

Trois saints, également jaloux de leur salut,
Portés d'un même esprit, tendaient à même but.
Ils s'y prirent tous trois par des routes diverses :
Tous chemins vont à Rome ; ainsi nos Concurrents
Crurent pouvoir choisir des sentiers différents.
L'un, touché des soucis, des longueurs, des traverses
Qu'en apanage on voit aux procès attachés,
S'offrit de les juger sans récompense aucune,
Peu soigneux d'établir ici-bas sa fortune.
Depuis qu'il est des lois, l'Homme, pour ses péchés,
Se condamne à plaider la moitié de sa vie :
La moitié ? les trois quarts, et bien souvent le tout.
Le conciliateur crut qu'il viendrait à bout
De guérir cette folle et détestable envie.
Le second de nos Saints choisit les hôpitaux.
Je le loue; et le soin de soulager ces maux
Est une charité que je préfère aux autres.
Les malades d'alors, étant tels que les nôtres,
Donnaient de l'exercice au pauvre Hospitalier,
Chagrins, impatients, et se plaignant sans cesse.
Il a pour tels et tels un soin particulier,
Ce sont ses amis ; il nous laisse."
Ces plaintes n'étaient rien au prix de l'embarras
Où se trouva réduit l'appointeur de débats :
Aucun n'était content; la sentence arbitrale
A nul des deux ne convenait:
Jamais le juge ne tenait
A leur gré la balance égale.
De semblables discours rebutaient l'Appointeur:
Il court aux hôpitaux, va voir leur Directeur :
Tous deux ne recueillant que plainte et que murmure,
Affligés, et contraints de quitter ces emplois,
Vont confier leur peine au silence des bois.
Là, sous d'âpres rochers, près d'une source pure,
Lieu respecté des vents, ignoré du soleil,
Ils trouvent l'autre Saint, lui demandent conseil.
Il faut, dit leur ami, le prendre de soi-même.
Qui mieux que vous sait vos besoins ?
Apprendre à se connaître est le premier des soins
Qu'impose à tous mortels la Majesté suprême.
Vous êtes-vous connus dans le monde habité?
L'on le peut qu'aux lieux pleins de tranquillité :
Chercher ailleurs ce bien est une erreur extrême.
Troublez l'eau : vous y voyez-vous ?
Agitez celle-ci. Comment nous verrions-nous ?
La vase est un épais nuage
Qu'aux effets du cristal nous venons d'opposer.
Mes frères, dit le saint, laissez-la reposer,
Vous verrez alors votre image.
Pour vous mieux contempler demeurez au désert.
Ainsi parla le solitaire.
Il fut cru ; l'on suivit ce conseil salutaire.
Ce n'est pas qu'un emploi ne doive être souffert.
Puisqu'on plaide, et qu'on meurt, et qu'on devient malade,
Il faut des médecins, il faut des avocats.
Ces secours, grâce à Dieu, ne nous manqueront pas :
Les honneurs et le gain, tout me le persuade.
Cependant on s'oublie en ces communs besoins.
O vous, dont le public emporte tous les soins,
Magistrats, princes et ministres,
Vous que doivent troubler mille accidents sinistres,
Que le malheur abat, que le bonheur corrompt,
Vous ne vous voyez point, vous ne voyez personne.
Si quelque bon moment à ces pensers vous donne,
Quelque flatteur vous interrompt.
Cette leçon sera la fin de ces ouvrages :
Puisse-t-elle être utile aux siècles à venir !
Je la présente aux rois, je la propose aux sages :
Par où saurais-je mieux finir ?

Revenir en haut
Voir le profil du membre Envoyer un message privé
Pascal



Inscrit le: 27 Août 2007
Messages: 140
Localisation: Val de Marne (94)

MessagePosté le: Me 05 Sep 2007 13:03    Sujet du message: Répondre en citant

Merci beaucoup Pierre pour ce partage.
C'est une incroyable fable! Shocked
Et qui pourrait résumer en effet toutes celles qui la précède.
Ce La Fontaine était décidément un grand sage Smile
Revenir en haut
Voir le profil du membre Envoyer un message privé Envoyer l'e-mail
Aphora



Inscrit le: 22 Sep 2007
Messages: 7

MessagePosté le: Sa 22 Sep 2007 17:36    Sujet du message: Répondre en citant

"Apprendre à se connaître est le premier des soins
Qu'impose à tous mortels la Majesté suprême.
"

On dirait bien que ce cher Esope n'est pas le seul à avoir fait école auprès de La Fontaine et qu'un peu de sagesse apollinienne est venue ici mettre son grain de sel... Rolling Eyes
" Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les Dieux", disait au fidèle le fronton du temple d'Apollon.
Un conseil de sagesse éternel et qui sera toujours d'actualité.
Revenir en haut
Voir le profil du membre Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Ce forum est verrouillé, vous ne pouvez pas poster, ni répondre, ni éditer les sujets.   Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer les messages ou faire de réponses.    Index du forum -> Littérature Toutes les heures sont au format GMT + 2 Heures
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages


Powered by php B.B. © 2001, 2002 php B.B. Group
Traduction par : php.B.B-fr.com