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Témoignage d'un proche
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aksysmundi



Inscrit le: 30 Mai 2005
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MessagePosté le: Me 08 Juin 2005 23:48    Sujet du message: Témoignage d'un proche Répondre en citant

La « révélation du sans-nom» est un véritable chamboulement tant pour l‘être qui s‘éveille que pour ses proches. En effet, elle met également à rude épreuve les repères des personnes qui entourent ceux qui vivent cette révélation. C’est pour cette raison que j’invite ma compagne Mélanie à exprimer la façon dont elle ressent "ce changement" :

Je ne saurai expliquer précisément ce qui s’est passé mais j’ai ressenti un changement radical chez Fred. Je pense même l’avoir « ressenti » avant lui. Je me souviens qu’un matin, en rentrant du travail, il m’a pris dans ses bras et à poser sa main sur mon ventre (je suis enceinte) et j’ai été surprise car il ne l’avait pas fait depuis très longtemps. Pourtant, il me semblait souvent ailleurs, comme si seul son corps était présent. Je n’arrêtais pas de lui demander: « A quoi penses-tu? », « Où es-tu? ». Ce à quoi, il me répondait: « Je suis là avec toi et je ne pense pas, j ‘éprouve. ». Réponse qui ne me convenait qu’à moitié dans la mesure où je ne comprends pas comment nous pouvons nous « arrêter » de penser. Fred a toujours été quelqu’un de posé et réfléchi, de « zen » pour parler familièrement. Comme la plupart des gens, il avait des passions comme la musculation ou le dessin avec lesquelles j’ai appris à vivre. Passions à travers lesquelles, il cherchait une certaine reconnaissance. Il a également connu une bonne évolution dans son travail - ce qui, je pense, l’a rendu fier.

Cependant, depuis quelques temps, tout a volé en éclats sans que je comprenne « le pourquoi du comment ». Comme je l’ai dit précédemment, il me semblait ailleurs et quelque peu « bizarre ». Et quand je l’interrogeais, il ne me répondait qu’à demi-mot.
Cette situation est encore difficile à gérer pour moi et je me sens complètement déboussolée. Nous étions, à mon sens, comme dans une bulle et il a réussi à s’en échapper en me laissant toute seule. Il s’est ouvert au monde et je dois le partager avec les autres. De le voir aussi « distant » est assez dur car comme tout le monde j’ai mes défauts, et je suis très possessive. Il est évident que Fred n’a pas choisi le moment mais ce changement arrive à une période où nous sommes sur le point de devenir parents. Aussi, je me pose beaucoup de questions sur l’avenir. Il m’a parlé du « détachement » qu’il avait par rapport aux évènements et à ses passions, et vous comprendrez que dans ma situation, j’ai du mal à saisir ce « détachement ». Il est sur le point de devenir père et pourtant j’ai l’impression qu’il s’éloigne. En cassant ses repères, il a du même coup cassé certains des miens.

Ceci dit, j’essaie de jour en jour, de comprendre ce changement en lui posant des questions sur ce qu’il ressent, sur ce qu’il écrit dans le forum. Ce qui pour lui apparaît comme une évidence ne l’ai pas pour moi et j’ai besoin qu’il m’explique tout ce qu’il vit en ce moment. En faisant cela, mon but n’est pas de lui plaire mais je dois avouer que c’est peut-être une façon de le « garder » près de moi. J’ai l’impression de vivre avec un nouvel homme: c’est lui sans être lui. L’image que je me faisais de lui n’est plus. Je lui ai posé la question: «Qui es-tu? ». Ce à quoi, il m’a répondu: « Je ne sais pas si je peux te dire qui je suis, mais je vais tenter de te dire ce que je ne suis pas. Je ne suis pas l’homme idéal que tu crois que je suis. Je ne suis pas l’image parfaite et lisse que tu as de moi, mais qui est parfait? ». A ce moment, j’ai perdu toutes mes illusions. J’ai eu la sensation que je perdais son amour. En voyant mon incompréhension face à la situation, il m’a dit que « seul un amour prenant en compte l’évolution de l’autre peut durer ». Puis, il a ajouté: « je t’aime tel que tu es, d’un amour sans limite et sans condition. ».Je suis en train de le redécouvrir et je me demande si je vais « accepter » ce qu’il est.
Comment comprendre ce changement sans l’avoir soi-même vécu? Est-ce que je dois reconstruire d’autres repères ou au contraire essayer à mon tour de briser les miens?
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joaquim
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MessagePosté le: Je 09 Juin 2005 22:10    Sujet du message: Répondre en citant

Merci aksysmundi pour ce témoignage... troublant.

aksysmundi a écrit:
Mélanie a écrit:
Il s’est ouvert au monde et je dois le partager avec les autres.



J’avoue ne pas très bien comprendre. L’amour serait-il quelque chose d’exclusif, quelque chose qui s’épuiserait lorsqu'on le partage avec d’autres? Je ne parle évidemment pas de l’engagement mutuel que représente la vie de couple; mais j’ai l’impression — est-ce que je me trompe? — qu’il n'est pas question ici de fidélité ou d’infidélité, mais plutôt de la perte de certains repères fondés sur une relation empreinte, comme vous le dites dans la phrase suivante, de possessivité. Malheureusement, je crois bien que la sécurité qui s’appuie sur la possession (que ce soit la possession matérielle ou la possession de l’autre) est une sécurité bien illusoire, qui masque terriblement mal une réelle insécurité. Vous l'exprimez d’ailleurs indirectement quelques lignes plus loin, dans le passage où Fred avoue à Mélanie ne pas être l’image parfaite et lisse qu’elle a de lui, et qu'elle déclare: «A ce moment, j’ai perdu toutes mes illusions. J’ai eu la sensation que je perdais son amour.» Comme si: image parfaite = illusion = amour. Il y a dans cette phrase assez de lucidité pour voir que l'amour possessif se fonde sur une illusion, mais pas assez de courage pour oser chercher plus profond, au-delà de l'image, la personne réelle. Car l'amour n'a nul besoin de reposer sur une image parfaite. Il ne trouve sa perfection que dans l’acceptation sans conditions de l’autre, comme vous le dites si bien. Ce n’est pas la qualité de l’image qu’on donne de soi qui crée la sécurité dans l’amour, c’est la qualité, la radicalité de l’acceptation de l’autre.

Mélanie met sur le compte de l’éveil le sentiment qu’elle a de perdre Fred, mais je pense qu'il s'agit là d'une méprise. Il se trouve concrètement que c’est bien l’éveil qui a déclenché la crise dans le couple, mais cette crise était en quelque sorte programmée, et quantité d’autres événements auraient aussi bien pu la déclencher. Car ce n'est pas l'amour qui est ébranlé, c'est l'illusion d'une sécurité fondée sur la possession qui est révélée. Et c'est au couple maintenant de croire que l'amour peut être plus fort que cette illusion.

aksysmundi a écrit:
Mélanie a écrit:
Comment comprendre ce changement sans l’avoir soi-même vécu?


Il est bien légitime de chercher à comprendre et à partager ce que vit l'autre, mais je ne crois pas qu'il soit nécessaire de le vivre aussi pour que l'amour perdure et grandisse. L'amour ne dépend pas de ce qui vivent et deviennent ceux qui s'aiment, mais de leur attachement profond l'un à l'autre, quoi que chacun vive et devienne. En fin de compte, cette crise est peut-être un danger pour le couple, mais elle est aussi une chance, une chance de recentrer l'amour sur ce qu'il a d'essentiel. Et il n’y a pas besoin d’être “éveillé” pour cela, il y a juste besoin d’oser être soi-même, et d'oser croire en l'autre.
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waxou



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MessagePosté le: Ve 10 Juin 2005 14:33    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour!
Ce témoignage est très intéressant en effet.
Lorsqu'on fait preuve de présence, et que celà nous est libérateur, nous nous rendons souvent compte que notre comportement dépend énormément des autres et du regard qu'ils portent sur nous parcequ'on veut être apprécié, toléré, dans notre intérêt de sécurité ou de confort. Se rendre compte de ce phénomène, et de la liberté qu'il nous fait perdre, constitue selon moi un détachement majeur synonyme de libération de l'esprit . Et celà heurte nos proches. Quelquechose au fond d'eux leur dit qu'il y a un problème. Qu'il y a une transgression par rapport à l'image qu'il se font de nous et par rapport à la règle qui voudrait que l'on veuille se faire aimer de ceux que l'on aime au prix de notre inhibition ou d'un jeu de rôle attiseur de dualité. Nombreuses sont les personnes ayant dit "je t'aime" en sachant très bien que ce n'était pas de la façon dont son interlocuteur l'entendait. Et inversement, nombreuses sont les personnes n'osant pas dire "je t'aime" de peur que celà entraine des conséquences fâcheuses ou que ce terme soit pris dans un sens imprévu.
C'est malheureusement la mode de jurer par l'attachement. Dans beaucoup de jeunes couples de mon entourage, la raison majeure de la fidélité tient au fait que la personne tentée ne veut pas que son partenaire ne la trompe. Alors il ne le fait pas, sauf si le désir surpasse la peur. Comme la souffrance dépasse la peur de mourrir dans le suicide.
Lorsqu'on aime par attachement, on ne veut pas que son partenaire soit heureux. On veut seulement l'avoir. Le voir heureux avec quelqu'un d'autre est la pire chose qui puisse nous arriver. Celà rend compte de l'aspect conceptuel auquel est réduit la personne aimée, et l'hypocrisie de cet amour qui se voudrait si pur. L'amour conditionel peut parfois être un vrai fléau, pire que l'indifférence.
Au début, ma compagne a voulu me pousser à réagir par tous les moyens, et lorsqu'elle a échoué, elle m'a dit qu'elle pensait que j'étais sur la mauvaise voie. Je lui ai expliqué que j'étais heureux pour la premiere fois depuis bien longtemps, et que si celà ne l'arrangeait pas, nous aurions du mal à nous entendre. Mais j'ai compris aussi que je n'étais peut être pas assez attentif à elle. Elle avait donc cette impression que je n'étais pas là. Et elle avait un peu raison, car je ne sais pas pourquoi, mais j'avais tendance à fuir son amour. J'évitais de porter ma conscience sur elle. Certainement à cause du paradoxe de la passion: si ce qui nous échappe nous attire, ce qui semble acquis nous lasse. Ce sont deux polarités. Il y a le désir, et il y a la lassitude, deux facettes des filtres mentaux. L'un accapare notre attention sur son objet, l'autre la repousse à distance de celui-ci. Je pense aussi que je n'avais pas encore compris que l'on pouvait aussi profiter sans désirer. Mais au final, je la considérais toujours comme un objet.
Maintenant que je lui accorde mon attention, elle me surprend tout le temps. Et je n'ai certaienement plus besoin de me forcer :Cool:
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Invité






MessagePosté le: Ve 10 Juin 2005 16:57    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à vous,

Je pense que ce témoignage de ma compagne était une perspective à considérer concernant un « regard sur l’éveil ».

« Une piqûre de mystique, peut vous donner la fièvre » Jeux de maux

Ce que le langage détermine comme l’éveil est en fait une transition qui semble passer par plusieurs phases. Me concernant, l’immédiate béatitude a laissé place à une certaine pudeur difficile à exprimer, cette pudeur a laissé place à l’appréhension de perdre cet éveil, cette appréhension a laissé place à une déroute totale face au monde manifesté (avec lequel je me suis senti un temps complètement décalé) et je plonge doucement dans la dissolution totale de tout ce qui est terrestre en moi pour laisser place à l’absolu : Le monde manifesté apparaît de plus en plus comme un divin murmure, comme le bruit des vagues sur la mer.

Un koan zen dit ceci : « L’eau chauffe peu à peu, mais bout soudainement ». On n’imagine pas avant de l’avoir vécu à quel point cette image est proche de la réalité de l’éveil. L’eau en ébullition connaît tout d’abord une profonde agitation. Pendant cette ébullition, l’eau se purifie des bactéries et de toute autre impureté puis, au bout d’un certain temps, elle s’évapore.

Mon décalage passager par rapport au monde a semblé être un moment difficile pour Mélanie, décalage qu’elle a effectivement ressenti comme une exclusion. Par contre, contrairement à Waxou, il n’a pas eu de « fuite » vis-à-vis de ma compagne ni de l’enfant qu’elle porte, ma « déroute » était généralisée au manifesté. Ceci dit, comme Joaquim le dit : « cette crise est une fabuleuse occasion pour elle de recentrer l’amour sur ce qu’il a d ‘essentiel ». Elle semble progressivement faire le deuil de « l’ancien Fred » et, du coup, s’apaiser. Je constate qu’il y a tout un cheminement qui se produit chez Mélanie. Son égarement face à l’inconnu se transforme doucement en une sincère curiosité vis-à-vis de l’éveil et de la spiritualité en général. « Comment pourrais-je avoir peur de quelque chose qui te rend aussi paisible ? » m’as-t-elle avoué aujourd’hui. Elle a maintenant l’impression qu’un refus de ce qui a engendré le « nouveau Fred » la ferait passer à coté de quelque chose d’essentiel. D’ailleurs, ce sentiment d’apaisement par l’acceptation et le deuil est pour elle une révélation. Sans affirmer qu’un tel effort de compréhension soit totalement dénué d’un intérêt autre, je pense que cette expérience nouvelle l’a heurté à ses illusions me concernant et qu’elle tente à présent de s’ouvrir à ma réalité. La Paix est contagieuse, qu’en pensez-vous ?

Amicalement.
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aksysmundi



Inscrit le: 30 Mai 2005
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MessagePosté le: Ve 10 Juin 2005 17:01    Sujet du message: Répondre en citant

Oups, je n'étais pas connecté...
Confused message précedent signé par Aksysmundi.
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joaquim
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MessagePosté le: Ve 10 Juin 2005 19:26    Sujet du message: Répondre en citant

aksysmundi a écrit:
D’ailleurs, ce sentiment d’apaisement par l’acceptation et le deuil est pour elle une révélation.


Là, je pense qu'elle a été pyquée...
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waxou



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MessagePosté le: Ve 10 Juin 2005 22:14    Sujet du message: Répondre en citant

La paix est-elle contagieuse? Parfois oui...
Mais je ne pense pas que l'on puisse généraliser ce phénomène.
On pourrait aussi dire que les pulsions mentales sont contagieuses, que nos mentaux, nos égos, sont tels des chiens de garde prêts à aboyer au moindre regard de travers. Mais encore une fois, ce n'est pas toujours le cas. Nous pouvons aussi être décallés par rapport à ce phénomène.
Comme la paix exaspère parfois les autres.
Eckhart Tolle, personnage en apparence particulièrement paisible dit qu'il est très difficile de vivre avec une personne eveillée lorsqu'on ne l'est pas et que parfois la rupture peut être la meilleure solution.
J'aurais tendance à être d'accord avec lui.
Quand j'ai vu ma compagne s'appaiser après sa période de refus, je n'ai eu qu'une crainte: qu'elle fasse celà pour me garder. Mais finalement, sa peur de me perdre a été cet élément déclencheur qui lui a permis de réaliser ce que j'aurais voulu lui faire comprendre sans oser m'y risquer. Par contre, si elle avait moins souffert de mon détachement faute de sentiments, je pense qu'elle m'aurait quitté pour passer à quelquechose de plus intéressant. Faire souffrir les autres pour les éveiller brrrrr.... je n'aime pas du tout cette pensée... heureusement que ce n'est pas tout à fait ça.
On pourrait dire que la souffrance de l'attachement permet de réaliser ce qu'est la libération du détachement.
Je ne voulais pas emmettre de jugement comme quoi vous fuiriez quelquechose. Ce qui m'avait intrigué, c'était lorsqu'elle décrivait qu'elle vous voyait ailleurs. Celà m'a rappelé le début de mes changements ou à force de détachement, je perdais toute motivation, et je restais là, indifférent, sur l'autre rive à regarder la rivière alors que les autres étaient de l'autre coté, sans pour autant éprouver le désir de les rejoindre dans leur monde qui me semblait être tel une énorme cage à souris ou toute liberté était relative.
Je me suis aperçu plus tard que c'était dans une certaine mesure renier mon corps. J'avais commencé à apprendre à nager, et je m'étais échappé dès que j'avais pu.
Cependant il me semble que je n'ai pas votre expérience de l'éveil. Il n'est donc pas possible de faire une comparaison entre mes expériences et les votres. Je parle simplement de ce que celà me rappelle.
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aksysmundi



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MessagePosté le: Ve 10 Juin 2005 23:47    Sujet du message: Répondre en citant

...et je vous en remercie sincèrement.

A propos du fait d'être "ailleurs" après avoir réalisé sa "nature éternelle", il faut effectivement un peu de temps pour se mettre "en phase" avec l'impermanence du monde...

Concernant "cet instant de vie" , il est vécu dans toute sa nouveauté et sa particularité.

Citation:
Je ne voulais pas emmettre de jugement comme quoi vous fuiriez quelquechose.


"Jugement" ? C'est quoi déjà ?
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waxou



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MessagePosté le: Di 12 Juin 2005 13:01    Sujet du message: Répondre en citant

Oui tout à fait, même si je me suis permis de m'interroger sur le décallage que vous décriviez, je suis justement à peine entrain de me reconstruire . Je me suis senti projeté dans le non manifeste pendant un certain moment, il ya environ un an, et la fulgurance de cette sensation s'est pas mal atténuée depuis. Il est clair pour moi que mon mental avait repris le dessus depuis, et je ne voudrais pas me leurrer, c'est toujours le cas. Dire le contraire ce serait m'enfermer dans une "boucle"
Cette "malconscience" me conduit à me poser beaucoup de questions. Est-ce qu'il est possible de vivre une vie étudiante et à la fois être en accord avec cette essence intérieure, tellement décallée par rapport à tout ce qui est censé nous motiver dans les études. Ce n'est pas facile d'être attentif au présent dans ces conditions. Je n'y arrive que rarement.
Récemment j'ai eu des examens, mais j'étais tombé malade. Je n'ai donc pas pu travailler comme je l'aurais voulu, et je me demandais quelles seraient mes capacités dans un amphithéatre ou il fait très chaud et ou l'on est collés les un contre les autres.
Je me suis rendu compte que si tout celà me stressait, c'était à cause du fait que mes parents finançant mes études et menançant de couper les vivres au moindre échec, celui-ci, dans mon mental était passé du stade de l'échec simple, le résultat conditionné par l'action, facile à assumer, au stade de destruction totale de mes conditions de vie: la perte de mes amis par changement de ville (car celà fait 4 ans que je vis à distance de ma famille), de mon confort matériel, la destruction de tous mes rêves... une véritable mort mentale (qui n'était perçue sur le moment que par de la peur indifférenciée).
Cette menace représentait pour moi quelquechose d'infiniment plus dur à assumer qu'un simple échec, je me sentais extrêmement coupable de ne pas avoir plus travaillé auparavant. Si au moins j'avais de la reconnaissance pour mes parents j'aurais pu m'en servir avant pour me motiver, mais leur amour est tellement conditionel... un refus ou un échec de ma part, et je deviens détestable à long terme. A mon âge je trouve celà déstabilisant Rolling Eyes
Mais j'ai fini par lâcher prise!!! A force de souffrance, j'ai commencé à me dire que finalement, l'arrêt de tout ceci n'était pas forcément à craindre. (le mental aime bien défendre à tout prix les piliers de notre souffrance) Je ne me sentais pas extrêmemement heureux, mais lorsque je suis sorti de mon appartement pour aller à l'examen, toute cette souffrance était devenue insignifiante par rapport à la beauté du ciel, la douceur du vent, du silence qui permettait à tout ce petit drame d'être. J'aurais eu envie de pleurer tellement c'était triste de voir cette souffrance dans laquelle j'étais poussé à me morfondre dans mon appartement pour des raisons tellement diverses, complexes et toutes liées à l'inconscience. Puis à coté de voir ce ciel, que je ne regardais plus, neutre, mais bien plus beau et réel que n'importe quelle réussite sociale. Mais j'étais sourriant car j'avais retrouvé le non-manifeste, j'avais l'impression de flotter, que tout mon corps vibrait, ondulait. J'avais même peur (d'un point de vue pratique) d'en sortir.
Tout me semblait plus simple. Le concept d'importance arrêtait de s'auto entretenir en s'auto proclamant important. L'echec avait perdu toute la signification qui l'amplifiait. Je n'étais plus dépendant de mes conditions de vie. Mes rêves n'étaient plus arrêtés ou limités. J'étais libre de me sentir libre. Je comprenais pourquoi Bouddha voulait que l'on abandonne ses biens pour suivre la voie de l'éveil. Ils ont tendance à accaparer notre attention au point qu'ils peuvent fermer la porte de sortie du mental.
Et finalement, j'ai parfaitement réussi l'examen, et celà a rompu net cette impression de liberté. La prise de conscience est toujours là, sinon je ne pourrais en parler actuellement. Par contre mon mental a retrouvé sa source d'énergie, et continue de m'envoyer des peurs, des satisfactions, des désirs me faisant fuir le présent, comme il l'a presque toujours fait.
Je comprend donc cette histoire de décallage. Pour ma part il est de taille: comment faire cohabiter une vie basée sur la peur de l'échec, dûe à une inconscience latente, parfaitement entretenue grâce à une éducation basée sur la dépendance et la peur, avec la prise de conscience de la futilité de tout celà...
Ou est la fuite, ou est le lacher prise? Pour l'instant je ne sais pas vraiment. Mais je crois que je commence à sentir une réponse.
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aksysmundi



Inscrit le: 30 Mai 2005
Messages: 238

MessagePosté le: Di 12 Juin 2005 15:57    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour waxou,

Apparement notre attention était porté à peu près sur le même sujet. Avant de lire ton message, je venais d'en poster un concernant une réconciliation avec le relatif dans la rubrique "Ego et non-dualité" (il s'intitule La dissolution de l'ego par l'amour de l'ego).

Je pense qu'il apporte des éléments de réponse. Je te laisse en "juger"

A bientôt !


Dernière édition par aksysmundi le Lu 13 Juin 2005 9:58; édité 1 fois
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joaquim
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MessagePosté le: Di 12 Juin 2005 23:25    Sujet du message: Répondre en citant

waxou a écrit:
Et finalement, j'ai parfaitement réussi l'examen

Félicitations ! :champ:


Aksysmundi a effectivement très joliment répondu (ICI), sans qu’il l’ait su sur le moment, à votre émouvant témoignage. Je suis toujours touché par ce genre de chassé-croisé au-delà de la concertation du conscient; ces fils tissent un tissu véritablement vivant, et, au-delà de la richesse de ce qui est partagé, témoignent de la présence d’une vague qui nous porte et nous construit, pour peu qu'on la laisse faire, pour peu qu'on se laisse porter par elle les yeux fermés (métaphoriquement bien sûr, car il y a tant à voir quand c'est elle qui nous porte...).

Il est bien vrai que la situation de dépendance dans laquelle vous vous trouvez, vis-à-vis de vos parents, et plus généralement de la vie matérielle, puisqu’il vous faut encore terminer vos études avant de devenir autonome, crée des tensions qui peuvent désorganiser la danse harmonieuse des joies et des peines autour de l’“axe immobile”. Tant qu’on demeure cet axe immobile, les joies et les peines construisent par leur danse un vortex qui s’appelle le bonheur, mais si l’axe est pris lui-même dans la tourmente, toutes les émotions culbutent les unes sur les autres, et même les plaisirs deviennent lancinants. Mais je ne vais rien ajouter, car je crois que sur ce point, Aksysmundi a tout dit. Je vais juste raconter moi aussi un petit morceau de vie.

A 19 ans, après avoir vécu durant 4 mois dans un état de lévitation intérieure et d’abandon total à cette vie qui jaillissait en moi, à ce “je” que je me découvrais être, j’ai dû accomplir mon service militaire. Je n’avais pas du tout anticipé le choc, et fus pris dans un tourbillon qui me secoua comme dans une essoreuse. Je m’agrippai tant que je pus pour garder la tête hors de l’eau, mais je fus rendu quatre mois plus tard à la vie civile dans un état proche de celui d’une lavette encore juste humide. J’avais perdu l’équilibre, j’avais perdu le centre. Le plus grave — je m’en suis heureusement rapidement dégagé — était l’impression d’avoir trahi, de n’avoir pas su rester fidèle. C’était là le plus grand danger, car l’enfermement dans la culpabilité, puisque non content d’enfermer en soi, il crée en plus l’illusion du détachement, est vraiment à double tour. J’ai donc évité cet écueil, et très vite, un mois plus tard, je me suis vu à nouveau invité à monter à bord. La vie est sans rancune. Sans pitié, mais sans rancune. L'invitation vient comme un cadeau, quand, fatigué, on arrête de vouloir, sans pour autant arrêter d'avancer. On ne provoque pas de tels moments, ce sont des moments de grâce, comme celui qui vous a touché lorsque vous vous êtes rendu aux examens. C’est souvent lorsqu’on croit avoir perdu, lorsqu’on se résigne à la défaite, qu'ils surgissent. On dépose les armes, et on s'aperçoit que le combat qu'on menait était en fait contre soi-même, on découvre avec stupéfaction qu'il n'y a pas de victoire à remporter, que tout est déjà là; on est inondé par la paix de cette évidence: déposer les armes est la victoire.
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waxou



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MessagePosté le: Lu 13 Juin 2005 1:00    Sujet du message: Répondre en citant

Un très grand merci à vous deux. Cette vague est tout ce que le mental voudrait nous faire ignorer lorsque notre regard cherche absolument à se porter sur un objet particulier. Sa nature indescriptible me donne le sourrire et me rappelle ce que cette vision du ciel me faisait ressentir.
Aksysmundi a en effet tout dit dans son post. Et il a même précisé la raison pour laquelle au début je ne comprenais pas le rapport avec le mien dans son introduction.
Cependant votre réponse m'a aussi bien aidé à recentrer mon axe .
Le "problème" lorsqu'on est dans un état d'unité avec l'être, c'est qu'on oublie souvent de considérer la force de l' identification au mental, et des attachements de nos interlocuteurs avant de donner forme à notre message. Celà nous paraît très relatif alors que ça ne l'est pas du tout pour quelqu'un d'autre.
C'est comme dire que la souffrance est une illusion. Je me souviens avoir senti ce principe lors de mes prises de conscience. Mais celà ne m'a jamais aidé à la stopper lorsqu'elle était là. Car elle a beau être relative, elle est toute de même réelle lorsqu'on la ressent...
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Mélysange



Inscrit le: 12 Juin 2005
Messages: 14
Localisation: Mauricie/Québec/ Canada

MessagePosté le: Lu 13 Juin 2005 1:22    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour à vous,
Heureuse de vous rencontrer sur ce forum, et en moi, par l'écho que j'entends dans mes profondeurs par certains de vos écrits. Vous avez mis des mots, là où j'ose peu souvent le faire, pour avoir le sentiment de profaner la part de sacré qui m'habite, seule raison de pousuivre en ce monde.
Oui, on est seul(e), quand l'Éveil arrive. J'étais seule en moi et autour de moi. Seule comme dans une salle de cinéma, où le film qui joue, est La Vie. Détachée du sénario, et des acteurs, et pourtant capable d'être en eux. Bref, tout ceci est tellement plein de contradictions, qu'il me faut utiliser continuellement le langage symbolique de la parabole pour ne pas me/se perdre en énonciations vaines et infinies. Bon je sais rien n'est vain, tout est récupéré et récupérable, ....voilà c'est reparti! lol
L'Expression juste;grâce indicible.

Bonne journée en vos coeurs.

_________________
Mélysange *!*
Au coeur de la Vie
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waxou



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Messages: 361
Localisation: Marseille

MessagePosté le: Lu 13 Juin 2005 9:58    Sujet du message: Répondre en citant

Bienvenue à vous Mélysange!
Mélysange a écrit:
Détachée du sénario, et des acteurs, et pourtant capable d'être en eux

En effet, votre parabole me rappelle intérieurement des impressions troublantes...
Bonne journée à vous aussi.
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joaquim
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MessagePosté le: Lu 13 Juin 2005 21:31    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour, Mélysange, et bienvenue! Smile

Comme vous le dites joliment, on essaye sur ce forum de dire ce qui nous habite, en évitant d'en profaner la part sacrée. Ce qui oblige à marcher sur des oeufs, ou bien, non - car il ne s'agit pas tant de se contrôler que d'écouter le chant du monde - à parler sans faire trop de bruit, sans couvrir le bruissement intérieur du monde, à se faire transparent pour lui, comme les oiseaux, qui lorsqu'ils chantent, deviennent le chant du monde.

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