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Réflexions sur le Temps
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luz-azul



Inscrit le: 07 Août 2005
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Localisation: Valencia

MessagePosté le: Lu 12 Sep 2005 12:36    Sujet du message: Réflexions sur le Temps Répondre en citant

Comprendre la nature du temps m’interpelle depuis bien longtemps car la perception que j’en ai ne cesse de se modifier au fur et à mesure du Chemin.

Le temps a-t-il une existence en-dehors de l’homme ? Car il ne semble pas y avoir, caché entre deux galaxies, une grande horloge cosmique qui égrènerait les secondes à l’usage de l’univers !

Il est facile de constater, dès que les pensées commencent à s’effilocher, que le temps mis en scène par le mental naît dans et par l’esprit de l’homme. L’esprit « crée du temps » quand il cherche à donner du sens à ce qu’il perçoit, en voulant relier les événements entre eux, en les articulant de causes en conséquences, en projetant la réalisation de ses désirs. Le temps est la pensée, la pensée est le temps ; c’est un binôme indissociable qui farde en permanence le réel. Et ce temps là est totalement artificiel puisqu’il naît et disparaît avec la pensée.

Mais dès que le mental se calme et que l’on vit « Ici et Maintenant », l’être, dans sa perception du monde, échappe à la servitude du temps. Dans quelle dimension vivons-nous alors ?

Et puis il y a un autre temps, un temps que l’on pourrait appeler « chronologique », celui qui permet de faire partir les trains à l’heure. Il ne naît pas de la pensée, mais d’un système de mesure que l’homme s’est donné en contemplant l’univers. L’homme a toujours eu la nécessité vitale de modéliser l’univers qu’il perçoit afin de se l’approprier, afin de le comprendre pour échapper à la grande peur de sa finitude. Et pour cela, il a eu besoin de référents pour quantifier sa modélisation. L’observation de la marche des planètes, par exemple, donne à l’homme un étalon cosmique de référence. Mais là aussi, c’est une création artificielle, en ce sens qu’elle n’existe pas en-dehors de ce pour quoi on l’a définie.

Que cette tentative (modéliser l’univers pour se l’approprier) soit vaine et que vouloir connaître (« démonter ») l’œuvre de Dieu soit un outrage qu’on Lui inflige n’est pas ici le propos (et pourtant, ce sujet mériterait un forum à lui seul).

Ce que je désire comprendre, et je requière votre aide car je ne vois pas plus loin pour l’instant, c’est la véritable nature du temps.

Vivre « Maintenant », sans pensée parasite, sans désir ni passion, fait apparaître le monde dans sa Réalité, véritable dimension de la vie des hommes, hors du temps ; et notre corps vit alors chaque instant comme une éternité.

Mais alors, quelle relation y-a-t-il entre le temps « chronologique » (car les planètes continuent à tourner…) et cette présence hors du temps, cette autre dimension dans laquelle le corps existe ? Sommes-nous bien dans le même plan, sommes-nous encore au même endroit ?

Je me suis récemment intéressé à la théorie des cordes, théorie qui cherche à réunir sous une seule loi universelle les différentes forces qui composent l’univers (forces qui sont totalement hétérogènes dans leur manifestation). Pour arriver à cette Loi unique, il semble qu’il faille admettre l’existence de nombreuses autres dimensions dans l’univers (jusqu’à 13 pour certains modèles), les sens de l’homme ne percevant que le volume et le… temps !

N’en serait-il pas de même pour la perception du temps ?

La recherche de la nature du Temps est-elle un pont entre la perception humaine et l’œuvre de Dieu ?

Le temps que nous percevons, c’est la vaine tentative de l’homme qui cherche à modéliser l’œuvre de Dieu pour se l’approprier. Mais le Temps de Dieu semble exister dans une autre dimension. Chaque instant qui fait tourner les planètes sait-il que l’instant suivant existera ? Que les planètes continuent à tourner échappe à la compréhension de l’homme. Seul le Temps (l’énergie ?) de Dieu est à l’œuvre dans tout cela et vouloir prévoir son devenir semble ne pas être à notre portée.

Une seule phrase pour résumer tout mon problème : Pourquoi sommes-nous si certains que demain existera ?


Dernière édition par luz-azul le Lu 12 Sep 2005 18:51; édité 1 fois
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luz-azul



Inscrit le: 07 Août 2005
Messages: 243
Localisation: Valencia

MessagePosté le: Sa 17 Sep 2005 17:50    Sujet du message: Répondre en citant

Personne n’ayant manifesté d’intérêt pour ce sujet, j’ai continué… tout seul mefiant6 . N’est-ce pas d’ailleurs la caractéristique du Chemin que la progression en solitaire, tendue vers l’unique nécessité de nos existences : s’ouvrir à la sollicitude de la Vie…

Donc, le fractionnement du temps (secondes, minutes, années, etc..) est une création de la pensée humaine qui n’a aucune existence réelle en-dehors de l’usage que les hommes en font. La durée correspond à un espace entre deux temps artificiels et n’a pas non plus d’autre réalité que celle qu’on lui prête. Le temps, la durée, sont de purs concepts.

Pour que notre conscience perçoive le temps (car c’est bien beau de dire qu’il n’existe pas, mais pendant ce temps, les planètes continuent quand même de tourner mefiant15 ), pour en comprendre la nature, il faut donc s’affranchir de la pensée et se tourner vers Lui. Il ne s’agit plus alors de comprendre ou de déterminer, mais de vivre !

On se perçoit alors dans un mouvement permanent, un processus de transformation continu et universel. La notion de temps est remplacée par la contemplation immédiate de l’Oeuvre de Dieu en action.

Chaque instant d’éternité vécu par notre conscience est inséré dans ce jaillissement universel qui se recrée à chaque instant à partir de lui-même. Chaque instant existe alors, non pas comme une succession de moments où chacun vient après celui qui l’a précédé, mais à l’intérieur du présent, dans une constante régénération de la Vie, comme une succession de fleurs naissant chacune dans l’instant, au cœur de la fleur du moment, en prenant sa place, toutes reliées mais jamais dépendantes, toujours fraîches dans un perpétuel renouveau. Et c’est ce jaillissement permanent, cette Création sans fin, toujours neuve, toujours nouvelle, qui est la Manifestation du grand Oeuvre de Dieu.


J’ai peu d’espoir mais je lance quand même ma bouteille (de Coca-Cola) à la mer… Est-ce que ce sujet n’intéresserait pas, même un tout petit peu, les intelligences éveillées qui peuplent ce forum ? heureux7


Dernière édition par luz-azul le Di 18 Sep 2005 8:02; édité 1 fois
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feuille



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MessagePosté le: Lu 19 Sep 2005 11:07    Sujet du message: Répondre en citant

Je dois t'avouer luz-azul que j'ai eu du mal à participer au premier post parceque je le trouvais peut-être trop "analytique"... le deuxième me parle plus, alors, je me tente à lancer ma petite brindille sur cette rivière que tu as créé. Smile
A la base, j'ai une conception scientifique ("du moment") du temps. Je plaçais cette variable comme absolue. Vrai que maintenant, le temps me parait bien plus être la conséquence des observations d'un observateur que d'une réalité véritable.
Dans mon expérience directe depuis quelques temps (oups), j'ai été parfois l'observateur de phénomènes qui se reliaient entre eux, d'un évènement présent à un évènement passé ou futur (tout dépend du point de vue...) et je réalise combien finalement tout est lié... et dans ce jaillissement de la création que tu exprimes au travers de la fleur, je retrouve un peu de cela.
On retrouve presque cela, même lorsque l'on se place en observateur... dans un article récent, des scientifiques ont pu observer l'une des explosions les plus lointaines dans notre temps mesurable. On dit souvent que cette explosion est passé, parcequ'elle a mis des années lumières à nous parvenir... mais lorsque nous voyons cette explosion, cette lumière qui vient à nous, n'est-ce pas le présent et le passé qui s'expriment de concert?...
C'est marrant aussi lorsque l'on discute avec des enfants, sur demain, hier... cela n'existe pas pour eux mais la notion vient avec le temps... cela a beaucoup à voir avec la mémoire... car pour pouvoir mesurer, il faut retenir le début pour mesurer jusqu'à la fin...

Au plaisir de vous lire
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joaquim
Administrateur


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Messages: 1421
Localisation: Suisse

MessagePosté le: Lu 19 Sep 2005 16:00    Sujet du message: Répondre en citant

Le temps est à l’Être ce que l’ego est au Soi. Voilà, c'est dit. Il me reste à m'en justifier, ce qui ne sera pas évident. Car cette affirmation s'appuie sur une charnière (le temps, l’ego) qui est en amont de la pensée, qui est ce dans et par quoi on pense. Mais pourtant, je crois qu’elle est vraie, et je vais tenter de le montrer, en l’éclairant. Ou plutôt, l’utiliser, elle, comme une lampe, et voir si elle est capable d’éclairer la réalité. C’est ainsi qu’elle démontrerait le mieux sa véracité; car, comme le dit si bien Simone Weil, “la vérité, c’est l’éclat de la réalité”.

Voici tout d’abord le récit troublant, pour ne pas dire plus, d’un homme à qui le temps a été volé, et qui a du même coup perdu son ego. Il s’agit d’un homme âgé de 49 ans au moment où Oliver Sacks, célèbre neurologue britannique, fait sa connaissance, en 1975, mais qui est resté figé dans un seul instant de sa vie, éternellement le même, situé peu avant ses vingt ans, au cours de l’année 1945. Il souffre en effet d’une maladie appelée syndrome de Korsakoff, consécutive à l’alcoolisme, qui a totalement détruit ce qu’on appelle sa mémoire de fixation, de sorte qu’il ne lui reste plus comme souvenirs que ceux s’étendant de sa petite enfance jusqu'à ses 19 ans, faisant de son dernier souvenir un présent immuable. Voici ce que raconte Sacks de leur premier entretien:

    « Quand il s’agissait de se rappeler, de revivre les événements, Jimmie était très animé; il ne donnait pas l’impression de parler du passé, mais plutôt du présent, et je fus frappé par son changement de temps lorsqu’il passait de ses souvenirs de sa scolarité à ceux de sa période dans la Marine: il avait employé le passé, il employait maintenant le présent — et il ne s’agissait pas, me semblait-il, du présent formel ou fictif du souvenir, mais du présent actuel de l’expérience immédiate.
    Un brusque, invraisemblable soupçon me saisit.
    — En quelle année sommes-mous, monsieur G.? demandai-je en dissimulant ma perplexité sous un air désinvolte.
    — Quarante-cinq, mon gars. Pourquoi?
    Il continua:
    — Nous avons gagné la guerre, Roosevelt est mort. Truman est à la barre. L’avenir nous appartient.
    — Et vous, Jimmie, quel âge avez-vous donc?
    Chose curieuse, il hésita un moment, comme s’il calculait.
    — Voyons, je dois avoir dix-neuf ans, docteur. J’aurai vingt ans au prochain anniversaire.

    Regardant l’homme aux cheveux gris qui se tenait en face de moi, j’eus une impulsion que je ne me suis jamais pardonnée — et qui eût été le summum de la cruauté si Jimmie avait eu la possibilité de s’en souvenir.
    — Là, dis-je, et je lui tendis une glace. Regardez dans la glace et dites-moi ce que vous voyez. Est-ce bien quelqu’un de dix-neuf ans que vous voyez dans la glace?
    Il pâlit brusquement et agrippa les bords de la chaise.
    — Mon Dieu, dit-il dans un souffle, Dieu, que se passe-t-il? Que m’est-il arrivé? C’est un cauchemar? Je suis fou? C’est une blague?
    Il était affolé, hors de lui.
    — Ça va, Jimmie, dis-je avec douceur. C’est une erreur. Aucune raison de s’inquiéter, hein!» Je l’amenai vers la fenêtre. «N’est-ce pas une belle journée de printemps? Regardez les enfants qui jouent au base-ball!» Il repris des couleurs et recommença à sourire; je m’éloignai furtivement en emportant l’odieux miroir.
    Deux minutes plus tard, je rentrai dans la pièce. Jimmie était toujours debout prés de la fenêtre, regardant avec plaisir les enfants jouer au base-ball en contrebas. Il se retourna quand j’ouvris la porte et son visage prit une expression enjouée.
    — Bonjour, docteur! dit-il. Belle matinée! Vous voulez vous entretenir avec moi? Je m’assieds là?
    Son visage franc et ouvert n’exprimait pas le moindre signe de reconnaissance.»

    « Les connaissances scientifiques de Jimmie étaient celles d’un brillant bachelier, il avait des dispositions pour les mathématiques et les sciences. Il était excellent en calculs arithmétiques (et algébriques), à condition que ceux-ci puissent être exécutés en un clin d’oeil; si les étapes étaient trop nombreuses, si trop de temps se passait, il oubliait où il en était et pouvait même oublier la question. Il connaissait les éléments chimiques, les comparait, en dressait le tableau périodique — mais oubliait les transuraniens.
    — Est-ce complet? demandai-je quand il eut fini.
    — C’est complet et à jour, monsieur, autant que je sache.
    — Vous ne connaissez pas d’autres éléments au-delà de l’uranium?
    — Vous voulez rire? Il y a quatre-vingt-douze éléments et l’uranium est le dernier.
    Je marquai un temps et feuilletai le National Geographic sur la table.

    (...)

    Je trouvai une photo dans la revue et l’avançai vers lui.
    — C’est un porte-avion, dit-il. Un modèle vraiment ultra-moderne. Je n’en ai jamais vu de pareil.
    — Comment s’appelle-t-il? demandai-je.
    Il jeta un coup d’oeil au bas de la page, parut déconcerté et dit: “Le Nimitz!”.
    —Et alors?
    —Tonnerre! répliqua-t-il vivement. Je les connais tous par leurs noms, et je ne connais pas de Nimitz... Bien sûr, il y a un amiral Nimitz, mais je n’ai jamais entendu dire qu’ils avaient donné ce nom à un porte-avions.
    Il jeta la revue par terre avec rage.
    La fatigue, l’angoisse, voire la colère le gagnaient: il était soumis à la pression constante de son anomalie, de la contradiction de cette anomalie par la réalité, avec les implications effrayantes de cette situation, dont il ne pouvait être totalement inconscient. Sans le vouloir, je l’avais déjà acculé à la panique, et je sentais qu’il était temps de mettre fin à notre séance. Nous trouvâmes à nouveau une diversion du côté de la fenêtre. (...) Puis, comme une odeur appétissante arrivait de la salle à manger, ses narines frémirent. Il dit: “C’est l’heure du déjeuner!”, sourit et prit congé.
    L’émotion m’étreignait — c’était à fendre l’âme; il y avait quelque chose d’absurde, de profondément troublant à voir cette vie égarée dans les limbes, cette vie en train de se dissoudre.
    “Il est pour ainsi dire prisonnier d’un moment unique de son existence, écrivis-je dans mes notes, avec un fossé ou un hiatus d’oublis tout autour. C’est un homme sans passé (ni avenir), enlisé dans un moment constamment changeant, vide de sens.”

    (...)

    Au début, nous avions tous l’immense espoir d’aider Jimmie — il était si agréable, si aimable, si rapide et intelligent qu’il était difficile d’imaginer qu’il fut incurable. Mais aucun d’entre nous n’avait jamais rencontré, ni même imaginé une amnésie aussi puissante, un fossé aussi insondable dans lequel tomberaient tout événement, toute expérience, absolument tout, un abyssal trou de mémoire qui engloutirait le monde entier.

    (...)

    Jimmie était à la fois conscient et inconscient de cette profonde et tragique perte survenue en lui-même. (Si un homme a perdu un oeil ou une jambe, il sait qu’il a perdu un oeil ou une jambe; mais s’il a perdu le soi — s’il s’est perdu lui-même — il ne peut le savoir, parce qu’il n’y a plus personne pour le savoir.) Aussi m’était-il impossible de l’interroger sur ces sujets.

    (...)

    Un jour, je lui posai une question, non plus sur sa mémoire ou sur son passé, mais sur le sentiment le plus simple et le plus élémentaire de tous:
    — Comment vous sentez-vous?
    — Comment je me sens? répéta-t-il en se grattant la tête. Je ne peux pas dire que je me sente malade. Mais je ne peux pas dire que je me sente bien. Je ne sais pas si j’éprouve quoi que ce soit.
    — Êtes-vous malheureux? continuai-je?
    — Je ne peux pas dire que je le sois.
    — Aimez-vous la vie?
    — Je ne peux pas dire que je l’aime.
    J’hésitai, craignant d’aller trop loin et de mettre à nu chez cet homme un désespoir secret, inavouable, insupportable.
    — Vous n’aimez pas la vie, répétai-je, hésitant quelque peu. Qu’éprouvez-vous alors vis-à-vis de la vie?
    — Je ne sais pas si j’éprouve quoi que ce soi.
    — Vous sentez-vous tout de même vivant?

    Vivant? Pas vraiment. Il y a bien longtemps que je ne me suis pas senti vivant.
    Son visage exprimait une tristesse et une résignation infinies.

    (...)

    On avait tendance à parler de lui comme d’un accidenté de l’esprit — une “âme perdue”: était-il possible qu’il ait réellement été “désanimé” par la maladie? “Pensez-vous qu’il ait une âme?” demandai-je un jour aux soeurs. Ma question les choqua, bien qu’elles comprissent pourquoi je la posai. “Observez Jimmie à la chapelle, dirent-elles, et jugez-en par vous-mêmes.”

    C’est ce que je fis. J’en fus impressionné et profondément ému, car je vis alors chez cet homme une intensité et une stabilité de concentration, d’attention que je n’avais encore jamais remarquée et dont je ne le croyais pas capable. Je l’observai: il était agenouillé, en train de communier; je ne pouvais douter un instant de la plénitude et de la totalité de sa communion, du parfait accord entre son esprit et celui de la messe. Il participait à la sainte communion avec une intensité plénière et sereine dans un état de concentration et d’attention totales. A ce moment-là, le phénomène d’oubli, le syndrome de Korsakoff, disparaissait et n’était plus même concevable, car, cessant d’être à la merci d’un mécanisme défaillant ou défectueux, celui de phrases ou de souvenirs dépourvus de signification, il se trouvait absorbé dans un acte engageant tout son être, qui portait du sens et de l’émotion en une unité et continuité organiques, unité et continuité si consistantes qu’elles ne laissaient place à aucune fissure.

    Manifestement, Jimmie trouvait sa continuité et sa réalité dans le caractère absolu de l’acte spirituel, et de l’attention qu’il implique: en fait, il s’y trouvait lui-même. Les soeurs avaient raison. C’est bien là qu’il trouvait son âme.

    (...)

    Le fait d’avoir vu Jimmie à la chapelle m’ouvrit les yeux sur l’existence d’autres domaines où l’âme a droit à la parole, où elle se trouve retenue et apaisée par l’attention et la communion. Jimmie faisait preuve de la même profondeur de concentration et d’attention pour ce qui touchait à la musique et à l’art: je remarquai qu’il n’avait aucune difficulté à “suivre” un morceau de musique ou des pièces de théâtre simples, parce que chaque moment artistique renvoie à d’autres moments qui les contient. Comme il aimait le jardinage, il avait pris en charge quelques travaux du jardin. Au début, il avait l’impression d’entrer chaque matin dans un jardin inconnu, puis, pour je ne sais quelle raison, celui-ci lui devint plus familier que l’intérieur de la maison. Il ne s’y perdait presque plus jamais, ne s’y sentait plus désorienté.»

    Oliver Sacks, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, 1985, trad. Seuil, 1988, p. 43 ss.


N’est-ce pas une description bouleversante? Un être que ne vit que dans l’instant, qui n’a d’existence que lorsqu’il est absorbé dans la contemplation de l’éternité, et qui perd pied aussitôt qu’il se retrouve emporté par le flux du temps sur lequel il n’a aucune prise. Il apparaît, aux yeux de ceux qui ne vivent que dans le temps, comme un naufragé perdu sur son radeau, jouet des flots.

«Il se trouvait absorbé dans un acte engageant tout son être, qui portait du sens et de l’émotion en une unité et continuité organiques, unité et continuité si consistantes qu’elles ne laissaient place à aucune fissure.» Lorsqu’il est rassemblé dans l’essence de son être, il n’offre pas de prise à la fissure du temps. Le temps se présente bien comme une fissure dans l’Être, à travers laquelle apparaît le manifesté, s’incarne le devenir, au même titre que l’ego apparaît comme une fissure dans le Soi, à travers laquelle une solitude arrachée à l'Être se love dans un morceau de temps qui passe.

J’avais déjà tenté d’aborder le paradoxe du temps à l’aide d’un article de Marc Lachièze-Rey, mais je n’avais pas pu le faire mûrir, empêtré que j’étais dans ma solitude: il me manquait l’émulation, l’ouverture de l’esprit que crée le partage, et qui s’offre ici dans ce sujet qu’a lancé luz-azul. Ce qui me frappait dans les propos de ce physicien au CNRS, c’est que pour sortir du dilemme causé par les irréductibles divergences entre la théorie de la relativité et la mécanique quantique, toutes deux nécessaires pour comprendre le monde physique dans lequel nous vivons, et pourtant inconciliables entre elles, il faudrait — cela lui apparaissait comme la seule solution prometteuse — créer une physique sans temps. Evacuer le temps. Exactement comme il faut sortir de l’ego, l'évacuer, pour faire place au Soi. D'où cet aphorisme: le temps est à l'Être ce que l'ego est au Soi. L'ego n'a pas plus de réalité qu'un instant évanescent. Mais cet instant devient la porte de l'Être s'il se fait transparent et invite l’Être dans le temps. A ce moment-là, le temps rejoint l'éternité, et l’ego, l'Être.

Il a été plusieurs fois question, sur ce forum, du caractère irréversible de l’éveil, en même temps que de son caractère insaisissable, car il exige une allégeance totale, mais jamais acquise, à l’Être. Le temps n’existe pas pour l’éveil, mais pour que l’éveil existe, pour qu'il soit actuel, présent dans le temps, il doit être à chaque instant recréé. C’est nécessaire et c’est évident, sans quoi il aurait un début, ce qui ne saurait être, puisqu'il est hors du temps.

L’être qui s’éveille a bien un début, lui, il accomplit un premier geste d’éveil, mais par ce geste il accède à ce qui, en lui et dans le monde, n’en a pas. A l’intérieur du devenir, à l’intérieur du temps, l’Être éternel ne peut pas “exister”, il ne peut qu’éclairer: luire à travers le monde, à travers l’ego. Pour autant que l'un et l'autre soient transparents. Ce qui est acquis pour le monde, mais à réaliser pour l'ego. L’ego doit être là, et s’effacer devant l’être. On ne peut pas faire l’économie de l’ego, car sans ego, il ne saurait y avoir de vie incarné. On serait, comme Jimmie, “pas vraiment vivant”. Pas là, pas présent. Tant qu’on est incarné, il faut être présent, s’abandonner à ce qui est. S’y risquer, et dans le même temps, s’en détacher.

Même les plus grands Sages ont besoin d’un ego pour exister dans le temps. D’un ego non pas enfermé en lui-même, mais néanmoins centre de sa propre solitude. Qui toujours réactualise son ouverture au Tout. Comme le Christ en croix, lorsqu’il révèle sa solitude nue, tragique parce qu’abandonnée de tous, à travers ces mots: “Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?”


Dernière édition par joaquim le Ma 20 Sep 2005 0:30; édité 1 fois
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lune



Inscrit le: 09 Jan 2005
Messages: 34

MessagePosté le: Lu 19 Sep 2005 18:49    Sujet du message: Répondre en citant

Comme je n’ai pas le moindre bagage scientifique, et donc aucune intention de démontrer quoi que ce soit, je vous livre simplement ma perception du temps. Pour moi le temps est l’expression la plus intime de notre finitude, le rappel constant de notre incomplétude. Nous savons que demain existera parce que nous savons que hier a été et qu’aujourd’hui est, indépendamment de notre volonté. Nous n’avons aucune prise sur le temps, aucun pouvoir de dévier son cours ni de le suspendre. Comme nous savons qu’en naissant nous sommes appelés à mourir.Depuis toujours l’homme a tenté de retenir le temps, de perdurer en laissant de lui une trace par-delà sa mort. Laisser de soi une œuvre d’art, un écrit, une musique, tenter de se réaliser pour que le monde se souvienne de son passage … Peut-être aussi parce que participer à la création du beau, le faire jaillir, nous ouvre une petite fenêtre vers le paysage céleste, en même temps qu’il nous relie à tous ceux qui tendent vers le même but, nous laissant croire un instant que nous ne sommes pas solitude…alors même que le temps n’est qu’un mirage qui cherche à nous enliser bien plus qu’à se dissoudre. Le temps est un grand filtre au travers duquel nous passons. L’essentiel lui échappe. Il ne retient de nous que le tangible, le matériel, ce que l’on peut voir ou posséder. Et c’est bien paradoxal : ce temps qui ne cesse de fuir, qu’on ne rattrape jamais et qui n’est que mouvement n’a de mémoire que pour ce qui est statique, figé, imprimé sur sa ligne. Pour défier le temps, pour dénouer les liens qui nous font prisonniers de l’image qu’il se plaît à façonner, nous pouvons apprendre à l’habiter si fort, à le défaire de sa matérialité pour retrouver notre essence, comme si on cassait les secondes, les minutes et les années, pour en faire des parcelles de vie à partager, comme un avant-goût d’éternité.
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waxou



Inscrit le: 13 Mars 2005
Messages: 361
Localisation: Marseille

MessagePosté le: Ma 20 Sep 2005 0:24    Sujet du message: Répondre en citant

C'est vrai qu'il s'agit là encore d'une question inévitable
Et je rejoins pas mal feuille, luz-azul et lune lorsqu'ils disent :
luz-azul a écrit:
le fractionnement du temps (secondes, minutes, années, etc..) est une création de la pensée humaine qui n’a aucune existence réelle en-dehors de l’usage que les hommes en font.

feuille a écrit:
maintenant, le temps me parait bien plus être la conséquence des observations d'un observateur que d'une réalité véritable.

lune a écrit:
...alors même que le temps n’est qu’un mirage qui cherche à nous enliser bien plus qu’à se dissoudre. Le temps est un grand filtre au travers duquel nous passons. L’essentiel lui échappe. Il ne retient de nous que le tangible, le matériel, ce que l’on peut voir ou posséder.

Ce qui est étonnant avec le temps, c'est que c'est toujours le présent.
Le futur n'existe pas. Il n'existera que dans le présent.
Le passé non plus, il n'a existé que dans le présent.
Alors pourquoi penser au futur ou au passé? La crainte? Je ne saurais dire.
Car en effet, le principe de l'impermanence fait que tout change perpétuellement et celà a toujours eu tendance à titillier notre mental.
La réconciliation avec l'impermanence est très libératrice (et c'est peu dire). D'ailleurs Luz-azul l'a bien illustré:
luz-azul a écrit:
On se perçoit alors dans un mouvement permanent, un processus de transformation continu et universel. La notion de temps est remplacée par la contemplation immédiate de l’Oeuvre de Dieu en action.

Je n'aurais pas grand chose à ajouter sur ce plan là.
J'avais écrit lors de mes premières notes:
waxou a écrit:
[Lorsque nous nous identifions aux pensées...], nous considérons le passé et le futur comme plus réels que le présent car notre ordinateur mental arrive mieux à les conceptualiser (par exemple, pour modéliser le calcul d' une vitesse instannée nous prenons le plus petit intervalle de temps possible et nous mesurons la vitesse entre ces deux instants pour en avoir une estimation (t+dt)). L'instant en lui même n'est pas exploitable si on veut comprendre ce qu'est la vitesse. Pourtant, même si elle n'est pas observable a un instant t, elle est présente.
et tout de même observable indirectement dans le mouvement dégagé de la volonté de mesure. Le mouvement qui est une des manifestations de l'impermanence.
Le mental, avec le temps, comprend l'impermanence en essayant de la rendre permanente. Comme le dit lune:
lune a écrit:
Et c’est bien paradoxal : ce temps qui ne cesse de fuir, qu’on ne rattrape jamais et qui n’est que mouvement n’a de mémoire que pour ce qui est statique, figé, imprimé sur sa ligne.


Mais j'ai bien peur de ne pas pouvoir en dire plus que vous ne l'avez déjà fait.

Cependant, voici quelques phrases de Mr. Tolle:

Citation:
Pourquoi le mental a t-il tendance à nier l'instant présent ou à y résister? Parcequ'il ne peut fonctionner et garder le contrôle sans le temps, c'est à dire sans le passé et le futur. Il perçoit donc l'intemporel instant présent comme une menace. En fait, le temps et le mental son indissociables.
Imaginez la terre dépourvue de toute vie humaine et n'abritant que plantes et animaux. Y aurait-il encore un passé et un futur? Parler du temps aurait-il encore un sens? La question "quelle heure est-il?" ou "quelle date sommes-nous?" - s'il y avait quelqu'un pour la poser - serait vraiment insignifiante. Le chêne ou l'aigle resteraient perplexes devant une telle question. "Quelle heure?" demanderaient-ils. "euh, bien entendu, il est... miantenant. Nous sommes maintenant. Existe-t-il autre chose?"
Bien sûr pour fonctionner en ce monde nous avons besoin du mental ainsi que du temps. Mais vient un moment ou ils prennent le contrôle de notre vie, et c'est alors que s'installent le dysfonctionnement, la souffrance et le chagrin.

Ce dernier passage restant aussi une conclusion inévitable, tout comme dans le post de joaquim:
joaquim a écrit:
Mais il faut que l'ego soit là, car sans ego, on ne saurait vivre une vie d’être incarné. On serait, comme Jimmie, “pas vraiment vivant”. Pas là, pas présent. Tant qu’on est incarné, il faut être présent, adhérer à ce qui est. S’y risquer, et en même temps, s’en détacher. Se faire transparent. Même le Sage a besoin d’un ego pour exister dans le temps. D’un ego certes non pas enfermé en lui-même, mais néanmoins centre de sa propre solitude. Qui toujours réactualise son ouverture au Tout.

C'est marrant, je trouve que tout se rejoint plutot bien.
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aksysmundi



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MessagePosté le: Me 21 Sep 2005 8:28    Sujet du message: Répondre en citant

luz-azul a écrit:
On se perçoit alors dans un mouvement permanent, un processus de transformation continu et universel. La notion de temps est remplacée par la contemplation immédiate de l’Oeuvre de Dieu en action.


Voilà comment je perçois l’interdépendance parfaite entre le muable et l’immuable :



Tentons maintenant de « commenter » au mieux cette perception si suffisante et complète en soi ; ce qui me laisse une certaine amertume tellement ai-je l’impression de devoir la torturer par le mental à « l’autel du partage ».

La notion de « temps » est intimement lié au mouvement. Il m’apparaît que c’est la permanence de ce mouvement impermanent qui fait naître la notion d’ « éternité ». Hors, par ces notions, le mental sépare la roue de son axe, ce que nous nommons « temps » et « éternité » ne faisant qu’UN à l'origine.

luz-azul a écrit:
Que cette tentative (modéliser l’univers pour se l’approprier) soit vaine et que vouloir connaître (« démonter ») l’œuvre de Dieu soit un outrage qu’on Lui inflige n’est pas ici le propos (et pourtant, ce sujet mériterait un forum à lui seul).


Je crois pour ma part que nous sommes en plein dedans. Il me semble vain de vouloir saisir la « Création sans fin » autrement que dans son interdépendance, sa Totalité : Fini et infini, muable et immuable, temporel et intemporel.

luz-azul a écrit:
Chaque instant d’éternité vécu par notre conscience est inséré dans ce jaillissement universel qui se recrée à chaque instant à partir de lui-même.


J'adhère à ces propos, et c’est là tout le paradoxe de la Création dans sa perfection.

lune a écrit:
Pour moi le temps est l’expression la plus intime de notre finitude, le rappel constant de notre incomplétude.


A l’image de la Création, nous sommes également « infinitude ». Je perçois d’ailleurs l’éveil comme notre finitude révélée à notre infinitude, le révélé au non-né. Cette incomplétude ne disparaît pas pour autant, elle est « juste » révélé (pardon du peu !).

Ce qui permet à Joachim d’affirmer ceci :
"Le temps est à l’Être ce que l’ego est au Soi."
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joaquim
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MessagePosté le: Me 21 Sep 2005 20:37    Sujet du message: Répondre en citant

luz-azul regrettait que ce sujet tarde à s’envoler, et bien, je crois vraiment que cette fois-ci des ailes lui ont poussé. Wink

Sur la chaise du dentiste, lorsque la fraise entre en action, chaque seconde vaut son pesant de douleur et de conscience aiguisée, alors que dans les bras de l’amour, le temps suspend son vol et enveloppe de ses ailes les consciences réunies dans le bonheur. Etrange fluide qui nous contient. Elastique, évanescent, insaisissable et pourtant si “réel”.

Comme l’histoire de Jimmie, le marin amnésique, le montre bien, et comme plusieurs d’entre vous l’ont relevé, “je” ne vit pas dans le présent. Le temps, pour “je”, c’est celui qui se mesure, qui s’égrène au fil de ma vie, et “je” ne suis rien d'autre que le fruit de sa décantation.

Le temps, comme la conscience, doit être rempli. Vide, il fait peur. Comme s’il était un trou béant. Comme le dit lune: «Le temps est un grand filtre au travers duquel nous passons. L’essentiel lui échappe. Il ne retient de nous que le tangible, le matériel, ce que l’on peut voir ou posséder.» Et pourtant, tant qu’on est pris dans les filets de l’illusion, c’est bien ce tangible-là qui nous semble seul réel. Ne rien laisser dans le filet, oser passer corps et biens à travers ses mailles, voilà une aventure bien périlleuse, un saut... sans filet. Et pourtant, rien de plus simple. Être là, porté simplement par le temps qui passe. Si on le fait vraiment, si on s’abandonne vraiment au temps qui passe, si on ne le charge de rien d’autre que de l’attention qu’on lui porte, on se trouve vraiment porté par lui, non pas seulement dans un sens métaphorique, mais dans un sens bien réel: le temps s’anime alors et nous porte, comme si “je” était “lui”. Un “je” vivant, un “je” qui s’écoule, de toute éternité.

Mein Erbteil wie herrlich, weit und breit!
Die Zeit ist mein Besitz, mein Acker ist die Zeit.

Goethe

J’ai reçu le temps en héritage,
Merveilleusement vaste,
C’est mon bien, c’est mon champ.

(Traduction personnelle approximative)

Ces vers m’ont toujours interpellé. Être absorbé dans la contemplation de l’éternité, c’est être arrivé, c'est être sorti du temps, et pourtant, d’un point de vue plus “vaste”, c’est être avorté. Excusez la brutalité de l'affirmation, mais c'est pourtant bien comme si on court-circuitait la manifestation, pour retourner dans l’incréé. En abandonnant tout derrière soi, le monde et son imperfection. J’ai longtemps été troublé par cette incontournable évidence: aussi longtemps que je m’abîme dans la contemplation de l’Être, je n’avance pas. Le temps est littéralement suspendu, ce qui se passe là est hors du temps. Et il me fut dur de devoir reconnaître que le chemin de l’accomplissement ne conduit pas de l’individu isolé vers sa résorption dans le Tout — même si c'est là le noeud autour duquel tout tourne — mais il est cet individu, l'individu relié devient le chemin, il se fait lui-même chemin à travers lequel l’incréé se crée, par qui le manifesté apparaît.

Nous avons tous un champ à cultiver, et ce champ, c’est le temps qui nous est donné. C’est par le temps que nous participons à l’oeuvre de la Création, non pas seulement en tant que créature, mais comme la main du Créateur.
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Docrate



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MessagePosté le: Lu 26 Sep 2005 22:21    Sujet du message: temps ? Répondre en citant

je retrouve dans l'analyse de Luz-azul celle de Krishnamurti ( " la première et la dernière liberté " notamment) en ce qu'elle différencie le temps chronologique du temps mental.

Ensuite , K affirme ceci en substance : la pensée n' est rien d'autre que du temps, mais du temps passé .
Mémoire, sensations, expériences , contacts , conclusions , savoir....la liste des partenaires de l' Ego est longue pour cerner ce qu'il appelle le Connu et dont il préconise de se libérer ( titre d'un autre livre de K.)

Tout cela me rappelle cet notion de l' oubli du " vieil homme " au profit du neuf sans cesse renouvelé.
Au fond , le temps quelqu'il soit , chronologique, mental , passé, présent , futur, éternel etc....reste affaire de perception et d'interprétation de par tous les qualificatifs qu'on lui attribue et tous les travaux qui lui auront été consacrés en somme , du ressort du moi.

L'impermanence du Monde me semble génératrice de doutes, questions, souffrance dans la mesure où l'on y fait poindre un repère , où l' on s' isole illusoirement par une cristallisation du vécu ( plaisir/souffrance et autres ) et par la projection dans le futur avec ces références accumulées ( je recherche ceci/ j'évite cela).

A priori donc ,plus de moi , plus de temps.
Plus de moi, plus d'observatoire des atomes tournoyants au rythme des planètes mais une danse , un grand ballet à l'echelle du Cosmos....
Le présent je pense, rien que le présent....

Docrate.
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luz-azul



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MessagePosté le: Ma 27 Sep 2005 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

lune a écrit:
Pour défier le temps, pour dénouer les liens qui nous font prisonniers de l’image qu’il se plaît à façonner, nous pouvons apprendre à l’habiter si fort, à le défaire de sa matérialité pour retrouver notre essence, comme si on cassait les secondes, les minutes et les années, pour en faire des parcelles de vie à partager, comme un avant-goût d’éternité.
Lune, vous lire procure de vrais moments de bonheur.

aksysmundi a écrit:
luz-azul a écrit:
Que cette tentative (modéliser l’univers pour se l’approprier) soit vaine et que vouloir connaître (« démonter ») l’œuvre de Dieu soit un outrage qu’on Lui inflige n’est pas ici le propos (et pourtant, ce sujet mériterait un forum à lui seul).

Je crois pour ma part que nous sommes en plein dedans. Il me semble vain de vouloir saisir la « Création sans fin » autrement que dans son interdépendance, sa Totalité : Fini et infini, muable et immuable, temporel et intemporel.
Merci à Aksysmundi qui a relevé ma faible capacité d’analyse : parler du temps et, dans la même recherche, en isoler l’usage, n’a pas beaucoup de sens…

joaquim a écrit:
D'où cet aphorisme: le temps est à l'Être ce que l'ego est au Soi. L'ego n'a pas plus de réalité qu'un instant évanescent. Mais cet instant devient la porte de l'Être s'il se fait transparent et invite l’Être dans le temps. A ce moment-là, le temps rejoint l'éternité, et l’ego, l'Être.
Merci aussi à Joaquim qui nous a ouvert une porte vers de nombreux volumes de réflexion…

Docrate a écrit:
A priori donc ,plus de moi , plus de temps.
Plus de moi, plus d'observatoire des atomes tournoyants au rythme des planètes mais une danse , un grand ballet à l'echelle du Cosmos....
Le présent je pense, rien que le présent....
Quant à Docrate, quelle belle conclusion.

A chaque fois que je m’imprègne de vos interventions (sans oublier Feuille et Waxou bien sûr), de nouvelles lueurs apparaissent qui font progresser ma perception des choses… Merci à tous :fleur: .
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Pierre



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Messages: 113
Localisation: Toulouse

MessagePosté le: Je 23 Nov 2006 15:50    Sujet du message: Répondre en citant

Je réanime ce fil endormi, car j'ai découvert cette étonnante interview sur le net.
Je ne comprends pas encore tout (je ne l'ai écoutée qu'une fois et m'y remets dès que j'aurais... du temps), mais les propos que j'ai entendu m'ont donné le vertige.
J'espère avoir la joie de m'en entretenir avec quelques membres de ce forum.
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mauvaiseherbe



Inscrit le: 31 Mai 2006
Messages: 336

MessagePosté le: Je 23 Nov 2006 16:50    Sujet du message: Répondre en citant

Ouf , merci Pierre .

J'ai vécu l'écoute de ces idées sur le temps , comme une réponse vraiment miraculeuse ... !!

J'ai fait ce que j'avais promi , c'est à dire repartir entièrement de zéro , ou plutôt ça s'est fait bien sévèrement à la suite des échanges concernant les différences" fondamentales "(!?)de foi même entre personnes lisant le même Livre ..J'ai tout , tout remis en question ...même la réalité , la validité de cette "expérience" que j'ai raconté dans "comme mon nom l'indique"...
Or j'y ai vécu , vu , ressenti , compri, sans pouvoir l'exprimer bien sûr comme cet homme de la vidéo,le temps et la matière ( le corps , l'espace dehors et dedans etc) exactement comme il en parle...avec , d'une autre manière mais le même fond , les mêmes conclusions qu'il en tire à propos des "vérités uniques" .
Je ne sais pas développer plus,
mais merci du fond du coeur d'avoir été le canal pour que je recoive la réponse que je demande tant !


heureux41
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khoan



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Messages: 356

MessagePosté le: Je 23 Nov 2006 16:55    Sujet du message: Répondre en citant

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Dernière édition par khoan le Di 26 Nov 2006 15:11; édité 1 fois
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Jean-Marie



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Localisation: Arlon - Belgique

MessagePosté le: Je 23 Nov 2006 17:38    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Pierre,

Je viens de regarder la vidéo que tu as indiquée.

L'orientation du comportement de l'homme correspond à ce que la plupart expriment sur ce forum.

Par contre, je reste très perplexe au sujet de ses explications. Il semble utiliser pleins d'éléments, chacun vrai en soi et séparément, pour en faire une théorie d'ensemble qu'il présente comme prouvé scientifiquement. Là, je décroche. Le temps quantique, avec possibilité de vivre un temps accéléré entre les particules de temps, c'est pour moi du rêve. D'ailleurs, ne dit-il pas que c'est dans le rêve que cela se passe ? Son rêve a l'air bien paradoxal

Voici le lien d'une autre vidéo qui me paraît plus fondée scientifiquement. Encore qu'elle aboutisse à ce que la matière est perception, ce qui, à mon avis, va trop loin scientifiquement.
http://www.dailymotion.com/video/x2bti_qui-percoit

_________________
Jean-Marie
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khoan



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Messages: 356

MessagePosté le: Je 23 Nov 2006 20:31    Sujet du message: Répondre en citant

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