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Maurice Zundel: la communion d'amour dans la Trinité
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joaquim
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MessagePosté le: Me 22 Sep 2004 23:41    Sujet du message: Maurice Zundel: la communion d'amour dans la Trinité Répondre en citant

Maurice Zundel a écrit des pages émouvantes sur le coeur humain, cet espace où la conscience qui s'éveille accède au sens de sa dignité de de son inviolabilité, et qui se révèle, derrière le moi préfabriqué et conditionné qui le recouvre, comme un espace de pur accueil de l'autre, un espace qui ne peut être violé par des principes autoritaires, même divins, mais qui vit de l'ouverture et de la communion à l'Autre, à l'image du Dieu de Pauvreté qui se dépossède perpétuellement de lui-même dans la relation d'offrande qu'entretiennent entre elles les trois Personnes de la Trinité.

«(...) la Trinité est la délivrance d’un cauchemar où l’humanité se débat quand elle se situe en face d’une divinité dont elle dépend et à laquelle elle est assujettie: pourquoi Lui plutôt que moi? Pourquoi suis-je la créature, et Lui le Créateur? Pourquoi, s’il est mon créateur, m’a-t-il mis dans cette situation de savoir que je suis son esclave? Pourquoi m’a-t-il donné juste assez d’intelligence pour comprendre que je dépends de Lui? Il y a une révolte sourde et implacable qui monte du coeur de l’homme dans cette confrontation de son esprit avec cette espèce de Dieu qui lui apparaît comme le rouleau compresseur de l’esprit!

Dans l’ouverture du Coeur de Dieu à travers le Coeur du Christ, il y a justement cette manifestation incroyable et merveilleuse que Dieu est Dieu parce qu’il se communique, qu’il est Dieu parce qu’il se donne tout, parce qu’il est la désappropriation infinie et éternelle, parce qu’il a la transparence d’un enfant, une transparence où toute espèce d’appropriation est impossible, où le regard est toujours dirigé vers un l’Autre, où la personnalité, où le moi, n’est qu’un pur et infini altruisme. C’est là la grande confidence qui resplendit dans l’Évangile du Christ! La perle du royaume, c’est que Dieu soit ce Dieu-là!

Jésus, en nous révélant la Trinité, nous a délivrés de Dieu! Il nous a délivré de ce Dieu cauchemar, extérieur à nous, limite et menace pour nous: il nous a délivrés de ce Dieu-là! Il nous a délivrés de nous-mêmes qui étions nécessairement, et sourdement, même si nous n’osions l’avouer, en révolte contre ce Dieu-là.

Avec la Trinité, nous entrons dans le monde de la relation. (...)

Subsister en forme de don, subsister comme une relation à autrui, subsister dans une pure respiration d’amour, nous avons là le Dieu qui transparaît et se révèle personnellement en Jésus Christ.(...)

Ce qui est justement si pathétique, et ce qui nous rend sensible la différence entre l’Ancien et le Nouveau Testament, et le passage transcendant qu’il faut opérer de l’un à l’autre, c’est que, tandis que dans l’Ancien Testament le péché suprême, le péché originel, c’est de vouloir être comme Dieu, dans le Nouveau, c’est cela même qui est l’unique nécessaire.(...)

Il s’agit d’être comme Dieu! Et, au fond, cette intuition nietzschéenne, cette volonté d’être Dieu, de ne supporter aucun Dieu en dehors de soi, est l’ébauche d’une vocation authentique. Mais attention! Oui, être comme Dieu, mais après avoir reconnu en Dieu justement la désappropriation infinie, la pauvreté suprême, le dépouillement translucide!
Si Dieu est ce Dieu-là, s’il est dans notre coeur une attente infinie, être comme Dieu, maintenant cela veut dire nous désapproprier fondamentalement de nous-mêmes pour que notre vie s’accomplisse comme la sienne dans un don sans réserve.»


Maurice Zundel, "Le Problème que nous sommes", Le Sarment, Fayard, 2000, pp 39-42
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piotr



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MessagePosté le: Di 26 Fév 2006 15:22    Sujet du message: COUCOU Répondre en citant

bonjour .....si cela intéresse quelqu'un .....quelques sites de la présentation de la pensée de Zundel

http://mauricezundel.free.fr/

sur la page de liens .... un blog et des sites pour approfondir ...

Laughing

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mauvaiseherbe



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MessagePosté le: Sa 10 Juin 2006 13:40    Sujet du message: Répondre en citant

Merci beaucoup , cet extrait de Maurice Zundel me fait beaucoup de bien , particulièrement aujourd'hui .
Je le découvre en plus et me réjouis de connaitre son site .

" Il y a une révolte sourde et implacable qui monte du coeur de l’homme dans cette confrontation de son esprit avec cette espèce de Dieu qui lui apparaît comme le rouleau compresseur de l’esprit! "


Un association de pensée : je ne sais plus dans quel échange sur ce forum , quelques uns réfléchissaient sur le thème de la colère : j'ai lu il y a quelques temps un livre de Lytta Basset " Sainte Colère" qui m'a fait l'effet d'une bombe (libératrice ) , concernée comme je suis par la colère . Smile .
Chaleureusement,

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piotr



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MessagePosté le: Sa 10 Juin 2006 19:41    Sujet du message: des textes merveilleux Répondre en citant

bonjour,

mauricezundel.free.fr/

j'ai mis les textes de base de Zundel

mais génial le site de Père Demains qui traduit chaque jour un texte et le met en ligne ....tu peux t'inscrire à son newsletter

bien à toi

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mauvaiseherbe



Inscrit le: 31 Mai 2006
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MessagePosté le: Lu 12 Juin 2006 11:35    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai trouvé ce résumé du livre , par Lytta Basset . Peut-être est- il un peu long pour ce forum ...?
Je me souviens avec bonheur de ces années où prononcer le mot Dieu , y penser même soulevait en moi des ondes de révolte et de colère de plus en plus nettes et vivantes ...jusqu'à ce qu'un jour enfin (!) j'ose me mettre debout (petite , faible , ignorante mais debout ) et s'il existe " Lui " demander des comptes directement , avec rage , acharnement et passion ...et beaucoup de larmes . J'ai eu en réponse ce merveilleux sourire cosmique qui semble n'avoir attendu que ça .
Smile


Qu’est-ce qu’une sainte colère ?
Lytta Basset

Dans son livre sur la sainte colère, Lytta Basset, après des pages et des pages d’exégèse (sur les colères de Caïn, de Jacob, de Job, de Jésus), consacre un chapitre à regrouper ce qui la caractérise. D’abord elle la présente négativement, en opposition à l’autre colère, la mauvaise, la malsaine. Ensuite elle l’aborde telle qu’en elle-même. Voici quelques paragraphes qui fondent le droit à l’indignation, à la colère, même face à l’Église, même face à Dieu…

On va tenter maintenant de discerner en quoi une colère est sainte. Rappelons que, dans la Bible, « saint »» signifie mis à part, séparé pour être rendu puissant par Dieu. Est donc sainte la colère qui me sépare du chaos douloureux où je suis englouti-e, et celle qui me sépare de ces humains hostiles, incompétents ou indifférents auxquels je me raccrochais désespérément. Est également sainte la colère qui me sépare des images stéréotypées de moi-même que sont « victime », « coupable », « parfait-e », « maudit-e », « gentil-le », etc. Est sainte, encore, la colère qui me sépare de ces représentations mortifères de Dieu dont j'avais si longtemps nourri ma foi et que je me donne enfin le droit de rejeter. Est éminemment sainte la colère qui se retourne contre Dieu et le met en cause. « Elle met l'homme dans un rapport d'opposition strictement personnelle à Dieu, note S. Kierkegaard, et dans un rapport tel qu'il ne peut pas se contenter d'une explication de seconde main(1). »
Est donc sainte la colère de Job qui en se désolidarisant du Dieu-Providence pure, à la fois traditionnel et anthropomorphique, se retrouve solidaire du commun des mortels en proie à l’injustice sociale et à la surdité divine. Le chapitre 24 est un modèle du genre, d’une modernité étonnante : est sainte la colère qui rompt avec tout système philosophique ou religieux que contredit l'expérience des humains, et même, l'expérience d'un seul être humain. Si l’on en croit le livre de Job, la sainte colère d'une seule personne est susceptible de désamorcer toute une idéologie religieuse et sociopolitique, et les comportements intégristes qui en découlent !
« Au ch. 24, commente R. de Puny, Job va d'une manière impressionnante étendre au domaine social le réquisitoire qu' il dressait au sujet de son drame personnel. Son propre malheur n'est pas sa seule occasion de révolte, mais non moins celui de tous les pauvres, de tous les exploités. [...] Nulle part ailleurs on ne trouve autant de matériaux anti-religieux que dans la Bible [...]. Le procès que la pensée moderne intente à Dieu n'est qu'un faible et dérisoire écho de celui que Job lui intente(2). »
Une sainte colère n'en reste pas au simple plaisir de refuser et de se séparer. Puissance de libération par rapport à tout le mal qu'on a subi et intériorisé, elle vise en fait autre chose qu'elle-même: elle est le sésame de cette violence paradoxale qui ouvre à la prise de conscience imprévisible du pouvoir de pardonner. Puissance de refus de tout ce qu'on n'est pas essentiellement, elle tend à mettre fin aux dysfonctionnements aliénants et à faire accéder à la paix de l'être. Dans la Philocalie des Pères neptiques, Isaïe l'anachorète note que « sans colère il n'y aurait pas de pureté (3) chez l'homme, s'il ne s'irritait pas contre tout ce qui est semé en lui par l'Ennemi [...].on peut vivre une véritable conversion de la convoitise et de la colère.
Par « intelligence » [noûs], il faut entendre la double faculté de penser le monde et de contempler Dieu; elle est donc à la fois la raison et le souffle de l'esprit. ll s'agirait alors de nettoyer cette intelligence naturelle des scories que le mal y a déposées, pour parvenir à une colère « conforme à la nature » : ce que j'appelle sainte colère est pour l'anachorète restauration d'une colère saine donnée par le Créateur pour se différencier des ennemis, du mal subi et de ses séquelles. On retrouve l'intuition biblique de l'épée: « s'établir dans l'état naturel de l'intelligence » devient possible quand on « retranche » tout ce qu'on n'est pas essentiellement soi-même, et qu'on abandonne au rival l'objet du litige, parce qu'on a fait l'expérience qu'on possède une « autre joue » !
Dans son dynamisme libérateur, la sainte colère va jusqu'à refuser le dogme démobilisateur d'un « instinct de violence » en l'humain. Comme le fait très justement remarquer R. Girard,
« . L'idée d'un instinct – ou si l'on veut d'une pulsion – qui porterait l'homme vers la violence ou vers la mort – le fameux instinct, ou pulsion, de mort chez Freud – n‘est qu'une position mythique de repli, un combat d'arrière-garde de l'illusion ancestrale qui pousse les hommes à poser leur violence hors d'eux-mêmes, à en faire un dieu, un destin ou un instinct dont ils ne sont plus responsables et qui les gouverne du dehors (6). »
Il semble, aujourd'hui, que le dogme de l'instinct de violence perde du terrain au profit d'un nouveau dogme, énoncé lui aussi avec ce « on » impersonnel qui lui donne le déguisement d'une certaine scientificité : « On ne guérit jamais vraiment. » Malheur à quiconque prétendrait être complètement guéri de son histoire traumatique et de ses séquelles ! Malheur à celui ou celle qu' une sainte colère a délivré-e du fantasme d'un instinct de violence plus fort que soi-même ! Et enfin, malheur à qui affirme ne souhaiter mourir que par excès de souffrance et par envie de vivre une vraie vie !
Or, un unique témoignage suffit pour que le dogme s'effondre: si un seul humain échappe au « on ne guérit jamais vraiment [du mal et de la violence] », c'est que la voie reste ouverte à tous. Ainsi, la sainte colère débouche sur la recherche d'authenticité : nous ne nous leurrons pas en croyant être guéris dès lors que nous sentons et voyons la colère de Dieu à l'œuvre dans notre propre histoire, à l'œuvre contre notre chaos intérieur depuis ce temps lointain où nous étions perdus loin de tout AUTRE. En ce temps-là, nous étions comme Caïn, incapables de discerner la sainte colère de vie, de la colère absurde de notre Dieu fantasmatique. « Comment pourrait-il saisir, Caïn, lui qui n'a même pas pu s'approprier ce qu'il a fait pousser, comment pourrait-il saisir qu'en ne considérant pas son offrande, ce n'est pas son existence mais au contraire sa non-existence que le divin refuse (7) ? » Sainte colère de Dieu qui est, à nos côtés et dans la direction même de notre désir profond, combat immémorial contre le chaos, cette confusion entre nous et les autres qui nous maintient dans la non-existence...
Une sainte colère n'a pas besoin de la caution de Dieu pour se rendre crédible. Aucune religion, aucune philosophie n'en a le monopole : la colère AUTRE traverse les destins personnels et les histoires collectives avec la liberté de l'Esprit qui souffle où il veut. Pour un philosophe athée tel que A. Camus, elle s'appelle « révolte » et elle mérite son nom dans la seule mesure où elle a renoncé au « tout ou rien » semeur de mort. « Elle n'a jamais affirmé dans son mouvement le plus pur que l'existence d'une limite [...]. Elle est le refus d'une part de l'existence au nom d'une autre part qu'elle exalte. Plus cette exaltation est profonde, plus implacable est le refus. Ensuite, lorsque dans le vertige et la fureur, la révolte passe au tout ou rien, à la négation de tout être et de toute nature humaine, elle se renie à cet endroit. » C'est alors qu'elle n'est plus sainte colère, pourrions-nous dire.
ll est étonnant de trouver chez A. Camus comme l'illustration de cette « colère conforme à la nature » que nous avions rencontréedans la Philocalie. Dans cette philosophie moderne qui ne se réfère, pas à un Créateur, l'humain est dépositaire d'une colère authentique à laquelle il est parfaitement capable de rester fidèle: « Plus la révolte a conscience de revendiquer une juste limite, plus elle est inflexible. [...] Réclamant l'unité de la condition humaine, elle est force de vie, non de mort. » Elle est alors sainte colère, selon nos termes. Mais lorsqu'elle ajoute le mensonge à l'injustice, prétendant ainsi venir à bout de cette dernière, elle ne mérite plus son nom. Et A. Camus conclut de manière quasi biblique: « Celui qui ne peut tout savoir ne peut tout tuer [...]. La révolte ne vise qu'au relatif et ne peut promettre qu'une dignité certaine assortie d'une justice relative. Elle prend le parti d'une limite où s'établit la communauté des hommes (8). »




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joaquim
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MessagePosté le: Lu 12 Juin 2006 20:50    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour mauvaiseherbe,

C’est vrai, le sujet de la colère avait été déjà débattu ici et là sur le forum, mais jamais il n’avait été exposé de manière si claire et si pénétrante. Merci pour ce texte, et plus encore pour la caution vivante que lui apporte ton propre vécu: une sainte colère qui a redressé en toi celle qui se croyait si faible, celle qui prenait le risque de perdre l'ultime sécurité d'un Dieu-Providence, mais qui par là prenait en fait le risque de la vie, osait être, au sens fort du terme, et accédait à une Présence qu'elle n'aurait pu découvrir autrement. Comme quoi il est bon parfois d'être une "mauvaise herbe". Wink

Maurice Zundel a très profondément et abondamment parlé de la dignité humaine et de son inviolabilité. Le passage qui me touche le plus (et qui a déjà été cité ici dans un sujet consacré à la dignité) est celui par lequel Zundel ouvre la retraite qu’il a prêchée au Vatican en 1972, devant le pape Paul VI:

    «Vous allez immédiatement saisir le sens de cette inviolabilité dans un exemple infinitésimal qui nous fut donné par un romancier Suisse-Allemand* qu’il écrivait à la fin du XIX̊ siècle dans un roman autobiographique où il raconte donc sa propre histoire. Il se représente lui-même à l'âge de huit ou neuf ans, fils d'une femme devenue veuve qui n'avait que lui au monde et qui reportait naturellement sur lui tout son amour.

    Cette mère, qui était d'un protestantisme traditionnel parfaitement sincère, avait appris à ce petit garçon à dire sa prière, le matin et le soir, et avant de se mettre à table. Or un jour l'enfant revient de l'école et il se met à table sans faire sa prière. Sa mère le rappelle doucement à l'ordre. I1 feint de ne pas l'entendre. Finalement, sa mère intervient énergiquement : "Comment, tu ne veux pas faire ta prière?" - "Non. " - "Eh bien, va te coucher sans souper : " L'enfant bravement relève le défi et va se coucher sans souper. Sa mère, finalement, prise de remords, lui apporte son souper dans son lit. Trop tard ! Depuis ce jour, le petit garçon cessa de prier.

    Cet événement infinitésimal a une signification symptomatique très profonde parce qu'il nous fait assister, chez un enfant, à la prise de conscience précisément de son inviolabilité. I1 y a en lui un domaine où sa mère ne peut pas pénétrer. I1 y a un domaine qui lui appartient et, bien sûr, il ne saurait le définir, mais il en a pris une conscience si vive que, désormais, il cessera de prier, dans une prise de position latente à la tentative de sa mère voulant le contraindre à prier. Et cette prise de conscience est précisément un des éléments humains les plus essentiels, les plus profonds et aussi, disons-le immédiatement, les plus secrets.

    Si les esclaves se sont révoltés à travers toute l'histoire, c'est précisément dans la mesure où ils ont pris conscience qu'ils ne pouvaient pas se résigner au rôle d'instruments : ils n'étaient pas des choses aux mains de leur maire, ils ne pouvaient reconnaître comme leur qu'une action dont ils étaient la source et l'origine.

    * Gottfried Keller, "Henri le Vert". Ed.Aubier, 1981, pp.38 seq... 3 »

    RETRAITE AU VATICAN
    Dimanche 20 Février – Samedi 26 Février
    1972
    Prêchée par l’abbé Zundel

    Source ici


Cette révolte du petit Henri contre l’injonction de prier est la prise de conscience de sa propre dignité, et marque son accession à ce centre inviolable qui est en lui. Inviolable parce qu’il ne peut être enfermé en rien. Il ne peut pas être possédé, il ne peut être qu’accueilli dans un acte de présence. On n’a aucun pouvoir sur lui, mais on accède véritablement à soi-même en se soumettant à lui. Cette soumission nous rend libre, parce qu'elle nous plonge dans la source d’où jaillit notre propre être. C'est là le paradoxe: on est prisonnier tant qu'on adhère à soi, et libre aussitôt qu'on lâche sa propre prise sur soi. Parce qu'alors on bascule dans la source de soi, celle qui est en deça de l'image à laquelle on s'identifie, et qui nous crée à chaque instant.

joaquim a écrit:
Pour voir l’être, il faut soi-même être intensément, il faut faire acte de présence. La dignité, c’est la qualité de notre présence à l’être. L’indignité, c’est n’être pas suffisamment présent. C’est manquer d’être. C’est un sentiment lié à celui de la honte. La honte, c’est donner de soi une image qui n'est pas la bonne, à laquelle on ne peut pas s’identifier; et c’est vouloir se cacher, pour ne pas être vu ainsi. La colère, c’est l’indignation face au manque d’être, c’est l’exigence de la dignité, de la présence à l’être.
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fm



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Messages: 5

MessagePosté le: Lu 12 Juin 2006 21:58    Sujet du message: responsabilité Répondre en citant

qui peut me parler de cette responsabilité qui nous tombe dessus quand on vit une transformation ? on a l'impression que le libre arbitre est entier alors qu'il n'était que partiel.
merci
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mauvaiseherbe



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MessagePosté le: Sa 17 Juin 2006 11:13    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour fm ,
voudrais- tu préciser ce que tu entend par "responsabilité qui vous tombe dessus " ?
Penses -tu à la necessité d'un "engagement " , d'une pratique quotidienne ?

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fm



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MessagePosté le: Sa 17 Juin 2006 22:48    Sujet du message: Répondre en citant

bonjour mauvaiseherbe,
je pense plutôt à la nécessité d'un engagement. lorsqu'on est sur la voie de l'éveil, on ressent et on sait des choses dont on n'avait pas conscience avant, et par la même occasion, on a l'impression de devoir être plus responsable. plus adulte, en quelque sorte. l'éveil procure intuitivement beaucoup de devoirs : celui de ne plus juger, de ne plus mentir, de ne plus s'adonner au sexe à tort et à travers, ... de plus, on se sent acteur de sa vie, et pire, de celle des autres, parfois. on n'a peur de se tromper. je ne parle pas de la peur d'un Dieu vengeur, mais de celle de ne pas être à la hauteur.
à bientôt
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mauvaiseherbe



Inscrit le: 31 Mai 2006
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MessagePosté le: Di 18 Juin 2006 0:38    Sujet du message: Répondre en citant

Merci fm pour ta réponse sincère , je ne sais pas si ce thème corresponds au sujet de Joachim, bien que ça a sans aucun doute à voir avec un sentiment nouveau de dignité .
Je suis moi même en chemin et je ne me sens pas la capacité de répondre avec suffisement de sagesse à tes questions ; mais elles me parlent et me touchent . Ce que je sais pour le moment c'est que ces questions , ces doutes , ces souffrances sont comme un levain : nous" sommes travaillés " . Peut-être commençons nous tout doucement à prendre conscience de notre état de sommeil ....La graine est semée ...
Peut-être devons nous ,simplement , humblement , nous engager à donner chaque jour un peu de notre temps , de nos pensées , de notre coeur , pour permettre que nous devenions une terre fertile Smile
Amicalement , mh

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ekam
Invité





MessagePosté le: Lu 19 Juin 2006 9:15    Sujet du message: le 'retournement' Répondre en citant

fm a écrit:
je pense plutôt à la nécessité d'un engagement. lorsqu'on est sur la voie l'éveil procure intuitivement beaucoup de devoirs : celui de ne plus juger, de ne plus mentir, de ne plus s'adonner au sexe à tort et à travers, ... de plus, on se sent acteur de sa vie, et pire, de celle des autres, parfois. on n'a peur de se tromper. je ne parle pas de la peur d'un Dieu vengeur, mais de celle de ne pas être à la hauteur.
à bientôt


Tu peux mettre les choses dans l'autre sens ... abandon des anciens faux 'devoirs' de juger, mentir, etc....
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ekam
Invité





MessagePosté le: Lu 19 Juin 2006 9:31    Sujet du message: Répondre en citant

et peut être aussi ... 'être à la hauteur' (la revendication la plus difficile à abandonner)
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joaquim
Administrateur


Inscrit le: 06 Août 2004
Messages: 1421
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MessagePosté le: Lu 19 Juin 2006 20:30    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour fm, et bienvenue Smile

Je souscris tout-à-fait aux paroles d'ekam. Tout ce qu'on s'imagine devoir faire est un nouveau produit, bien masqué certes, de l'ego. Car c'est subordonner encore une fois Ce qui Est à l'image que je m'en fais.

Et j'aime beaucoup les paroles de mauvaiseherbe:
mauvaiseherbe a écrit:
Ce que je sais pour le moment c'est que ces questions , ces doutes , ces souffrances sont comme un levain : nous "sommes travaillés ".


PS. Tu n'as pas ouvert ta boîte aux lettres
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ekam
Invité





MessagePosté le: Ma 20 Juin 2006 9:34    Sujet du message: Répondre en citant

En fait lorsque Dieu fait des trous dans le libre arbitre individuel, cela fait un choc. Alors le libre arbitre change, ce qu'on croyait libre ne l'était pas.

Le piège c'est de s'arrêter à cela en pensant que maintenant on sait. Alors on se sent investi d'une 'mission' (normal c'est un peu une nouvelle vie). C'est souvent à ce stade que le volontarisme et ses exigences apparaît.

Le problème c'est que le libre arbitre appartient à Dieu, tout entier.

Plus on s'ouvre à cette réalité, moins la nécessité d'être à la hauteur se présente, car en effet la 'hauteur' .... 'on' ne peut la définir (ce qui créerait un but idéologique, ... à côté de la plaque).

L'idée d'être à la hauteur maintient la dualité .... alors qu'elle doit fondre peu à peu. Un jour cette idée disparaît. Et elle disparaît de la même façon que se termine une quête, non pas parce qu'on est 'arrivé', mais parce qu'il est réalisé que JAMAIS il n'y eut de quête. C'est cela la 'libération'.

Les doutes qui vont survenir au cours de la recherche viendront se heurter journellement à CETTE réalité immuable que nous sommes ce que nous cherchons. Il s'agit toujours du problème fondamental de l'identité.
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waxou



Inscrit le: 13 Mars 2005
Messages: 361
Localisation: Marseille

MessagePosté le: Ma 20 Juin 2006 11:34    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour tout le monde,
Je résonne vraiment bien avec ce qui a été dit.
ekam a écrit:
En fait lorsque Dieu fait des trous dans le libre arbitre individuel, cela fait un choc. Alors le libre arbitre change, ce qu'on croyait libre ne l'était pas.

Je vois bien ce que tu veux dire à propos de ce choc (idem pour fm avec cette impression de devoir), et il est vrai que c'est vraiment déstabilisant. On peut en arriver à se demander si le concept même de la liberté, du libre arbitre, n'est pas à abandonner. Non pas qu'il n'existerait pas, mais parce qu'il serait tout bonnement insaisissable. Comme tu dis il appartiendrait à Dieu...
Celui qui voit qu'il n'a aucune liberté est dans un sens activement libre, mais dès qu'il se croit d'avantage libre, il redevient comme avant, avec une différence: il sait que lorsqu'on se leurre, par définition, on ne le sait pas.
ekam a écrit:
L'idée d'être à la hauteur maintient la dualité .... alors qu'elle doit fondre peu à peu. Un jour cette idée disparaît. Et elle disparaît de la même façon que se termine une quête, non pas parce qu'on est 'arrivé', mais parce qu'il est réalisé que JAMAIS il n'y eut de quête. C'est cela la 'libération'.

Je suis bien d'accord, je suis moi même tombé il y a peu en plein dans cette idée d'être à la hauteur. C'était très grisant, mais en même temps, c'était aussi une façon de fuir ce vide que j'avais entraperçu. J'avais compris cette impasse sous cette forme "je me réfugiais derrière l'illumination que je n'étais que vide, alors que justement cela impliquait qu'il n'y avait pas besoin de refuge".
Comme quoi, la compréhension, la réalisation, ça ne remplacera jamais le courage de l'abandon, de la pratique.
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